Photo : Les oliviers du père de ma cops Marlène. Ceux qui portent les olives dont il extrait l’huile qui me nourrit tout au long de l’année. Et c’est moi qui ai pris la photo (village de Suçães, Portugal, août 2022) ! Qui a la chance aujourd’hui de prendre lui-même en photo les oliviers dont l’huile irrigue son corps ?
Bizarre, ce mois d’août… Des journées très longues, surtout au début, et puis en fin de mois tout s’est accéléré comme fait la vie des fois, pour vous supplier de la prendre tant qu’elle est là parce que le temps vous est compté avant la rentrée. Enfin je dis pas ça pour vous déprimer hein ! C’est pas parce qu’un jour on va mourir que tous les autres jours on doit vivre comme si on était déjà mort, n’est-ce pas ? Au contraire. C’est le contraire qu’il faut faire…
Donc demain embrassez la rentrée et appréciez ce partage de vie que je prends le temps de faire ici avec grand plaisir tous les mois depuis le début de l’année ! 😊
S’il n’en restait qu’un(e) # janvier 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # février 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # mars 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # avril 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # mai 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # juin 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # juillet 2022
Fin août 2021, deux articles successifs dans la rubrique VIVRE < En chemin ont provoqué à l’opposé d’étranges réactions masculines.
Le premier, la pastille sexe de l’été n°5 à propos de ce que c’est qu’être sexy, m’a valu une levée de boucliers virils. Des mines outrées et des cris d’injustice, comme quoi les hommes aussi subissent les injonctions esthétiques de la société et qu’ils sont soumis, tout autant que les femmes, au regard jugeant sur leur corps. Que les femmes sont même plus impitoyables que les hommes quand il s’agit de critiquer.
25 août 2021 : Pastille sexe #5 : Ce que c’est qu’être sexy
J’entends. Nan mais si, j’entends. Mais quand même, je peux pas m’empêcher de partager les deux mini-vidéos d’Élodie Arnould que ma copine Adeline m’a envoyées ce week-end…
https://www.facebook.com/watch/?v=510649840822760
Élodie Arnould, « Être une femme, c’est facile ! », 23 août 2022.
Élodie Arnould, « Le corps des femmes », 10 juillet 2021.
« Moi j’attends juste que mon corps soit à la mode. Tu sais le corps petit-ventre-de-grossesse-et-les-cuisses-qui-se-touchent… J’ai trop hâte, on va passer un bête d’été ! »
J’ai rigolé. Franchement j’ai rigolé !
Mais revenons aux hommes. Le second article de fin août 2021 que je veux mentionner, la pastille sexe de l’été n°6 à propos des changements qu’il serait bon d’amorcer pour aller vers une sexualité plus respectueuse, plus équilibrée, et surtout plus épanouie pour les femmes, a, lui, au contraire, soufflé un grand vent de silence masculin. J’ai plein de copines qui m’ont reparlé de cet article, qui m’ont dit ce qu’elles en pensaient, comment elles voyaient les choses aujourd’hui par rapport à quand elles ont débuté leur vie sexuelle, tout ça, mais du côté des hommes, ça a été le grand silence.
J’ai à cœur de croire que ce soit un silence de réflexion, de remise en question, et pas le silence désespérant de l’indifférence…
31 août 2021 : Pastille sexe #6 : L’espoir du changement
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Et la suite ? (de l’article d’aujourd’hui)
S’il n’en restait qu’un(e) de août 2022, que nous ferais-tu partager ce mois-ci ?
Ah bah oui mais ça les amis, j’ai pas commencé fini. Vous n’avez pas idée de mes journées depuis que je suis rentrée de vacances depuis le début de la semaine ! Ou si ? Peut-être que vous savez exactement à quoi ressemble le quotidien avec trois enfants à quatre jours de la rentrée quand rien (mais RIEN) n’a été préparé avant et qu’ils n’ont rien à se mettre sur le cul et pas même un agenda et un stylo Bic bleu pour le premier jour.
Ce que je faisais au mois de juillet ?
Me demandez-vous, bande de jaloux.
– Nuit et jour à tout venant
Je vivais ma best life, ne vous déplaise.
– Vous viviez votre best life ? j’en suis fort aise.
Eh bien, faites-vous bien chier maintenant !
