Médiocratie #dimanche 5

Dessin : « Je suis maintenant le dernier humain de la Terre ».
Street art dans les rues de Kaboul, Afghanistan, par Shamsia (Ommolbahni Hassani).

 

Dimanche 5 juin 2022

Citoyens, l’avenir commence à c’t’heure !

 

Hey ! Chaque matin de la semaine qui s’en vient, je partagerai avec vous une chanson des Cowboys Fringants que j’aime et qui dit des choses. Sur notre société, notre monde – et il va mal le monde comme vous savez.

J’ai pas de conseils à donner mais je voudrais quand même dire à tous ceux qui se sont abstenus au deuxième tour des présidentielles, et je comprends tellement, à tous ceux qui étaient si écœurés qu’ils ne sont même pas allés voter parce que c’était trop fucké, dimanche prochain ce sera peut-être le moment de faire quelque chose pour la planète avant qu’il n’en reste plus rien.
Plus rien.

 

Les Cowboys Fringants, Plus rien, album « La Grand-Messe », 2004.

 

Plus rien

 

Il ne reste que quelques minutes à ma vie
Au plus quelques heures, je sens que je faiblis
Mon frère est mort hier au milieu du désert
Je suis maintenant le dernier humain de la Terre

On m’a décrit jadis, quand j’étais un enfant
Ce qu’avait l’air le monde il y a très très longtemps
Quand vivaient les parents de mon arrière-grand-père
Et qu’il tombait encore de la neige en hiver

En ces temps on vivait au rythme des saisons
Et la fin des étés apportait la moisson
Une eau pure et limpide coulait dans les ruisseaux
Où venaient s’abreuver chevreuils et orignaux

Mais moi je n’ai vu qu’une planète désolante
Paysages lunaires et chaleur suffocante
Et tous mes amis mourir par la soif ou la faim
Comme tombent les mouches, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien
Plus rien
Plus rien

Il ne reste que quelques minutes à ma vie
Tout au plus quelques heures, je sens que je faiblis
Mon frère est mort hier au milieu du désert
Je suis maintenant le dernier humain de la Terre

Tout ça a commencé il y a plusieurs années
Alors que mes ancêtres étaient obnubilés
Par des bouts de papier que l’on appelait argent
Qui rendaient certains hommes vraiment riches et puissants

Et ces nouveaux dieux ne reculant devant rien
Étaient prêts à tout pour arriver à leurs fins
Pour s’enrichir encore ils ont rasé la terre
Pollué l’air ambiant et tari les rivières

Mais au bout de cent ans des gens se sont levés
Et les ont avertis qu’il fallait tout stopper
Mais ils n’ont pas compris cette sage prophétie
Ces hommes-là ne parlaient qu’en termes de profits

C’est des années plus tard qu’ils ont vu le non-sens
Dans la panique ont déclaré l’état d’urgence
Quand tous les océans ont englouti les îles
Et que les inondations ont frappé les grandes villes

Et par la suite pendant toute une décennie
Ce fut les ouragans et puis les incendies
Les tremblements de terre et la grande sécheresse
Partout sur les visages on lisait la détresse

Les gens ont dû se battre contre les pandémies
Décimés par millions par d’atroces maladies
Puis les autres sont morts par la soif ou la faim
Comme tombent les mouches, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien
Plus rien
Plus rien

Mon frère est mort hier au milieu du désert
Je suis maintenant le dernier humain de la Terre
Au fond l’intelligence qu’on nous avait donnée
N’aura été qu’un beau cadeau empoisonné

Car il ne reste que quelques minutes à la vie
Tout au plus quelques heures, je sens que je faiblis
Je ne peux plus marcher, j’ai peine à respirer
Adieu l’humanité, adieu l’humanité

 

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