Pastille sexe #2 : Consent is sexy (and required)

Illustration de Diglee dans « Baiser après #MeToo – Lettres à nos amants foireux » (p.50).

 

Tout l’été, je vous propose ce que j’ai appelé des « pastilles sexe », comme un peu le pratiquaient les magazines féminins à une époque où je faisais les spécial tests sur la plage. Je ne sais pas pourquoi dans ce type de magazines les dossiers sexualité c’est toujours l’été, à croire que dès la rentrée tu poses à toi et à ton mari (ta femme) une ceinture anesthésiante, et allez salut, on se revoit en avril !
Enfin, je vais pas commencer à m’énerver…

L’idée de mes pastilles sexe, c’est de proposer une piste de réflexion à partir de ce que je lis et entends sur les rapports hommes / femmes et les relations amoureuses hétérosexuelles. Le tout dans un article court – d’où la pastille – avec le présupposé que personne l’été n’a envie de passer du temps seul(e) sur son ordi mais que ce sont d’excellents sujets à discuter entre amis. Et avant tout en couple, bien sûr.

Je sais qu’il y a aussi des préados qui aiment me lire – coucou les filles, je vous fais un cœur avec les mains ♥ – donc je précise que ces pastilles sexe de l’été ne nécessitent pas de contrôle parental comme sur Snapchat et qu’elles peuvent tout à fait être lues et discutées avec des préados. Voire avec des enfants comme chez nous, je me souviens très bien d’une conversation sur le porno l’été dernier en Grèce avec mes enfants qui avaient alors 7, 9 et 11 ans… mais évidemment ça dépend si vous êtes à l’aise sur ces sujets ou pas.  😉

Lisez, réfléchissez, discutez-en à plusieurs et interrogez-vous : c’est comme ça qu’on fait avancer nos représentations !

 

 

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Pour cette deuxième pastille, j’ai choisi une planche de l’illustratrice Diglee, tirée du recueil de lettres d’Ovidie que je suce comme des pastilles cet été : Baiser après #MeToo – Lettres à nos amants foireux (2020).
Elle accompagne la « lettre à celui qui trouve que le consentement n’est pas sexy ».

« Ce n’est pas parce que tu n’es pas brutal que le rapport est consenti. » (p.58, dans la « lettre à celui qui m’a pénétrée en plein sommeil »)

Un peu plus loin, Ovidie écrit aussi :

« Si j’avais voulu que tu me le fasses, crois-moi, j’aurais trouvé un moyen de te le faire savoir. » (p.65, dans la « lettre à celui qui m’a sodomisée par surprise »)

Pensez-y ! Partagez aussi, parlez-en, ça vous changera du covid…

 

« La grotte ne reste pas ouverte en attente de visiteurs ». Hahaha !

 

Et puisque depuis mon article Le cœur (et les couilles) sur la table, je rattrape les épisodes des Couilles que j’ai loupés, cette semaine je vous recommande particulièrement l’épisode 13 : « Sexe sans consentement, le rôle des hommes ». Mais attention (Jean-Claude), je ne vous le recommande pas un peu, vite fait t’as vu en passant nanani nanana, je vous le recommande VRAIMENT, à toutes et encore plus à tous.
L’invitée de Victoire Tuaillon pour cet épisode est la journaliste et réalisatrice Delphine Dhilly, et elle explique :

« Le non ne suffit pas. C’est comme s’il fallait le prouver, le justifier. »

Et on sait toutes ce que c’est, on l’a toutes fait. Je ne vous parle pas du viol, là. Le viol, l’inceste, les violences sexuelles, c’est un autre sujet que j’ai déjà abordé.

