Welcome to New Zealand !

Photo : Au deuxième jour sur la plage de Moeraki, tout près de laquelle nous avons fait pour la première fois du camping sauvage (Nouvelle-Zélande, décembre 2018).

 

Notre road-trip en campervan sur les deux îles néo-zélandaises.

ΞΞΞΞΞ

 

Après une nuit d’arrivée plutôt mouvementée, nous avons récupéré notre nouveau campervan néo-zélandais. Qui est, en fait, le même qu’en Australie en un peu plus confortable. Le lit du fond disons. Les coussins – j’ai pas dit oreillers – tombent moins pendant la nuit.

Et depuis une semaine, nous découvrons de nouveaux paysages.

 
Un air de déjà-vu…

En Australie, on traversait des forêts, des parcs nationaux, puis la savane, des plateaux limite désertiques, puis la mer, et re-des forêts touffues.

Ici, sur la route qui descend de Christchurch à Te Anau au sud de l’île du Sud, c’est quand même beaucoup : des collines. Jusqu’aux fjords du sud-ouest qu’on a découverts aujourd’hui. Peut-être j’écrirai un papier sur les fjords de Nouvelle-Zélande. Dans le genre de celui de la Great Ocean Road en Australie, avec peu de texte et surtout des photos. Parce que c’est ça qui est beau.

 

Des collines, des moutons, des vaches… bienvenue en Nouvelle-Zélande !

 

Mais avant d’arriver aux fjords qui sont, comment dire, waaouh, sinon la route c’est un peu comme alterner entre la Normandie et les Alpes, tu vois. D’ailleurs ça s’appelle les Alpes. Pour de vrai hein, je dis pas n’importe quoi. Néo-zélandaises certes, mais les Alpes quand même. Avec le mont Cook qui culmine à 3 754 mètres.

Et on ne te laisse pas la moindre chance d’oublier que tu es en terre d’élevage. Si c’est pas toi qui conduis, tu peux fermer les yeux une minute, quarante, soixante-dix même si tu veux, quand tu vas les rouvrir, tu seras toujours entouré(e) de moutons et de vaches. De moutons. Et de vaches. Ou de moutons sinon.

L’oreille du Grand Lièvre
Regarde papa, ils sont énormes les moutons ! On dirait des petites vaches pleines de laine ! Avec tous les bébés qu’ils ont déjà récoltés !

Ouais, les réflexions du Grand Lièvre sont parfois assez déconcertantes

De temps en temps on s’arrête au bord d’un pâturage. On s’approche doucement. Les moutons, craintifs, s’enfuient en courant, et les vaches, curieuses au contraire, accourent vers nous.

Parfois on fait plus que s’arrêter : on marche (on est des oufs).

On va faire une balade les babi.
(Chouch) Oh non ! Pas ENCORE une balade !
Mais si mais ça va être bien… Moi je suis sûre on va voir des animaux !
(ouais bah… comment vous essayez de motiver vos enfants vous ?)
Bah j’espère que les animaux c’est pas des moutons et des vaches parce que j’en ai marre moi des moutons et des vaches !
(C’était au matin du quatrième jour.)

 

On a eu de la chance ce quatrième jour parce que c’est carrément un lion de mer qu’on a vu sur la plage à Cannibal Bay ! Ma crédibilité de maman a été sauvée pour les 48 prochaines heures…

 

Et c’est ça le sentiment bizarre qu’on a depuis qu’on est arrivés en Nouvelle-Zélande. À la fois c’est comme à la maison : les paysages, le climat, les routes, la nourriture, les magasins. Mais en même temps, on sait qu’on est au bout du monde et on sent quelque chose de différent. De plus « propre ». Étrang(èr)ement propre même…

Par exemple, des champs quadrillés de bottes de foin recouvertes de tissu imperméable, en France aussi il y en a. Mais pas alignées comme ça à la règle, tous les 1,11 mètres. Bien rangées. Comme le double scotch de sécurité jaune et noir sur les barrières, bien collé, il n’est pas question qu’il s’effiloche. En bon psychopathe de l’ordre, le Marcass’ apprécie. Mais d’aucun(e)s trouvent que tout ça est quand même un peu rigide

 
… mais quand même l’inconnu !

Parce que voilà, la Nouvelle-Zélande c’est hyper propre et bien ordonné.

Le bord des routes est entretenu tous les jours. Même dans les montagnes, entre les glaciers, la route est encadrée par une petite bande de gazon bien tondue. La chaussée est parfaite évidemment. Couverte d’enrobé drainant, avec parfois encore une couche lissée par-dessus, on dirait du velours. Papa Écureuil a dit : « T’as envie de t’allonger dessus ». Et j’ai tout de suite pensé à la chouette.

Avant-hier, en partant d’Owaka, on a carrément vu des mecs qui balayent la route quoi !

Donc on fait hyper attention. Ne pas salir. Ne pas laisser un morceau d’ongle sale dans la nature (oui parce que le Grand Lièvre s’est arraché l’ongle d’un orteil). 400 $ sinon !
Ils rigolent pas avec la propreté ici. Avec un ongle d’orteil humain (sale en plus), ça se trouve tu peux contaminer des espèces endémiques qui vivent en milieu protégé ici depuis des milliers d’années. Je déconne pas. On n’arrête pas de lire partout : « Aidez-nous à préserver l’écosystème local ».

 

Des pancartes comme ça, il y en a pléthore. Zéro déchet. Vos déchets menacent notre biodiversité. Merci de déposer vos poubelles ailleurs de manière responsable. En gros.

