Mes cheveux & moi (2)

Photo : Mon crâne à moi la veille de notre départ (30 sept. 2018)

Oops… I did it again !

(Bon, j’avoue j’ai pas la combi rouge en latex brillant. Mais j’adorerais. Vraiment ! J’adorerais ça. Et rasée en plus…)

 

Oui c’est vrai, il y a neuf ans j’ai fait une promesse que j’ai déjà racontée ici. Mais les têtards ne peuvent rester de belles perles noires et les chenilles s’empêcher de se transformer en papillons. C’est la vie, petit.

Depuis des mois je ne le fais pas. POUR LUI.
Lui, mon amour.
Parce qu’il n’aime pas, parce qu’il me trouve moche comme ça, parce que, il y a neuf ans, j’avais promis. La première et dernière fois.

Depuis des mois j’ai eu le temps de trépigner et de m’arracher les ongles avec les dents. Essayer de détourner mon attention. M’occuper à d’autres trucs. Mais non. Je vis et je vole. Je suis un papillon.

 

Un slogan de Mai 68 que j’aime beaucoup.

 

Un désir puissant ne s’en va pas comme ça.
Il se nourrit de n’être pas comblé, il grandit…
Il s’affranchit des canons de beauté, se moque des apparences, et c’est ça la liberté. Ce que j’ai appris de femmes aussi radicales et inspirantes que Rokia Traoré ou Nina Simone.
La question n’est plus : est-ce que je pourrais être belle, ou est-ce que je vais être moche ?

La question est : qui peut m’empêcher d’aller au bout de mon désir et pour quelles raisons ?

L’amour pour l’autre est-il une bonne raison de s’empêcher d’être soi ? La seule acceptable peut-être ?
Ou l’amour doit-il, au contraire, permettre de soutenir celui qu’on aime dans l’accomplissement de lui-même ?
Papa Écureuil et moi on naviguait entre ces deux conceptions opposées qu’on arrivait à associer quand même, je ne sais pas comment.

Finalement c’est lui qui me l’a fait. POUR MOI.
Et contre lui, un peu. Par amour.

 

 

Ça n’a pas été facile pour les babi non plus de me voir comme ça. Ça n’a pas été un choc non plus, j’en parlais depuis trop longtemps pour que ce soit un choc, mais plutôt quelque chose de résigné, de l’ordre de : ok, donc elle l’a fait.

C’est surtout la Petite Souris qui est gênée, et avec qui j’en profite pour travailler sur les questions de honte (c’est elle qui dit « honte », pour moi la honte c’est pas ça) et de regard des autres.

« Mais tu vois que tout le monde te regarde dans la rue, même les gens dans les voitures ils te regardent par les vitres quand tu marches. Ça te gêne pas ? ».

Non, ça ne me gêne pas, non. Mieux, ça me plaît. Parce que c’est mon vrai moi qu’on voit et j’ai pas peur.

 

Le lendemain, Papa Écureuil s’est rasé la tête pareil et je l’ai terminé à la tondeuse, au même dernier sabot.
J’étais dans l’euphorie qu’il le fasse avec moi. Enfin !  🙂

J’avais envie de lui ressortir ce proverbe nigérien qui dit : celui qui a plus de cheveux que toi a aussi plus de poux que toi.
Mais j’ai senti que c’était pas le moment, que ma joie n’était pas vraiment partagée…
Pourtant moi j’adore, avec son crâne rasé, il y a une nouvelle cicatrice qui apparaît, et c’est comme encore plus d’amour !

 

Le crâne de Papa Écureuil la veille de notre départ en voyage (30 sept. 2018).

 

Mais ça non plus je ne l’ai pas dit.

Au lieu de parler, avant de complètement boucler les bagages, j’ai réessayé la casquette que j’ai achetée quand j’avais les cheveux longs. Et là, enfin, Mickaël a retrouvé un sourire (petit mais un sourire quand même) : « Ah ouais c’est vrai… j’avais oublié le double effet crâne rasé… tu vas de nouveau te faire draguer par des meufs ! ».

Mais moi je dis : on ne sait pas.
Parce que les codes culturels et les signes extérieurs de préférence sexuelle ne sont pas les mêmes selon les pays. Donc c’est une différence de plus que je vais observer pour vous.
J’espère juste qu’on ne me jettera pas la pierre, Pierre (c’est dans quoi ça déjà ??).

Peut-être que, dans certains pays, on me prendra dans un monastère loin, très loin, tout en haut du Mont Briochon comme la maison de Gaston Grippemine. On m’habillera en orange (pas en latex rouge  😉 ) et je vivrai in situ cette retraite dans le silence et la solitude (et le jeûne ?) à laquelle j’aspire – certains jours plus que d’autres. Je me nourrirai de tantras et de mélopées chamaniques…

 

*****

 

Et vous, est-ce que vous pensez au regard des autres au moment de changer quelque chose de votre apparence physique ?

Par exemple, quand j’étais au lycée, j’avais une copine qui ne pouvait pas sortir de chez elle pas maquillée. Elle disait qu’elle se sentirait trop vulnérable, que ce serait comme se retrouver nue dans la rue…