Coup de mou

Photo : Tu vois l’enfant ? Il est fatigué. Il ne peut plus tenir sa tête (janvier 2021).

 

En ce moment, j’ai un enfant de 9 ans qui est trop fatigué pour continuer de se lever tous les matins pour aller à l’école. Que ce soit le plus gros dormeur de toute la maisonnée, et ce depuis la nuit des temps, ne fait rien à l’affaire.

Quand on est fatigué on est fatigué
Que ce soit le printemps, que ce soit l’hiver
Quand on est fatigué on est fatigué.

Tellement fatigué que, la semaine dernière, l’enfant s’écroule sur sa table dès qu’il entre en classe. L’énergie lui manque pour tenir sa tête. Tourner les pages de son cahier. La maîtresse s’inquiète. À 8h40, l’école t’appelle pour revenir le chercher.
L’enfant est à plat mais quand même un peu revigoré à l’idée de possiblement passer toute la journée sans conjuguer un verbe au futur ni faire de l’écriture. Dans un ultime sursaut, il donne alors toutes les informations qu’il sait nécessaires à sa libération imminente :

– Maman est en train de courir, papa est en télétravail.

Mais sa suite de mots qui a pourtant un sens, commence par une majuscule et se termine par un point, a dû tomber derrière l’armoire des vieilles archives de la salle des maîtres – ou peut-être qu’elle a été étouffée par le bruit de la photocopieuse qui prend toute la place. Car l’école t’appelle TOI en premier.
Maman.
Alors que.
L’enfant l’a dit : tu es en train de courir, ton téléphone est donc resté sur le plan de travail de la salle de bain. Éteint, déchargé sûrement. But who cares ?
C’est toi qu’on appelle en premier quand même. On va pas déranger un homme qui télétravaille parce que son enfant est fatigué, sinon quoi ? on va où là ?

 

Quand tu dépasses les bornes. Il y a des choses qu’on ne doit pas faire. Rentre ça dans ton crâne de borderline et tiens-toi.

 

Mais pour l’instant, tu ignores tout de la scène sexiste qui est en train de se jouer. Puisque tu cours. Tu ne sais pas qu’après les messages perdus dans les limbes de ton téléphone, l’école finit par se résoudre à déranger un papa. Mille excuses.

Quand tu rentres de ta séance de running en mère libre et décomplexée, tu aperçois en vrac dans l’entrée un manteau et un cartable jetés par terre, un masque en tissu gris avec une auréole mouillée dessus, un bonnet, un gant solitaire, des chaussures pointure 36 que quelqu’un dont tu commences à avoir une idée assez précise a tirées comme un forçat pour réussir à les enlever sans défaire les lacets…

Tu montes dans le salon à la recherche de la merveilleuse petite personne à qui appartiennent toutes ces affaires éparpillées et tu trouves l’enfant tranquillement allongé sur le canapé, recouvert jusqu’au menton de la couette qu’il a traînée depuis son lit, la tête bien calée sur son oreiller, avec une énorme pile de manga à portée de main.
Tu connais cette vision. C’est celle d’une journée-cadeau.
Et l’enfant t’appelle du fond de sa douilletterie, il réclame un câlin, il dit :

– C’est comme ça qu’on devrait passer tout l’hiver…

(… au lieu d’aller à l’école. Il n’a pas terminé sa phrase mais tu l’as parfaitement entendue.)

 

L’enfant fatigué. Quand il en a marre des manga, il relit un Calvin & Hobbes. Quand il en a marre de Calvin & Hobbes, il se plonge dans l’Encyclopédie des dinosaures qu’il a eue à Noël et il prend des notes sur son calepin pour se rappeler que la seule tête du kronosaurus était longue de trois mètres, ou bien que l’eoraptor n’était pourvu de griffes que sur ses trois plus grands doigts. L’enfant a la vie dure, comme on voit.

 

La Petite Souris (11 ans) est fatiguée aussi – le collège c’est trop de pression, sérieux.
Mais grave, minette. J’avoue. C’est abusé. C’est évident abusé, comme on dit chez nous.
(Je me moque mais elle est un trésor.  🙂 )

Le Marcass’ (7 ans) je ne sais pas s’il est fatigué mais il nous fatigue, c’est sûr. Je pense à l’internat. Je me demande comment ces institutions fonctionnent en temps de confinement. Est-ce que tu es obligé(e) de reprendre ton enfant, comment survivrait-il seul la nuit dans un château hanté après le couvre-feu et autres pensées qu’on ne dit jamais.