Bon enfin il va falloir patienter quoi…
Mais ça vous laisse du temps à vous aussi pour les rendez-vous incontournables de la rentrée, les certificats médicaux, les inscriptions aux activités, les quatorze fiches à remplir à la main pour l’école que t’as de plus en plus de mal à déchiffrer parce que c’est la soixantième photocopie d’une photocopie d’une photocopie d’une photocopie d’une feuille sortie d’un fax en 1995 en taille de caractère 5.
Par ailleurs, j’ai rendez-vous chez l’ophtalmo lundi prochain pour moi-même.
D’ici-là, merci de rester en ligne. Vous êtes mes fourmis précieuses ! 😝
À suivre…
* La suite… au 6 septembre 2022 *
À mon tour, s’il n’en restait qu’un(e) de août 2022, voici ce que je vous ferais partager.
Une découverte : la fabrication du porto dans la vallée du Douro ?
À Vila Nova de Gaïa, charmante ville en face de Porto (et au milieu coule le Douro), j’ai visité la maison Taylor, fondée en 1692, qui demeure la dernière fabrique familiale de vin de Porto. Des tonneaux comme t’as jamais vu, les vignes, les pierres de schiste, le raisin écrasé à la main… c’est-à-dire concrètement au pied !
À Vila Nova de Gaïa, j’ai entendu que le porto est un vin riche et puissant. Moi j’aime les vins riches et puissants… Et le porto Taylor’s mon pote, laisse-moi te dire que c’est d’un autre niveau que le porto Cruz qu’on trouve partout chez nous ! En plusse moi quand je vois la bouteille Cruz, direct je pense à Cruz Castillo, rapport à ma grand-mère qui le trouvait trop beau. Tu vois Cruz Castillo ou pas ? Santa Barbara, qui me dira… pourquoi j’ai le mal de vivre-euh… ça te parle ?
Bon ça fait rien. C’est pas grave. Non vraiment.
Sinon vous saviez qu’il existait du porto blanc, vous ?
Moi je ne savais pas. En fait je ne savais rien, ni du porto, ni du Portugal. J’ai eu envie de découvrir parce que c’est le pays d’origine de ma cops Marlou. Et que l’amour est souvent toujours le moteur qui m’anime. Qui guide ma curiosité, mes choix, mes engagements. Ma cuisine. Mon temps, mes vacances. Et donc qui oriente mes découvertes aussi. Mais ici je vous fais un résumé, sinon il faudrait que je vous fasse entrer dans ma vie ! 😉
Voici trois choses importantes que j’ai apprises ce mois-ci sur le Portugal :
1/. Les Portugais(es) sont gentils et accueillants ;
2/. Ils mangent beaucoup (VRAIMENT beaucoup, je vous en reparle plus loin) ;
3/. Et c’est hyper propre. On dirait un cliché, je sais, mais les rues, les toilettes des restos, les lavabos… partout dans le pays c’est propre. Même le sable de la plage, il est propre ! Y’a pas un mégot, pas un papier de sucette, pas une vieille capote usagée, rien !
Maintenant j’ai tout un tas d’images et d’idées qui me viennent quand je pense au Portugal.
Par exemple, le Portugal quand tu y es jamais allé(e), tu crois que c’est un pays chaud. Que tout le temps il fait chaud et que partout il fait chaud. C’est ça. Va te baigner un peu, tu verras… 16 degrés… Oui mais quand on y est, elle est bonne ! (eh mais les gens qui te disent ça de l’Océan Atlantique, t’as pas envie de les noyer franchement ?)
J’ai observé que pour être végétarien(ne) au Portugal, faut aimer la sobriété. Faut pas avoir de désir. C’est pour ça moi j’ai plutôt mangé de la morue, et de la saucisse de Mirandela que j’étais la seule à aimer vu que c’est pas une vraie saucisse et que donc, ceux qui aiment la saucisse chez moi n’ont pas aimé celle de Mirandela. Cohérent, non ? Disons que la saucisse de Mirandela c’est pas de la chipolata. (Je déteste les chipolatas. Même ce mot, chipo, il vient d’où ??). La saucisse de Mirandela c’est fait avec du poulet ou de la dinde, du pain, de l’huile d’olive et quelques épices.
Bref, tout ça pour dire que sur les menus au Portugal, t’as « CARNES » (viandes) sur la page de gauche et « PEIXES » (poissons) sur la page de droite. Quelques desserts – notamment le pudim trop bon qui n’est pas un pudding mais un flan aux œufs – et salut ! Une seule fois j’ai vu marqué, tout en bas de la page de droite : végétarien. Il y avait trois lignes.
