Photo : Un cube de jelly, qui est censé être une gourmandise pour les enfants mais que nos babi ne mangent pas. Ils le regardent avec un œil circonspect, ils le flairent du bout des narines, éventuellement ils le touchent, mais y’a pas moyen qu’ils le goûtent ! En même temps, comment leur en vouloir ?? Je veux dire, à part si, bébé, on t’en a liquéfié dans ton biberon en te berçant sur « twinkle twinkle little star »… sinon qui peut aimer ce truc ?!
À la base, cet article était une partie du billet Kande a Sri Lanka qui devenait interminable et que j’ai donc préféré couper, en partie aussi pour épargner mes lecteurs qui ne sont pas des parents (il y en a) et qui se fichent totalement de ce que mangent – ou pas – les enfants.
Néanmoins, si on trouve dans votre auto des miettes de galettes de riz qui aident à patienter, dans votre sac des pom’potes pour prendre le goûter au parc, et, depuis que l’automne a commencé, des marrons ou/et des glands dans le tambour de votre machine à laver, pas de doute : vous êtes une maman ou vous êtes un papa.
Et je vous recommande de lire d’abord l’article Kande a Sri Lanka pour mieux comprendre de quoi ça va s’agir ici. 😉
Le matin
Le matin, nos babi se gavent de pastèque, qu’ils complètent avec plusieurs coconut rotis (nature), ou des petits pancakes (nature aussi) – quand il y en a, ils disent que c’est un bon hôtel 😉 – ou, quand vraiment c’est la misère et qu’il n’y a plus de pastèque, un toast de pain de mie (nature encore) ultra grillé. Parce que c’est comme ça qu’ils le servent ici. Déjà grillé et complètement refroidi. Méga sec donc.
Les garçons trempent leurs toasts secs nature dans l’espèce de café au lait que je leur prépare, avec café instantané, sucre et lait en poudre. La Petite Souris croque les siens comme ça, sans beurre, sans rien. Elle trouve que le beurre a un mauvais goût ici…
Quand c’est possible, la Petite Souris et le Grand Lièvre commandent aussi une omelette ou des œufs au plat. Les omelettes sont ultra fines et les œufs au plat sont cuits sur les deux faces. Ouais, c’est un peu chelou. Ça fait que tu ne vois pas le jaune de l’œuf qui brille et te donne envie de piquer dedans… D’ailleurs, le jaune, il coule pas. Il est sec. Comme le thon ici, comme le poulet ici, comme le toast de pain de mie. Comme Lulu aussi.
Un peu plus tard dans le voyage, avec la pratique, on a compris qu’on pouvait demander « on one side ». Si tu veux voir un peu de jaune briller et couler…
Les œufs sont étonnamment pâles ici, du coup les omelettes aussi. La couleur est proche des omelettes aux blancs d’œufs que je fais je demande à papa Écureuil de faire quand j’ai accumulé trop de blancs d’œufs dans mon congél.
Les autres repas
La Petite Souris et le Marcass’ mangent du riz blanc, et que du riz blanc.
Nature. Avec rien. Avec leur main (droite).
Voilà pourquoi j’insiste tant pour qu’ils prennent des fruits dès qu’ils le peuvent. Et boivent boivent boivent. De l’eau, même du robinet (mais papa Écureuil a dit non), du café au lait, du lassi à la mangue. Je veille à leur transit…
Mais la vérité vraie, après trois semaines, c’est qu’ils n’en peuvent plus du riz. Et tous les accompagnements qui vont avec le riz sont trop relevés pour eux. Ça les brûle.
Alors je crois qu’on a tenté pour les babi tous les trucs qu’on a vus dans la rue ou sur des menus dont le nom semblait assez familier pour porter l’espoir que ce ne soit pas épicé. Genre chicken salad, fish nuggets, egg sandwiches. Mais si c’est pas pimenté, c’est super poivré et ça les pique à mort (fish nuggets).
Et si c’est ni pimenté, ni poivré alors c’est sucré (chicken salad, fish nuggets, egg sandwiches).
Les sauces des plats salés qui sont censés ressembler à chez nous sont toujours sucrées. Dans les crudités, les salades composées, et même, donc, dans les sandwiches. Et c’est vraiment, vraiment pas bon.
Bien sûr on trouve aussi des pâtes. Mais là pareil, les pâtes européennes à la bolognaise ou à la napolitaine baignent dans une sauce sucrée pas bonne (peut-être à base de ketchup ?), et les fried noodles d’ici sont très grasses, trop cuites et pas bonnes non plus.
Toutefois, reconnaissons à ces fried noodles un côté régressif façon « bouillie de nouilles » qui peut apaiser des enfants récalcitrants. Ou des enfants qui ont mangé trop de riz (et de polenta) quand ils étaient tout petits parce qu’ils étaient allergiques au gluten, et qui, depuis, ont comme qui dirait un souci avec le riz. Un Grand Lièvre par exemple.
