Des nouilles, des nouilles, des nouilles

Photo : Un pique-nique sur la route comme il y en a tant (et tant) : pain de mie aux céréales et aux graines (ouf qu’il est bien meilleur que chez nous), sardines, houmous, tomates cerise, concombre, alfalfa, chips au vinaigre, cheddar vieux… et Vegemite ! (Australie, novembre 2018).

 Manger sur la route en Australie

ΞΞΞΞΞ

 

Y’a pas vraiment de street food en Australie. Apparemment il y aurait la meat pie –  une tourte à la viande recouverte de sauce tomate et servie avec des frites – et le sausage roll –  une sorte de hot dog en pâte feuilletée –  mais je n’en ai pas encore vu, en plus que ça me donne vraiment pas envie.

Sinon du fish’n’chips, qu’on trouve peut-être ici plus souvent que chez nous, mais bon le fish’n’chips c’est anglais, donc je n’en parlerai que si j’en goûte un qui déchire mon palais.

Et puis des fast-foods (McDo, Subway, KFC, et Hungry Jack’s qui est la franchise australienne de Burger King), mais les gens ne mangent pas des trucs dans la rue. D’ailleurs ils ne fument pas dans la rue, et ils ne boivent pas dans la rue non plus.

 

Sur le port de Merimbula, au sud de Sydney entre Narooma et Paynesville (Australie, novembre 2018).

 

Du coup, en lieu et place de street food, j’ai décidé de vous parler plutôt de la road food : celle que l’on mange tous les jours depuis qu’on voyage en campervan.

Et comme c’est tous les jours pareil, je peux même, wait-for-it, vous donner une journée-type.

Voyez Anne Sylvestre ? Pas pour les grands, pour les enfants ?
Ben voilà…

 

Piste audio : Anne Sylvestre, Des nouilles, album « Fabulettes vol. 10 : Fabulettes à manger », 1998.

 

Le matin c’est café noir pour nous (y’a des choses qui ne peuvent pas changer), porridge froid à ma façon pour les babi, et pain surtout. Des tartines et des tartines de peanut butter aux arachides toastées, même pas 100% cacahuètes, avec sucre et sel et huile et tout. Ils kiffent.

 

Les garçons sont contents de retrouver enfin du lait de riz comme à la maison. J’ai aussi acheté des Weetabix parce qu’il y en a plein ici, les Australiens en consomment beaucoup. Mais les babi n’ont pas aimé. Moi j’adore pour quand je ne dors pas la nuit : je les prépare en bouillie avec du lait de soja vanille, puis je laisse reposer au moins deux heures au frigo. Ça me rappelle des souvenirs de lycée

 

Le midi, c’est chips au vinaigre, sandwiches au concombre, cheddar et tomates cerise. Avec quelques variations, voir photo en tête d’article.

Les babi font un petit goûter à base de biscuits Anzac ou Lannington, vu qu’il faut bien trouver quelque chose à la gastronomie locale.

Et le soir c’est pâtes, pâtes, pâtes. Par paquets de 500 g pour nous cinq.
Et du chocolat en dessert. Du chocolat en folie, Toblerone de l’aéroport, tablettes de chocolat au lait ultra sucré d’ici, n’importe quoi pour combler leur manque des six dernières semaines.

Je fais comme si je lâchais prise.
C’est-à-dire que je bois du vin pour oublier cette misère alimentaire.

 

Qu’importe l’overdose gluténique, après les difficultés d’inadaptation alimentaire auxquelles nous avons été confrontés avec les babi ! Nous retrouvons une sérénité commensale que nous apprécions. Au début, disons. Parce que très vite moi j’en peux plus. C’est pas comme si on cuisinait, chaque soir, une sauce maison différente pour un type de pâtes différent, ce qui ferait que, peut-être, on ne se lasserait jamais de manger des pâtes. Comme à Rome.
Mais là non. Les mêmes pâtes, le même pot de pesto du commerce.
Parfois on tente une sauce tomate à l’ail et aux champignons, hou hou, mais les babi préfèrent le pesto. Le même, jour après jour.

Alors je bois encore plus de vin pour oublier que je mange des pâtes TOUS LES SOIRS.

Et j’avoue que j’apprécie d’autant plus le vin qu’il est puissant que je ne m’occupe pas des repas. Du tout.

 

Papa Écureuil maîtrise parfaitement la cuisson al dente. Et le vidage de pot de pesto (avec quelques pâtes chaudes qu’on remet dans le bocal pour ne rien perdre, oui oui).

