Photo : Il y a trois semaines à Krabi (Thaïlande, mars 2019).
J’avais encore que 40 ans !
Aujourd’hui j’ai 41 ans.
Je voulais écrire un portrait de moi comme j’ai envie de le faire pour chacun d’entre nous : la Petite Souris, le Grand Lièvre, le Marcass’ et Papa Écureuil.
Mais je n’arrive pas, même à l’oreille coupée.
Il n’appartient pas au poulet d’apprécier sa sauce.
C’est un proverbe que j’ai entendu pour la première fois au Mali, mais qui est burkinabè. Ça va quand même, c’est à côté. Des hauts-plateaux du pays Dogon, je me rappelle qu’on voit la frontière avec le Burkina.
Alors j’ai pensé écrire un portrait d’un autre poulet. Fabien, comme c’est son anniversaire aujourd’hui aussi.
Mais ça n’allait pas non plus car personne ne connaît Fabien ici. C’est un vieux pote à moi, à la tête rasée et à la barbe de djihadiste (alors que non, pas du tout). On est nés le même jour. Bon anniversaire Fabien.
Finalement j’ai cherché des photos d’avant. Mais c’était pas facile. Je pouvais pas mettre une photo de moi à vingt ans. Parce que. Je pouvais pas.
D’avant notre voyage, j’en ai trouvé quatre que j’aime assez pour accepter de les retrouver ici. Une après chaque babi. Plusse une photo de photographe. Enfin, pas photographe au sens de photographe. Photographe au sens de : c’est moi qui prends la photo. Comme l’autoportrait classique à l’appareil photo qu’il paraît que font tous les photographes (les vrais, pas moi). Bon, mais c’est peut-être pas clair…
J’ai cherché ce que je pourrais dire de moi, comment je pourrais me définir.
Et bizarrement, le premier truc qui m’est venu – peut-être parce que je regardais fixement la photo en tête d’article jusqu’à en avoir mal aux yeux, comme si une vérité allait m’apparaître par magie – ce sont mes petites boucles d’oreilles avec une pierre verte. Le cadeau de Mickaël pour mes 40 ans. Enfin, UN des cadeaux de Mickaël pour mes 40 ans (j’ai été très gâtée).
Après les créoles en or de mes 15 ans, que j’ai toujours, et les perles de mes 18 ans, toujours aussi, c’est la troisième paire de boucles d’oreilles de toute ma vie.
Ça faisait longtemps que je voulais des boucles d’oreilles mais je ne savais pas quoi. Et comme je ne vais pas dans les bijouteries, ni même dans les magasins, forcément elles ne tombent pas du ciel comme la pluie. Alors je suis restée des années sans rien mettre.
Et puis l’année dernière, Mickaël m’a offert ces boucles d’oreilles qu’il a choisies, lui, pour moi. Ce sont celles que je porte sur toutes les photos du voyage. Les pierres viennent d’une coopérative éco-responsable du Sri Lanka, mais j’ai oublié ce que c’est. Pas des émeraudes, ce ne sont pas des pierres précieuses, mais moi je m’en fous : je les aime d’amour.
Comme j’aimais le bracelet fin en argent que ma maman m’avait rapporté de son voyage en Indonésie et que je portais tout le temps avant qu’il se casse, début 2012. Je me souviens bien quand il s’est cassé parce que c’est quand le Grand Lièvre était à l’hôpital, tout bébé.
Depuis j’en cherche un autre, comme celui que Marie-ma-cops, la marraine de Garance, lui a offert quand elle est née. Un petit bracelet fin en argent du Niger. Magnifique. Évidemment cela fait bien longtemps qu’il est trop petit pour elle, c’est un bracelet de bébé.
Bon mais toutes ces histoires de bracelets et de boucles d’oreilles ne servent qu’à noyer la lotte, je sais. Surtout pour quelqu’un qui ne porte pas de bijoux. Ce n’est pas moi. Je ne me résume pas à une paire de boucles d’oreilles, je suis bien plus que ça… mais quoi ?
