Neuvième arrêt : Cambodge

Photo : Scène de rue à Siam Reap (Cambodge, avril 2019).

 

Le Cambodge s’insère entre la Thaïlande à l’ouest, le Vietnam à l’est, et le Laos au nord, au cœur de l’ancienne Indochine Française (jusqu’à son indépendance proclamée en 1953).
Surnommé « le Pays des Khmers », le Cambodge a été brisé par la dictature des Khmers Rouges qui ont tué près de deux millions de Cambodgiens entre 1975 et 1979. Ensuite une guérilla a débuté avec l’occupation vietnamienne (à partir de 1978), et des millions de mines antipersonnel ont été posées entre 1978 et 1998 aussi bien par les Khmers rouges que par l’armée, cambodgienne ou vietnamienne.

Le génocide commis par les Khmers a été reconnu en tant que crime contre l’humanité, mais le pays n’est pas remis de ses souffrances.

Quand nous sommes allés au Cambodge il y a neuf ans Mickaël et moi, nous avons rencontré des Cambodgiens qui nous disaient que toutes les familles avaient perdu quelqu’un sous la terreur menée par les Khmers Rouges.

 

J’ai pris cette photo depuis le haut de la prison de Tuol Sleng, à Phnom Penh, là où les Khmers Rouges ont torturé et massacré des milliers de gens il y a trente ans. Je l’aime très fort parce qu’elle me rappelle à quel point la visite de cette prison m’a bouleversée, à une époque où je savais à peine qui était Pol Pot (Cambodge, février 2010).

 

Comme le Laos, le Cambodge fait aujourd’hui partie des PMA (Pays les Moins Avancés), ce qui veut dire que c’est l’un des pays les plus pauvres de la planète. 70% de la population a moins de 30 ans et 70% de la population vit de l’agriculture (mais ce ne sont pas forcément les mêmes 70%…).

L’Indice de Développement Humain (IDH) place le Cambodge 143e sur 188 pays. Et tous les autres chiffres que je trouve le font même apparaître comme étant plus pauvre que le Laos alors qu’il est plus touristique : les richesses drainées par les temples d’Angkor et les plages de la côte sud ne profitent pas à tous…

Le salaire moyen est de 120 $ par mois, et un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté national avec moins de 1 $ par jour.

En outre, le pays souffre de corruption à toutes les échelles de l’administration. En 2016, l’ONG Transparency International classe le Cambodge au 156e rang mondial sur 176 : c’est le pire résultat de toute l’Asie du Sud-Est. C’est pas pour excuser mais il faut dire aussi que les fonctionnaires sont très mal payés, et parfois pas du tout…

 

L’allée qui menait au site de Preah Khan il y a neuf ans (Cambodge, février 2010). Ça a beaucoup changé… Ce qui reste, ce sont tous les enfants qui vendent des trucs aux touristes. Cette petite fille trop mignonne, Mickaël dit qu’elle devait avoir cinq ans, pas plus, qui vendait des bracelets et avec qui on avait discuté. Qu’est-elle devenue ? Répète-t-elle toujours : « Lady, you buy from me, ok ? Ok, lady ? ».

 

Le régime politique khmer est très répressif avec un parti unique, une opposition muselée, une justice aléatoire et une société civile sous contrôle. On peut se faire arrêter et jeter en prison pour une durée indéterminée et sans procédure judiciaire. C’est pas le moment de mettre un petit sachet d’herbe dans un sac à dos…

Encore nous, on est juste des touristes, mais pour les Cambodgiens, les libertés d’expression, d’association et de rassemblement ont été de plus en plus restreintes et le gouvernement peut désormais dissoudre ou ne pas enregistrer les ONG sans passer par une décision judiciaire.
Les principales victimes de cette répression à l’encontre de la société civile sont actuellement les militants pour le droit à la terre qui tentent de s’opposer à la déforestation massive ou à la construction d’immenses barrages hydro-électriques chinois sur le Mékong.

 

Sur la route de Krong Koh Kong pour partir dans la jungle, il y a neuf ans (Cambodge, février 2010). On ne le refera pas avec les babi donc je ne pourrai pas savoir si c’est encore comme ça, le lac, la forêt. Je crains que non.
 
La carte

 

 
La minute de Ted Mosby

  • Superficie : 181 035 km².
  • Population : 15,8 millions d’habitants, dont 70% ont moins de 30 ans, et 33% entre 1 et 14 ans.
  • Langues : khmer (et français pour l’écrit administratif).
    → Au Cambodge les études de médecine et de pharmacie se font en français. Donc si un médecin ne parle pas français, ce n’est pas bon signe, c’est ce que j’en déduis…
  • Religion : bouddhisme (plus de 95 %).
  • Régime politique : monarchie constitutionnelle autoritaire.
  • Chef de l’État : le Roi Norodom Sihamoni (depuis 2005).
  • Chef du gouvernement : Hun Sen (depuis 1998).
  • Capitale : Phnom Penh.
  • Autres grandes villes : Siem Reap, Sihanoukville, Battambang.
  • Monnaie : le riel (et le dollar américain !).
    1 $ = 4 000 riels
    1 € = 4 500 riels
    → Oui donc là c’est assez déroutant mais c’était déjà comme ça il y a neuf ans : on paye en dollars. Tout le monde l’accepte, du petit stand de rue au tuk-tuk en passant par le guichet de vente de billets pour Angkor. Et tout le monde rend la petite monnaie (< 1 $) en riels, ce qui fait qu’on a toujours les deux devises sur soi. 

