S’il n’en restait qu’un(e) # mai 2022

Photo : Au cœur du saule. Dissimulée. (mai 2022).

 

Le joli mois de mai est fini les amis ! Et j’aime pas la façon dont il passe si vite. Comment c’est possible, je me dis ? Comment c’est possible qu’il soit si court avec ses 31 jours alors que novembre s’étire sans raison ni fin avec un jour de moins ?
Les pivoines de mon jardin se fanent et je voudrais qu’elles se redressent et s’épanouissent encore, qu’elles n’en finissent plus de s’ouvrir encore et encore… Mais je vois que déjà les papillons s’envolent vers des corolles plus brillantes, tourbillonnent entre les arbres fleuris qui leur serviront d’abri. Est-ce qu’on force un papillon ?

Mon dernier bonheur de mai est ce partage de fin de mois que je prends grand plaisir à faire depuis le début de l’année.

S’il n’en restait qu’un(e) # janvier 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # février 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # mars 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # avril 2022

 

En mai 2021, l’article qui mettait le plus la pêche est une playlist à écouter pour danser et vous vider la tête dans la rubrique ÉCOUTER < Les B.O. de Let’s go.

 

16 mai 2021 : Ma playlist pour sortir du confinement

 

 

Et s’il n’en restait qu’un(e) de mai 2022, voici ce que je vous ferais partager.

 

C’est la photo la plus bouleversante que j’ai reçue ce mois-ci. Vous n’y voyez peut-être que des orties. Moi c’est mon tableau d’affichage des trains. Au moins !

 

Une découverte : le kangoo-jump.

Merci à Cindy à qui je dois cette découverte. Cindy que je ne connais pas, Cindy la copine de Mimi qui fêtait ses 50 ans samedi il y a dix jours au marché autour d’un petit rhum arrangé. Entre deux refill de rhum gingembre citron vert (servis avec le sourire par Gilbert), on a discuté trail, running et arrêt du tabac, puis elle m’a montré une vidéo d’elle à un cours de kangoo-jump en plein air. Elle habite vers Avignon alors évidemment le soleil ça change tout, et c’était super. C’est comme du step sans step, me suis-je exclamée ! Comme un LIA sur des chaussures à ressorts ! J’adore. Je veux dire, j’adorerais, c’est sûr, je le sais !

 

Un jeu : le Scrabble en distanciel.

J’ai beaucoup aimé les parties que j’ai jouées. Bien sûr faut avoir le temps. Retraité(e)s, covideux(ses) confiné(e)s, femmes enceintes en congé mat’ qui n’ont pas encore accouché, actif(ve)s immobilisé(e)s pour fracture ou entorse, ce jeu est fait pour vous. Les autres, possible à condition d’éprouver plaisir et intérêt pour la partie en elle-même. Ne pas compter les points. Ne pas être pressé(e) d’arriver. Et en même temps, arriver où hein ? J’ai envie de te dire : est-ce que c’est si important là où on va ? Est-ce que quand on y sera, on sera vraiment arrivé(e) ?
Est-ce que l’aventure ce n’est pas plutôt le chemin ? Et est-ce que ce n’est pas ça qui compte ? Que ce chemin soit beau, sous les saules comme sur l’asphalte, au milieu des coquelicots comme dans les orties ?

 

Un objet : le sac et le porte-monnaie que Gilbert (celui du rhum) m’a offerts.

Un cadeau perso, comme ça, pour rien, parce que le mien tombait en loque et que je ne sais ni m’acheter un porte-monnaie moi-même, ni m’en coudre un (encore moins). Maintenant je me déplace fièrement la tête haute, je suis la reine du marché de Cotonou s’te plaît !

 

2022-05 mon sac de Gilbert J’ai toujours mes boubous du Mali, des robes sirènes dont je pourrais me parer (newsletter 98 # 15 mai 2022). J’attends d’être prête pour oser… alors qu’évidemment c’est en osant que tu deviens prête.

 

Un récit autobiographique (des mémoires, si vous préférez) : Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage, de Maya Angelou, éd. Le Livre de Poche, 1969.

Vous vous souvenez de Maya Angelou ?
Je l’ai découverte dans le podcast « La Poudre » grâce à Christiane Taubira, puis Mickaël m’a offert ses livres. Je vous en parlais il y a un an et demi dans l’article I’ll rise.

