Pastille sexe #3 : La capote (cocotte)

Illustration de Diglee dans « Baiser après #MeToo – Lettres à nos amants foireux » (p.96).

 

Tout l’été, je vous propose ce que j’ai appelé des « pastilles sexe », comme un peu le pratiquaient les magazines féminins à une époque où je faisais les spécial tests sur la plage. Je ne sais pas pourquoi dans ce type de magazines les dossiers sexualité c’est toujours l’été, à croire que dès la rentrée tu poses à toi et à ton mari (ta femme) une ceinture anesthésiante, et allez salut, on se revoit en avril !
Enfin, je vais pas commencer à m’énerver…

L’idée de mes pastilles sexe, c’est de proposer une piste de réflexion à partir de ce que je lis et entends sur les rapports hommes / femmes et les relations amoureuses hétérosexuelles. Le tout dans un article court – d’où la pastille – avec le présupposé que personne l’été n’a envie de passer du temps seul(e) sur son ordi mais que ce sont d’excellents sujets à discuter entre amis. Et avant tout en couple, bien sûr.

Je sais qu’il y a aussi des préados qui aiment me lire – coucou les filles, je vous fais un cœur avec les mains ♥ – donc je précise que ces pastilles sexe de l’été ne nécessitent pas de contrôle parental comme sur Snapchat et qu’elles peuvent tout à fait être lues et discutées avec des préados. Voire avec des enfants comme chez nous, je me souviens très bien d’une conversation sur le porno l’été dernier en Grèce avec mes enfants qui avaient alors 7, 9 et 11 ans… mais évidemment ça dépend si vous êtes à l’aise sur ces sujets ou pas.  😉

Lisez, réfléchissez, discutez-en à plusieurs et interrogez-vous : c’est comme ça qu’on fait avancer nos représentations !

 

 

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Pour cette troisième pastille, j’ai choisi une planche de l’illustratrice Diglee, tirée du recueil de lettres d’Ovidie que je suce comme des pastilles cet été : Baiser après #MeToo – Lettres à nos amants foireux (2020).
Elle accompagne la « lettre à celui qui m’a baisée sans capote ».

« Comme plein d’hommes de notre génération, tu as déjà été en relation de longue durée, tu as perdu l’habitude de mettre des préservatifs et depuis, tu es incapable d’en remettre sans débander. […] De nos jours, il y a encore des gens qui pensent que leur statut d’homme blanc hétéro les immunise de tout, même des maladies. J’ai pris conscience qu’avec une telle façon de penser, tu ne t’étais sans doute jamais protégé du tout. Ou alors que la dernière fois, c’était à seize ans avec un préservatif à 1 franc lors de ton dépucelage en 1993. » (p.97)

Pensez-y ! Partagez aussi, parlez-en, ça vous changera du covid…

En 1993 j’avais moi-même quinze ans, ça m’a rappelé des souvenirs et j’avoue ça m’a fait rire ! Alors qu’en vrai évidemment c’est pas marrant. Mais la pastille sexe #2 que j’ai publiée à la fin du mois de juillet était lourde à avaler – selon qui on est et ce qu’on a vécu il y a des Valda qui coincent un peu – alors je voulais vous préparer une #3 plus digeste…

 

 

Et puisque depuis mon article Le cœur (et les couilles) sur la table, je rattrape les épisodes des Couilles que j’ai loupés, cette semaine je vous recommande un épisode court et léger, c’est le hors-série Eux #03 : « Bien choisir sa capote ». Le sujet m’intéresse, vu que je suis concernée. Nous l’avons écouté à deux avant de partir en vacances, pendant un déj’ de télétravail avec Mickaël, vu qu’on est tous les deux concernés. Comme son titre l’indique, c’est un hors-série de dix minutes entièrement consacré au préservatif, lequel choisir et comment l’utiliser de manière optimale (et safe avec du lubrifiant, ce que j’ignorais).
L’invité de Victoire Tuaillon pour cet épisode est le sexologue Marc Pointel, qui est aussi le créateur d’une boutique de préservatifs de toutes sortes de modèles, tailles et matières, qui s’appelle « Le Roi de la Capote ». 56 tailles de préservatifs dans la boutique ! T’inquiète maintenant que je sais ça, le premier que j’entends encore couiner : « Mais moi dans les capotes je suis trop serré… », je lui couds la bouche avec du fil de plomb !

