Mes règles & moi

Photo : Quiberon, août 2010.

Accepte ton cycle menstruel…

J’ai mis un peu de temps pour me remettre à écrire après mon article sur la cup parce que j’ai eu peur de la façon dont il allait être reçu. Qu’est-ce que ce genre de sujet vient faire sur un blog censé être de voyage ? Bababa que des histoires de bonne femme tout ça !

Et c’est pas facile de revenir écrire cet article, surtout sur le cycle menstruel et les hormones qui vont et viennent ; c’est pas facile de parler de tout ça avec le risque d’être raillée, voire jugée.
Mais le courage ça compte pour moi. En plus demain je vais avoir 40 ans (y’a pas vraiment de rapport mais ça pose le truc).

J’ai dit que la cup m’avait réconciliée avec mes règles, mais ça va bien plus loin que ça. Utiliser la cup mois après mois m’a aidée à être plus attentive aux différents moments de mon cycle, à mieux en connaître les hauts et les bas et, de là, à regarder fonctionner mon corps avec plus de bienveillance. Et même, de reconnaissance.
Faut dire qu’il fait bien le job quand même !
Après, il y a des choses qui restent compliquées hein, comme le syndrome prémenstruel et les fluctuations de mon état intérieur qui vont avec, mais ça va mieux parce que je sais ce qui se passe en moi – et je sais que ça passe justement.

J’ai bien aimé cette petite vidéo de deux minutes sur les cycles menstruels que j’ai trouvée sur Internet.

Si vous êtes une femme, vous n’y apprendrez sans doute pas grand chose. Je veux dire, vous savez déjà, intuitivement ou empiriquement, qu’on ne prend pas une décision cruciale trois jours avant ses règles.

Mais si vous êtes un homme, surtout un homme jeune, ça vous donnera peut-être quelques lumières. Au lieu de prendre un air dégoûté genre je vais vomir dès qu’on parle des règles. Ou de sortir des pauvres blagues éculées sur le sujet, qui ne font rire personne en vrai mais auxquelles les autres hommes, par solidarité ou par gêne je ne sais, font semblant de ricaner. (Mais ouf que pas tous.)
Vous apprendrez, par exemple, qu’il vaut mieux attendre la fin des règles de votre amoureuse avant de lui parler d’un truc important ou délicat. Des petites bases quoi.

 

 

… et Compose avec tes hormones !

Bien sûr on ne réagit pas toutes de la même façon.
Chaque femme est différente, les cycles varient selon chacune, et même chez une femme d’une période à l’autre de sa vie.

Certaines femmes semblent aussi moins sensibles que d’autres à leurs hormones.
Par exemple, il m’a toujours semblé que ses hormones n’avaient aucun effet sur l’humeur et le corps de ma mère. Moi si.

Quand je suis enceinte, les trois-quatre premiers mois, la nausée prend ses quartiers chez moi à temps plein et c’est juste un cauchemar, du matin au soir, sur le mode qu’est-ce qui m’a pris de remettre ça.

Puis la nausée s’en va et là je suis au top, je claque la pêche, j’ai une libido de ouf, genre comment ça trois fois par jour tu trouves que ça commence à faire beaucoup ?…

Jusqu’à l’accouchement où les hormones dégringolent, et où je deviens hypersensible émotionnellement et à la ramasse intellectuellement (je pense que je perds quelques neurones dans le placenta à chaque fois).

Quand la période de mon ovulation approche, clairement je redeviens mammifère, c’est le printemps et le moment de batifoler (ce qui n’est pas sans danger si on ne veut pas spécialement continuer à faire des bébés).

Et quand je vais avoir mes règles, trois jours avant, j’ai le combo* :
+ mal à la tête ;
+ mounous lourds et douloureux ;
+ humeur de hyène blessée et affamée depuis dix jours.

Je me sens triste et moche et grosse, je m’énerve vite pour pas grand-chose, je crie, je parle mal à ceux que j’aime le plus, après des fois je pleure, et en plus j’ai envie de grignoter des trucs sucrés (gras ET sucrés = encore mieux).
Le tout mâtiné de blues culpabilisant à la chai-pas-c’que-j’ai, comme dans le sketch de Gad Elmaleh.

En fait si, je sais exactement c’que j’ai, mais ça veut pas dire que j’accepte bien de me sentir débordée par mes hormones comme un vulgaire petit galet balayé par la marée.

D’autant que je ne suis pas à l’aise avec ce que je leur transmets quand je dis à mes babi :
– Attention, je vais avoir mes règles, j’ai très peu de patience, alors s’il te plaît, ne m’embête pas aujourd’hui (ni demain, ni après-demain).

Je ne suis pas à l’aise parce que j’ai bien conscience que c’est totalement antiféministe de parler de l’influence des hormones sur la vie des femmes, et j’en suis la première désolée. Mais que faire ?
Nier ce qui se passe en moi parce que ce n’est pas politiquement cool de l’admettre ?
Ou reconnaître les choses telles qu’elles sont en vrai – même si je ne les ai pas choisies comme ça – pour essayer de les accepter et, si ce n’est de les aimer, en tout cas faire avec ?
Et, accessoirement, aider l’homme avec qui on vit à mieux nous comprendre.

C’est aussi l’espoir secret que j’ai avec mes garçons.
Qu’ils ne deviennent pas de ceux qui jugent :
– Nan mais laisse tomber l’hystérique, elle a ses règles ou quoi ?!

Mais plutôt de ceux qui aiment et soutiennent :
« Je crois qu’elle va avoir ses règles là, je vais lui écrire un petit mot d’amour » – ou lui dire que j’aime vivre avec elle, ou whatever de bignon.

 

* Je précise que je m’estime plutôt chanceuse avec mon triple combo, surtout que moi ça finit par passer le premier ou le deuxième jour de mes règles.
Y’en a qui ont bien pire, la liste est longue de tous les trucs pas cool associés au syndrome prémenstruel ou/et aux règles !

 

Enfin, je ne peux terminer cet article sans une des premières chansons d’une chanteuse que j’aime beaucoup et qui nous rappelle que, quand même, douze fois par an

 

Jeanne Cherhal, Douze fois par an (tiré de l’album éponyme), Live à La Cigale en 2004.

 

*****

 

Et vous, comment ça va avec vos règles ?