Li haille Cambodia !

Photo : Retour du marché à Siem Reap sous une chaleur de dingue (Cambodge, avril 2019).

Au revoir Cambodge !

Nous quittons le Cambodge et ce n’est pas facile de trouver nos cinq meilleurs moments parce que, ce qu’on a vécu ici, c’est le pire depuis le début du voyage. En ultra concentré. Du genre qui te pousse à écourter le temps que tu avais prévu de passer ici pour partir ailleurs, vite.

La saleté, la misère, les forêts brûlées, les terres abandonnées pour construire des hôtels gigantesques et des casinos pour touristes chinois. Encore et encore. Des centaines.
La tristesse des gens, la désolation.
L’impression que, en l’espace de neuf ans, les habitants se sont encore appauvris alors même que le tourisme dans le pays s’est développé. Par exemple, le pass pour les temples d’Angkor coûtait 20 $ il y a neuf ans contre 37 $ aujourd’hui.

Mais la richesse engendrée par l’arrivée massive des touristes n’est pas redistribuée. La majorité des Cambodgiens sont pauvres.

Ça fait ce truc horrible que, lorsqu’il se produit un accident de la route dans lequel quelqu’un est blessé, il est courant que la personne qui est responsable recule pour lui rouler dessus avec son auto. Ou le finisse au couteau. Pas par cruauté. Juste parce que ça coûte 1 000 $ d’amende quand on tue quelqu’un, alors que si la personne est seulement blessée, on lui paye les soins nécessaires, dédommagements et rente à vie. Et ça coûte beaucoup beaucoup plus cher.

 

Le centre de Sihanoukville où nous sommes allés prendre un minibus tout pourri (pas le grand luxe comme celui que l’on voit sur la photo) pour partir à Kep et dans lequel j’ai cru que j’allais suffoquer parce que j’étais au fond sur les bagages dans un recoin sans clim.

 

Et puis, dans ce qu’on a côtoyé, je ne crois pas avoir déjà vu aussi sale de toute ma vie.
Allez, au Mali peut-être, un peu. Mais c’est même pas sûr. Ou pas partout. Dans certains carrés de Bamako, en périphérie. Et encore. Je me souviens d’un quartier à l’abandon, un peu loin du goudron, où j’ai passé quelques soirées avec des gars que j’avais rencontrés au Marché des Artisans et qui habitaient ici. Je me souviens effectivement d’une immense montagne d’ordures sur laquelle les enfants, les gens marchaient, d’accord, mais c’était pas partout dans la rue.

Je ne me souviens pas d’une odeur âcre aussi prenante qui rentre dans toi et te pique les yeux. Y’avait pas non plus des Chinois partout qui détruisent tout en laissant la merde et crachent des gros mollards dégueu à dix centimètres de tes tongs !
Et surtout, les gens avaient l’air heureux quand même.
Pas là.

 

Entre notre guesthouse et Otres Beach, ce sont des décharges tout le long du chemin. L’odeur en plein soleil est insupportable. Parfois, quand les tas d’ordures s’amoncellent trop haut, certains les font brûler dans le terrain vague sur la droite. L’odeur persiste, mais s’ajoute alors une fumée épaisse et suffocante. 
 
Notes pour trop tard from Cambodge

Note n°1

Le tourisme de masse est une plaie. La façon dont les Chinois s’emparent des sites, détruisent tout, et remodèlent les êtres et les lieux pour leurs propres fins est révoltante.

Mais nous participons nous aussi, en tant que touristes, même si nous cherchons à voyager autrement et dans le respect d’autrui, à la détérioration et la transformation de cultures ancestrales. J’en suis à me dire que la meilleure chose à faire, celle qui ferait le moins de mal aux populations, serait peut-être de NE PAS VENIR.
Éviter de polluer en prenant l’avion, et laisser les gens vivre comme ils ont toujours vécu.

Je ressens de la gratitude pour avoir eu la chance de connaître le Cambodge tel qu’il était il y a neuf ans. Mais je ressens aussi de la culpabilité et du dégoût de ce que le tourisme fait au monde. Aux populations locales d’abord, mais aussi à la nature, aux forêts, à la mer…

 

Ce qui se construit aujourd’hui entre Otres Beach et Sihanoukville.