Omelette
Riz
Frites
On est d’accord que si t’es végétarien(ne), tu peux manger de l’omelette. Mais bon. Omelette riz frites, ça te fait pas frémir la langue et l’intérieur des joues comme si tu allais tomber en extase sur la table quoi… Raison pour laquelle, si vous êtes végane, je vous conseille l’Angleterre plutôt. Ou le Sri Lanka.
(Pas l’Inde non, Mickaël en revient et il me dit qu’il y a beaucoup de lait et de beurre – c’est du ghee mais quand même, le ghee ça reste de la vache – dans la cuisine indienne.)
Mais au Portugal : la gentillesse des gens surtout.
Les automobilistes qui s’arrêtent systématiquement devant le passage clouté pour laisser traverser les piétons comme à Tahiti.
Des gens qui t’aident à changer une roue. (Vous allez comprendre plus loin…)
Et puis il y a la dame du resto familial où on est allés dîner cinq soirs de suite au début de nos vacances à Viana do Castelo. Elle était tellement gentille et sa cuisine traditionnelle tellement authentique et généreuse qu’on n’a plus eu envie de chercher un autre resto. Elle parlait super bien français aussi, ça aide… et elle avait son franc-parler pour raconter les histoires !
Écoute celle que j’ai notée sur des petits bouts de papier quasiment en direct, en fumant une clope dehors avec mon verre de vinho verde de Ponte de Lima.
« Une amie de mon village qui aimait bien les jupes courtes, vous savez, ces jupes au-dessus du genou. Vingt-cinq ans de mariage. Un jour son mari lui fait une remarque sur sa jupe pour lui faire comprendre qu’en public, hors de la maison, il la trouve un peu trop courte à son goût. Oh ! Voilà que mon amie m’appelle illico le lendemain pour aller faire les magasins et elle s’achète une mini-jupe jaune bouton d’or ! Une mini-jupe ici [et la dame accompagne son propos d’un geste du plat de la main sous ses fesses pour nous montrer sans équivoque où s’arrêtait la mini-jupe jaune bouton d’or]. Eh ben dites, son mari ça lui a cloué le bec ! Il a plus rien osé dire ! Évidemment mon amie a jeté la mini-jupe, ça ne l’intéressait pas de mettre des jupes aussi courtes, mais son mari, il a plus jamais rien osé dire sur sa tenue. Eh ben aujourd’hui ils font 45 ans de mariage, ils sont heureux. Voilà comment sont les femmes chez nous, au Portugal ! »
Un jeu : le Worldle.
Depuis le début de l’année, ta fille aînée, ton cadet, ton benjamin, et ton mari le premier font leur Wordle tous les matins. En français, puis en anglais. Ou l’inverse, ton mec fait l’inverse. En anglais, puis en français. Lui il le fait dans le train en allant travailler, mais c’est un jeu de lettres que tu peux faire où tu veux, quand tu veux. Les enfants le font avant de partir à l’école s’ils se sont saqués du lit assez tôt, sinon direct en rentrant. La Petite Souris (13 ans) sur son téléphone, le Grand Lièvre (11 ans) sur le mien, et le Marcass’ (9 ans) sur la tablette.
Mais.
Depuis cet été, il y a une nouveauté. Papa Écureuil a découvert LE jeu qui comble sa passion des cartes et son désir de repartir en voyage : j’ai nommé le Worldle, avec un l entre le r et le d !
Il kiffe. Nos trois enfants kiffent.
De quoi ça s’agit ? Chaque jour tu as la silhouette d’un pays dessinée en noir, avec tous ses contours, et tu as six chances pour deviner quel pays.
Vous me direz : et toi tu kiffes ? Sinon pourquoi tu nous en parles ?
Je vous en parle pour vous entraîner à la mappemonde, les amis. Et parce qu’il ne s’est pas passé un jour de vacances sans Worldle ! Papa Écureuil est super fort, talonné par le Grand Lièvre, puis, plus loin derrière, le Marcass’ qui triche un peu en s’aidant de Google Maps pour aller zyeuter la forme des pays (mais son papa dit que c’est ok parce que, ce faisant, il apprend la géographie du monde), et la Petite Souris qui galère pas mal rapport à ce que sur TikTok, la culture générale te rapporte pas de vues. Ni de flammes. Ni de pouces. Limite ça t’en enlève genre, j’avoue.
