Ma cup & moi

Honte de quoi ?

« Maman, tu veux que je te dise s’il y a personne ? »

Ça c’était la Petite Souris au printemps dernier, avec moi dans les toilettes de l’aéroport de Cagliari (Sardaigne, avril 2017).
Elle guette et me prévient quand la voie est libre et que je peux sortir des toilettes, ma cup à la main, pour aller la rincer dans les lavabos communs.

Mais ça, c’était avant.

Maintenant en voyage, dans les aéroports mais pas seulement, partout où il n’y a pas de petit lavabo dans le même espace que la mini cabine des toilettes, j’assume totalement. Je sors des toilettes avec ma cup vidée dans la main, je vais jusqu’aux lavabos, je la rince bien, puis je retourne aux toilettes pour la remettre.
Qu’il y ait du monde ou pas.

Je me dis que je ne peux qu’être fière de ce que je fais. Je ne pollue pas, je préserve la planète (bien sûr je ne parle pas ici des avions que l’on prend pour voyager et qui sont une de mes contradictions… mais justement, il faut bien que je compense !).
Je protège mon corps, donc j’assume, le menton relevé et la tête haute.

Partout, sauf quand on passe la nuit chez un pote de Papa Écureuil parce que justement on prend l’avion très tôt le lendemain matin, et là je ne sais pas pourquoi, je suis incroyablement gênée.

L’idée de possiblement tacher les draps me rend malade comme si c’était : la honte.

Alors que, la honte, la seule, l’unique, LA VRAIE GROSSE HONTE, ceux qui me connaissent bien, surtout la Petite Souris, savent qu’elle n’est pas tapie dans une tache rouge. Elle est, le rouge aux joues, à chercher du côté d’Ulas. Enfin. Un jour peut-être j’y reviendrai. C’est ça. Sur un coup de folie.

(* Note du 4 mars 2020 * : J’y suis revenue ! Dans cet article sur La déception & moi. Mais je n’ai pas raconté Ulas pour autant. Parler de cup menstruelle n’affranchit pas de toute pudeur…)

 

Mais bref, cette gêne qui m’envahit parce que j’ai peur de faire une tache, c’est pas la cup : c’est le fait même d’avoir ses règles. Comme si c’était sale, comme si c’était honteux.
Et ça c’est dingue, et c’est le combat que l’on doit mener pour nos filles – et nos fils aussi.
Parce que les règles, c’est peut-être pas sexy fraîcheur, c’est peut-être pas top glamour, mais c’est pur, c’est sain, et quelque part c’est quand même un peu la vie !

Sur ce sujet, j’ai trouvé la lecture de Sang tabou, de Camille Emmanuelle, assez révélatrice de la façon dont on aborde, ou plutôt, dont on n’aborde pas, les règles dans notre société.

Moi ma cup, je l’aime d’amour, et je n’ai pas peur de dire qu’elle m’a réconciliée avec mes règles.
Oui, carrément.

 

Une révolution intérieure

J’ai commencé il y a quatre ans avec la Moon Cup®. L’originale, la britannique, la toute première.
Mais aujourd’hui il existe plein de marques de coupes menstruelles avec des caractéristiques différentes, et j’ai changé récemment pour la Silver Care que l’on voit sur la photo du haut (pas parce que j’en avais entendu spécialement du bien, mais juste parce qu’elle était dispo dans mon magasin bio).

Quand j’ai commencé avec la cup, je ne connaissais personne qui l’utilisait, alors moi j’en parle à tout le monde, partout, dès que je peux*.
Je ne comprends pas que les sages-femmes et les gynécologues ne la conseillent pas davantage à leurs patientes (mais peut-être que ça commence à venir).

Généralement quand je prosélyte, je dis : « un petit geste pour toi et un grand pour la planète », parce que c’est souvent ce qu’on dit pour faire la promo d’un geste écolo.

Mais en réalité, c’est exactement l’inverse que je pense : un grand geste pour toi et un petit pour la planète.

Parce que c’est comme ça que je l’ai vécu moi, comme une révolution intérieure qui, effectivement, m’a permis de faire la paix avec mes règles.

Parce qu’avec la cup, le sang menstruel est rouge vif, il est fluide, pur, sans odeur, à mille lieues du marronnasse des serviettes hygiéniques et des tampons où c’est du sang « mort ».
Je sais que ça peut sembler bizarre à entendre (et à lire), mais c’est vraiment comme ça que ça résonne en moi : avec la cup, je me sens en harmonie avec la nature.
C’est comme si mon sang était « vivant », qu’il faisait son travail de cycle, d’auto-nettoyage, et que j’accompagnais ce mouvement de façon plus naturelle.

Et le meilleur, c’est que cette décision de choisir la cup, ce geste volontaire que je répète tous les 28 jours, me donne de l’assurance, de la confiance en moi, parce qu’il me rapproche de mon corps.
(Et, personnellement, je ne crache pas sur un surcroît de confiance en moi, particulièrement au moment de mes règles.)

* Je sais que certains ont encore en mémoire une fin de soirée où je me suis un peu enflammée sur la cup… C’est vrai mais je suis comme ça, quand je crois en quelque chose qui m’enthousiasme, je ne peux pas le garder pour moi et ne pas le faire partager !
Moi j’aime qu’on me fasse partager des trucs !  😉

 

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Et vous, cup ou pas cup ?