D’ailleurs Mickaël et moi on a pris un fou rire quand Marc Pointel évoque les résistances de certains mecs :

« Y’a des détracteurs qui vont dire : ben ouais mais faut qu’j’arrive avec le matos, la boîte de capotes, le tube de lub’… Moi je leur réponds : ben mon coco, tu fais ce que tu veux, si tu veux nager freestyle, nage freestyle, mais un préservatif et un tube de lubrifiant ça coûte quand même moins cher qu’un traitement d’hépatite à 1 800 € par mois ou que de prendre un traitement à vie pour le HIV. Ou un môme, où là on en prend encore plus pour toute sa vie ! »

Alors je ne suis pas en train de vous dire que la capote c’est parfait, évidemment que moi aussi je préfère sans, mais s’il existait une contraception parfaite, crois-moi je le saurais…

 

 

Comme j’ai désormais une certaine expertise en matière de préservatifs (c’est pas comme les sex toys), je me sens légitime de donner mon avis et j’ajouterais un avertissement : faites bien attention au moment de choisir votre boîte. Il m’est arrivé sur des Durex – ça fait quelques années que je n’achète QUE des Durex – de prendre un modèle qui promettait mille merveilles sur le devant et où « arôme menthe » n’était pas marqué. Je l’ai vu après usage, en cherchant bien, écrit en tout petit sur un côté de la boîte au milieu de plein d’écritures en toutes les langues. Le truc que jamais tu lis. Mais tu t’en rends très vite compte dès le premier essai.  🤢
J’étais dégoûtée. Enfin vous peut-être, vous vous en foutez, voire vous aimez, mais moi je déteste le goût menthe – et tous les autres goûts encore pire. Dans ce cadre-là, entendons-nous. Parce que sinon j’aime la menthe chez Ottolenghi et la glace bio aux feuilles de menthe fraîche de la boutique de Marlène. Ce que j’aime pas, c’est le vieux parfum chimique de menthe synthétisée qui te remonte de l’intérieur du corps. Et pour celui qui porte la capote, la sensation Hollywood Fraîcheur au bout du gland n’est pas forcément ce qu’il y a de plus excitant non plus…

 

Bref, j’étais tellement vénère que j’ai commencé à écrire une lettre furieuse au P.-D.G de Durex pour exprimer ma colère et demander :

 

Les gars, c’est quoi l’idée ? Pourquoi vous ne l’écrivez pas en gros sur la boîte à côté de Orgasm’Intense texture perlée et nervurée ? GOÛT MENTHE DÉGUEU. Hein ? Pourquoi vous l’écrivez pas ? Tenez, pour la peine, je vous mets la capote usagée dans l’enveloppe, vous pourrez profiter de son doux parfum mentholé !

 

Mickaël m’a suggéré :

– Demande-leur pourquoi ils font pas arôme poulet boucané.

(Il faut dire aussi, je revenais de l’antillais du marché et on était en train de bien kiffer notre déjeuner…)

Bon finalement j’ai laissé tomber parce que j’ai quand même autre chose à foutre de mon temps. Mais maintenant je suis ultra vigilante. Et je vous déconseille le modèle Orgasm’Intense de Durex, ainsi que tous les préservatifs de la marque Intimy, pour la raison que je viens d’expliquer. Quoique prometteur, le premier n’a rien d’intense, c’est trop l’arnaque, et les seconds sont tellement cheap que tu flippes de penser à ce que l’arôme menthe non mentionné vient cacher. Donc j’insiste : lisez bien les petites écritures.

 

À droite, le fameux Orgasm’Intense incriminé ici. Voyez le « arôme menthe » écrit en tout petit. Et encore, là je vous ai fait un gros plan et il n’y a plus l’emballage plastique sur la boîte qui t’aveugle dans le magasin et fait briller les petites écritures au point que tu n’arrives pas à lire. Au milieu, le Pleasure Ultra (anciennement Pleasure Me), mon préféré jusqu’à présent. Mais c’est pas parce que j’en ai trouvé un que j’aime que je vais m’arrêter là, no way, alors je prends toujours celui-là + un autre que je ne connais pas pour essayer. Je fais pareil avec le chocolat, avec le pain, avec tout en fait… À gauche c’est donc le Perfect Gliss que je viens de découvrir. Je suis comme ça moi, je suis une chercheuse… M. dirait en anglais : ahead chai pas quoi !

 

Rappelez-vous surtout que les préservatifs c’est comme le tofu : il faut trouver celui que vous aimez. Si vous n’en avez goûté qu’un, et que malheureusement c’est le Bjorg que vous avez acheté en supermarché, ben forcément vous trouvez ça dégueu. Moi aussi je le trouve dégueu et pourtant j’adore le tofu ! Alors vous pouvez choisir de rester toute votre vie sur votre première impression, tofu = bouchon de liège, et les mangeurs de tofu sont des gens tristes et maigres qui n’aiment pas la vie, OU… Ou vous pouvez choisir d’être curieux(se) et de continuer à chercher ce qui vous fera décoller… Moi je vous guide, en capote comme en tofu si vous voulez !  😉

 

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Références

Ovidie et Diglee, Baiser après #MeToo – Lettres à nos amants foireux, éd. Marabulles, 2020.

Podcast Les couilles sur la table, épisode hors-série Eux #03 : Bien choisir sa capote
https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/bien-choisir-sa-capote

 

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Précédemment
Pastille sexe #2 : Consent is sexy (and required)

À suivre
Pastille sexe #4 : Le ras-le bol (et les hormones)

 

Et vous, avez-vous une histoire de capote rigolote à me raconter ?