Papa Écureuil (41 ans), lui, il sait pas c’qu’il a. C’est ce qu’il dit : chai pas c’que j’ai. (Parce qu’il sait comme j’aime Gad Elmaleh…)
Je lui ai proposé, pour savoir ce qu’il a, de boire le jus de choux fermentés artisanal qu’Andrei a préparé pour moi dans un grand tonneau et dont je bois un verre tous les midis à jeun, mais il a décliné en grimaçant dès que j’ai ouvert le bocal qui faisait des bulles.
Tant pis pour lui. Après faut pas venir se plaindre qu’on sait pas c’qu’on a…

 

Le jus de choux fermentés artisanal préparé par Andrei dans sa cuve et offert avec amour par ma copine Adeline (qui grimace encore pire que Papa Écureuil et NE PEUT PAS le boire). Mais Andrei et moi on est des guerriers, on ne se purifie pas qu’à la vodka ! D’ailleurs mon bocal est presque vide Andrei, donc si tu peux me faire un refill… 😉

 

Et moi, eh ben moi je galère avec mon calcium comme d’hab’. Magnésium marin, fer. La routine quoi. En plus je lutte depuis des semaines sur l’écriture d’un article intime que je comptais publier aujourd’hui au lieu de vous bricoler un article de remplacement vite fait mais il est pas prêt. C’est compliqué. Il me demande de la réflexion, de la distance, du doute… et il s’annonce encore plus long que l’article le plus long du blog jusqu’à ce jour !

 

Tout ceci fait que mes neurones sont en ébullition perpétuelle comme le jus de choux fermentés d’Andrei, et cette nuit j’ai rêvé que mon pote Arnaud et moi on avait chopé le covid. On nous forçait à descendre des escaliers, descendre, descendre de plus en plus profond jusqu’à atteindre une salle toute froide éclairée avec des néons quadrillés comme dans les écoles, où il n’y avait que des malades du covid qui se traînaient par terre en gémissant. Et Arnaud aussi, et moi aussi, on se traînait par terre en gémissant. Après il se passait plein de temps où on ressentait des trucs horribles, on croyait qu’on allait crever ici, et puis Arnaud arrivait au prix d’efforts surhumains à ramper pour retourner aux escaliers. Je lui criais de m’attendre mais il secouait la tête comme s’il ne m’entendait pas et il disait :

– Je préfère mourir chez moi, avec de l’espace, qu’ici dans ce trou à rats !

Et il partait. Il se traînait marche après marche pour remonter et moi j’étais clouée au sol, je ne pouvais pas bouger mes jambes, et il me laissait là, en bas.
Quand je me suis réveillée, je me sentais très en colère contre Arnaud pour m’avoir abandonnée dans mon rêve. Ça m’a fait une nouvelle raison de lui en vouloir, puisque j’ai finalement eu mon croque-mademoiselle préparé de ses mains (le 1er janvier au matin).

Tu commences à mesurer les effets délétères du manque de fer sur ton esprit ?
Faut que tu trouves une solution, cocotte. Suffit pas de sucer des trombones.

 

Mon croque-mademoiselle du 1er janvier chez Arnaud & Maud. Avec une tasse de Sifnos pour me faire croire qu’on est en Grèce et que je n’ai pas vraiment attendu tout ce temps qu’Arnaud me le prépare…

 

Toi aussi tu es super crevée parce que tu dors pas, et quand tu dors tu fais des cauchemars dans lesquels ton super pote te lâche la main ?
Tu veux te lever mais ton corps est déchargé et tu as la tête qui tourne ?

Tu es en manque de fer, believe me.

Maintenant deux options s’ouvrent à toi : tu peux soit prendre de la spiruline (en cure de trois mois), soit, dans l’urgence, boire l’eau du robinet de l’école de tes enfants. Bien sûr tu dois fermer les yeux avant pour ne pas te laisser dissuader par la couleur marronnasse de l’eau, et ensuite tu bois tout d’un coup comme si c’était du nigari.
Évidemment il se peut que tu entendes la question lourde de reproches que te pose ta conscience de confort (celle qui te fait soigneusement éviter de prendre le moindre risque dans ta vie) :

– Mais qu’est-ce que tu fais là ? Pourquoi tu fais ça ?!

Moi ça va, cette conscience-là et moi on a une ligne brouillée donc c’est assez rare qu’elle me parvienne. Mais si ce n’est pas ton cas, je te conseille de l’ignorer. Aujourd’hui et les autres jours. Il y a tant de choses qui la dépassent, laisse tomber, elle ne comprendrait pas. En plus ça se trouve t’en sais rien ce que tu fais là. Mais ton corps, lui, il sait. Il est même venu exprès.
Pour le fer.

 

Des kiwis bio, les trois huiles essentielles pour survivre à l’hiver, le nigari, ma B12, mon ZymaD et l’extrait de pépins de pamplemousse. Après mon rêve avec Arnaud et le covid, j’ai décidé que c’était le bon moment pour démarrer notre cure d’EPP. Renforcer notre immunité à tous les cinq et redynamiser les organismes fatigués qui préfèreraient rester sous la couette tout l’hiver à lire des manga…

 

*****

 

Et chez vous, comment se passe ce mois de janvier ?

 

 

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