Dix ans !

Au mariage de Ludo & Valérie (juin 2008). Photo d’un grand photographe, L. M.

 

Aujourd’hui ça fait dix ans que nous sommes mariés.
(J’ai bien pensé à vous mettre ici cette grande chanson de Michèle Torr, emmène-moi danser ce soir, joue contre joue et serrés dans le noir, mais j’ai eu peur de perdre trop de lecteurs…)

Dix ans qui sont passés si vite et si bien que nous n’avons pas l’impression d’avoir changé. Pourtant quand on voit cette photo, c’est clair qu’on a quand même pris un bon coup sur le museau – comme le dit si délicatement Maud-ma-cops.
On a grandi aussi. L’un avec l’autre.
Quand, au début, j’avais tant de retenue, tant d’idées préconçues.

Je peux quand même pas être avec un mec qui met des p… de cravates !

La curiosité, la fascination, avec lesquelles je le regardais tôt le matin se raser et faire son nœud de cravate pour aller travailler. Ses chaussures d’homme qui ne passe pas sa journée dehors sur un chantier. Les embauchoirs en bois si lourds pour pas que le cuir se déforme. Je savais même pas que ça existait, des embauchoirs. J’avais jamais vu le mot, ni les trucs en question.

« Comment va ton amoureux cachemiré ? », demandait Marie-ma-cops pour m’embêter. Se moquer. Pas de lui, mais de moi, de mes réticences bizarres. Nan mais le mec porte des chemises à boutons de manchettes quoi !!! « And so what ?? », elle me disait.

 

Dans l’appartement de M. à Paris, quand on s’est rencontrés. Mes vieilles Kickers pourries, mon seau du Mali pour transporter mes affaires de nuit, et ma baluche en bandoulière d’Amsterdam versus la mallette de travail en cuir noir et les souliers vernis, garnis d’embauchoirs donc.

 

Parce qu’il y avait la musique, les Doors, le vieux cinéma, Vacances romaines, Casablanca, la cuisine, les livres, Romain Gary, Corto Maltese, les voyages, et tellement que : voilà maintenant. 

Dix ans.

Et depuis dix ans, on n’a jamais fêté notre anniversaire de mariage. Pas une seule fois un resto, un petit mot, rien. On s’en fout en fait, on ne pense pas à célébrer ce jour particulier tant qu’on est heureux de vivre ensemble tous les autres jours.

Pourtant cette année, l’effet chiffre rond sans doute, à deux niveaux en plus, j’ai dit à Mickaël :
– Et sinon pour nos dix ans, au lieu d’une nuit blanche dans l’avion avec les culs, tu pourrais m’offrir Rome !

Il a répondu :
– Mais mon amour, je t’offre le monde…

J’en raconte pas plus, mais quand même c’était beau.

Alors qu’on est complètement éclatés. Parce que la nuit blanche dans l’avion. Trois nouvelles heures de décalage horaire. Trois babi épuisés, désorientés, pas faciles. Et surtout, depuis ce matin huit heures, cet énorme campervan qu’il va falloir apprivoiser…
Car aujourd’hui nous venons d’arriver à Sydney, Australie.
On n’a pas conduit depuis un mois et demi et on prend la route avec un mastodonte au volant à droite, donc avec toutes les commandes à gauche, et qu’on doit apprendre à conduire à gauche aussi. En automatique.

 

Il y a trois heures aujourd’hui. Ça caille sévère. Et en plus il pleut…

 

J’ai rien compris aux explications en anglais sur le mode d’emploi des toilettes, de la douche, de la cuisine, de l’espèce de auvent, de la vidange des eaux souillées et de la poignée qu’il ne faut pas oublier de fermer perpendiculairement au tuyau. Du gaz qu’il ne faut surtout pas laisser allumé quand on conduit et des prises pour recharger nos appareils qu’on ne peut pas utiliser sans brancher la batterie intérieure du campervan sur l’électricité d’un camping. Rien compris.

Même en français j’aurais rien compris de toute façon. Mon cerveau a fait wouwouwou et j’ai complètement freak out. Pleuré et tout. La meuf.

Je suis trop fatiguée et en plus j’ai peur.
On sait même pas où on va. On prend la route vers le sud mais on ne sait pas où ni comment.

Et pour l’instant, c’est Mickaël qui va conduire parce qu’il continue d’assurer grave et d’être celui sur lequel je peux m’appuyer et me reposer quand je trébuche et que je veux juste fermer les yeux et ne plus voir la pente.
Les formulaires tout à l’heure dans l’avion. Cinq à remplir, hyper longs. Je lui tends la liasse direct, dès que l’hôtesse de l’air me les distribue. Elle est surprise, elle a cette phrase spontanée, immédiate :
– Oh ! Usually, the man gives the papers to his wife !

Ben pas nous.

 

Le 15 novembre 2008, après que Monsieur Tro nous a mariés dans un long et beau discours, Mickaël annonce à tout le monde que je suis enceinte de presque six mois d’une Petite Souris à venir…

 

Alors ce soir j’aimerais bien penser à des choses love to love, petit dîner en amoureux, ambiance bougies, musique, vin australien et la nuit qui va bien… mais on est juste crevés ! Et en fait de nuit, ça s’passe à l’arrière d’une Merco Benz Benz Benz Sprinter six places six mètres de long, du côté d’Sydney baby, j’te garantis qu’c’est dingue dingue dingue, avec trois p’tits culs qui dorment au-dessus de nous, et moi aussi je voudrais dormir !!!

 

*****

 

Et vous, fêtez-vous votre anniversaire de mariage, de rencontre, de première fois ?
Racontez !

 

P.S. : Et bien sûr, malgré les dix heures de décalage horaire, nous n’oublions pas de souhaiter aussi un heureux anniversaire à Romane à qui nous faisons plein de mimis !