Et moi ? Vous me demandez encore : et moi ?
Moi… moi… bah moi je joue une fois vite fait par-ci par-là parce que je suis pas bonne… j’ai peur que mon mari s’aperçoive que je suis ignorante… qu’à part la France, le Mali, l’Italie, la Grèce, le Japon et le Laos parce qu’il est en forme d’étoile filante je reconnais rien… parce que je laisse jouer le Grand Lièvre sur mon téléphone et figure-toi que le Worldle, une fois qu’il est découvert tu peux pas le refaire !
Donc voilà. C’est pour ça.
Un objet : mon vieux paréo tout moche tout pourri.
Partir en vacances et vivre trois semaines vêtue d’un large rectangle de tissu même pas cousu, avec les fils qui s’effilochent. En pagne. Paréo si tu préfères.
J’avais quand même emporté trois mini shorts et autant de marcels, deux robes et une large chemise assez longue pour pouvoir se porter seule. (Une « tunique », mais moi je dis pas ce mot-là. Je peux dire tu es unique, mais tunique j’aime pas. Tu niques, non plus.)
Bref. Pour dire qu’il y avait quelques trucs à moi dans la valise, perdus entre les énormes piles de vêtements dont la Petite Souris ne pouvait absolument pas se passer cet été tu comprends, genre, j’avoue. Dans une sorte de tourbillon contagieux, j’avais même pris deux culottes et un soutien-gorge… nan mais n’importe quoi !!! C’est avant de partir en vacances, on prend toujours trop, on oublie qu’en fait on n’a besoin de rien. Rien d’autre qu’un large rectangle de tissu même pas cousu, avec les fils qui s’effilochent.
En vacances, je pense qu’on ne devrait rien porter qui s’attache autrement qu’avec un simple nœud. Pas de boutons, pas de fermetures Éclair, pas de clips ni de zips, pas de crochets, d’agrafes, d’élastiques de culotte, pas d’attaches. Pas de contrainte au corps. Que le doux d’un tissu mou.
Un roman : Leurs enfants après eux, de Nicolas Mathieu, éd. Actes Sud, 2018.
En voyage, j’aime lire des livres qui parlent de voyage.
L’été, j’aime lire des livres qui se passent en été.
C’est mon pote David qui m’a conseillé Leurs enfants après eux. Il y a au moins six mois. Huit mois. J’avais lu sur la quatrième de couverture que les quatre parties du roman ont lieu pendant l’été. Je m’étais dit : parfait ! Cet été ! Je le lirai cet été. De toute façon, les cadeaux à lire de David, je les garde toujours pour l’été. Parce que souvent aussi, ils sont épais, et si j’essaye de les lire pendant l’année, la nuit donc, j’avance pas assez vite, c’est trop haché, et alors je risque de décrocher et de passer à côté. Bref. Il y a huit mois j’ai mis ce roman de côté pour l’été, mais j’ignorais que l’histoire se passe dans l’Est de la France. L’été, oui, d’accord, mais dans l’Est. Or moi cet été, je partais pas dans l’Est cueillir des mirabelles, comme vous l’avez deviné, je partais faire un road trip au Portugal !
Quand je me suis rendu compte de la méprise, c’était trop tard : j’étais déjà partie, mon Goncourt* dans la valise avec deux culottes et un soutien-gorge. Voilà pourquoi, au lieu de vous raconter Pessoa et son intranquillité, au lieu de vous bercer de poésie portugaise sur fond de fado, je vous le dis sans fard : il y a des banlieues sinistrées en France. Des zones condamnées à l’ennui à perpétuité. Parce que moi aussi j’avais 14 ans quand est sorti Smells like teen spirit en 1992 mais ma vie c’était pas comme dans le roman. Et ouf, heureusement. Y’a des vies, je te jure, t’as pas envie de les vivre.
« On s’aimait, on crevait aussi, on était maître de rien, pas plus de ses élans que de sa fin. » (p.474)
Un petit bouquin sympa, comme on voit. Mais sinon j’ai beaucoup aimé. Merci David !
