Paix et sérénité

Photo : Hier, sur l’île de Miyajima devant le grand Torii flottant (Japon, juin 2019).

Par la Petite Souris (10 ans) au Japon.

 

Le Japon, c’est un pays dans lequel je me sens bien. Les gens sont calmes et gentils, et ils parlent doucement. C’est pas du tout comme au Vietnam ! Enfin au Vietnam aussi les gens sont gentils mais ils parlent vraiment très fort, ils crient et c’est pas agréable.

Au Japon, on dirait que nous sommes des éléphants dans un magasin de porcelaine !
Encore le Pap’ et moi ça va, parce qu’on ne parle pas fort et on est discrets. Mais la Mam’ et les garçons, ils ne sont pas du tout discrets. Excusez-moi mais c’est vrai, et je me sens trop gênée avec eux quand ils parlent fort parce que les Japonais n’ont pas l’habitude du bruit.

J’ai beaucoup aimé le calme de la bibliothèque des enfants, avant-hier, à Hiroshima. Tous les enfants étaient occupés avec un livre, et il n’y avait pas un bruit.

L’oreille du Grand Lièvre
Tu veux dire, le calme qu’on a partout au Japon ?!

C’est sûr que toi Lulu, tu sais pas ce que c’est le calme ! Mais les enfants ici ils courent pas partout dans la rue, et ni dans les parcs, et ils se battent pas tout le temps avec des bâtons !

 

Mes deux petits frères qui se battent avec des bâtons de marche en haut du téléphérique pour monter sur le Mont Misen ! (C’était aussi hier, sur l’île de Miyajima.)
Une chose horrible

On a vu beaucoup d’enfants hier à Hiroshima qui étaient en sortie avec l’école.

Il y a trois groupes d’affilée qui sont venus nous parler quand on était en train de déjeuner (je peux vous dire qu’on n’arrivait pas à manger !  😉 ). Ils nous ont posé des questions en anglais et ils nous ont donné des petites grues en origami.

La première fois que j’ai vu une grue en origami, c’était à la maison quand la copine de papa est venue. Elle sait super bien les faire et elle est très patiente pour nous montrer.

Puis quand on est arrivés à Tokyo, il y avait aussi des grues en origami sur le comptoir de l’hôtel. Ici il y en a partout, de plein de couleurs et de tailles différentes, dans tous les endroits où nous allons, parce que c’est un porte-bonheur.

La grue est l’emblème du Japon. On la voit sur les avions de la compagnie japonaise, et c’est aussi un symbole de paix.

 

À Hiroshima, il y a beaucoup de classes qui viennent pour visiter le Musée de la bombe atomique. Ils attendent leur tour de visite dans le parc du Mémorial de la Paix, où nous avons déjeuné, ou devant le Monument de la Paix des Enfants comme ici sur la photo.

 

Ça vient d’une petite fille qui s’appelait Sadako Sasaki. Elle avait deux ans quand la bombe nucléaire des Américains a explosé à Hiroshima le 6 août 1945. Elle a donc été exposée aux radiations, et dix ans plus tard, elle a eu un cancer et elle s’est dit que si elle arrivait à faire mille grues en origami, elle survivrait. Mais elle est morte avant d’avoir fini.  🙁

Ses amis ont continué de plier les mille grues pour elle, et c’est pour ça que maintenant, à Hiroshima et à Nagasaki, on trouve plein de guirlandes multicolores de mille grues en origami. C’est un symbole de paix à la mémoire de cette petite fille.

 

Ici, on voit les guirlandes multicolores de mille grues. Elles sont distribuées à chaque enfant de la chorale qui chante devant le Monument de la Paix des Enfants à Hiroshima.

 

Je vous montre ici une vidéo pour apprendre à faire les grues japonaises en origami. C’est mieux avec les papiers spéciaux qu’ils ont ici car ils sont plus fins et donc plus faciles à plier. On en voit un dans la vidéo mais il y en a des encore plus beaux !

En 1945, le Japon était en guerre avec les États-Unis. Il a commencé à bombarder des îles américaines, et les États-Unis ont riposté avec deux bombes nucléaires qu’ils ont lancées sur le Japon : une sur Hiroshima le 6 août 1945, et une autre trois jours plus tard sur Nagasaki, le 9 août 1945.

Il y a eu 70 000 morts en une fraction de seconde à Nagasaki car la chaleur était à 6 000 degrés. Les gens ont été carbonisés, et même des parties de leur corps ont fondu. C’était horrible.

Après il y a eu encore 70 000 morts de blessures, et encore 70 000 morts à cause des radiations, ce qui fait 210 000 morts juste pour la bombe de Nagasaki.