Cette petite lumière que j’ai en moi
Je vais la laisser briller
Laisser briller
Laisser briller
Laisser briller

Une femme puissante. Inspirante, comme on dit aujourd’hui. Courageuse. Forte. Libre.
C’est pas parce que tu t’es fait violer par ton beau-père quand tu avais huit ans que tu ne peux plus grandir. Briller. Toucher les étoiles. Et Maya Angelou mesurait 1,83 m !

 

Une BD : Pucelle, de Florence Dupré la Tour, tome 1, Débutante (2020), et tome 2, Confirmée (2021), éd. Dargaud.

Merci à mon amie Marie de m’avoir prêté ces deux volumes qui racontent très bien comment c’est de grandir quand on est une fille, sous l’injustice et l’angoisse de ce qu’on pressent, les injonctions silencieuses et les rêves à la con. Attention hein, je ne suis pas CONTRE les rêves ! Pas du tout. Je suis contre les rêves qu’on nous injecte insidieusement dans les veines quand on est enfant, puis adolescente, et qui vont façonner nos fantasmes à venir.

Rêves à la con = fantasmes à la con.

Par exemple, imaginons ce fantasme féminin très répandu d’être brusquée, plaquée au mur dans une ruelle par un inconnu. Ce fantasme-cliché d’ado timide qui, depuis que tu as ouvert tes yeux et ta conscience féministe sur le tard, se double de culpabilité et de honte de te dire : mais c’est quoi l’idée, je milite pour l’égalité et je fantasme d’être dominée ?
Alors non ! Absolument pas. Et en fait c’est pas toi, c’est une construction sociétale de force. C’est l’érotisation de la soumission féminine et des rapports de domination masculine qu’on a inscrit dans ton inconscient depuis que tu es toute petite par les films, les livres, les mythes et les histoires qu’on te raconte. Et c’est sur ce schéma de violence de base que se décline la plupart des scénarios érotiques ou/et pseudo-romantiques. Vas-y, tipe. Crache. Gueule.
Nettoie surtout. Balaye ces images convenues, ces idées dépassées, ces croyances limitantes qui n’ont d’autre dessein que de te garder enfermée. Empêchée, dépendante. Insuffisante.
Nettoie et invente-toi des rêves plus grands, d’autres fantasmes plus créatifs, plus surprenants. Laisse-les émerger de cette part profonde de toi qu’on a muselée et que tu as peu à peu oubliée. Vois ce que ça te fait, ce que ça change. La joie bouillonnante – quoiqu’un peu effrayante – d’être alors au plus près de toi  🤩

 

 

Pfiou. Je vous l’ai fait courte et d’une seule traite comme la coupe de Jean Seberg, mais si vous la préférez avec de l’humour, Titiou Lecocq vous l’explique en quatre minutes sur France Inter.
(Merci Marie aussi. Heureusement que j’ai des amies pour me fournir le carburant nécessaire à l’écriture de mes articles  😉 )

→ « Les scènes de baiser dans les films des années 80 », par Titiou Lecocq, dans Par Jupiter ! chez Charline Vanhoenacker sur France Inter.
https://www.youtube.com/watch?v=yYHaXpd_qhY

 

Et si vous en voulez encore plusse – parce qu’une fois qu’on a ouvert la porte de ce que l’on croyait tenir de l’intime et qui en fait relève du politique, c’est fou tout ce que l’on comprend – Virginie Despentes reste une des meilleures pour en parler.
J’ai réécouté pour la troisième fois (une première fois toute seule il y a deux ans et demi, une deuxième fois avec Mickaël l’année dernière, une troisième fois re-toute seule ce mois-ci) les quatre épisodes de l’entretien de Victoire Tuaillon avec Virginie Despentes dans son podcast Les couilles sur la table.
J’aime bien réécouter parce que je me rends compte du chemin que j’ai parcouru depuis ma première écoute, il y a deux ans et demi. Je vois que je ne suis plus la même ; depuis j’ai observé, réfléchi, compris des choses, vécu aussi, exploré, et cela me permet aujourd’hui de pouvoir envisager des angles qui m’étaient totalement inaccessibles auparavant, de suivre d’autres pistes de réflexion, d’entendre des points de vue différents, et finalement, d’aller plus loin.

L’entretien avec Virginie Despentes dure 2h20 (d’où la découpe en quatre épisodes). Il a été enregistré le 29 août 2019, diffusé pour la première fois dans « Les couilles sur la table » en septembre 2019 et intégralement rediffusé il y a un mois, le 28 avril dernier. Et comme c’est important et que je voudrais VRAIMENT que vous l’écoutiez, je vous mâche la démarche : tous les liens sont dessous, vous n’avez plus qu’à cliquer !