* C’est le moment de vous dire, au cas où vous auriez zappé l’info, que Leurs enfants après eux, de Nicolas Mathieu, a obtenu le Prix Goncourt 2018. Je comprendrais que ça vous fasse rien, je veux dire c’est pas comme si la qualité d’écriture était l’unique critère d’attribution des prix littéraires, loin s’en faut, mais certaines années, pour moi le choix est justifié. Par exemple en 1984, 1987, 1999, 2009, 2016…
Voire ultra ultra ultra justifié, avec trois ultra et trois étoiles comme au Michelin *** : 1933, 1956 🤩, 1975 🤩, 1990, 2004…
Je vous laisse chercher les titres correspondants bien sûr, c’est tout l’intérêt ! Et si vous n’avez jamais lu ces cinq romans-là, les Prix Goncourt des cinq dernières années que je cite, ma parole faites quelque chose pour vous ! Prenez des RTT en cachette de votre conjoint(e) et de vos enfants, volez du temps sur tout ce qui vous emmerde et même sur le reste, illuminez votre rentrée !
Un album : C’est quoi l’amour ?, de Lucile de Pesloüan et Geneviève Darling, éd. de l’Isatis (Québec), 2020.
Ce mois d’août, on m’a demandé : qu’est-ce qu’aimer ?
J’ai répondu comme j’ai pu, en une heure, avec toutes les belles choses qui me venaient et qui étaient vraiment très belles, mais avec en arrière-plan le sentiment de ne pas avoir fait le tour. Est-ce qu’un jour, quand on est très très vieux(vieille), on peut dire qu’on a fait le tour de l’amour – ou jamais ?
Le lendemain de cette grande question, qu’est-ce qu’aimer ?, je rentrais de vacances et je suis allée rendre tous les livres que j’avais en retard à la bibliothèque. C’est alors que j’ai vu cet album dans la vitrine qui me faisait signe et me posait la même question : c’est quoi l’amour ?
J’ai reconnu l’illustratrice au premier coup d’œil sur la couverture parce que c’est le même trait que celui du premier album en commun de Lucile de Pesloüan et Geneviève Darling, Pourquoi les filles ont mal au ventre ?, dont je vous ai déjà parlé dans le bien-nommé article Pourquoi j’ai mal au ventre.
Qu’est-ce qu’aimer ? C’est quoi l’amour ?
Dans cet album, j’ai trouvé des éléments de réponse pour compléter les miennes.
« Aimer, c’est suivre notre intuition. Tu sais, cette petite voix qu’on a dans la tête, pas celle qui nous embête, non, celle qui nous guide. Elle sait ce qui est bon pour nous. » (p.10)
Mais j’ai trouvé aussi de la poésie, des déclarations d’amour qui m’ont émue.
« Tu m’as dit un jour
Que si je recevais toutes les lettres que tu m’écrivais dans ta tête
Ma boîte aux lettres n’aurait pu les contenir
Savais-tu que c’est mon cœur qui aurait alors explosé ? » (p.16)
Et puis comme l’autrice et l’illustratrice sont canadiennes, c’est full of nature – et ça moi j’ai pas l’habitude… Comme dans le roman québécois que m’a offert mon amie Édith et que j’ai beaucoup aimé, Femme forêt, d’Anaïs Barbeau-Lavalette, dont je vous ai parlé en février dernier.
« Dans les contes de fées, les enfants se perdent souvent dans la forêt. Elle semble les avaler, mais en vérité, elle ne les laisse jamais tomber. On s’y cache, on s’y ressource. Plus grande que nous, elle nous régénère. » (pp.34-35)
Un mot que j’ai appris dans la forêt (puisqu’on parle de forêt) : les grumes.
C’est féminin. On dit une grume. UN grumeau dans la pâte à crêpes mais UNE grume.
Par exemple : Je te respire au milieu des grumes de pins fraîchement coupés.
Je ne sais pas si dans ce cas on doit considérer que ce sont les grumes ou les pins qui sont fraîchement coupées ou coupés, mais quand même c’est beau.
Une phrase qui pose problème : « Mmmh… c’est trop bon l’odeur de maman ! Entre la pastèque et la cigarette… » (lundi 1er août 2022)
Et l’enfant (11 ans) te sniffe tout le long du bras avec son nez moyen propre. Jusque dans ton cou.
Il adore la pastèque (mais pas toi). Tu préfères la cigarette. Mais entre la pastèque et la cigarette, tu sais pas comment c’est. Ce que ça sent. Et pourtant ce serait ton empreinte corporelle…
Un poème : c’est un poème sans titre. La fin d’un poème sans titre. Mais il pourrait s’appeler « Ce que tu es pour moi », comme dans la Chanson d’amour à l’envers d’Anne Sylvestre.