Les radiations, ce sont des particules nucléaires qui restent dans l’air après l’explosion de la bombe et qui sont très toxiques. Elles provoquent des maladies mortelles comme des cancers ou des malformations, et plein de handicaps graves dans tout le corps.

 

Carte du monde avec les pays qui possèdent le plus d’armes nucléaires : d’abord la Russie, puis les États-Unis, puis la France.

 

J’ai appris tout ça au Musée de la bombe atomique à Nagasaki. J’ai vu aussi des photos de gens brûlés, il y avait même des bébés et des enfants avec des membres arrachés. C’était vraiment horrible. Lulu n’a pas pu rester dans la salle parce qu’il est trop sensible à ça. Après, Marce et moi on faisait attention et on lui disait quand il y avait des images pour ne pas qu’il regarde.

 

Ça c’est dans le Musée de la bombe atomique de Nagasaki. Derrière le dos de Lulu, il y avait toutes les images horribles qu’il ne voulait pas voir. C’est pour ça qu’il préférait regarder les explications de géographie et de science de la bombe. Devant lui, on voit un groupe d’enfants japonais qui sont venus avec leur école.
Une vie différente

Bon maintenant, pour avoir quelque chose de plus gai, vous pouvez lire mon deuxième chapitre : « Une vie différente » ! C’est parce qu’au Japon, la vie est complètement différente de chez nous en France.

Je commence par vous parler des maisons car J’ADORE les maisons japonaises.
D’abord l’extérieur des maisons, c’est vraiment magnifique. Les jardins sont toujours bien rangés, avec des arbres bien taillés et des cailloux bien alignés. Il n’y a pas souvent d’herbe comme chez nous mais quand il y en a, elle est toujours très bien tondue et il n’y a jamais de mauvaises herbes qui poussent. C’est pas du tout comme dans notre jardin !!!

 

Ici vous voyez le style des maisons traditionnelles japonaises que j’adore, et comment les arbres et les buissons sont bien taillés. C’était dans une rue d’un petit village où nous avons dormi, qui s’appelle Mogi et qui n’est pas très loin de Nagasaki.

 

À l’intérieur des maisons, c’est encore plus beau. Il y a des tatamis de jonc tressé qui recouvrent tout le sol. C’est pas du tout comme les tatamis de judo, c’est plus fin et c’est plus joli. J’adorerais avoir ça dans ma chambre à la maison. Mais maman a dit qu’alors il faut nettoyer tous les jours, comme ils font ici, sinon il y aura des tonnes et des tonnes d’acariens !  🙁

(Les acariens sont des petites bêtes microscopiques qui sont partout sur notre corps et dans les lits, les tapis et les tatamis. Si vous voulez voir à quoi ça ressemble, cliquez ici. C’est vraiment dégoûtant et ça fait peur !)

 

C’est moi qui ai pris cette photo à Hagi. Normalement ils sont plus simples et tous de la même couleur, mais là c’était la résidence d’un homme très riche et très important pour le Japon qui s’appelait Kido Takayoshi.

 

La nuit pour dormir, on déplie des matelas par terre sur les tatamis et on dort dessus : ça se nomme des futons. On a chacun une grande couette et c’est très agréable. J’aime pas trop que tout le monde me voit en train de dormir, mais bon, si vous voulez voir comment est un futon, avec les tatamis et les grosses couettes, la Mam’ a mis une photo où on voit bien dans son article sur le tremblement de terre.

Le matin on replie les futons dans un placard avec des portes coulissantes, et comme il n’y a rien d’autre dans la pièce, elle est tout de suite rangée !

Enfin, souvent il y a quand même une petite table basse avec des tasses pour le thé, mais c’est tout, les gens ne laissent rien qui traîne.

J’adore aussi la vaisselle japonaise, c’est très simple et très beau. J’aimerais bien ramener des petits bols en terre, ou des coupelles en porcelaine, mais comme on n’a pas fini le voyage, on peut rien ramener.  🙁
(À part des baguettes bien sûr ! Il y a des baguettes magnifiques ici.)

 

Là c’est à Nagasaki, sur l’île artificielle de Dejima où les Européens étaient obligés de rester car ils n’avaient pas le droit d’aller dans la ville. Cette pièce montre une ancienne banque. On voit les tatamis par terre, et sur le bureau il y a un boulier japonais que les marchands utilisaient pour compter. Depuis que je l’ai vu, je rêve d’en avoir un comme ça, LE MÊME !

 

Une autre chose qui n’est pas du tout comme chez nous et que j’adore… les bains japonais ! Il n’y a pas une salle de bain pour chaque famille. Les gens vont se laver dans les onsen : ce sont des bains publics dans la ville où les hommes et les femmes vont séparément.