Virginie Despentes, épisode 1 : Meuf King-Kong (37 min.)
https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/virginie-despentes-meuf-king-kong

Virginie Despentes, épisode 2 : Apocalypse maintenant (29 min.)
https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/virginie-despentes-apocalypse-maintenant

Virginie Despentes, épisode 3 : Les jolies choses de l’art (39 min.)
https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/virginie-despentes-les-jolies-choses-de-lart

Virginie Despentes, épisode 4 : Queen spirit (35 min.)
https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/virginie-despentes-queen-spirit

 

Planche tirée de Pucelle, de Florence Dupré la Tour, tome 2, Confirmée, pp.160-161.

 

Je me suis un peu éloignée là, avec mon podcast, mais si vous lisez Pucelle, la BD, vous verrez que je ne suis pas si loin…
Les abonnés à la newsletter de ce blog (inscription dans la barre de droite sur votre ordi, ou à la fin de chaque article sur votre portable) ont pu voir deux autres pages de Pucelle en avant-première dans ma newsletter de dimanche (newsletter 99 # 29 mai 2022).
Les femmes ne sont pas QUE des corps et les mères ne sont pas QUE des mères.

Je vous signale également une collection de bédés pour ados : « Les Graphiques », de Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini, chez Gulf Stream éditeur, qui aborde les questions de la sexualité et du consentement, les identités de genre et tous ces trucs autour des rapports hommes / femmes dont on parle de plus en plus (et tant mieux parce que peut-être comme ça nos ados ne grandiront pas avec les mêmes schémas toxiques que nous 😬).
Celle que j’ai lue s’appelle Fais pas ta gamine ! Je l’ai aperçue depuis la rue dans la vitrine de la médiathèque de ma ville, je l’ai empruntée, et j’en ai discuté ensuite avec les bibliothécaires que j’aime bien, Lucile et Marina. J’aime bien les choix courageux qu’elles mettent en avant. (Courageux comme : on n’est pas dans le VIe à Paris. C’est pas acquis, si tu veux.)

 

Planche tirée de Pucelle, de Florence Dupré la Tour, tome 1, Débutante, p.80

 

Un mot que j’ai appris : début mai j’ai appris ce qu’est un touret.

Je pourrais vous expliquer mais je suis pas trop sûre… C’est le genre de mot sans inté(ou)rêt que je vais tout de suite oublier. C’est pour ça, je l’ai noté ici. Et là ça fait trois semaines que je l’ai appris et même si je peux pas l’expliquer, je sais ce que c’est. Un peu. À peu près. Et ça se trouve, PARCE QUE JE L’AI NOTÉ ICI, je ne vais plus jamais l’oublier. De ma vie. Ever.
Donc merci Grand !  🙂

 

Une phrase qui passe entre les barrières : « Je suis chez moi. Je peux être moi. Je peux être avec toi. » (jeudi 19 mai 2022)

 

Un poème : « Les soupirs de nos mères », dans le recueil À nos humanités retrouvées, de Kiyémis, éd. Premiers matins de novembre, 2020.

Kiyémis est une poétesse et militante féministe française d’origine camerounaise engagée dans les luttes intersectionnelles. C’est quelqu’un qui me l’a fait découvrir par ce texte (qui ne figure dans aucun recueil) sur son blog ou son Instagram, je ne sais plus.

C’est dans le secret
De nos brouillons
De nos ratures
De nos aventures
Avortées
De nos carrières
Abandonnées
De nos pages blanches
Désertées
De nos erreurs
De nos échecs…
C’est dans le secret
De nos efforts
Et de nos deuxièmes fois
De nos troisièmes fois
De nos centièmes fois
Que résident nos humanités.

 

Le poème « Les soupirs de nos mères » que je partage avec vous est un cadeau pour la fête des mères. Merci de noter que, une fois dans l’année, au moins une fois, je vous propose un poème que j’aime et qui n’est PAS une exploration du sentiment amoureux. Je peux le faire, je vous signale. Je le fais.

 

 

Une série : Dawson.