 

Note n°2

Les babi sont plus roots qu’on ne le leur reproche. On les couche tard, on les lève tôt, on leur fait sauter des repas, on les traîne dans des bus crado sous 40°, on les fait dormir tout seuls dans des chambres éloignées de la nôtre (et parfois sans clim), sans draps sur les lits quand ils nous paraissent trop sales, on leur demande de passer par-dessus les cafards sans se plaindre…
Quand même, on est durs et ils assurent.

L’œil de la Petite Souris
Nan mais à part le crapaud mort dans la serrure et les mouches partout, j’ai pas trouvé si crade que ça les toilettes au Cambodge…

Bon. À mettre en perspective quand même parce que son pipi n’est jamais venu. Il était comme paralysé.

 

Une photo de tous les malades à Kep. Le Marcass’ commençait à aller mieux, pour les autres c’était plus compliqué…

 

Note n°3

En dépit de ce que je viens d’écrire dans la note n°2 : n’emmenez pas vos enfants au Cambodge.

Si vous voulez partir, prenez le risque de passer pour des parents indignes*, peut-être, auprès de votre famille, vos amis, mais n’en démordez pas. Laissez vos enfants à leurs Legos.
Je n’ai pas osé raconter trop en détails les tuks-tuks, les bus, les chantiers, la saleté – il y a des grands-parents qui lisent ce blog et qui, potentiellement, s’inquiètent pour leurs petits-enfants.

Mais la vérité, c’est que le Cambodge n’est PAS un pays pour les enfants.

Ou pas au mois d’avril.
Ou alors choisissez les hôtels haut de gamme à Siem Reap, Battambang, Kampot. Évitez Sihanoukville à tout prix. Déplacez-vous uniquement en avion ou en taxi climatisé, il doit y en avoir des corrects. Ne marchez pas. Ne vous baignez pas, si ce n’est dans les piscines des hôtels.
Et encore, sachez qu’un Marcass’ a peut-être vomi dedans tellement il a été malade et la piscine n’a pas été nettoyée. Mais vous arrivez après. Vous ne savez pas. Vous ne pouvez pas savoir. Vous plongez.

 

À Kep sur le petit quai des bateaux pour l’île d’en face. Cet enfant était tout seul pieds nus au milieu des ordures. Je pense qu’il n’avait pas plus de six ans.

 

* Nous sommes passés pour des parents indignes il y a neuf ans, quand nous sommes partis trois semaines et demie au Cambodge, en laissant la Petite Souris chez mounette. Nous n’avons jamais regretté. Sachez que le Cambodge, c’est toujours 10% de mortalité infantile et une situation sanitaire déplorable. Le paludisme et la malnutrition (qui touche 40% des enfants de moins de 5 ans) font des ravages, la tuberculose est la première cause de mortalité, et la rage fait rage au sens de : le Cambodge est le pays au monde le plus touché par cette maladie. Et la plupart des médicaments sont des contrefaçons fabriquées au Vietnam. Voilà. Maintenant vous savez.

 

Le même enfant. J’ai pris un coup de stress qu’il bascule du quai avec son vélo, fallait pas que je le regarde trop…
 
Nos meilleurs moments au Cambodge

 

Maman Ourse

1/. Dans le mini-van qui est venu nous prendre à la guesthouse de Kep pour nous emmener à la gare routière pour quitter le pays, le moment où j’ai regardé la mer par la vitre et où j’ai pensé à la chance que j’ai de ne pas être née ici. Ne pas vivre ici, savoir qu’on va rentrer à la maison.

2/. Boire un café khmer dans un tout petit restaurant à Kep. Il coûtait 0,75 $, et c’est de loin le meilleur café que j’ai bu au Cambodge. Le goût est très proche du café lao. J’étais tellement enthousiaste que j’en ai commandé un deuxième dans la foulée (le manque de café, ça se règle en deux coup sur coup comme les mojitos). Et la femme charmante qui s’en occupait me l’a offert avec un sourire.
C’est ça aussi la grande différence entre Kep et les centres touristiques que sont Siem Reap et, pire que tout, Sihanoukville aujourd’hui : la qualité du relationnel avec les gens.

