Photo : Au matin, vue sur le lac naturel Shikaribetsu depuis notre chambre d’hôtel de Shikaribetsu onsen, dit « l’hôtel en coin », où nous avons eu la chance d’être surclassé·es dans la suite d’angle – d’où le nom « hôtel en coin » (Hokkaido, Japon, 8 août 2024).
Ceci est un article sur les onsen… sans photo dans les onsen. Je le regrette, car c’est vraiment une des expériences les plus agréables et dépaysantes que vous puissiez vivre au Japon mais bon. On ne photographie pas les gens tout nu·es, de même qu’on ne coupe pas ses spaghettis ou qu’on ne met pas de fromage dans le gratin dauphinois. Voilà, c’est frustrant mais c’est comme ça.
À la place des photos interdites de onsen, je me casserai creuserai la tête tout au long de cet article pour vous proposer d’autres illustrations, possiblement des photos de toilettes japonaises. Bah ouais.
Mais d’abord, la bande-annonce du film Perfect Days, de Wim Wenders.
Car je ne peux pas ne pas vous parler de Perfect Days, qui donne à voir tout ce dont je vous parle ici. Ici sur ce blog, dès qu’il est question de Japon, pas seulement ici dans cet article : Tokyo, les rues, le calme et la propreté, le silence, la retenue et les vêtements des gens, et puis les bains publics, avec toujours à dispo savon et shampooing de bonne qualité, jamais de calcaire, les jets qui s’écoulent bien, avec une pression forte, et enfin les toilettes.
Bien sûr.
Puisque le film raconte l’histoire d’un employé des toilettes publiques de Tokyo.
Bande-annonce du film « Perfect Days », de Wim Wenders (2023).
Avec la musique de Lou Reed – évidemment. Oh it’s such a perfect day…
Avant d’aller plus loin, si vous ne les avez pas encore lus ou qu’ils remontent à trop loin dans votre mémoire, je vous invite à relire ces deux articles d’il y a six ans :
→ Dans les onsen (par le Marcass’, qui avait alors tout juste 6 ans)
→ Le mouille-fesses : les toilettes à la japonaise
Comme ça vous savez à partir de quoi je vais parler. Non mais c’est vrai, je ne peux pas passer mon temps à reprendre les bases en mode ceci est une serpillère dont la vocation est d’éponger l’eau qui inonde le sol après que tu as pris ta douche– je rappelle que j’ai trois ados à la maison.
Merci de m’épargner les redites. Qu’au moins ici, sur MON blog, enfin voyez.
Voyez ce film de Wim Wenders.
(Ah je l’ai déjà dit ? Je me répète ? Bah bien sûr, à force d’être obligée de me répéter pour celle et ceux qui n’écoutent rien, je finis par me répéter avec tout le monde, et après on dit que les vieilles radotent, mais faudrait voir À CAUSE DE QUI aussi !!! Ça m’énêêêêrve.)

Les bains publics
Dans Petits récits nippons : 3- L’hébergement au Japon, l’article précédent de ma série des petits récits nippons, je vous expliquais qu’il n’y a pas forcément de salle de bain privative (et parfois pas de toilettes non plus) dans les chambres d’hôtels ou de guesthouses.
On se lave dans les onsen, les bains publics japonais (et les toilettes sont dans le couloir).
Pour nous cinq, les onsen sont un de nos plus grands plaisirs au Japon.
On s’est baigné·es dans des onsen magnifiques. Notamment les « onsen des ours », comme disent les enfants, à Sounkyo onsen – la station thermale du Parc national de Daisetsuzan sur l’île de Hokkaido. En plusse des onsen intérieurs et du bain d’eau glacée (que j’adore et qu’on ne trouve que rarement au Japon), il y a des onsen extérieurs ouverts sur la forêt (où vivent les ours bruns). C’est magique.


Moins oniriques mais autant appréciés voire plusse par les enfants car moins flippants, il y a les onsen du ryokan traditionnel de Zao onsen, sur l’île de Honshu, dans lequel nous avons passé une nuit. Les garçons sont retournés aux onsen trois fois : le soir avant le dîner, le soir après le dîner, et encore un bain le matin après le petit-déj’ !
Quatre fois même, pour le Marcass’ qui n’a aucune difficulté à se lever le matin quand c’est pas pour aller à l’école pour quelque chose qu’il a lui-même décidé.*
Ce matin-là, il a donc supplié demandé à son papa de mettre le réveil pour qu’ils aient le temps d’aller prendre un bain juste tous les deux avant le petit-déj’.
* Marcel faisait déjà preuve de cette obstination qui rend fou de cette belle ténacité volontaire avant d’avoir six ans. On se souvient bien ici du cours de tai chi proposé dans la baie de Bai Tu Long au Vietnam à six heures du matin…
→ Relire l’article Tamb biette Vietnam !

