Une semaine à Tikehau

Photo : L’emploi du temps de Lulu (Polynésie, janvier 2019).

 

Par le Grand Lièvre à Tahiti.

 

 

Moi au début qu’on est arrivés à Tahiti, j’ai dit tout de suite que j’allais écrire sur Tikehau parce que c’est le seul atoll qu’on fait, et un jour, dans longtemps, quand on sera morts, tous les atolls des Tuamotu vont s’enfoncer dans la mer et il n’y aura plus que de l’eau.

Ici c’est pas comme sur les autres îles de Polynésie : y’a presque personne et y’a rien à faire. Y’a que un seul magasin et la dame a crié sur Garance qu’elle pose tout de suite la boîte de thon qu’elle avait pris dans sa main. Maman a dit que les gens sont rudes ici.

Rudes ça veut dire que ils sourient pas et des fois ils parlent pas très bien. Moi je trouve qu’ils sont gentils, oui quand même, mais on dirait qu’ils sont pas contents de quelque chose qu’on a fait et on sait pas quoi.

À Tikehau, il n’y a pas de visite à faire et j’étais content qu’on reste sur la plage devant notre bungalow tout le temps. Le matin après le petit-déjeuner, on s’occupait des bernard-l’hermite avec Garance et Marce. On leur a donné des noms comme Ronald, Ronan, Ropie, Robleu, Rorange, Roblanc, Rocade et Rosette.

 

Ça c’est Rorange, il a une coquille en forme de spirale.

  

C’est ce que j’ai préféré à Tikehau, les bernard-l’hermite, parce qu’il y en a plein de plein de sortes différentes : avec des coquilles rondes ou en forme de spirale ou d’escargot, des petits, des moyens, des gros…
On en a même trouvé un très gros, et, avant qu’on voie que c’est lui qui fait sa trace dans le sable, papa a cru que c’était une trace de cent-pieds. Les cent-pieds, c’est les mille-pattes d’ici qui peuvent nous piquer, ça donne de la fièvre et ça fait très mal.

 

Ça c’est un très gros bernard-l’hermite avec sa grande trace dans le sable. On n’a pas joué avec ceux-là, on les a éloignés parce qu’ils font peur aux petits, ils les écrasent et on pense qu’ils les mangent.

 

Après les bernard-l’hermite, on faisait le travail avec papa pendant deux heures.
Si j’ai fini plus tôt et que Garance a encore des opérations à faire, j’allais voir les requins à pointe noire dans la mer. On les appelle comme ça parce que le bout de leur aileron est noir. Ils viennent tout près du bord, là où je ramasse les bernard-l’hermite, et quand on va dans l’eau même que jusqu’aux chevilles, ils s’enfuient parce qu’ils ont peur de nous !
Ils ne sont pas du tout dangereux. À Moorea, on a nagé avec des requins à pointe noire là où il y avait les raies, et on a vu qu’ils ont toujours un petit poisson collé en dessous de leur ventre : c’est le poisson-pilote.

 

Là on voit que c’est tout au bord de l’eau où on marche. Il y a trois requins à pointe noire : un au milieu où on voit bien son aileron, et deux à gauche qui sont sous l’eau.

 

Quand Garance avait fini de travailler, soit on mangeait le midi, soit des fois on mangeait pas parce que nous on en avait marre de manger toujours le même poisson cru et le riz blanc, et comme le bateau est pas venu, y’a rien d’autre.
Moi si c’est ça je préfère même pas manger !

L’après-midi il fait trop chaud, alors on s’occupait encore des bernard à l’ombre, ou on jouait avec les noix de coco pour faire un circuit ou des épreuves dans le sable. Il faut faire attention ici à côté des cocotiers parce qu’il y a des rats qui essayent de grimper, et il y a aussi des crabes qui sont très gros, avec des pinces comme des lames de rasoir qui peuvent couper un doigt, et qu’on appelle des crabes de cocotier.

 

C’est une plaque de métal sur un cocotier, il y en a presque tout le temps. Moi j’ai appelé ça un ressort à rats parce que les rats glissent dessus et comme ça ils peuvent pas monter pour grignoter les noix de coco !

 

Quand il fait moins chaud, vers 16h, moi je voulais jamais me baigner parce que j’ai mal aux pieds dans mes chaussures de mer. Déjà j’ai une blessure sous le pied qui s’en va pas, et en plus mes chaussures de mer sont trop serrées. Elles me font mal, et on peut pas aller dans l’eau pieds nus à cause des poissons-pierre, des coraux et des gros rochers partout.
Donc je me suis pas baigné de toute la semaine. Je préfère jouer au foot avec papa sur la plage !  🙂

 

Le foot avec papa sur la plage. On mettait des grosses noix de coco pour faire les buts.

 

Le soir on doit manger à 19h même si c’est tôt, et on peut pas arriver en retard comme les gens sont rudes. Mais c’est encore le même poisson cru et le riz blanc, et moi hier soir je suis resté allongé et je suis même pas allé à table pour manger parce que j’ai trop de fièvre et que j’ai pas faim du tout. J’ai même vomi.

Tout à l’heure, la voisine de notre bungalow qui vient du Brésil m’a donné un collier que je dois garder sur moi avec une améthyste. C’est une pierre un peu violette qui enlève la fièvre quand on en a trop.

 

Mon collier avec l’améthyste. Et j’ai un pansement que l’infirmière m’a fait sur tous les boutons. Elle était gentille.

 

Je suis tellement malade que j’ai envie de rentrer et j’ai peur de plus aimer Tikehau parce que j’ai 40.1 de fièvre. Je peux même plus jouer.
J’ai préféré Moorea quand j’ai fait mon emploi du temps [note de maman Ourse : celui de la photo en tête d’article] et que je pouvais vivre mes aventures tranquille.

Maintenant j’ai hâte de rentrer à Papeete pour être soigné.

 

Lucien