Le choix de mai

 

Comme je vous l’annonçais dans mon premier article de l’année (relisez-le, j’ai tout donné pour celui-là ; mes prochains articles ne seront que succédanés à faible densité nutritionnelle !), je vous propose de célébrer les 3 ans d’existence de mon blog par un rappel des articles parus le même mois pour chaque année écoulée.

 

Quand je pense mai, je pense grands week-ends, fraises, rhubarbe, renouveau, légèreté.

Mais en ce moment y’a pas trop de renouveau, pas plus que de grands week-ends ou de légèreté. On dirait presque pas mai et ça, après un mois d’avril qui se termine sur le fil, c’est sans filet. J’ai décidé que j’ai bien besoin d’une large dose de rhum arrangé avec trois glaçons tous les soirs (ou presque). Et quand la journée a été dure, mets-moi triple dose s’te plaît.
Après tout, on est toujours confinés ; je crois que c’est Einstein qui disait qu’une même situation abordée de la même façon produit forcément les mêmes conséquences*. Et tu te souviens l’année dernière à la même période, le confinement avec enfants (2) : les dommages collatéraux ?
Ben voilà, CQFD.

 

* Pour les curieux (et les puristes), voici la citation exacte d’Albert Einstein que je vous invite à méditer dans vos relations avec vos enfants (et pas que) :

« La folie est de toujours se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent. »

Dans ta face.

 

Sauf que moi je peux pas faire exactement pareil sinon c’est comme je meurs un peu. La même soupe, le même dessert dans les mêmes assiettes, les mêmes vacances, le même jeu qui jour après jour se répètent.

Il me faut un challenge, quelque chose à créer qui ne soit pas qu’un souvenir d’hier déjà passé.

Quand j’ai vu arriver sur les étals les premières tiges de rhubarbe, deux idées se sont mises à clignoter :

1/. J’ai pensé à mon pote Arnaud (parce que c’est toujours ce qui se passe en premier avec la rhubarbe) ;

2/. J’ai pensé qu’avant de faire une tarte délicieusement crousti-fondante et acidulée, je ferais Mickaël ferait un rhum arrangé rhubarbe. Oui parce que c’est comme ça ici, préparer le rhum arrangé est une affaire de mec. Moi je le bois et quand c’est fini, je croque les fruits…  😉

Le problème du rhum arrangé, c’est qu’il faut attendre pour déguster. Au moins trois mois. Patienter. Or je fais que ça d’attendre. Attendre d’être déconfinée. Attendre que le couvre-feu soit levé. Attendre l’autorisation pour faire un pas. Attendre je sais même pas quoi. ATTENDRE.
J’en ai ma claque d’attendre.
Alors quand, mes tiges vertes et rouges toutes fraîches sous le bras, je tombe sur une recette de mojito à la rhubarbe, je bondis. Le voilà mon challenge ! Un mojito, c’est ça qu’il me faut ! Le mojito c’est tout de suite le réveil, c’est pas t’attends comme le Prince Philippe avec son bonnet rouge à la con que la Belle au Bois Dormant veuille bien sortir de son profond sommeil !

Je n’ai eu besoin de personne
Quand je me suis fait mon rhum

 

Mojito à la rhubarbe. Aussitôt lu aussitôt fait aussitôt bu.

 

Je vous le recommande. Je l’ai trouvé toute seule, il m’a offert tout ce que j’attendais, je crois que j’ai tout bu. Que j’ai tout bu. L’autosuffisance, c’est très satisfaisant. Moi je pratique peu mais je crois sur parole.

 

Venons-en maintenant à mon choix de mai. Ce sera une chanson. Une chanson qui dit le frémissement avant l’éclosion, comme ces très belles fleurs auxquelles on a cessé de croire et qui, un matin de mai, émergent presque effrontément de leur cocon d’hiver.

Un jour de printemps de l’année dernière, bien confiné et sous rhum arrangé, Mickaël m’a dit :

– Quand j’écoute une chanson de Jeanne Cherhal, ça me fait comme si c’est toi qui l’avais écrite.
– Quelle chanson ? j’ai demandé.
– Bah TOUTES ses chansons, n’importe laquelle. À chaque fois que j’en écoute une, je me dis que ça pourrait être toi qui l’as écrite, comme si c’était tes mots.

On me l’avait déjà dit une fois peu de temps avant lui. Mais j’avais pensé que c’est parce que j’étais l’argile et le feu mélangés. Seulement. Et puis une amie me l’a redit après, après Mickaël, et alors j’ai entendu que c’était vrai. Souvent il faut trois fois le même message pour croire, c’est ce que dit ma copine Adeline (le pitbull). Enfin elle dit pas tout à fait ça mais ce serait trop long à vous expliquer. Disons qu’à partir de trois fois le même signe sous des canaux différents, tu peux pas continuer à ignorer. Sinon c’est ton ange-gardien qui va péter le câble. Déjà que. Avant que t’en captes trois, il t’en a envoyé trois mille.
Le pauvre (newsletter 79 # 11 avril 2021).