Dans chaque onsen, il y a un grand bain en pierres rempli d’eau super ultra méga brûlante. Et avant d’aller dans le bain (si on y arrive, moi je ne peux rentrer que les pieds !), on doit se laver car sinon c’est sale, surtout si on a beaucoup transpiré.

 

En vrai les onsen sont beaucoup plus jolis que ça, mais comme les gens sont tout nus on n’a pas le droit de prendre des photos, c’est normal ! On voit quand même les baquets bien rangés sur les petits tabourets, tout à droite de la photo.

 

Il y a plusieurs tuyaux de douche installés devant des petits tabourets, avec tout ce qu’il faut pour se laver : du gel douche, du shampooing et du conditioner. Il y a des baquets en bois pour se renverser l’eau dessus, et un grand miroir devant. Ce petit endroit avec les tabourets et les baquets, c’est ce que je préfère ! ♥♥♥

Souvent, comme je ne vais pas dans le bain parce qu’il est trop brûlant, à la place je me lave deux fois. Ça fait tellement du bien…

Je sais que ça gaspille de l’eau mais je ne le fais pas tout le temps. Et ça gaspille quand même moins que quand ils remplissent tout le bain d’eau bouillante jusqu’à ras bord !!!

 

Les garçons en yukata dans un onsen familial qu’on avait réservé juste pour nous. C’était dans un ryokan traditionnel mais plutôt luxe, dans une ville qui s’appelle Kurokawa onsen parce qu’il y a beaucoup de sources chaudes. C’est sur l’île de Kyushu.

 

Même dans les guesthouses où on va, il n’y a qu’une seule salle de bain pour tous les gens qui dorment ici. Enfin, DEUX grandes salles de bain : une pour les femmes et une pour les hommes.
Donc ça peut arriver qu’il y ait des gens de l’hôtel qui viennent se laver en même temps que nous. Au début ça me gênait mais maintenant ça va. Je me dis que c’est que des femmes et donc ça va. Mais pour quelqu’un de très pudique, je ne sais pas comment ils font. Peut-être qu’ils sont habitués depuis qu’ils sont tout petits parce que dans les onsen où j’étais avec maman, on a vu des petites filles qui marchaient à peine !

En tout cas, les gens sont très propres et ils se lavent beaucoup et longtemps. Après le bain, ils mettent un yukata : c’est comme un kimono mais plus léger, qu’on garde pour la maison.
Le Pap’ et la Mam’ m’en ont acheté un trop beau que j’ai trouvé à Tokyo. Je l’adore ! Je me sens calme quand je le mets.

 

Dans mon yukata à Karatsu (sur l’île de Kyushu).

 

En dernier, je ne sais pas si vous connaissez la cuisine japonaise, mais moi j’adore ! ♥

J’ai tout le temps aimé les sushis, depuis que je suis toute petite. Et aussi les ramen au porc grillé, les soba à l’huile de sésame toasté et plein d’autres trucs. Mais ça ne sert à rien que je vous en parle parce que maman va sûrement écrire un article dessus.

Si vous aimez manger japonais, vous pouvez comprendre que ça fait trop du bien après toute la nourriture asiatique qu’on a eue pendant des mois !

Surtout mon plat préféré, c’est la soupe miso bien chaude et si réconfortante. Et en dessert, les délicieux mochi à la crème (mais pas ceux au matcha, ni ceux qui sont fourrés à la pâte de haricots rouges et qui sont trop sucrés !).

 

Quand j’avais deux ans, la première fois que j’ai mangé des sushis. J’ai tout de suite aimé.

 

Voilà mes impressions du Japon…

Le premier jour où nous sommes arrivés à Tokyo, j’ai eu aussi une idée qui serait géniale pour la kermesse de l’école. Mais je ne peux pas vraiment en parler parce que je ne sais pas encore si ce sera possible… J’ai eu l’idée en voyant les omikuji.

Les omikuji sont des prédictions que l’on tire au hasard dans les sanctuaires shintoïstes et les temples bouddhistes au Japon.

Elles peuvent être bonnes ou mauvaises. Si elles prédisent du bonheur, on les garde, et si elles prédisent du malheur, on attache le petit papier à des barres en fer pour que le malheur n’arrive pas. Je vous en reparlerai peut-être ! 😉

 

Des collégiens ou des lycéens japonais qui lisent des omikuji, au sanctuaire bouddhiste Senso-ji à Tokyo. C’est là que j’ai eu mon idée le premier jour où nous sommes arrivés !

 

 

Et vous, est-ce que vous aimeriez aller au Japon ?
Aimez-vous la nourriture japonaise ?

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