 

Je vous parle ici du sexe sans consentement ordinaire, celui de tous les jours, tellement répandu mais aussi tellement tu.
Je parle de quand on n’a pas envie de faire l’amour, quand on dit non et qu’on ne montre manifestement aucun enthousiasme, mais qu’on finit par céder sous l’insistance du mec parce que « quand même tout à l’heure je l’ai embrassé donc il va pas comprendre », « quand même il a payé le resto », « quand même il m’a aidée à déménager », « quand même il a vidé le lave-vaisselle », ou pour mille autres bonnes raisons qui vont de préserver le lien d’amour ou d’affection (je pense que c’est souvent la première raison pour laquelle on cède) à ne pas faire d’histoires, ne pas provoquer de dispute, ne pas blesser, ne pas être la meuf relou qu’a pas envie de faire du cul.
Des fois c’est même juste pour qu’il nous laisse tranquille, simplement pour pouvoir dormir parce qu’on est épuisée, que demain on se lève tôt, et que céder c’est plus facile et plus rapide que de refuser pendant des heures en devant argumenter POURQUOI MAIS POURQUOI on n’a pas envie. La fatigue et le manque d’énergie à investir dans une lutte de laquelle on sortira perdante de toute façon. Puisque, quelle qu’en soit l’issue, on se sentira coupable.

 

Double page extraite de « Pourquoi les filles ont mal au ventre ? », de Lucile de Pesloüan et Geneviève Darling, éd. Hachette, 2019.

 

La première fois que j’ai parlé de cette réalité ordinaire avec Mickaël, c’était il y a quelques années, il est tombé des nues. Alors que je sais que je peux en parler avec n’importe laquelle de mes copines, et même, avec n’importe quelle femme qui n’est pas ma copine, d’âge, de milieu, de couleur, de langue et de culture différents du mien, je sais qu’elle va me regarder d’un air entendu et hocher la tête.
Oui. Oui. Bien sûr. Évidemment. Oui.

Avec une femme, je n’aurais même pas besoin d’expliquer, rien. On l’a toutes fait, oui ça arrive, et oui c’est un sale moment à passer mais bon, y’a pas mort d’homme. En vérité c’est même pas un sujet pour nous. C’était pas un sujet, disons.
Mais aujourd’hui on en parle, on prend conscience que ce n’est pas qu’une histoire personnelle, loin de là, et que c’est même une histoire éminemment politique puisque ça nous concerne toutes. Que s’il n’y a effectivement pas « mort d’homme », il y a blessure de femme, c’est sûr, de la petite griffure à la grosse coupure, et que ça va pas forcément aller en fait. Non.

Et si on arrêtait ?
Si on arrêtait de faire ce qu’on n’a pas envie mais qu’on s’oblige pourtant à faire ?

On est en 2021, les meufs. On va attendre combien de siècles encore avant de s’autoriser intérieurement à dire non ? Et si on faisait un pas de côté et qu’on essayait, désormais, de ne plus s’imposer ça ? Juste on essaye et on voit ce qui se passe.
Est-ce que ce ne serait pas une pure révolution dans les couples ? Un vrai truc de rebelle ?
Hétéros, je précise que je ne parle que des couples hétéros, je ne sais pas comment ça se passe chez les couples homos. S’il y a aussi cette dictature intérieure de je-le-fais-alors-que-j’ai-pas-envie. Dites-moi en commentaire.

 

Dessin de Diglee dans le livre déjà cité (p.53).

 

J’ai beaucoup aimé l’intervention de Judith Duportail dans l’épisode bonus live du « Cœur sur la table », le 15 juillet dernier. Celui-là aussi, je vous conseille VRAIMENT de l’écouter, c’est très riche. C’est intelligent, sincère, et sans jugement moral. Je vais vous mettre les références à la fin de l’article. Et donc Judith Duportail dit, entre autres :

« J’ai décidé de ne plus coucher par politesse. »

Elle ne le formule peut-être pas tout à fait comme ça, je n’ai pas noté sa phrase exacte. Mais elle dit « par politesse », ça j’en suis sûre parce que c’est venu me chercher loin et ça m’a fait des frissons comme de l’effroi…
Par politesse.
Par politesse par politesse par politesse.

Parce que tu te dis : bon j’ai pas envie, j’ai déjà essayé de lui faire comprendre plusieurs fois mais visiblement il ne veut pas entendre. Qu’est-ce que je fais ? Si je persiste, il va se courroucer et j’ai pas envie d’être la méchante de l’histoire. C’est de ma faute, j’aurais dû veiller à mieux éviter la situation [autre grand débat]. Pfff… bon allez, il est gentil, je peux faire ça pour lui. Si je m’y prends bien, y’en a pas pour longtemps, ça va aller.