 

Une fois, depuis dix jours qu’on est arrivés en Australie, j’ai touché un couteau pour couper une tomate. Je me suis entaillé le doigt.
Mon corps sait. La cuisine c’est fini pour moi cette année. J’en ai trop fait.
Et je me perds toujours à ne pas écouter mon corps qui ne fait pourtant pas de détour pour me dire. Donc je saigne du doigt. Du majeur gauche. Mais je fais la vaisselle quand même, faut pas abuser.

 

Des fois, on fait un truc de dingue : une salade de pâtes. Avec du thon, de l’huile d’olive, de l’avocat, et le même pesto que d’habitude mais mélangé avec du cottage cheese pour en faire une sauce. Si tu te concentres bien sur le vin, tu peux avoir presque l’impression de pas manger encore des pâtes…

 

Et j’achète des fruits. Je gave les babi de fruits et de crudités parce que ça me rassure de les doser au moins en vitamines – à défaut de leur offrir un régime alimentaire équilibré. Pas bios les fruits, et donc je prends uniquement des fruits qui s’épluchent : bananes, kiwis, mangues… C’est l’hiver un peu dans l’assiette.
Le Marcass’ a vu des fraises à Woolworths. « Pourquoi on peut pas acheter des fraises ? », il a demandé. C’est vrai après tout, c’est censé être le printemps austral ici.
La réponse est : parce que j’en ai pas trouvé des bios.

Et que c’est flippant de voir les rails géants d’épandage de pesticides quand on traverse les champs immenses en campervan.

Forcément aussi, pour produire de tels volumes agricoles qui mobilisent si peu d’agriculteurs (2 à 3% de la population), faut pas s’attendre à trouver des petites fermes à taille humaine en permaculture !

Et j’ai en effet l’impression que l’agriculture biologique n’est pas très développée ici. Il y a peu de choses. Et quand il y a, c’est vraiment cher : 2,5 $ la mangue conventionnelle, 6 $ la mangue bio. Et les babi mangent chacun trois fruits par jour…
Après, je parle de ce que j’ai vu dans les grandes surfaces comme Woolworths ou Coles, je ne sais pas dans les petits magasins bio de proximité. Parce que, en fait, y’en a pas là où on s’arrête. Dans les grandes villes comme Sydney ou Melbourne, je ne doute pas qu’il y en ait, mais nous on traverse le pays par les routes et on fait les courses là où vont les gens du coin dans des bourgs ou des zones industrielles (tristes, par définition).

J’avais plus la confiance quand j’achetais des fruits à Bali

Sans parler de l’histoire de ouf qui a défrayé la chronique en Australie ces deux derniers mois et qui vient d’atteindre la Nouvelle-Zélande : des ouvriers agricoles malveillants placent des micro-aiguilles à l’intérieur des fraises qu’ils emballent !
Pas de fraises donc. Des fruits qui s’épluchent, on a dit.

 

Au Queen Victoria Market, le plus grand marché de Melbourne. Je n’achète que des fruits qui s’épluchent : avocats, bananes, mangues, citrons, pommes (mais je sais que les pommes ça craint à mort, même épluchées !  🙁 ).

 

C’est pour ça que j’ai écrit « je fais comme si je lâchais prise ». Pour être honnête. Parce que je suis détendue mais je sais que je ne lâche pas prise complètement. C’est pas que chips, junk, vin, free style & chocolat.

La Petite Souris ne voudrait pas de toute façon. Elle a réagi vivement quand papa Écureuil a demandé tout à l’heure pendant les courses :

– Hey guys, pâtes au pesto ce soir ?
– Quoi ? Encore ?? Nan mais ça fait longtemps qu’on n’a pas mangé de légumes là, moi je commence à me sentir mal avec mon ventre ! Je sais qu’on peut pas faire la soupe de mounette dans le camion mais, à la place des pâtes, on pourrait pas acheter euh… des épinards surgelés au moins, ou je sais pas ??

Alors on a fait ça. On a acheté des épinards surgelés, de la crème fraîche et on les a mangés ce soir avec les œufs mollets délicieux de papa Écureuil (qui sait que je n’aime les œufs que parfaits).
Eh ben c’était le meilleur repas depuis qu’on est arrivés en Australie. Merci la Petite Souris !

 

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Et vous ?
Pensez-vous que vos enfants kifferaient de manger des pâtes tous les soirs et des sandwiches tous les midis ?