Évidemment j’ai cette pointe de culpabilité qui pique et qui me dit : avec tes vacances au Portugal, c’était bien le mois pour un poème de Fernando Pessoa là ! Oui c’est vrai mais… À l’exception du « J’ai faim de tes cheveux, de ta voix, de ta bouche » de Pablo Neruda en janvier dernier, je m’attache plutôt à vous faire partager de la poésie contemporaine, si vous avez remarqué. De la poésie contemporaine vivante, féminine, et souvent militante. Donc bon repos à vous, les poètes morts !
Et puis ce mois-ci, j’ai lu peu de poésie. Tout occupée que j’étais à lire les vies ratées, les usines qui ferment, les bars-PMU, les darons alcooliques et les jeunes qui trompent leur ennui sous le soleil à voler des mobylettes et dealer du shit en bas des tours. (Merci David !)
Je vous livre ici tout le contraire de cette déchéance crasse et des lourdeurs qui engloutissent. Tout le contraire de la tristesse des destins scellés d’avance auxquels on n’arrive pas à échapper. Ce sont les dernières lignes d’une pépite de poésie contemporaine, vivante, féminine (et militante qui s’ignore).
Tu es le bruit du vent dans les arbres
Tu es la prune chaude volée dans un jardin
Tu es la douceur du galet poli au bord de la rivière
Tu es la force de son courant
Une série : Berlin 56-59-63.
C’est une série en trois saisons diffusée sur Arte TV, dans son titre original Ku’Damm 56, Ku’Damm 59 et Ku’Damm 63. Ku’Damm, c’est le nom du quartier de Berlin dans lequel l’histoire se passe. En 1956, 1959 et 1963.
Voilà une parfaite série de rentrée pour vous ! L’histoire d’une famille traversée par les bouleversements de la société occidentale du milieu du XXe siècle : le traumatisme de la Shoah, l’arrivée du rock’n’roll, le tabou de l’homosexualité, que dis-je, le crime de l’homosexualité, et en 1961, la construction du Mur de Berlin. En filigrane, les grands combats de l’émancipation des femmes avancent à tous petits pas, essentiellement à travers le personnage principal de Monika parce que sinon, v’là ses sœurs et sa mère ! 😱
Mais je ne vais pas vous spoiler les épisodes comme fait une certaine. Je voudrais plutôt vous donner à réfléchir une phrase que j’ai retenue de chaque saison. Une phrase qui m’a marquée.
« Celui qui ne veut pas écouter doit ressentir. » (Berlin 56, épisode 5)
Je l’ai perçue comme une variation sur la formule de ma cops Tere un samedi midi de juillet :
« On n’apprend pas dans la tête d’un autre. » (Teresa, samedi 16 juillet 2022)
Il n’est pas exclu que cette formule soit en réalité la traduction bricolée d’un proverbe andalou… mais elle me plaît comme ça ! Je la trouve parfaitement imagée et elle exprime ce que je crois, profondément. On n’apprend qu’en touchant soi-même. De ses mains, de sa langue. On apprend en tombant, on apprend en se brûlant. Souvent, on apprend à ses dépens.
« Devons-nous tout accepter juste parce que nous sommes des femmes ? » (Berlin 59, épisode 3)
Je vous ai dit que la famille de l’histoire, c’est une mère seule avec ses trois filles ?
Les sphères de soumission et d’abnégation des femmes montrées dans la série ne sont pas tout à fait les mêmes qu’aujourd’hui, bien sûr mais… cette phrase que j’ai gardée, cette question à nous poser chacune en la comparant à ce que les hommes s’autorisent, reste tellement d’actualité !
Devons-nous tout accepter juste parce que nous sommes des femmes ?
Et enfin, si vous ne deviez retenir qu’une seule vérité de cette série :
« Il ne faut pas enfermer les femmes sinon elles cessent de rayonner. Et dans un couple qui marche, il faut se faire rayonner mutuellement. » (Berlin 63, épisode 1)
Bien sûr !, a dit mon mari – et c’est ce que j’aime avec lui. Une des mille choses que j’aime.