C’est fou parce que quand je l’écris, ça a l’air horrible alors que le dialogue intérieur se déroule en une fraction de seconde et c’est tellement mais tellement banal ! Ça doit même être le truc le plus banal et le plus partagé par toutes les femmes du monde – après les règles.

 

 

J’y ai repensé souvent les jours suivants. À cause de « par politesse ». Les mots me revenaient sans cesse. Par politesse. Par politesse par politesse par politesse.
Je me suis demandé : mais pourquoi par politesse ? Qu’est-ce qu’il y a derrière ? C’est quoi le bénéfice secondaire d’être polie, de me plier à ce qu’on attend de moi ?
Au nom de quoi je devrais aller contre ce que je pense et contre ce que je ressens dans mon corps pour m’obliger à faire le vaccin du sexe quand je crois qu’il n’est pas bon pour moi ? Pour quel prétendu greater good ?

Mais si tu crois que c’est facile de descendre toute seule dans le noir de ces profondeurs…

Alors j’ai demandé à mes cops ce qu’il en est pour elles, comment elles se l’expliquent, et ensemble on arrivait mieux à réfléchir, à comprendre.
Et puis la question que pose toujours ma copine Adeline, à propos de toutes sortes de situations, qui aide à renverser les schémas de pensée qu’on a verrouillés pour nous-même :

– Qu’est-ce que tu dirais à ta fille si elle te racontait ça ? Qu’est-ce que tu voudrais pour elle ?

Est-ce qu’on pourrait TOUTES, sincèrement, se poser la question ?
S’il ne s’agissait pas de nous, si c’était notre fille qui s’obligeait, parce qu’elle ne veut pas passer pour une allumeuse, pour être classée « cool », ou parce que le mec a été sympa avec elle, parce qu’il a tellement insisté, parce qu’il a pas le moral en ce moment tu comprends il risque de perdre son job, que lui dirait-on ?

 

Ne le fais pas. Je lui dirais : ne le fais pas.

 

Moi ce que je veux pour ma fille, c’est qu’elle soit libre d’écouter sa petite musique intérieure.
Dire non sans s’exposer à des sanctions – d’ordre moral et émotionnel le plus souvent, ça veut pas dire que c’est pas violent.

Ce que je veux pour ma fille, c’est qu’elle puisse exprimer son désir librement quand elle le ressent et avec autant d’intensité qu’elle en a envie, comme sur l’illustration que j’ai choisie pour la couverture de cet article. Sans passer pour une chaudasse, sans être (dé)considérée comme une pute par les hommes ET par les femmes, sans que d’un coup les mecs soient choqués et dégoûtés parce que houlala une fille qui parle de cul et de ce qu’elle aime faire c’est trop vulgaire !

Sans, surtout, que ces mêmes hommes à qui tout est permis se sentent légitimes de la mépriser, de la traiter comme une moins-que-rien, de l’humilier et de la violenter parce que « une fille comme ça mon gars, elle se respecte pas ».

Je me dis que si toutes on arrivait à ça, à dire notre désir dans sa toute-puissance quand il est vraiment là, peut-être que ces gars comprendraient mieux que, à l’inverse, quand on dit non ben c’est non. Et que ce n’est certainement pas un jeu pour les exciter parce qu’une femme qui se refuse est un challenge sexy ou je ne sais quelle putain de merde ils ont dans la tête. (#MerciAuxClichésVéhiculésParLePornoHétéroMainstream)

 

Statistiques Amnesty International 2020.

