Sabaï dii Lao !

Photo : Balade à Vientiane le long du Mékong (Laos, mars 2019).
Bon, à gauche du drapeau laotien, le drapeau rouge avec du doré, c’est bien la faucille et le marteau…

 Bienvenue au Laos !

 

On se sent bien, tout de suite, à Vientiane. On trouve qu’il fait moins chaud qu’à Bangkok alors qu’il est censé faire plusse. Mais c’est moins étouffant. Moins survolté. Et tellement tellement moins bruyant.
À l’aéroport de Vientiane déjà, à l’attente pour les visas, c’était calme. Silencieux. Reposant.
Et c’est comme ça que nous vivons Vientiane depuis cinq jours, capitale à taille humaine, dans une atmosphère très tranquille. Peaceful.

Tant mieux parce que, en ce moment particulièrement, j’ai besoin qu’on soit doux et gentil avec moi. Et les Laotiens sont gentils. Timides et gentils.

 
Une atmosphère tranquille

Les premiers jours dans un pays sont souvent difficiles. Souvent, pour ne pas dire toujours. Hostiles même. On n’a pas les codes, on crève de chaud, on ne connaît rien de la langue, ni du prix des choses, aucun repère familier, pas de réponse à donner aux babi qui veulent savoir ce qu’ils vont manger et où ils vont dormir ce soir…
Parfois on se demande carrément ce qu’on est venus faire ici, et on a juste envie de se rouler en boule et de ne plus bouger. On le sait, ça fait partie du voyage.

Mais ici, au Laos, je crois que pour la première fois ça ne nous fait pas ça. On se sent bien tout de suite.

Mickaël pense que c’est peut-être l’expérience du voyage qui nous rend les choses plus faciles.
Je ne crois pas. Je crois que c’est le Laos.
Nous n’avons vu que Vientiane pour l’instant, c’est vrai, mais justement : c’est la capitale et pourtant, on se sent comme dans un village. Il y a plein de petits restos de rue sur les trottoirs comme à Bangkok, mais ce n’est pas stressant de marcher sur la chaussée avec des enfants parce que la circulation est n’est pas celle d’une fourmilière en panique. Quand on arrive direct de Bangkok, le contraste est saisissant !

 

Ici c’est l’une des principales rues du centre-ville de Vientiane. On voit bien que la circulation est limitée : des motos, quelques gros 4×4, des semblants de trottoirs… et des pelotes de fils électriques partout !

 

 La nuit aussi, c’est très calme. Contrairement à Bangkok, une fois encore, qui est très animée, musique forte, mini-jupes et néons bleus. Rien de tout ça ici, et pourtant nous sommes dans l’hyper centre de Vientiane. C’est probablement à cause du couvre-feu instauré par le gouvernement pour, soi-disant, « lutter contre l’alcoolisme des jeunes ».

La conséquence, c’est que les restos de rue ferment à 21h. Les bars poussent jusqu’à 23h, et j’ai lu que les boîtes de nuit ont la permission de minuit. Après c’est fini – comme mon neveu Noa l’a entendu toute sa petite enfance. Évidemment ça fait que les nuits sont très calmes…
Moi je ne dors pas donc je vois bien la différence avec Bangkok quand je retourne fumer à l’heure où tout le monde dort tranquille (dans les banlieues-dortoir).

 

Voyez les chaises en plastique blanches tout en haut de l’immeuble aux balustrades peintes en rouges ? C’est là que je fume, seule, la nuit. À gauche de notre guesthouse, là où c’est marqué « NO NAME », c’est un bar à cocktails à la mode avec petit jet de fumée et tout. Ils proposent bières, margaritas, gin tonic (beurk) et mojitos.

 

Ici on ne voit pas de vieux Blancs avec de jeunes filles couleur locale comme en Thaïlande (parfois très jeunes et très menues). Une fois on a vu un couple, si. Une Lao très très menue et un monsieur Blanc pas si vieux. Ils poussaient une poussette avec un bébé métissé dedans. Ça va, on a quand même le droit d’être un couple mixte, non ? Oui mais ce que je veux dire, c’est que justement, ça sent pas la foire à la chair fraîche. Il n’y a pas de salon nocturne clignotant pour massage et bien plusse à chaque coin de ruelle (ouais, ici les rues on dit ruelles).

