Photo : Au début de la Coastal Walk, dans le Noosa National Park (Australie, janvier 2019).
Notre road trip en campervan sur la côte nord-est de l’Australie.
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Nous avons quitté la Polynésie sous un jour qui disparaît, pfft envolé, pris trois avions dans la même journée sans bien savoir si on était encore lundi 21 janvier ou déjà mardi 22, et encaissé un bon décalage horaire dans la face. On est éclatés.
But on the Australian road again !
On retrouve le gros camion, la conduite à gauche (mais pas trop) et les longues distances. C’est easy de conduire le campervan pour nous maintenant. Et ça fait drôle d’ailleurs, sentir quelque chose de familier alors que, autrement, les premiers jours dans un nouveau pays sont toujours difficiles.
Heureusement il y a la chaleur. La chaleur accablante. Nan parce que, faudrait pas que ce soit trop facile hein… Sinon je culpabilise, je n’ai pas mon compte. Si je n’ai pas à me battre, à me pousser plus loin. Je n’apprends rien…
Dix minutes de marche à Brisbane pour aller récupérer le campervan et on est au bord de se trouver mal. Le Chouch et moi disons.
Je me souviens intellectuellement qu’il faisait froid lors de notre premier road trip en Australie, mais je n’arrive plus à me rappeler physiquement comment c’était. Le froid.
On se réveille tous les jours entre 5h et 6h du matin à cause du décalage horaire, mais en fait c’est le rythme des gens d’ici. À cause du soleil qui se lève tôt et qui se couche tôt. À cause de cette chaleur surtout. De 10h à 16h tu peux pas être dehors. Sauf entre les arbres sous le auvent, tu restes à écrire « au vent » justement. Tu peux pas croire qu’il fait pas plus de 33°C.
Le Grand Lièvre, qui partage son temps entre Google Maps et Google Météo, m’a dit :
« Mais 33, ça va maman ! Tu sais qu’à Alice Springs, il fait 42° ? »
Tea Tree Bay
À Noosa, où nous sommes écrasés par la chaleur et le décalage horaire donc, nous rencontrons une femme qui nous dit : « Vous ne pouvez pas quitter Noosa sans voir la vue sur la mer depuis la Coastal Walk, dans le Noosa National Park. Les gens viennent de partout pour voir ça, c’est magnifique ! ».
Et donc, tôt le lendemain matin, nous garons le campervan et suivons la Coastal Walk à pied.
Parce que c’est la grande liberté qu’offre un voyage au long cours comme le nôtre : on décide (presque) au jour le jour, on peut changer d’idée au dernier moment, quitter plus tôt un endroit dans lequel on ne se sent pas bien ou, au contraire, choisir de rester plus longtemps, on fait ce qu’on veut. (Dans les contraintes qui sont les nôtres. À savoir : être arrivés à Cairns dans deux semaines.)
Et alors, la Coastal Walk ?
C’est beau. Mais c’est pas « magnifique ».
Et ça, c’est la question que soulève un voyage au long cours comme le nôtre : quand tu as vu des paysages VRAIMENT magnifiques, je pense à la Great Ocean Road, aux lacs de montagnes et aux fjords de Nouvelle-Zélande, ou aux plages de Polynésie Française, eh ben les autres paysages qu’on te décrit « magnifiques » ne sont pas magnifiques.
Mais ça fait rien. Ça ne les empêche pas d’être beaux, et ça ne veut pas dire que tu ne les apprécies pas. Parce que quand tu apprends à regarder, il y a toujours des belles surprises, quel que soit ton (autre) chemin…
Dans le Noosa National Park, on marche avec la mer en contrebas sur notre gauche et la forêt tout près sur notre droite.
Je ne sais plus lequel de nous les a vues en premier. Les araignées. Énormes. Et le mec qui s’occupe de dégager les feuilles poussées par le vent qui avance, sans peur, entre les toiles.
On est tellement sidérés et glacés d’effroi à les regarder qu’il vient nous en dire quelques mots. Yellow nod, il les appelle. Ce sont des argiopes. Il nous explique qu’elles ne sont pas mortelles, contrairement à la Red Back, très répandue dans le pays, dont le venin n’a pas d’antidote. Elles ne sont pas mortelles, mais si tu te fais piquer, tu en as pour quelques jours à être cloué(e) au lit avec la fièvre. La nature est sans pitié ici…
(Si vous voulez vous offrir ce petit mélange de répulsion / fascination que provoque souvent la vue d’une araignée, vous trouverez d’autres photos dans cet article ou dans la galerie ici.)
En poursuivant notre chemin sur le joli petit sentier tout de planches en bois assemblées (crowded by the way le sentier, il est 8h du matin mais c’est blindé de joggeurs et autres marcheurs rapides), nous arrivons à Tea Tree Bay.
Une merveille de plage, à l’ombre des tea trees.
La baignade est déconseillée, c’est marqué sur le panneau. Mais des gens le font. Pas beaucoup mais un peu. Des familles australiennes. Assez pour nous donner confiance. On y va.
Sous les arbres, le sable est doux et frais. Alors qu’il fait déjà si chaud au soleil, c’est une extase soudaine de marcher pieds nus à l’ombre dans le sable.
Et c’est merveilleux dans l’eau comme dehors.