 

Lorsque je préparais mon article sur le viol, Pourquoi j’ai mal au ventre, je suis allée chercher le rapport d’enquête Ipsos / Mémoire Traumatique et Victimologie de 2015, intitulé « Les Français(es) et les représentations sur le viol et les violences sexuelles ».
D’après ce rapport, 21% de la population, soit 1 personne sur 5, estime que lors d’une relation sexuelle, les femmes prennent du plaisir à être forcées. Chez les 18-24 ans, ils sont même un tiers à le croire (31%). Et 1 Français sur 5 pense que lorsqu’on essaye d’avoir une relation sexuelle avec elles, beaucoup de femmes disent non mais qu’en fait ça veut dire oui. 1 Français sur 5 ! En 2015 !

Ça interpelle, non ? Voire ça fait peur et ça te conforte dans le taf d’éducation à la sexualité que tu fais avec tes enfants. Tu te dis que tu voudrais faire plusse encore.

Je vous renvoie à une infographie issue du même Rapport Ipsos de 2015, que j’ai publiée dans mon article Le cœur (et les couilles) sur la table. Elle montre que 25% des Français(es), c’est-à-dire 1 personne sur 4 (et j’ai tendance à penser que ce 1 personne est un homme et pas une femme, sur 4 personnes hommes et femmes confondus, donc si on ne retient que la population masculine ça reviendrait statistiquement à 1 homme sur 2, mais ce n’est que mon hypothèse), 25% des Français(es) donc, considèrent que dans le domaine sexuel, les femmes ne savent pas vraiment ce qu’elles veulent par rapport aux hommes.

WTF ???
Bon moi clairement je pète un câble quand je lis des trucs pareils. D’abord parce que je pense que c’est totalement faux, et ensuite peut-être pire encore quand j’ai le doute. Parce que, si cela se révèle vrai pour certaines femmes, est-ce que ça ne donne pas envie de défoncer la gueule des normes de l’hétéropatriarcat qui élève rabaisse les filles depuis toutes petites en les incitant à mettre de côté leurs rêves et enterrer leurs désirs pour se consacrer à la réalisation de ceux des hommes au point que certaines femmes, parfois, ne savent effectivement même plus ce dont elles rêvent sexuellement, ce qu’elles voudraient au fond d’elles-mêmes, ce qui les rendraient heureuses ?
Ça me rend malade ! Et après un mec se pointe et te dit : nan mais ça va quand même les femmes, faut pas exagérer, en France l’égalité vous l’avez…
Rhââââ ! Va-t-en ! Je te jure, va-t-en !

 

 

Alors non, il se trouve que nous, tout autant que vous, tout autant que n’importe quel être humain, on ne prend pas de plaisir à être forcées. Quand on n’a pas envie et qu’on cède, souvent c’est parce qu’on privilégie la relation, parce qu’on fait passer votre plaisir avant notre tristesse, et finalement c’est une mauvaise raison et vous devriez le sentir et arrêter. Ou demander si vous n’êtes pas sûr.

Est-ce que ça va ? Est-ce que tu as envie ?

Et ne vous inquiétez pas, poser la question n’enlèvera pas de la magie ou du romantisme ou je sais pas quoi parce que, de toute façon, quand on n’a pas envie, de magie ou de romantisme il n’y a pas – même si vous ne vous en apercevez pas.

Moi je trouve que c’est tout le contraire, c’est le consentement qui est sexy parce que, à partir de là et de là seulement, on peut faire les jeux qu’on veut et on est libre (et heureux).

Maintenant je vais vous raconter quelque chose qui corrobore mon propos et c’est pas pour dire encore : ouais-moi-mon-mec-gnagna-il-est-génial-t’as-vu (ton cul). D’ailleurs j’ai presque honte à force, j’hésite tout le temps à cause de ça, gnagna, MAIS… la première fois que Mickaël m’a embrassée, il m’a d’abord demandé mon consentement. Notez que c’était bien avant #MeToo et l’affaire Weinstein, c’était il y a longtemps longtemps, les gens. C’était il y a quinze ans.
Et je vous assure qu’avec ses mots il n’a rien perdu de sa virilité, au contraire en fait, c’était super hotJ’ai jamais oublié et même des fois on y joue encore (#MonMecEstGénial).