Malgré notre enthousiasme aux onsen, j’ai recensé trois cas où l’expérience du onsen risque de se révéler : 1/ inconfortable, 2/ pénible, 3/ douloureuse.
Premier cas, si tu es une femme cis entre la puberté et la ménopause, tu peux ressentir une gêne à aller te baigner dans les onsen lorsque tu as tes règles – ce qui fut le cas, bien sûr, puisque nous partîmes un mois. Mais c’est la gêne d’une minute parce que, toute réflexion faite, comme l’a très simplement exprimé la Petite Souris (15 ans à ce moment du voyage) :
– En même temps, faut bien que j’me lave frérot !
Tout était dit et nous sommes parties avec notre yukata et notre serviette sous le bras. Car à l’hôtel de Kakunodate, dit « l’hôpital », il n’y a pas de douche (ni toilettes) dans la chambre. Après, t’es pas obligée de tremper dans les bains chauds si t’as tes règles (et pas de cup ou pas de tampon).
Mais tu vas quand même aux onsen pour te laver.

Deuxième cas où les onsen peuvent être difficiles pour toi, c’est si tu es pudique. Si t’as pas envie que les autres te voient tout·e nu·e. En non-mixité comme j’ai dit.
Néanmoins, ce que j’ai pu constater, c’est que la Petite Souris qui est très pudique à la maison s’est pourtant très vite habituée à la nudité dans les onsen. Car les autres ne sont pas là pour te regarder même si moi je regarde je m’inspire je nourris mes yeux et mon esprit, et surtout pas pour te juger. Les autres sont là comme toi pour se laver, prendre du temps pour eux·elles-mêmes et se relaxer. Donc respire et détends-toi !
Troisième cas qui va faire obstacle dans les onsen, c’est si vous êtes une personne transgenre.
Bon là c’est chaud. Pas à cause de vous, surtout pas, mais à cause de l’étroitesse des esprits. Je vous en parlais dans mon édit du 12 février 2025 à la fin de l’article :
→ Petits récits nippons : 1- La rue au Japon
Une fois que vous êtes entré·e dans les onsen, à propos de comment ça se passe à l’intérieur avec la bassine, le petit tabouret, la petite serviette et le protocole pour se laver avant et après les bains, je vous invite (encore) à relire l’article du Marcass’, qui avait 6 ans en 2019.
Marcel – qui aura demain le double de l’âge qu’il avait pendant notre voyage autour de l’Asie Pacifique – me raconte qu’il a vu pas mal de Japonais circoncis. Dans les onsen. Je suis intéressée par ses observations car je ne pensais pas que le Japon était un pays où on pratique la circoncision. Je n’en sais pas plusse malheureusement, et Mickaël et Lu ne peuvent pas corroborer parce qu’ils n’ont surtout pas regardé. Des fois que ça puisse « gêner ».
Bien sûr.

De mon côté féminin des bains, comme il y a cinq ans mais avec l’effet de surprise en moins, je remarque que les Japonaises ne s’épilent pas le maillot. Enfin le maillot, la chatte je veux dire, pour être claire – et arrêter d’être prude. Vu qu’un maillot n’a pas de poils, un maillot ne s’épile pas, c’est complètement débile de dire « s’épiler le maillot », non ?
Pour (enfin) comprendre pourquoi le mot « chatte » vous choque et pourquoi vous évitez à tout prix de le prononcer comme s’il était le summum du vulgaire alors que vous n’avez pas de limite à dire bite, offrez-vous Chattologie et relisez-en des extraits ici 😌
→ S’il n’en restait qu’un(e) # novembre 2022
Donc les Japonaises, comme Vénus, ne s’épilent pas la chatte – ou très peu. Ça fait que c’est… touffu. Ça attire l’œil comme buisson d’ébène parce que ce n’est pas ce qu’on a l’habitude de voir. En vérité, c’est ce qu’on ne voit jamais. Et contrairement à il y a cinq ans, car moi aussi j’ai changé en prenant des années, aujourd’hui je trouve ça beau. Politique, insoumis, et même, poétique.
Je trouve que le sexe des Japonaises est à l’image des forêts ici. Denses, mystérieuses.
→ Petits récits nippons : 5- Les forêts au Japon

