Alouette, je te plumerai…

Photo : Le Marcass’ et le Grand Lièvre au Musée National de Tokyo (Japon, mai 2019).

 

Chez nous il n’y a pas de télé*, pas de DS, pas de téléphone pour les enfants, et, jusqu’à avant le voyage, pas de tablette non plus. Mais, pour le voyage, on s’est dit que, peut-être, une tablette, ce serait une bonne idée. On n’imaginait pas à quel point on aurait raison…

 

Depuis huit mois et demi, la tablette des babi leur sert à :

  • lire (des romans et, de temps en temps, quand j’insiste un peu, le blog) ;
  • cartographier les pays où on va ;
  • explorer les pays où on ne va pas à travers des applications ;
  • zoomer et dézoomer dans Google Maps ;
  • apprendre des choses inutiles passionnantes sur Vikidia ;
  • écouter de la musique sur YouTube ;
  • faire des jeux vidéo ;
  • voir des photos de dent de mégalodon et de requin-bouledogue, du Mont Fuji, de sycomore, des pyramides d’Égypte, et de quand les babi étaient petits ;
  • dessiner des animaux et des Pokémon ;
  • jouer aux échecs ;
  • et, plus que tout, regarder des dessins animés.

Tout cela est formidable, en particulier le temps que cela dégage pour nous, parents, qui aspirons au calme et à la paix. La tablette pallie nos manquements (je sais, c’est moche).

 

À Tokyo le matin au réveil, avant que je ne prépare leur petit-déjeuner. Quand ils peuvent, quand même, ils sont contents de retrouver du livre papier. Même à tourner les pages de droite à gauche, même au texte indéchiffrable en kanji, hiragana et katakana, un dessin reste un dessin, et les manga sont leur bonheur du petit matin.

 

Mais depuis quelque temps, il se passe un truc bizarre avec la tablette.
Les garçons demandent à l’assistante vocale de Google de leur chanter Alouette je te plumerai.
Si si. La première fois, ça m’a fait un choc. Les suivantes aussi. Quand même, avouez que c’est déroutant !
Maintenant j’aimerais beaucoup en entendre une autre version. Humaine. Qui fasse moins peur. Même une qui chante faux, une qui serait pas dans le rythme.

Mais les garçons poursuivent avec l’assistante :
– Pouvez-vous nous chanter encore une chanson ?
Nous n’arrivons pas à dormir…
– Est-ce que vous voyagez, Tatem ?

Je suis stupéfaite. Tatem ! Non mais c’est quoi l’idée ??

 

Hiroshima, à la bibliothèque des enfants. Une belle parenthèse unexpected. J’ai longuement cherché « Alouette je te plumerai » dans les albums de comptines en français, mais je ne l’ai pas trouvée. Comme un manque, une absence.

 

C’est comme les histoires de bébé à quatre pattes ou à 1 280 pattes et le train de la friandise que raconte le Marcass’ dans l’auto et qui font hurler de rire à l’arrière son grand frère et sa grande sœur. Ou quand les babi s’appellent entre eux Goupix ou Tibisse et je ne sais plus quoi encore. Les noms, tu ne comprends même pas d’où ils viennent et c’est fait exprès. Ils se créent un univers pour eux, rempli de codes secrets.

Enfin. Au moins ils vouvoient cette énigmatique Tatem.
Si j’ai transmis quelque chose, c’est déjà ça.

 

En balade à Yufuin, près du lac Kinrin. Quand les garçons sont loin devant nous, ou loin derrière, et qu’ils s’inventent des histoires rien que pour eux, pour le moment présent.

 

* Dire « on a une télé » ou « on n’a pas de télé » fait l’objet d’un débat sans fin (et vain) entre Papa Écureuil et moi. Je dis que nous avons un écran pour regarder des DVD mais pas de télé, puisque nous ne recevons pas le phénomène de télévision. Mais Mickaël dit que l’écran c’est une télé, donc on a la télé – même si en vrai on n’a pas la télé.
Simple. Basique.

 

*****

 

Et vous, il se passe des trucs sur les écrans de vos enfants ?