Le truc dingue, c’est que c’est lui, mon mec, qui, la semaine dernière, au moment où je partage avec lui mes réflexions sur cet article que je suis en train d’écrire, me reparle de ce premier baiser. On était en train de cuisiner, on discutait, et il me rappelle ce premier baiser à la base pour prendre la défense des mecs qui croient que la fille est ok alors qu’elle ne l’est pas. Et notamment, dans ce cas précis, des jeunes gens qui sont interviewés tout au début de l’épisode 13 des « Couilles sur la table » dont je vous parle ici et qui m’a donné envie d’écrire cet article.

Attendez, je vous enregistre l’extrait parce que déjà tout seul c’est énorme…

 

Le « remettage de cheveux », s’te plaît. Tu te souviens du bon chasseur et du mauvais chasseur ? Ben c’est la même.

 

Et le plus énorme, c’est Mickaël qui revient sur quand il m’a embrassée la première fois pour essayer d’excuser l’attitude de ces gars-là !
Je lui dis :

– Mais tu montres complètement l’opposé ! C’est quoi ton argument ?
Ouais bah…

C’est tout ce qu’il a pu répondre parce qu’il se retrouvait à l’opposé de sa démonstration et il ne savait même plus où il voulait en venir avec son idée. Le retournement était tellement gros que son argument s’était dissous en route et il ne pouvait plus aider les gars de l’autre côté…
Donc pour info, si les féministes cherchent un nouvel avocat, il habite chez moi.  🙂

 

 

Avant de terminer cet article qui s’avère bien plus long qu’une petite pastille, je voudrais poser une question aux hommes qui trouvent que le consentement « ça casse l’ambiance », ou que « si maintenant faut tout demander on ne peut plus rien faire ».
Messieurs, je ne comprends pas votre opinion. Je la tourne et retourne dans mon esprit mais je ne comprends pas. Alors la question que je veux vous poser c’est : avez-vous déjà essayé ?

Avez-vous déjà demandé aux femmes autour de vous – en particulier celle(s) avec qui vous entretenez des relations sexuelles – ce qu’elles pensent du consentement, comment elles le ressentent ?

Parce qu’en ce qui me concerne, si mon message n’était pas assez clair jusqu’ici (et s’il y a bien une leçon que mon hétérosexualité m’a apprise au fil du temps, c’est qu’il faut être TRÈS claire avec vous, c’est comme quand on dit non, c’est clair pour nous mais pour vous apparemment pas tant que ça), donc OUI, moi je trouve que le consentement est sexy. Et devinez quoi ? Comme j’en parle aux femmes autour de moi, je sais que je ne suis pas la seule.

 

 

Après, ça n’empêche pas de jouer à : on dirait que moi je voulais pas et que toi tu me forçais… Ça n’empêche pas de se bander les yeux, de s’attacher les poignets, les pieds, ce que vous voulez, mais ça n’a rien à voir parce que c’est un jeu de rôles qu’on joue à deux.
(Ou à plusse, c’est vous qui voyez, mais si vous avez déjà du mal avec l’idée de demander le consentement d’une seule personne, ça me paraît compliqué…)

Et si vous ne faites pas la différence entre ces jeux intimes et le non-consentement, eh ben c’est que vous vous êtes perdu en chemin parce que quand vous aviez six ans, vous saviez ce qu’était un jeu. Et je suis très triste pour vous s’il n’y a pas de jeu dans votre vie sexuelle et amoureuse et que vous devez en passer par la violence et la domination pour lui donner du relief.

Consent is fucking required.

Et oui, c’est la base. Quand tu joues, tu demandes d’abord qui veut jouer, tu forces personne. Y’en a même qui peuvent commencer à jouer et puis après ils ou elles ne veulent plus. C’est frustrant mais c’est comme ça. Le jeu c’est quand tout le monde est d’accord pour jouer, sinon c’est plus un jeu. Ben le sexe c’est pareil. Si on n’est plus d’accord, c’est plus du sexe. C’est du viol.