 

En réalité, avec les autos des cops qui patrouillent partout, ça veut dire : jette ton trognon de pomme dans les fougères et t’es mort. Je le sais parce que, depuis qu’on est arrivés, on a fait quelques nuits en camping sauvage. Enfin sauvage, façon de parler. Y’a pas de bêtes sauvages ici et la nature est plutôt accueillante, on n’est pas au Sri. Ni en Australie.

Eh ben même le camping sauvage en Nouvelle-Zélande, c’est hyper propre. Tu trouves pas un mouchoir en papier dans les fourrés. Mais j’en reparlerai sûrement.

 

Petit soir à Paringa où on a fait du camping sauvage (Nouvelle-Zélande, décembre 2018).

 

Ce qu’il y a de plus sauvage dans ce pays, ce sont les forêts.

Il y a ces fougères complètement dingues qui sont l’emblème de la Nouvelle-Zélande – et dans lesquelles tu jettes encore moins ton trognon de pomme donc.
C’est une espèce de fougère arborescente endémique qui peut mesurer plus de dix mètres. En maori, les jeunes pousses sont appelées koru, et la plante elle-même ponga ou kaponga.

En anglais on dit silver fern, ce qui signifie « fougère d’argent », parce que la face intérieure des feuilles présente un aspect argenté.

J’ai appris que les Maoris l’utilisaient en forêt lors des nuits de pleine lune, en posant les feuilles à l’envers sur le sol pour retrouver leur chemin. Du coup j’ai essayé de mieux regarder mais j’arriver pas à voir ce truc « argenté », pour moi c’est juste une face « plus claire ».  🙁

 

Dans la forêt pour les Cathedral Caves. Les fougères fanées ne tombent pas : elles sèchent, brunissent et pendent, laissant les nouvelles feuilles s’élever vers la lumière.

 

Mais c’est quand même extraordinaire de voir ça. Surtout quand elles sont si grandes et si touffues, dans une végétation inconnue, qui ressemble à rien de ce qu’on a déjà vu.

Avant-hier, au milieu de nulle part sur la route entre Owaka et Bluff, on s’est arrêtés pour traverser une forêt entière de fougères argentées et de lianes, comme une forêt tropicale mais froide. On s’est enfoncés de plus en plus loin dans la forêt qui descendait et on a débouché sur la plage où se trouvent les Cathedral Caves, des grottes creusées par la mer qu’on ne peut atteindre qu’à marée basse.

 

Dans la forêt pour les Cathedral Caves. C’était comme irréel…

 

Et hier on a suivi le Big Totara Walk, un chemin à travers une forêt d’arbres millénaires : les totara trees. Là c’était même mystique. Ambiance Le Seigneur des anneaux, a dit papa Écureuil qui s’y connaît très très bien. Moi non, c’est pas mon monde, mais j’aime quand il me lit le soir dans le lit (mais pas lui parce que c’est le seul moment où je m’endors très vite et il en a marre de relire toujours les mêmes débuts de chapitres, il dit que je vais lui pourrir « son » livre).
Donc dans la forêt, il y a ces arbres immenses qui te mettent une claque parce qu’ils ont mille ans, et puis les lianes, les racines, la mousse sur les troncs humides.

Papa Écureuil a dit : « T’as l’impression d’être à la préhistoire, on dirait qu’un dinosaure va sortir d’un buisson ».

Il faut dire aussi, les buissons ici ils sont hauts.

 

Sur le Big Totara Walk. Au temps du jurassique en 2018…

 

On était complètement seuls dans la forêt, on n’a croisé personne. Alors on a déjeuné là, au milieu des arbres millénaires. (On a gardé nos déchets dans le cametouche, on n’est pas des attaqueurs de biodiversité. Sinon 400 $ dans ta face. Attention, NZ is watching you.).
Les garçons ont cherché des bâtons pour faire je sais pas quoi, des arcs, une cabane, un feu peut-être. La Petite Souris a aidé son papa à faire notre mini vaisselle de pique-nique, et je me suis assise toute seule dehors sur un bout de tronc couvert de mousse vierge de tout.

J’ai croqué un biscuit. Et je me suis sentie super décalée de manger un biscuit là.

Parce que tout était si pur et si vert, comme si rien jamais n’avait été touché par les hommes. C’était assez space comme expérience… Pourtant moi j’étais pas space, mon biscuit non plus, c’était un Malt biscuit de Value, que je soupçonne d’être la marque bien ouéj locale car les moins chers, les moins sucrés, sans empilage de couches crémeuses et d’écœurants glaçages. Natures.
Mounette dirait : « des biscuits pour chiens ». Mais je ne sais pas bien ce que.

 

En vrai ils sont pas aussi oranges que sur la photo. Pas aussi « paprika ». Ils sont beiges, neutres. Avec une mauvaise note pour la santé (Health Star Rating une seule étoile sur cinq). En même temps, quand je vois qu’une brique de lait de vache est notée cinq sur cinq, je m’interroge sur la nature des liens entre l’industrie laitière néo-zélandaise et les membres du comité qui attribue les étoiles…

 

Moi le goût des malt biscuits Value me rappelle celui des Brun : les seuls biscuits industriels sans produits laitiers que je trouvais en grande surface à l’époque où le p’tit Lu était allergique aux P’tits Lu justement. Et à toutes les vaches. Sur la route, quand je ne pouvais pas les faire moi-même. Ou quand il n’y avait pas de magasin bio. En vacances. J’aime bien les Brun.

Et j’ai aimé croquer mon malt biscuit là où j’étais exactement, dans la forêt des arbres millénaires. Même si c’était so strange.

 

*****

 

Et vous, comment imaginez-vous la Nouvelle-Zélande ?