Franchement, se risquer à l’autoportrait écrit, c’est encore plus dur que d’écumer des photos anciennes. (Essayez pour vous-même, vous me direz.)
J’ai finalement retenu un mot.
Maman Ourse en un mot : ENTIÈRE (avec les extrêmes que ça implique, oui).
ΞΞΞΞΞ Et en un peu plus ΞΞΞΞΞ
La Petite Souris a dit
Quand je pense à toi maman, je pense fosulleper.
[« Faut suivre le père ?? », j’ai demandé, interloquée.]
Non, c’est un mot que j’ai inventé pour rassembler les deux mots qui te décrivent le mieux, en prenant d’abord les premières syllabes, et après les deuxièmes. Ça fait folle et super ! 😉
Folle et super, ça me rappelle la nuit où on a marché toutes les deux au bord de la mer à Vathi, et c’est le meilleur souvenir de ma vie.
∼∼∼∼∼
Le Grand Lièvre a dit
Quand je pense à toi maman, je pense quand tu viens me faire un câlin le soir dans mon lit après que tu as fumé. J’aime bien comment tu sens, le mélange de toi avec la cigarette.
[Et là on dirait que je suis une grosse toxico alors que je fume deux cigarettes par jour ! C’est un peu le problème quand tu demandes aux autres quelque chose à propos de toi : souvent tu trouves que c’est pas juste…]
∼∼∼∼∼
Le Marcass’
Nan mais maman c’est trop dur ! Je sais pas là… J’ai chaud, j’ai pas envie de chercher !
[J’ai fait une nouvelle tentative le lendemain mais ça s’est soldé par un nouvel échec. C’est une caractéristique du Marcass’ : il est buté. S’il a décidé de ne pas coopérer, tu ne peux pas t’attendre, malgré toute la force de persuasion que tu vas mettre en œuvre, à ce qu’il change d’avis. Enfin tu peux, mais sache que ça va jamais arriver.]
∼∼∼∼∼
Et puis j’ai demandé à Papa Écureuil : et toi, si tu penses à moi, tu penses quoi ?
Je pense destroy. Helena Bonham Carter dans Fight Club.
Et puis : My wife is not crazy. She’s unusual (from A woman under the influence).
Voilà ce que je pense quand je pense à toi.
(Voilà pourquoi je ne compte pas sur lui pour écrire mon portrait pour mon anniversaire. En plus j’aime pas Fight Club. J’ai essayé de le voir plusieurs fois, avec plusieurs personnes que j’aime qui aiment ce film, dont Papa Écureuil. Mais non. Moi j’aime pas.)
C’est encore la nuit pour vous mais pour moi se lève le matin de mes 41 ans à Luang Prabang, au Laos…
*****
Et vous, si vous pensez à moi, vous pensez quoi ?
Pas obligé que ce soit un seul mot hein, tout le monde n’a pas le minimalisme de Papa Écureuil…
Vous me l’envoyez par mail, comme un cadeau d’anniversaire à la place du bracelet fin en argent du Niger que je ne trouve pas ici ? (On n’est pas au Niger aussi. Peut-être c’est pour ça.)
* Note du 31 mars 2019 *
J’ai envie d’ajouter ici une photo des cadeaux d’amour de mes babi pour mon anniversaire. C’est rare que je fasse des trucs de maman comme ça mais j’étais vraiment émue. Le lendemain matin, Lulu m’a dit :
– Maman, je trouve que tu es créative et courageuse mais tu t’inquiètes trop pour moi…
* Note du 22 avril 2019 *
Je n’ai plus à chercher : Fred-ma-cops et Marie-aussi-ma-cops m’ont envoyé aujourd’hui par WhatsApp la photo d’un bracelet fin en argent comme je voulais tellement. Il est magnifique, il vient du Niger et je l’aime !