Le Grand Lièvre ne mange pas de riz blanc. Éventuellement, quand même, s’il y a beaucoup de poulet dedans, du riz frit au poulet. Mais plutôt des fried noodles au poulet. Ou des frites avec un quart de poulet. N’importe quoi avec du poulet.
Mais le poulet n’est pas comme à la maison. Et tous les jours le Grand Lièvre vagit : « Oh mon poulet rôti français… comme je voudrais te dévorer ! »
Hormis le poulet rôti qu’il aime d’amour aussi, le Marcass’ est, lui, parti en live sur les oreilles de cochon que mounette lui a préparées un jour. Apparemment, maintenant, les oreilles de cochon, c’est ce qu’il préfère dans la vie. Même si le cochon est un cousin du sanglier, quand même il aime trop ça, et il peut jamais en manger à la maison c’est pas juste (mais c’est sûr que c’est pas moi qui vais cuisiner ça !!!).
De son côté, la Petite Souris n’en finit plus de se remémorer les exquises côtes d’agneau de Danielle… Je ne connais même pas Danielle ! Je crois que c’est une dame qui les a accueillis sur le chemin des vacances avec mounette. Je crois.
Bref, ce que je retiens de tout ça, c’est que ma cuisine ne leur manque pas…
Ils font tous les trois une grosse fixette sur la viande alors que je n’en cuisine quasiment jamais. À part du poulet rôti, oui – c’est facile à préparer quand je vais courir tard le dimanche matin, et puis il faut bien de la protéine aux muscles d’un petit lapin pour devenir un Grand Lièvre…
Mais comme ils ne sont pas près de remanger le poulet-frites de mounette dont ils rêvent tous les trois toute la nuit, tout le jour, en attendant, dès qu’on approche des côtes sri lankaises, on commande un gros poisson grillé, et là c’est trop la fête pour eux !
Au fil du voyage aussi, on a osé demander des trucs simples qui ne sont pas sur les cartes de menus, comme une grande assiette de légumes vapeur.
Ces derniers jours, à la question « qu’est-ce que vous aimeriez manger ? », la réponse des babi était midi et soir la même, claire, limpide : des pommes de terre, des carottes et des haricots verts. Sans poivre surtout !
Peut-être que ce n’est pas une question de viande, ou de ne pas aimer ma cuisine finalement. Peut-être que les enfants sont juste intuitivement plus à l’écoute de leur corps que nous et que ce qu’ils réclament à manger, c’est exactement ce dont leur corps a besoin ici et maintenant : des vitamines et de la protéine.
Le rythme
Les horaires de nos repas ici (quand on n’en saute pas !), c’est à peu près 8h-8h30, puis 13h30 (mais parfois 14h30, voire, selon où on se trouve, 15h30, c’est arrivé plusieurs fois) et enfin 20h.
Pas d’entrée, pas de dessert, et surtout, pas de goûter. Pas la peine de réclamer.
C’est pas forcément évident avec les enfants.
Quelqu’un m’a demandé : mais comment tu fais pour éviter émeutes et pleurs ?
En vérité je n’ai aucun conseil à donner parce que je suis juste dure. Dure sur les questions de nourriture.
Papa Écureuil m’a dit plusieurs fois : « T’es tough avec les babi. Ils sont encore petits… »
C’est vrai. C’est vrai qu’ils sont encore petits et c’est vrai que je suis tough.
Je ne supporte pas qu’ils se plaignent qu’ils ont faim alors qu’ils n’ont pas fini leur riz deux heures avant.
Je leur rétorque que s’ils ont faim, ils mangeront mieux au repas à venir. Et que la prochaine fois, ils termineront leur riz au repas précédent parce qu’ils se souviendront, d’expérience et non parce que je les aurais prévenus, qu’en voyage on ne sait jamais ni quand ni où on pourra manger.
Je les avais pourtant bien briefés avant de partir. Longtemps avant, un an au moins, on en a beaucoup parlé. Ils le savaient. En voyage, encore plus qu’à la maison, il faut être endurant. Et courageux.
Le courage, c’est très important pour moi.
Et puis je suis dure aussi parce que je ne les laisse pas me dire qu’ils ont faim quand ils refusent de manger ce qu’ils ont dans leur assiette parce qu’ils n’aiment pas. Je ne les force jamais à manger, ni à finir leur assiette. JAMAIS.
Mais je ne peux pas entendre après qu’ils ont « faim ». Ça me met hors de moi, et alors il y a des mots très durs qui sortent de ma bouche.
On peut ne pas aimer mais on ne dit pas qu’on a faim quand on sait même pas ce que c’est la faim.
Mais je suis leur maman, ils me connaissent mieux que tout, ils savent que je suis dure. Mais pas que dure non plus. Pas pour tout. Enfin.
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Voilà pour nous ! Maintenant si vos enfants kiffent le riz, le piment et les bananes, vous devriez vous en sortir…