Contre-indication 1 : No tattoo
Oui, l’entrée des onsen est interdite aux personnes tatouées. C’est pourri et on peut espérer que les mentalités évoluent mais pour l’instant c’est comme ça. Renseignez-vous, je pense qu’il existe des onsen qui font exception.
Contre-indication 2 : No jewel
Alors là vraiment, pensez à enlever vos bijoux avant d’entrer dans les onsen !!! Surtout si, comme moi qui vous parle, vous ne portez pas de bijoux autres que ceux qui ont fini par faire partie de vous. Donc vous n’avez pas le réflexe de celles et ceux qui retirent leurs bagues, bracelets, colliers et boucles d’oreille avant d’aller au lit, à la douche, à la piscine.
Vous. N’y. Pensez. Pas.
Les sources sulfuriques naturelles de Zao onsen sont parmi les plus acides de tout le pays, avec un pH proche de 1. Elles ont rongé mon bracelet en argent du Niger. True story. Mon bracelet que m’ont offert mes amies Fred et Marie pour mes 41 ans que je n’enlève jamais (JAMAIS).
Quand j’ai vu en me rhabillant après les onsen l’état dans lequel était mon bracelet, je vous jure que les effluves d’œuf pourri partout, c’était rien à côté de comment je me sentais.
Mon bracelet en argent du Niger c’est le plus beau bijou qui ait jamais été offert au monde. Je le rappelle constamment à mon mari qui fait que de le critiquer sous prétexte qu’il fait mal et qu’il serait « dangereux ». « Dangereux », mon bracelet ! Mon bracelet qui figure dans le TOP 10 des objets que j’aime le plusse dans ma vie !

La salle de bain dans les maisons au Japon
Avant de vous parler de la salle de bain chez les gens, un point sur les toilettes. Une sorte de : les toilettes à la japonaise, le retour ! Histoire de justifier la présence de photos de toilettes dans cet article consacré aux bains.
→ Si vous ne l’avez pas encore lu, commencez par Le mouille-fesses : les toilettes à la japonaise.
Dans la rue, il y a des toilettes partout. Je le redis parce que c’est une info capitale quand on voyage. Allez, encore une fois : au Japon, il y a des toilettes PROPRES ET GRATUITES partout. Dans la rue, dans les parcs, dans de petites maisons en bois très mignonnes, ou, au pire, dans n’importe quel konbini dans lequel vous entrez, même si vous n’achetez rien.
(Pssst ! Pas un mot sur les bistrots parisiens. Les toilettes verrouillées par digicode. Les toilettes DÉGUEU verrouillées par digicode.)


En quatre semaines de voyage cet été et cinq semaines il y a six ans, il ne m’est jamais arrivé d’entrer dans des toilettes sales ou sans papier hygiénique.
Jamais jamais. Pas une seule fois.
Ici le papier toilette est extrêmement fin, de sorte qu’il ne peut pas boucher les toilettes, mais il ne se troue pas entre tes doigts. Un nouvel exemple de réussite à la japonaise…
Et ça, ce papier toilette ultra fin, c’est partout ; ce n’est pas une question de gamme bon marché ou d’économies de bouts de papier. On trouve le même papier toilette dans les guesthouses que sur les aires d’autoroute, les fast-food (hello Lucky Pierrot !), les studios qu’on loue pour deux nuits ou dans le ryokan qui coûte une blinde.



Bien. Voyons les salles de bain des gens à présent.
Dans les studios qu’on loue justement, les appartements, les maisons, les toilettes ne sont jamais dans la salle de bain. This is cannot happen.
Autre caractéristique des salles de bain : dans tous les appartements au Japon, même exigus, même ceux qui ont une toute petite surface de salle de bain, il y a toujours une douche ET une baignoire. L’une ne va pas sans l’autre – comme le bidet en Italie si tu veux. Même dans les minuscules T1 à Rome, il y a toujours un bidet.
Bon bah au Japon, les toilettes sont toujours à l’extérieur de la salle de bain, et à l’intérieur de la salle de bain il y a toujours une douche + une baignoire + un miroir DANS la douche. Sur le mur face auquel tu te laves. Donc tu te vois toujours tout·e nu·e. Peut-être pour s’assurer de bien frotter les endroits difficiles d’accès – comme le mec de Perfect Days qui nettoie les toilettes publiques avec un miroir de poche pour vérifier les angles morts. Le souci du détail nippon.

Moi j’ai pas l’habitude de me voir toute nue parce que je n’ai pas de miroir en pied chez moi. Ça fait que je ne vois jamais mon corps entier, même habillé. Sauf chez ma cops Marlou parce qu’elle a un miroir magique.
Au Japon, la douche se prend assis·e sur un petit tabouret direct au sol, sans s’embarrasser de bac de douche à nettoyer. C’est très agréable.
Et la baignoire est carrée et profonde. Efficace.
Tout, mais tout, est tellement simple et fonctionnel. Fiable. Reposant.

Réponse à la devinette
Et alors, cette tablette au sol qui s’ouvre et se rabat contre le mur dans les toilettes du 7-Eleven, c’est quoi à votre avis ?
Changing platform. Un support sur lequel tu peux monter si tu as besoin de te changer (pour enfiler un jean à la place de ta robe moulante à paillettes en rentrant de soirée par exemple) sans avoir à poser le bout de tes chaussettes sur le sol des toilettes. C’est pas ouf d’être si bien pensé ?
Si, c’est ouf.
*****
Précédemment
Petits récits nippons : 3- L’hébergement au Japon
À suivre
Petits récits nippons : 5- Les forêts au Japon
Est-ce que ce que je raconte vous donne envie d’aller aux onsen japonais ?
Pourquoi ? Pourquoi pas ?