Le Laos n’est pas un pays du tourisme sexuel.

Le Laos est un pays pudique. Papa Écureuil a bien insisté là-dessus dans l’avion. Alors je fais attention. Je ne mets pas ma robe verte de Melbourne qui est en fait un tee-shirt. De plus en plus. Et dans la rue aussi, je fais attention. Ne pas prendre la main de mon amoureux, et encore moins de gestes euh… voyez. C’est un pays où on n’exprime pas en public ses transports, qu’ils soient d’amour ou de colère. Dans l’intimité je ne sais pas. Je ne suis pas Lao. Moi j’exprime.

 

Les temples surgissent, humblement, au détour d’une rue. Ils cohabitent avec les nombreuses antennes relais de la ville. Je répète « antennes relais » parce que j’ai déjà entendu ça quelque part… mais moi j’aurais dit plus simplement : pylônes de fils électriques. Qui servent à tout. D’ailleurs tu reprends cette photo sur Photoshop (je ne sais pas le faire), tu mets des pistes enneigées à la place du temple et des immeubles, et ça y est t’as ton télésiège.
 
Des balades simples

Depuis cinq jours, notre quotidien consiste à boire du café lao pendant que les babi avalent un petit-déjeuner à base de gros pancake maison et d’omelette aux pommes de terre, finir leurs restes quand il y en a, puis partir en balade dans Vientiane. Chaque jour nous changeons d’itinéraire, chaque jour nous découvrons de nouveaux endroits, mais, que ce soit dans un temple ou au plus grand marché de la ville, l’ambiance est toujours calme et tranquille. Simple.

Nous nous sommes promenés le long des berges du Mékong – fleuve ô combien mythique mais, je dois avouer, pas très beau, de ce que j’en ai vu dans la poussière et la moiteur étouffantes.

Nous étions les seuls touristes sur ces berges à la végétation luxuriante qui ne sont pas aménagées, et donc pas défigurées par fast-foods, boutiques de souvenirs et compagnie. Je ne sais pas pour combien de temps encore. Mais je suis heureuse de découvrir cette rive du Mékong comme ça, là, maintenant.

Nous avons croisé des moines bouddhistes, des étudiants, nous avons échangé des sourires avec chacun, nous avons parlé ensemble, tous les cinq, et il est ressorti de cette balade toute simple une douce sérénité. Presque pas de plaintes qu’on crève de chaud et que c’est trop looong.
(Mais c’est revenu après hein, ne vous en faites pas, y’a pas non plus de miracle laotien !)

 

Dans le centre de Vientiane, sous un ciel lourd, le Mékong asséché. De l’autre côté du fleuve, c’est la Thaïlande.

 

On marche, on marche, et pendant qu’on marche, on parle beaucoup avec les babi. On alterne spontanément avec qui on parle. Parfois je donne la main au Grand Lièvre, parfois à la Petite Souris. Seul le greffon reste greffé à son Pap’. La saison des papas n’est pas terminée, qu’est-ce que tu crois ?

Quand on commence à avoir mal aux jambes et qu’on s’est déjà arrêtés plusieurs fois au bord de la route pour racheter une grande bouteille d’eau, c’est le signe qu’on a assez marché et qu’il est sans doute l’heure de manger. Autour de 13h, 13h30. Tard pour des Laotiens.
Alors on se met en quête d’une cantine, un endroit où on pourra quand même s’asseoir autour d’une table et déjeuner à cinq pour 75 000 kips (soit 7,50 €). Des fois on a de la chance, un phô, un riz champignons, et c’est hyper bon. Des fois moins…

Quand on ressort, rassasiés, on reprend le chemin de notre guesthouse parce que c’est l’heure d’une douche peut-être, et puis de l’école, de 15h à 17h.