 

Café khmer à Kep.

 

3/. Dormir dans un grand lit à l’hôtel de Siem Reap, dans la grande chambre juste pour nous deux, séparée d’une autre grande chambre pour les babi par un accès extérieur.

4/. Me retrouver sur le site de Ta Prohm neuf ans après et être émue, de nouveau, par la puissance de ces arbres que les pierres n’arrêtent pas. Je ne m’attendais pas à éprouver quelque chose alors que j’étais concentrée sur les babi et comment ils allaient gérer la marche dans un dernier temple sous 45°. C’était chouette de ressentir cette force à l’intérieur de moi.

 

À Ta Prohm. Les arbres ont peu à peu recouvert et fait tomber les temples khmers. Ne restent que les vestiges et les babi au milieu…

 

5/. Marcher pieds nus sur la plage d’Otres Beach au coucher du soleil. Pas parce que c’est beau, maintenant ce n’est plus beau du tout, mais juste pour faire quelque chose de mon corps une fois que la chaleur a cessé de l’abattre.

 
∼∼∼∼∼

 

 Papa Écureuil

1/. Tous les messages reçus pour mes 40 ans. Merci. Ils m’ont aidé entre les innombrables allers-retours lit-toilettes…

2/. La chicken noodle soup dans un petit restaurant à Kep, le lendemain matin de mon anniversaire après 36h sans manger à me vider. Le réconfort du bouillon qui était clair et pas gras, et des légumes al dente.

 

Une bonne soupe réconfortante du matin pendant que Audrey boit son café khmer.

 

3/. La postière de Kep. La personne la plus polie, souriante et gentille rencontrée au Cambodge. Nous partions pour le Vietnam deux heures plus tard…

4/. Les temples d’Angkor. Même s’il y avait beaucoup plus de monde avec qui partager les sites qu’il y a neuf ans, cela reste une incroyable expérience, un émerveillement.

5/. M’acheter un krama au marché de Siem Reap.
Le krama est le foulard traditionnel cambodgien. Audrey a craqué dessus il y a neuf ans, et là c’est moi qui m’en suis acheté un dès le deuxième jour dans le pays.

 

Le krama rose et violet d’Audrey d’il y a neuf ans, et le mien tout neuf, jaune et bleu foncé. Le rouge tout en bas qu’on voit pas très bien, c’est une Cambodgienne qui l’a donné à Audrey dans un bus il y a neuf ans pour le nouer autour de sa taille pour aller faire pipi dans un champ…

 

Note de Maman Ourse
Il n’y aura pas cette fois-ci d’article « Est-ce ainsi que les hommes vivent… au Cambodge ? ».
J’en profite donc pour ajouter ce qu’il nous reste d’argent et de cigarettes du pays sur la photo des kramas. Le paquet de Marlboro coûte 1,50 $ (= 1,30 €). C’est pas cher mais ça donne vaguement mal au cœur…

 

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La Petite Souris

1/. Grignoter des amandes non salées et non sucrées qu’on a enfin trouvées comme par miracle dans un magasin à Kep (si on peut appeler ÇA un magasin !). C’était tellement bon, ça m’a rappelé tout de suite la maison : les amandes entières que maman achète, pas émondées, et la purée d’amandes complètes Jean-Hervé. Ça m’a fait vraiment du bien et ça m’a redonné du courage parce que, au bout d’un moment, c’est dur de manger toujours la nourriture des autres pays. Moi franchement j’en peux plus du riz et de tous les plats qu’on mange ici !  🙁 🙁 🙁

 

Les délicieuses amandes qu’on a achetées à Kep : on a fini tout le paquet en une fois dans le bus !

 

2/. Se faire arroser par tous les pistolets à eau dans la rue à Siem Reap pour la fête de Chaul Chnam (le Nouvel An khmer) quand on était dans les tuks-tuks.

3/. Jouer au petit bac avec Lulu, le Pap’ et la Mam’.

4/. Manger de la pizza italienne trois jours de suite dans la guesthouse à Sihanoukville, enfin Otres Village.