 

 

Quand j’ai découvert la chanson « J’ai faim » par une nuit éblouie, d’abord quelque chose s’est ouvert. Ensuite j’ai écouté tout l’album « Histoire de J. », et il y a un truc qui a vrillé à l’intérieur de moi. « Histoire de J. », c’était l’histoire de ma (drôle de) vie. Chaque chanson de cet album, un morceau de ma vie. Sauf une, à l’époque, et puis maintenant si. L’histoire de ma vie. Si fort que je me disais que je ne me retrouverais plus jamais dans un album complet.

La vérité c’est que moi aussi, bien sûr, quand j’écoute Jeanne Cherhal j’ai l’impression d’entendre mes propres mots, les phrases qui se forment le long des longs couloirs dans ma tête qui ne sont que pour moi.

Et puis un soir d’automne, en concert, j’ai entendu une chanson que je ne connaissais pas qui est venue me chercher dans la pénombre de mon passé. Elle s’appelle Cinq ou six années, et c’est celle que je partage avec vous aujourd’hui dans mon choix de mai.
Elle vient de cet album, « Charade », qui m’avait échappé et dont je vous ai déjà parlé ici. Depuis je me suis bien rattrapée et je crois que je l’ai même plusse écouté que « Histoire de J. ». Il est aussi composé de morceaux de ma vie.

 

Piste audio : Jeanne Cherhal, Cinq ou six années, album « Charade », 2010.

 

Jeanne Cherhal, Cinq ou six années, album « Charade », 2010.

Le long des longs cheveux de dix-sept ans
Que je nouais de temps en temps
Glissaient parfois quelques mains nues
Que sont-elles devenues ?

Le long des longues nuits dans la pénombre
Je me disais ça y est, je sombre
Et j’attendais le petit jour
Qui revenait toujours

Cinq ou six années de presque rien
Âge imbécile, âge désespéré
Cinq ou six années, je me souviens
J’étais l’argile et le feu mélangés

Le long des longs couloirs de ce lycée
Où je m’ennuyais à crever
Je traçais des mots sur les murs
Sans qu’on me voie bien sûr

Le long des longues journées noires et blanches
Les deux mains cachées dans mes manches
J’aurais donné pour être ailleurs
Un morceau de mon cœur

Cinq ou six années de presque rien
Âge imbécile, âge désespéré
Cinq ou six années, je me souviens
J’étais l’argile et le feu mélangés

Le long des longs dimanches agonisants
Dieu je détestais le présent
Et me réfugiais dans ma tour
Où je mourais d’amour

Le long des longues lettres clandestines
Que j’écrivais en héroïne
J’imaginais en grand secret
Que pour moi on mourait

Cinq ou six années de presque rien
Âge imbécile, âge désespéré
Cinq ou six années, je me souviens
J’étais l’argile et le feu mélangés

Le long des longs cheveux de dix-sept ans
Que tu nouais de temps en temps
Glissaient parfois quelques mains nues
Que sont-elles devenues ?

Le long des longues nuits dans la pénombre
Je me disais ça y est, je sombre
Et j’attendais le petit jour
Qui revenait toujours

Cinq ou six années de presque rien
Âge imbécile, âge désespéré
Cinq ou six années, je me souviens
J’étais l’argile et le feu mélangés

Cinq ou six années de presque rien

∼∼∼∼∼

En mai 2018, c’était… la suite de nos vacances en famille à Majorque.

 

4 mai 2018 : Le mot c’est comme polenta mais c’est PAS de la polenta ! (article du Marcass’)

 

7 mai 2018 : De l’empathie

 

9 mai 2018 : Approximativement

 

11 mai 2018 : C’est pour qui le 4e œuf ?

 

18 mai 2018 : Pourquoi je déteste les cyclistes allemands… (article de Papa Écureuil)

 

25 mai 2018 : Mon premier foulard (article de la Petite Souris)

∼∼∼∼∼

En mai 2019, c’était… le Vietnam, puis le Japon.

 

1er mai : Bon 1er mai ! (article de Papa Écureuil)

 

3 mai : Dixième arrêt : Vietnam

 

5 mai : Xin tiao Vietnam ! (Bienvenue au Vietnam)

 

8 mai : Le Marcass’ a 6 ans !

 

10 mai : Tout ce que je sais (article de la Petite Souris)

 

12 mai : Chai pas quoi faire… (article du Marcass’)

 

14 mai : An o Vietnam (Manger au Vietnam)

 

16 mai : Phô et usage de phô (Manger dans la rue au Vietnam)

 

18 mai : Et si vous étiez gaucher ? (article du Grand Lièvre)

 

20 mai : Vietnam façon guide

 

22 mai : Persévère et lâche rien ! (Est-ce ainsi que les hommes vivent… au Vietnam)

 

24 mai : Tamb biette Vietnam ! (Au revoir Vietnam)

 

27 mai : Onzième arrêt : Japon

 

29 mai : La terre a tremblé sous mes pieds

 

31 mai : Un ravissement

∼∼∼∼∼

En mai 2020, c’était… le bout du bout du premier confinement.

 

4 mai 2020 : En confinement : c’est long

 

7 mai 2020 : Mon plaisir espagnol (article de la Petite Souris)

 

11 mai 2020 : En confinement : j’ai 7 ans ! (article du Marcass’)

 

15 mai 2020 : Dégage ton iench !

 

19 mai 2020 : Enivrez-vous

 

23 mai 2020 : Connasse

 

27 mai 2020 : Il y a un an… au Japon (partie 1)

 

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Et vous, que vous inspire mai ?

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