Makan di Jawa

Photo : Marchande de fruits et légumes au marché Pasar Beringharjo de Yogyakarta (sur l’île de Java). Photo d’Odyssée Tamata. 

Manger à Java et en Indonésie

 

En bahasa indonesia, manger se dit « makan ».

La cuisine javanaise est très proche de la cuisine balinaise. Il y a une sorte de socle commun à la cuisine de toutes les îles indonésiennes où le riz est toujours l’aliment de base, et le nasi goreng le plat national : du riz frit avec des œufs et des petits morceaux de viande et de légumes.
De même que les kaki lima dans les rues, les principaux condiments (piment cacahuète, lait de coco…) se retrouvent dans toutes les îles d’Indonésie.

Kaki lima signifie « cinq jambes » en bahasa indonesia. C’est le nom donné aux carrioles de street food indonésiennes qui ont deux pieds, deux roues et un support (donc « cinq jambes »), et vendent des plats simples et bon marché.

Cependant, la cuisine balinaise présente des particularités, notamment toutes les recettes à base de porc que l’on ne retrouve pas ailleurs en Indonésie… et pour cause ! À l’inverse, certaines spécialités indonésiennes sont peu répandues sur Bali, et c’est de celles-ci que je vais parler ici.

Pour un panorama plus complet de la cuisine indonésienne, lire :
Makan di Bali
Les fruits à Bali
→ Ou encore Boulettes et brochettes à l’aveuglette sur la street food en Indonésie.

 

Kaki lima, ou carrioles de street food indonésiennes, dans une rue de Yogyakarta.
 
Les spécialités indonésiennes (hors Bali)

Si vous êtes déjà allé(e) à Amsterdam – et si non, qu’attendez-vous ?? – vous connaissez sans doute le rijsttafel que l’on trouve dans tous les restaurants indonésiens de la capitale et qui est en fait une invention néerlandaise. Rijsttafel, littéralement « table de riz », est le nom donné à une sorte de grand plateau qui réunit différentes préparations indonésiennes à base de légumes, de viande, de poisson, ou d’œuf, autour d’une montagne de riz, krupuk (chips de crevettes), piments, cacahuètes, et concombre mariné.

Le rijsttafel permet de goûter à des saveurs variées mais je trouve que les plats n’ont pas grand-chose à voir avec la cuisine en Indonésie.

Ici, le riz est parfois servi en lontong : du riz cuit à la vapeur et aggloméré, enveloppé serré en forme de cylindre dans une feuille de bananier, puis coupé en rondelles ou en cubes.

 

Poulet épicé pimenté sur du riz blanc. Pour changer du riz frit. Mais avec le drôle de sentiment que ça change pas vraiment…

 

Soto

Le soto est une soupe traditionnelle indonésienne à base de bouillon, de viande et de légumes. Il se décline en soto sapi (bœuf), soto ayam (poulet), soto telur (œuf), soto végétarien…
Le bouillon est épicé mais pas pimenté. Il contient des petits morceaux d’œuf dur ou/et de pommes de terre, des feuilles de céleri et des échalotes. Le curcuma lui donne une jolie couleur jaune et la citronnelle une merveilleuse odeur.

Le soto peut accompagner n’importe quel repas de la journée. À Yogyakarta, nous en mangeons au petit-déjeuner. Il est servi est avec des tranches de citron vert, du riz et des vermicelles de riz. Et du piment pour doser comme on veut. Moi j’en ai mis trop, papa Écureuil a dit : « C’est comme tout, tu sais pas doser UN PEU ».

 

Soto ayam du petit-déjeuner. Le café ne va pas très bien avec. Il faut le boire avant, laisser passer un peu de temps, et après seulement c’est bon pour le soto…

 

Curry

Il me semble qu’on trouve plus de curries dans les îles musulmanes que sur Bali. À Gili Air, à Lombok, à Java… Du curry de poulet ou de bœuf, mais aussi, très facilement du curry végétarien. Le tofu est souvent spongieux et pas terrible, mais les tranches de tempeh sont finement grillées et bien meilleures que chez nous (où déjà, si tu en trouves, c’est que t’as volontairement choisi un resto exprès pour ça).

Les légumes du curry végé sont variés : pommes de terre, carottes, tomates, champignons, mais on peut aussi choisir un curry aubergines, fruit du jacquier, potiron…

 

J’ai dit qu’il y avait moins de curries à Bali qu’ailleurs en Indonésie mais ici c’est à Bali, à Ubud précisément. Un des meilleurs curries végétariens que j’ai mangés en Indonésie, dans un chouette petit warung au milieu des rizières dont j’ai déjà parlé plein de fois dans mes articles sur Bali. Sur la photo, le tempeh est coupé en gros cubes, et le curry est servi avec du riz complet.

 

Martabak

Le martabak est une sorte de chausson fourré et frit très populaire en Indonésie, en particulier à Java. La plupart des martabaks sont au poulet (martabak ayam) ou à l’œuf (martabak telur), auxquels s’ajoutent des légumes (oignons ou poireaux), de l’ail et du curry. La farce est entourée de deux couches de pâte très fine type pâte filo, et le chausson est rapidement frit jusqu’à ce que la pâte devienne croustillante.

C’est super bon. J’en ai mangé des délicieux à Gili Air et j’avoue que je suis un peu déçue de ne pas en voir à Yogyakarta alors qu’il paraît que c’est si populaire sur Java. J’espère que j’en trouverai en voyageant un peu plus à l’est de l’île…

À noter que le martabak existe aussi en version sucrée : on dit dans ce cas martabak manis, ou, plus fréquemment, terang bulan. Il est habituellement confectionné le soir dans les stands de rue, sur le même principe que les roti au Laos. Très sucré, au chocolat, à la banane, le tout arrosé de lait concentré sucré. Il n’est pas rare ici d’associer chocolat fondu et fromage râpé…

 

Martabak à l’œuf hyper bon à Gili Air. On voit aussi la Bintang de Papa Écureuil, et cela m’amène à dire qu’on trouvait beaucoup plus facilement de la bière à Bali et à Gili qu’ici à Java…

 

Je termine par une spécialité de Yogyakarta, que j’ai cherchée tout le temps que nous avons passé dans cette ville mais que je n’ai pas trouvée, c’est le gudeg : du fruit du jacquier cuit dans du lait de coco.

 
Et (ne pas) boire !

À Bali, on trouve facilement de la bière et autres alcools dans les supermarchés et les restaurants.
À Java – et, je suppose, dans toutes les autres îles musulmanes – c’est plus compliqué…
Nous avons tous les soirs envie, Édith et moi, de mojito servi en pichet ou de n’importe quoi d’autre avec de l’alcool dedans. (Vis ma vie avec six enfants dans une maison avec une seule pièce commune TRÈS bruyante, ouverte sur une rue TRÈS passante, avec une sorte de soupirail en haut de la porte qui ne ferme pas…)

L’alcool atténue le bruit, non ? Aide à mieux supporter au moins ?

Dans un coin à part du grand supermarché du centre-ville de Yogyakarta, situé dans un mall, on a trouvé un pack de six canettes de Bintang pour Édith, Gabriel et Mickaël. Mais rien d’autre que de la bière. Et trois à quatre fois plus chère qu’un soda parce que, à Java, la bière et toutes les boissons alcoolisées sont fortement taxées.

 

Petit resto de rue en sortant du Borobudur à Java. Pas d’alcool. De l’eau, le jus d’une noix de coco fraîche… ou rien du tout !

 

*****

 

Et vous, connaissez-vous la cuisine indonésienne en général, et javanaise en particulier ?