5/. Plonger dans la piscine de l’hôtel de Siem Reap après qu’on a marché et crevé de chaud dans les temples khmers à Angkor.

 

Franchement, avec tous les Chinois qui jettent leurs barquettes en polystyrène et leurs sacs plastique dans la mer, elle est tellement sale que j’ai même pas envie de me baigner dedans. Sur cette photo, c’est là où étaient le Pap’ et la Mam’ au Dany’s Beach Club quand ils sont venus au Cambodge il y a neuf ans. Ils nous ont montré des photos et avant c’était une belle plage, mais maintenant c’est tout ce qui reste.  🙁

 

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Le Grand Lièvre

1/. La première fois que j’ai joué à faire le requin dans le petit bassin de la petite piscine de notre hôtel à Siem Reap. Mais après je me suis cogné la cuisse contre le mur de la piscine et j’ai eu un bleu énorme et tout gonflé, alors j’ai moins aimé !

2/. Les trois jours où on s’est fait arroser par les pistolets à eau à Siem Reap pour la fête du Nouvel An khmer. C’était trop marrant, tous les soirs y’avait plein de gens dans la rue et on disait à tout le monde : « Happy New Year ! », et on se faisait arroser.
« Happy New Year », ça veut dire « bonne année » en anglais.

 

Quand on est arrivés à Siem Reap, c’était le début de la fête du Nouvel An khmer. On a eu de la chance que ça dure trois jours !

 

3/. Jouer avec mon copain cambodgien à Kep. J’étais malade et il faisait très chaud, mais quand même, quand il y avait les ventilateurs, on pouvait jouer avec les boules du billard.

4/. Manger de la bonne pizza dans notre guesthouse à Sihanoukville, comme ça on n’était pas obligés de marcher au soleil pour aller dans l’autre restaurant où y’avait que du riz frit.

5/. Trouver une pièce de Hong-Kong à la Terrasse aux Éléphants après le temple du Bayon.

 

C’est la pièce de Hong Kong que j’ai trouvée par terre quand on a traversé la Terrasse aux Éléphants à Angkor. Ça se voit qu’il y a des touristes parce que sinon, au Cambodge c’est comme au Laos : il n’y a pas de pièces. Le plus petit billet c’est 100 riels, et 100 riels ça vaut rien comme c’est le cinquième du huitième d’un dollar (puisqu’il faut 4000 riels pour faire 1 $).

 

Note de Maman Ourse
Donc là, c’est comme pour le Tonlé Sap, j’ai recopié texto ce que Lulu m’a dit pour la légende sous la photo de sa pièce mais j’ai complètement décroché…

 

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   Le Marcass’

1/. Plonger et nager sous l’eau toute la longueur de la piscine de l’hôtel à Siem Reap.

2/. Manger des crêpes qui étaient comme des vraies crêpes françaises le matin à Kep.

 

Au début j’avais mis du sucre dans les crêpes mais après ça m’a écœuré comme j’étais encore un peu malade.

 

3/. Se faire arroser par les pistolets à eau des Cambodgiens quand on était dans le tuk-tuk ou quand on marchait dans la rue à Siem Reap. Moi aussi je voulais un pistolet à eau mais le Pap’ et la Mam’ ont pas voulu…  🙁

4/. Faire le jeu du casse-tête sur la tablette avec les neuf mondes et encore deux autres mondes que je me souviens plus.
Note du Grand Lièvre : Le jeu, c’est Puzzle Escape. C’est difficile à expliquer mais c’est bien.

5/. Jouer à se faire deviner des animaux avec le Pap’ et Lulu quand je sais pas quoi faire dans le bus ou dans un restaurant.

 

Avec le Pap’ quand on n’était presque plus malades, sur le tout petit quai de Kep où on était avant de partir du Cambodge.

 

 

Orkun Cambodia.

Merci pour Kep, le sourire et l’accueil des gens à Kep, le café de Kep, un peu la magnificence des temples d’Angkor, et pas trop le reste…

 

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Et vous, êtes-vous déjà allé(e) au Cambodge ?
Quels sont vos meilleurs souvenirs ?