 

Les babi (et papa Écureuil) étaient comme des dingues parce que le patron de la guesthouse est aussi un fan de One Piece. D’où les dessins sur le comptoir. Voilà voilà… La table qui sert aux devoirs sert aussi au petit-déjeuner. Et sur le côté, c’est la rue tout de suite.

 

Un matin, on décide de prendre un tuk-tuk pour aller visiter des endroits plus touristiques et plus éloignés de la ville. Où, là encore, la relation marchande et humaine confirme que l’on n’est PAS dans un pays dit « touristique ».

Avec le chauffeur de tuk-tuk d’abord. Peu de chauffeurs comprennent l’anglais ou le français, donc on se débrouille avec quelques petits mots de lao et Google Maps sur le téléphone de Mickaël. On met du temps à se comprendre mais on sourit beaucoup. On sent qu’il n’y a pas d’arnaque d’un côté ou de l’autre, que l’on veut juste s’entendre au mieux. Le chauffeur est doux et timide. Il nous emmène sur son samlo tuk-tuk. Je ne dis pas que je me retiens de lui faire un câlin mais il y a quelque chose de ça…

Le samlo tuk-tuk est une moto trois roues qui tracte un caisson avec deux petites banquettes face à face et peut transporter jusqu’à six personnes (ou huit Laotiens). Ou du matériel. Ou moins de personnes mais avec des gros bagages.

Le samlo, c’est un peu la même chose que le scooter tuk-tuk qu’on a pris en Thaïlande.
Après il existe encore un format supérieur, c’est le jumbo tuk-tuk : un tuk-tuk collectif qui peut transporter jusqu’à 12 passagers et se trouve dans toutes les villes.

 

Le samlo tuk-tuk avec le chauffeur adorable qui nous a emmenés en trois endroits. Avec tout notre poids c’était tellement lourd que j’étais inquiète pour sa moto, je ne savais pas comment l’aider…

 

De là, même dans les sites les plus touristiques de Vientiane, c’est pas comme dans les pays touristiques. Soit l’entrée des temples bouddhistes est gratuite pour tous ; soit ils ne font pas payer les enfants ; soit le prix est très correct. Même s’il y a toujours deux tarifs : un pour les locaux et un pour les touristes. Comme en Thaïlande, comme à Bali, comme au Sri.

Par exemple, l’entrée au Phat That Luang, qui est sur toutes les photos de Vientiane et qui est considéré comme le monument national le plus important du pays, coûte 3 000 kips pour les Laotiens et 10 000 kips pour les touristes. Ok, c’est plus de trois fois plusse mais ça reste 10 000 kips. Soit 1 €. Et on a payé 30 000 kips pour nous cinq parce qu’ils n’ont pas compté les garçons.
C’est un esprit cool quand même… Ils pourraient en profiter, facturer cinq tickets, ils ne le font pas. Eh ben c’est pas partout comme ça.

On est loin du Sri Lanka où tu lâches 100 dollars pour cinq parce que c’est ça le prix pour les touristes ! (Sigiriya Rock, Réserve de Yala, etc.).

Et à l’entrée du temple, si tu n’as pas de chèche ou ton vieux keffieh du lycée pour te couvrir les épaules ou les jambes, on te prête un sarong. Un joli sarong. C’est pas on renvoie ton mec avec son bermuda aux genoux dans la rue s’acheter un pantalon miteux avec des éléphants dessus alors que t’es au Palais Royal de Bangkok qui n’a plus rien de religieux. Pitain. Le même bermuda aux genoux a fait tous les temples de Vientiane, j’ai pas vu de moine choqué. Que du sourire de moine. Au Palais Royal de Bangkok, y’a même plus de moines. Que des gardes qui répètent en boucle aux touristes chinois : « please, no picture inside, no picture inside ».

Enfin. J’aime bien Vientiane, voilà.

 

À Wat Sisakhet, le plus vieux temple bouddhiste de Vientiane (début XIXe siècle), qui abrite des milliers de statuettes du Bouddha.

 

La seule déception ici, surtout pour Mickaël, c’est la difficulté non anticipée à trouver du Laap et du riz gluant…

 

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Et vous, que connaissez-vous du Laos ?
Avez-vous déjà vu le Mékong ? Où ça ?