Dawson est mon plaisir coupable… Je pourrais vous la faire à l’envers, vous dire que c’est seulement pour partager un moment de quality time avec ma fille de 13 ans, d’ailleurs à la base c’est l’histoire que je me suis racontée, que j’allais lui faire découvrir une vieille série pour ados de la toute fin des années 90 – début des années 2000, mais ce serait mentir. Je commence à regarder un épisode avec elle et je dois m’arracher pour me décoller. Parce que j’ai pas treize ans moi, je suis une maman, j’ai des tonnes de trucs à faire qui me rendraient malade de culpabilité si, à la place de les faire, je bingeais de la teenage série avec ma fille sur son lit.
N’empêche que j’adore Dawson… Enfin pas Dawson le personnage, lui il m’énerve, j’ai envie de le taper, mais Dawson la série. Parce que j’adore Pacey Witter. Je ne vous spoile pas avec qui il sort au fur et à mesure des saisons mais c’est clair que s’il n’en reste qu’un, pour moi c’est Pacey !  😍

 

Un concept : partir plus loin pour être plus près.

Je sais que c’est spécial comme concept. Paradoxal. Mais la vie des fois c’est spécial et paradoxal.

 

Un truc qui se mange : ?

Quelqu’un pourrait me donner un truc qui se mange en mai et que je ne connais pas s’il vous plaît ? Quelque chose qui est bon dans ma bouche et qui me nourrisse complètement ?
À part des fraises parce que bon, des fraises c’est des fraises hein, on va pas non plus faire toute une histoire pour des fraises de jardin ! Ou bien si ?

 

C’est le fraisier que j’ai préparé pour le retour de Lu de sa classe de découverte. Pas de crème, que du yaourt grec (mais la recette d’origine de ma cops Clea est végane) et trois cuillères à soupe de sucre max pour tout le gâteau. J’ai des enfants qui n’aiment pas les desserts, voyez, donc je fais attention que ce ne soit pas écœurant…

 

Un bruit qui réjouit le cœur : le chant des oiseaux à 5h22 le matin

Je me suis levée à 5h quasiment tous les matins ce mois-ci. Sans autre réveil que le vif désir d’être éveillée. Je vous l’ai dit en introduction à cet article :  je n’ai pas assez de mai. Et en mai, le matin très tôt, il y a les oiseaux. Dans la solitude heureuse de mes petits matins de mai, j’ai pas mal rêvé, pas mal lu, pas mal écrit, pas mal fait tourner de machines aussi.

 

Un leitmotiv : c’est pas parce que.

C’est pas parce que tout te porte à croire que tu dois le croire. Non. C’est peut-être même le contraire…

 

Une pensée à méditer : « Ce qui m’éloigne de moi me sépare des autres. » (Miss.Tic)

Et ce qui te rapproche de toi te rapproche de moi.

 

Une chanson : 3SEX, d’Indochine, en duo avec Chris.

La chanson qui m’a vraiment fracassée en mai, je lui ai déjà consacré un article : Tout vivre. Mais une fois que tu l’as écoutée, puis réécoutée un million de fois, il faut continuer à essayer de vivre dans la joie et la légèreté malgré tout parce que, sans joie et légèreté, tu perds le goût et le sens de ce pourquoi tu vis, non ?
C’est pourquoi je vous propose une autre chanson que j’ai découverte toute seule ce mois-ci : une reprise d’Indochine en duo avec Chris. Chris, de Christine and the Queens. J’ai un enfant chez moi, mon enfant du milieu, qui trouve que je ressemble à Chris. Mais c’est une opinion à considérer avec précaution car cet enfant ne remarque rien quand, du jour au lendemain, je reviens le crâne rasé. Je ne suis pas sûre qu’il s’en apercevrait si on me coupait un bras. Et si j’étais Chris, je serais trop vénère contre les gens qui se sentent obligés de préciser : Chris, de Christine and the Queens. Pardon pour ça.

J’aime l’énergie conquérante de Chris. Elle relève le menton. Elle me dynamise. Et, sans surprise pour qui me connaît bien (mieux que l’enfant qui ne s’apercevrait pas qu’il me manque un bras), en plusse des bottes dans le clip – j’aime tellement les bottes – je veux la robe asymétrique à une bretelle et très (très) échancrée sur la cuisse gauche. Mounette, je pense que tu as ressorti ta machine à coudre à présent. Et pi comme tu prends plus les enfants comme je l’expliquais précédemment dans S’il n’en restait qu’un(e) # avril 2022, bah t’as tout le temps de coudre la même petite robe noire pour moi !  🤩

 

Indochine & Chris, 3SEX, album « Singles Collection (1981-2001) », 2020.

 

*****

 

Et vous, que gardez-vous de mai 2022 ?
Vous m’aimez encore même si j’ai dit que je regarde Dawson et que j’adore Pacey Witter ?