Parce que le sable est doux dans l’eau aussi, il n’y a pas de rochers, pas de caillasses, pas d’algues gluantes, rien que du sable doux. Et des poissons. Qu’on voit à travers la surface tellement l’eau est transparente. La réverbération du soleil dessine des formes mouvantes de piscine au fond de l’eau. Je pense au tout début du film L’ Effrontée (TOP 20. Ou TOP 10 ?). Charlotte Castan. Mais Charlotte Gainsbourg en fait.
Tu trouves pas que la vie, elle est brusque ?
Ben si mais là non. Pas là.
La vie dans cette eau, à ce moment précis, elle est douce. Dans la joie que je ressens, unexpected, de prendre un bain de mer en Australie. On a tellement préparé les babi à l’idée qu’on ne pourrait pas se baigner ici, surtout pas sur la côte nord-est, à cause des physalies, des courants, des méduses, des requins, des crocodiles marins… c’est vraiment une chouette surprise.
Quand je nage et que c’est si beau, si agréable, l’eau propre, cristalline, la température parfaite, à 25°, le vent léger, la plage abritée d’arbres à thé avec peu de monde, je pense qu’on a eu tellement raison de ne pas suivre le panneau. Quand l’unique plage surveillée, bondée, avec les marchands de frites et de glaces sur le côté, m’avait juste donné envie de fuir en courant.
Je pense que si papa Écureuil a dit ok, c’est que ce n’est pas imprudent, donc je ne m’inquiète pas.
Je pense qu’il n’y avait pas non plus une tête de mort dessinée sur le panneau comme sur une bombe de produit insecticide… et que c’est sans doute moins dangereux de se baigner ici que d’introduire un citron en Nouvelle-Zélande !
En plus, le nom de la plage, « tea tree bay » je veux dire ! Entourés d’arbres à huile essentielle antiseptique et anti-infectieuse qui peut même soigner le staphylocoque que le Grand Lièvre a attrapé à Tikehau, que pourrait-il bien nous arriver de mal ?
Oak Beach
Le lendemain à Burnett Heads, nouvelle chouette surprise : on se baigne encore !
Une demi-heure de marche sous le soleil déjà puissant du matin, et on arrive à la plage à 8h20. Peut-être pour vous c’est normal et vous ne voyez pas ce qu’il y a d’extraordinaire là-dedans mais pour nous, c’est totalement dingue. Parce que dans la vraie vie, l’été en France, ou même ailleurs, jamais on n’est arrivés à se saquer suffisamment tôt pour être à la plage avant 11h du matin. Jamais. Et donc après je culpabilise à mort, de tout ce que j’ai entendu ma mère dire quand j’étais petite, que le soleil c’est le mal, que c’est n’importe quoi d’aller à la plage avec des enfants entre 11h et 15h, etc.
« Mounette serait fière de nous », dit papa Écureuil. 8h20 les mecs. À la plage !
Et heureusement qu’on est arrivés si tôt parce que deux heures plus tard, on est pas mal rouges. Alors que bon, on est déjà super bronzés quand même, c’est pas comme si on débarquait de Paris, blancs comme des culs ! On passe notre vie dehors, au soleil, et je compte bien là-dessus pour réparer mon ostéoporose. 😉
Et donc cette baignade, aussi unexpected que celle de la veille, fait la joie des babi car les vagues sont énormes à Oak Beach.
Les babi sautent dans les rouleaux par-dessus et par en dessous jusqu’à ce qu’on les sorte de l’eau. Ici la plage est surveillée. Le sauveteur reste même tout à fait au bord et resserre le périmètre autorisé. C’est que les vagues sont vraiment grosses et les courants violents…
Et la magie de cette plage, c’est que nous y sommes retournés le soir. Pile douze heures après, à 20h20 (je précise pour ma sœur, qui aime bien savoir l’heure qu’il est). Il faisait nuit, nous avons avancé tout doucement dans le noir, guidés par la loupiote d’un bénévole qui nous a menés jusqu’à un trou dans le sable où des œufs de tortue venaient d’éclore…
Les bénévoles recueillent les bébés tortues, les protègent des oiseaux carnivores, et les aident à rejoindre la mer – surtout quand la mère a pondu trop haut sur les dunes.
Car sinon, comme vous le savez depuis l’article sur les animaux du Sri Lanka, il n’y a qu’un œuf sur mille qui s’en sort. Et comme les tortues n’atteignent la maturité sexuelle qu’autour de trente ans et qu’elles ont plein de prédateurs, ben on comprend pourquoi l’espèce est menacée de disparition !
Les nuits sans lune, les bénévoles éclairent les bébés tortues à la lampe torche pour les guider vers la mer.
Quand nous sommes rentrés au campement, il y avait plus d’étoiles dans la nuit que je n’en ai jamais vu de ma vie. Les babi cherchaient la Croix du Sud, qui permet de se repérer dans le bush, comme ils m’ont expliqué qu’ils ont appris dans Mouk.
C’était beau. C’était calme. Je suis restée un moment dehors, toute seule, à fumer une cigarette. J’avais envie d’entendre encore le cri du koala.
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Et vous, est-ce que les articles de notre précédent road trip en Australie vous avaient donné envie de partir à la rencontre de ce grand pays ?
Lesquels en particulier ?