Dans la série, c’est Freddy qui prononce cette phrase, en rapportant à Monika ce que son père lui a appris quand il était petit. Donc un homme de l’Allemagne des années 30… et les années 30 c’était il y a presque cent ans, les gens ! Ils disent quoi les hommes aujourd’hui ? À leurs garçons, ils leur apprennent quoi de l’amour ?
Dans cette série aussi, il y a la musique. Et j’ai tellement aimé la chanson que Monika écrit à la fin de la deuxième saison (Berlin 59, épisode 6), que je veux la réécouter ici. Et ce n’est pas vous spoiler, vous pouvez cliquer sans risque sur le petit triangle ! 😉
C’est une chanson de combattante, pour relever la tête devant les épreuves de la vie et, coûte que coûte, continuer à aimer. Les paroles sont belles, sa voix aussi est magnifique, moi j’étais très très émue (un peu trop même)…
I’ll be your ship through high and low tide
As tall as a rock I will be by your side
And just like a mountain I’ll be standing tall
Nicki & Freddi & The Sixties, Standing Tall, album « Ku’damm 59 Original Motion Picture Soundtrack », 2018.
Un concept : Réguler ton appétit sans tenir compte de ce qu’il reste dans l’assiette.
Au Portugal, où j’ai passé les trois quarts de mon mois d’août, c’est un exercice de haut vol. Parce qu’au Portugal, on mange beaucoup. Beaucoup. Beaucoup. Et très salé. Aussi.
Attention, c’est pas un petit moineau de rien du tout qui vous dit ça. C’est un gros condor. Mais au Portugal, je te jure, tu peux pas croire. La taille des portions, tu peux pas croire que c’est pour une seule personne.
Moi ça m’angoisse parce que petite j’ai appris, comme vous aussi, probablement, que quand on est poli(e) et bien élevé(e) on finit son assiette. L’assiette vide marque la fin du repas. Ensuite, comme j’ai fait n’importe quoi avec la nourriture et avec mon corps, comme vous aussi, peut-être, bah maintenant je ne sais plus sentir que je n’ai plus faim si mon assiette n’est pas terminée. Et donc arrêter de manger quand il reste de la nourriture dans mon assiette. Même s’il reste. Quelle que soit la quantité qu’il reste.
J’admire les adultes qui savent encore faire ça – comme ma copine Alexandra.
Au Portugal, si tu sais pas faire ça, en trois semaines tu prends douze kilos. Et ça c’est chaud les amis, parce que moi j’ai une combi un peu sexy moulante à enfiler pour une fête à la rentrée ! Or, au début de l’été déjà, j’arrivais pas je rencontrais quelque difficulté à la fermer. Mais t’inquiète je me suis dit, dans le déni le plus optimiste de l’histoire du déni, en deux mois je te fais moins trois. Tranquille. Large. Ouais bah pardon mais je savais pas. Pour le Portugal. Moi j’étais encore dans Paris-paillettes, il me suffisait d’un frémissement d’ailes pour voler…
Paye ton atterrissage.
C’est le problème aussi, l’été, de ne rien porter qui serre. Pas d’attaches. Que des tissus mous. Blablabla. Après forcément t’es serrée. Mon mari m’a dit :
– Ta combi, tu sais je crois qu’il faut la couper aux ciseaux pour que tu rentres dedans.
C’était pas méchant hein. Juste pragmatique. Mon mari est quelqu’un de pragmatique. Après tout je pouvais aussi faire le choix de NE PAS mettre ma combi.
Oublie la combi, mets une jupe ! m’a dit quelqu’un de sans doute bien intentionné.
Rachète la même combi en M plutôt qu’en S, ça te changera, m’a dit quelqu’un qui a une pointe d’humour féroce mais tendre.
Et puis moi tu sais, j’ai rien contre les cuisses qui se touchent, a conclu mon mari.
Laisse tomber.
#MonMecEstSuperMaisIlMaTuée
Un truc qui se mange : le pain à l’huile d’olive.
Oui le pain parce que sinon, je dois vraiment vous parler de TOUT ce que j’ai goûté au Portugal ? De l’arroz de marisco à la bacalhau à Brás ou com broa ou en croquetes (et les autres 362 façons de préparer la morue), en passant par la caldo verde, le leitão da Bairrada et l’alheira de Mirandela ? Et que dire du bitoque plébiscité par le Marcass’ ou des mondialement célèbres pastéis de nata ?!
Eh bien non, et pourtant j’ai plein de photos pour illustrer mes propos ! De tout ça je choisis de partager avec vous le pain à l’huile d’olive que ma cops Marlou ramène du Portugal… et que J’ADORE !