 

Merci de noter que j’ai parlé de « jeu » et de « jouer à », pas de « jouet » ni de « jouet à ». La nuance est en effet de taille et, au risque de m’exposer encore davantage, je confesse ici mon ignorance absolue en matière de sex toys. Absolue de chez absolue, oie blanche immaculée. Tu peux te moquer mais imagine le fun de tous les possibles que je ne connais pas et qu’il me reste à explorer ! Imagine la joie du néophyte de n’avoir pas encore lu un super livre, vu un super film, écouté un super podcast, eu un super orgasme, goûté à la purée de sésame noir
Le meilleur est à venir, c’est ce que je veux dire. Et mon noviciat en sex toys me tient peut-être à l’abri de l’ennui de vaguement baisoter* ces 50 prochaines années !  🙂

* baisoter, définition exacte dans le Dictionnaire culturel de langue française en quatre volumes, éd. Le Robert, le cadeau de mon mari qui m’a le plus réjouie de la vie !

 

Là par exemple, si je porte ce tee-shirt, a priori c’est bon. Mais ça n’empêche pas de demander pour vérifier, ok ? Ça se trouve je l’ai mis le matin in a good mood for sex et entre-temps tout a changé. De-man-dez !

 

Voilà, je m’arrête là. Pardon si cette pastille s’est transformée en article long alors que j’avais annoncé du court. Comme quoi voyez, il arrive qu’on change d’avis en cours de route… Mais c’est parce que j’avais du temps et que le sujet me tient à cœur. Et aussi parce que je sais que je parle au nom de toutes mes copines et ça me porte.

Je me permets un dernier conseil aux femmes. Avec ma tête rasée je ne suis peut-être pas la mieux placée, mais je m’appuie sur des années et des années de cheveux longs. Les filles, soyez conscientes du message à haut potentiel sexuel que vous faites passer quand vous replacez une mèche de vos cheveux. (Et dire que vous le faites sans même y penser, petites écervelées !) Rappelez-vous qu’il y a le BON remettage de cheveux et le MAUVAIS remettage de cheveux… (émoji-qui-cligne-des-deux-yeux-et-tire-la-langue)

 

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Références

Ovidie et Diglee, Baiser après #MeToo – Lettres à nos amants foireux, éd. Marabulles, 2020.

Podcast Les couilles sur la table, épisode 13 : Sexe sans consentement, le rôle des hommes
https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/sexe-sans-consentement-le-role-des-hommes

Podcast Le cœur sur la table, épisode bonus : Le cœur en live avec Judith Duportail
https://www.binge.audio/podcast/le-coeur-sur-la-table/le-coeur-en-live-avec-judith-duportail

Et « Consent is sexy », l’article (en anglais) de Judith Duportail qui m’a donné direct envie de prendre un vol pour Berlin (mais je peux pas, je suis pas covid-vaccinée) :
https://medium.com/@judithduportail/closer-tighter-stronger-58e9dfd1c809

« We don’t plan to end our night earlier, take a pair of jeans to wear on our way back or miss out on parties. »

Le jean dans le sac à dos que tu enfiles à la place de tes collants et de ta petite jupe avant de reprendre le train à Gare-du-Nord pour pas moins te faire emmerder, ça m’a rappelé tellement de vieux souvenirs…

 

 

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Précédemment
Pastille sexe #1 : Le fond du problème

À suivre
Pastille sexe #3 : La capote (cocotte)

 

Les filles, je vous demande un service. Si vous êtes d’accord avec ce que vous venez de lire, est-ce que vous voudriez bien le dire dans les commentaires ? Vous pouvez développer ou juste écrire « d’accord » pour montrer que demander à une fille si elle est consentante n’a rien de ringard ou de tue-l’amour.
Vous pouvez même écrire plusieurs « d’accord » entrecoupés de virgules si vous exprimez aussi la voix de votre sœur, votre mère, votre cousine, votre copine qui n’arrive pas à publier un commentaire sur Disqus, votre fille, votre voisine… Un « d’accord » par personne !

Et, si vous êtes une femme et que vous n’avez JAMAIS DE VOTRE VIE cédé à un rapport sexuel dont vous n’aviez pas envie simplement pour faire plaisir à l’autre, pour être « cool », dites-le-nous, montrez-vous, super-héroïne que vous êtes !