Photo : Vivienne Westwood, London 2017.
Depuis le printemps dernier, je travaille avec une amie photo-thérapeute et, dans le cadre des portraits qui accompagnent ma série mensuelle de Paye ta question, je m’étais dit que lorsque nous en arriverions au stade du portrait thérapeutique, je le publierai ici. Et au début du mois, nous y sommes (enfin) arrivées. Mais j’ai finalement choisi de ne pas le publier aujourd’hui.
Pourtant, jusqu’à encore ce week-end, je me disais que ce serait parfait d’avoir un vrai portrait, réalisé par une vraie photographe, pour clore une année de Paye ta question.
Me serais-je, comme qui dirait, dégonflée ?
Mmmh… chais pas.
Il se trouve plutôt que je suis tombée sur ce portrait de Vivienne Westwood dimanche dernier, 10 décembre 2023, dans un couloir du métro parisien à Bastille ou Hôtel-de-Ville, je ne sais plus. C’est mon mari qui l’a vu en premier, il a dit :
– Elle te fait pas penser à quelqu’un… disons dans une trentaine d’années ?…
J’ai bien compris sa perfide allusion. C’est la sœur jumelle de celle qui pointait Brigitte Fontaine il y a bientôt trois ans (newsletter 76 # 28 février 2021).
Bon.
J’ai pris la photo comme un hommage vibrant à mon côté punk. À ma sauvagerie. À ma liberté. Et accessoirement à Vivienne Westwood qui est morte en décembre de l’année dernière à l’âge de 81 ans.
Je rappelle le principe de l’exercice de Paye ta question : chaque mois je partage avec vous une question que vous emportez ensuite pour y réfléchir seul·e ou dans les soirées où vous noyez votre ennui dans un verre en vous demandant ce que vous foutez là au lieu d’être chez vous à boire (ou pas) le même verre en lisant le dernier numéro de La Déferlante.
Bref, en cette période de fin d’année souvent associée aux abus alimentaires, il me semble intéressant de penser aussi notre rapport à l’alcool. Pourquoi on boit, pourquoi on boit pas.
Votre question du mois est donc :
Est-ce que l’alcool nous aide à vivre ?
Est-ce qu’un verre (ou deux) de vin le soir nous permet de mettre à distance les choses qui n’ont au fond pas d’importance, par exemple quand l’enfant a ENCORE laissé ses mouchoirs en papier dégueu dans les poches de son jogging, lui-même entortillé avec le slip et une jambe retournée dans le panier de linge sale, ou bien le fait que les enfants ne sont JAMAIS couchés avant 21h30 chez toi (au plus tôt hein, la vérité tourne plutôt autour de 22h) et comment font les autres ?
Est-ce qu’un verre (ou deux) de rhum nous permet d’un seul coup d’en avoir plus rien à battre de rien si ton mari, en préparant le risotto, a oublié d’utiliser le bouillon de champignons maison que tu avais pourtant pris la peine de sortir exprès du congèl* ?
Ou bien est-ce que ce même verre (ou deux) de vin, ce même verre (ou deux) de rhum, embrument ton esprit, te coupent de tes ressources d’énergie et t’égarent une fois de plus dans tes propres ornières, genre le pire de toi-même ?
Est-ce que là encore tout est question de mesure, et que faire si on n’a pas la bonne – de mesure ? Ce qui est juste pour vous, qui me dit que c’est juste pour moi ?
J’ai lu quelque part que le deuxième verre est celui qui guérit.
Alors pourquoi peut-on entendre dire de quelqu’un qui ne boit pas, ah c’est bien, tu as raison, alors que jamais – jamais – on entendra dire cette phrase de quelqu’un qui ne mange pas ?
* Mon mari n’a PAS oublié le bouillon de champignons maison pour le risotto. T’es malade ou quoi ? Me faire ça l’hiver en période de pré-Noël où j’ai déjà du mal à garder le moral comme vous savez (Tu fais quoi toi, quand t’es triste ?), ce serait dramatique. Une façon de me tendre la hache de guerre et le crayon rouge. Et après on dira que je ressemble à Vivienne Westwood ! 😵
Lui, mon mari qui assure le risotto mais lance de perfides allusions, a deux avis bien tranchés sur la question (la question du mois). Le premier (le premier avis, tu suis un peu ?), c’est :
« On ne boit jamais trop de champagne. »
Le second, c’est :
« On ne boit pas assez de champagne. »
Voilà c’est clair. Pourtant c’est un homme qu’on dit « mesuré ». Comme quoi la mesure (Vivienne et moi on l’emmerde).
Je dédie cette chanson que j’adore à mon ami Frantz à qui je pense beaucoup ces derniers temps. À qui je pense TOUJOURS quand j’écoute Higelin.
Je la dédie à mon amie Marie à qui je pense aussi quand il s’agit d’Higelin – et de poésie.
Et puis à ma copine Adeline, l’amie qui soigne et guérit.
Je la dédie enfin à tous et toutes les démesuré·es de la vie.
Je suis la folie qui vous accompagne et jamais ne vous a trahi·es… Champagne !
Jacques Higelin, Champagne, Live au Bataclan 2007.
Si vous avez manqué les questions précédentes :
Paye ta question #1
Paye ta question #2
Paye ta question #3
Paye ta question #4
Paye ta question #5
Paye ta question #6
Paye ta question #7
Paye ta question #8
Paye ta question #9
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Et vous avec l’alcool, c’est comment ?
Avez-vous vu le film « Drunk », de Thomas Vinterberg, sorti en 2020 avec cet acteur génial qu’est Mads Mikkelsen ?