C’est un pain uniquement à base de farine, sel et huile d’olive. J’en suis dingue. Mes enfants aussi malheureusement. Et je n’en ai jamais mangé au Portugal sauf une fois, en arrivant chez le père de Marlou, parce qu’elle m’en avait gardé un bout. Exprès. Pour moi…
Souvent quand elle m’en donne, ici en France, et qu’il a fait la route depuis une boulangerie de si loin, là-bas, dans un village au Portugal, il a quelques jours déjà. Il est un peu sec. Mais il reste gras, et le gras c’est la vie – comme dit tout le temps mon plus jeune enfant, celui du bitoque, tout en tripotant entre ses doigts la face interne de mes bras.
Un bruit qui annonce la galère des heures à venir : le cloc-cloc de ton pneu crevé qui roule sur la jante.
En pleine montagne, sur des petites routes pavées en lacets, sous 40°. À l’étranger quand tu parles pas la langue. Quand tes trois enfants sont malades et vomissent les uns après les autres.
Bah ouais. Sinon c’est pas marrant à raconter après…
Un leitmotiv : Un jour, tout ça te manquera.
Quoi ? Ben ça, là. Tout ça, ton enfant qui te tripote le gras du bras…
Regarde bien les moments où tes enfants te saoulent parce qu’ils te sollicitent TOUT LE TEMPS, pour te demander où est ci ou ça, pour jouer, pour te raconter, hey maman tu savais que, ou parce qu’ils ont faim et que aussi ils veulent un câlin.
Pense qu’un jour, quand ils seront partis de la maison, quand tu seras vieille, ils te manqueront.
Quand tu seras très très vieille, ces moments te manqueront.
Ça se trouve. Peut-être. Qui sait.
Une pensée à méditer : « La rencontre, c’est aussi oser faire des faux-pas. Il n’y a pas de mode d’emploi pour aller vers l’autre, juste une certaine curiosité. Rencontrer l’autre, c’est aller vers un autre monde. Sortir de soi, de ses repères, de ses carapaces et de ses armures. Sortir des rôles que nous jouons. » (Alexandre Jollien dans le Petit traité de l’abandon, pp.96-97)
C’est se montrer tel(le) que l’on est, imparfait(e), tel(le) que l’on n’a jamais osé se montrer avant, et accepter le risque de, peut-être, décevoir.
Sinon, comme la période de rentrée est propice aux remises en question, vous pouvez toujours méditer une des trois phrases issues de la série Berlin que je vous ai offertes un peu plus haut. Méditez-les à l’aune de votre propre vie, vous verrez qu’elles sont encore plus riches qu’il n’y paraît…
Une chanson : Freddie Mercury, d’Émile Bilodeau.
Quand tu te tapes cinq mille bornes pendant l’été, faut que t’aies de quoi écouter. Et pas que des podcasts et les odyssées de France Inter sinon y’en a derrière qui vont griller une cartouche…
« L’autre là [Laure Grandbesançon], avec sa voix, elle m’énêêêrve mais elle m’énêêêrve ! » (Marcel, 9 ans)
Et c’est dangereux de rouler avec un Marcass’ énervé dans l’habitacle. Déjà que t’as crevé un pneu. Lui les podcasts pour enfants il trouve ça naze, il préfère SML-t’as-pas-une-p’tite-confiote parce que d’abord elle dit plein de gros mots, et en plusse elle offre des friandises à ses invité(e)s.
Alors la musique, même si tu tournes en boucle avec tes playlists, crois-moi ça te sauve !
Les seuls qui nous envahissent
Sont ces sales gueules de racistes
Les sexistes, les homophobes
Tous les autres microbes sur Terre
Qui enrobent notre univers
Mais la vie, c’est aussi sexy qu’un claquement de doigts, le cul des morues et les dents d’en avant de Freddie Mercury ! (sont pas toutes drettes, pis c’est correct).
Je présente des excuses navrées à tous mes amis pour le temps d’il y a quelques années où je disais que je n’aimais pas Queen, ni Freddie Mercury. Shame on me !
Amies, amis, pardonnez-moi. Je ne savais pas ce qu’était la vie…
Émile Bilodeau, Freddie Mercury, album « Grandeur Mature », 2019.
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Et vous, que gardez-vous d’août 2022 ?