 

Trek dans la jungle cambodgienne, près de Krong Koh Kong (Cambodge, février 2010). Notre guide avait 19 ans. Et retrouver cette photo est une surprise pour moi car j’avais oublié que je portais alors sur la tête le bandana que met Papa Écureuil aujourd’hui pour protéger son crâne et que vous voyez sur toutes nos photos de voyage ! C’est mon bandana de quand j’étais en 4e…

 

  • Climat : deux saisons, comme dans tout pays tropical. L’hiver est sec, de novembre à mars, avec une température autour de 30°C. (ben ouais, c’est pas le Canada quoi…). L’été est très chaud (35°C. et plusse) de mai à octobre, et très humide au moment de la mousson (pluies violentes avec pas mal d’inondations). Avril et mai sont deux mois particulièrement étouffants avec des températures supérieures à 40°C.
    → C’est pile le moment où nous y sommes
  • Paysages : plateaux, jungle, mangroves, basses montagnes (avec quand même un point culminant au Phnom Aoral à 1 813 m), mer. Et le Tonlé Sap bien sûr, le plus grand lac d’Asie du Sud-Est, qui est relié au Mékong par un canal naturel de 100 km (qui s’appelle aussi Tonlé Sap).
  • Principales cultures : riz, maïs, tabac, pêche, bois, textile.
  • Sites inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco :

les sites d’Angkor, le temple de Preah Vihear (situé à la frontière du Cambodge et de la Thaïlande, que Mickaël aimerait tant voir mais qui est trop loin de tout et trop compliqué d’accès), les sites de Sambor Prei Kuk.

L’art du ballet royal du Cambodge est également inscrit sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité de l’Unesco.

 

Angkor Vat à 8h du matin, avec la lumière crue du soleil brûlant (mais invisible). J’ai écrit en préambule que un tiers de la population cambodgienne vit en dessous du seuil de pauvreté national avec moins de 1 $ par jour. À titre comparatif, le pass pour une journée sur les sites d’Angkor coûte 37 $ par personne. L’accès aux temples est gratuit pour les Cambodgiens, ce n’est pas la question, mais ça donne une idée du niveau de vie et du décalage quand même…

 

  • Conduite : volant à gauche et conduite à droite, comme au Laos, comme en France.
  • Emblème national : le temple d’Angkor Vat tel qu’il apparaît sur le drapeau cambodgien (voir ci-dessous).
  • Devise nationale : Nation, Religion, Roi.
  • Sports nationaux : football et pradal serey (boxe khmère).
  • Plat national : l’amok treï
    Pour en savoir plus sur la cuisine cambodgienne, lire ici ou .

 

Drapeau du Cambodge.
 
Cambodgiens célèbres

Pol Pot bien sûr, hein. Mais ça craint.

Sinon Angelina Jolie, comme elle a obtenu la citoyenneté cambodgienne, rapport à son travail pour le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés et à la nationalité de son fils adoptif, ça compte ? Parce que je ne trouve rien d’autre.  🙁

 

Ce petit garçon était assis tout seul en haut d’un mur de Angkor Vat. Il était vêtu moins pauvrement que les autres enfants que l’on croise et qui vendent des trucs. Je ne sais pas ce qu’il attendait, ce qu’il pensait, ou à quoi il rêve. Souvent j’aimerais savoir parler toutes les langues.
 
Quelques mots en khmer

Contrairement aux autres langues d’Asie du Sud-Est comme le thaï, le lao ou le vietnamien, le khmer est monotonal. Cela signifie qu’un même mot ne prend pas différentes significations en fonction de l’intonation. La langue khmère ne comporte pas de grammaire difficile et les verbes sont utilisés à l’infinitif : on ajoute simplement des mots comme « hier » ou « demain » pour indiquer le temps.

 

bienvenue : svakom
bonjour : tchoum reap sour
au revoir : li haille
oui : thia pour les femmes, baa pour les hommes
non : at-té, ou, plus couramment, té
s’il vous plaît : sohmeta, ou, plus couramment, sohm
merci : orkun

Souvent on dit orkun bong. Littéralement, bong veut dire « frère », donc orkun bong = « merci frère », mais en fait, bong correspond à la formule de politesse pour dire « monsieur » ou « madame ».

pardon : som toh
c’est combien : tlai pon man
c’est cher : tlai nah
comment ça va : sok sabaille
je vais bien : sok sabaille
manger : niam
pas épicé : min heul
c’est bon : chnaing
l’addition s’il vous plaît : sohm kot loï 
boire : pheuk
eau : teuk
tchin tchin (santé ! à l’apéritif) : chloy moy

 

Important
Phonétiquement, « moine » (moan) veut dire « poulet ». Donc quand on rencontre un moine, on ne dit surtout pas tchoum reap sour moine

 

Le temple du Bayon, sur le site d’Angkor. J’ai entendu un guide expliquer à un groupe de touristes que le visage est celui de Bouddha, mais Mickaël a lu dans le Lonely que la figure représentée sur toutes les tours ressemble étrangement à celle du roi qui a supervisé l’édification du temple…

 

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