Le temps retrouvé

Photo : À Montréal (Québec, juillet 2007)

 

Depuis mon dernier article, ce titre, « le temps retrouvé », me reste dans la tête comme une promesse à moi-même.
Un jour je lirai Proust (car non, pas encore, jamais).

Je m’étais dit que je le ferai pendant ma troisième grossesse, de la même façon que j’avais choisi Harry Potter en V.O. pour la première, et Dostoïevski pour la seconde. Les deux sous haute influence de Papa Écureuil, qui est beau et terriblement intelligent. Qui aime le quidditch (et les Gribitch), les Frères Karamazov, et les Beatles (et Eels). Et moi.

Hum, dans ce délire post-lovestoryesque, j’avais cru qu’il me resterait du temps et de l’énergie vitale pour lire Proust en démarrant une nouvelle grossesse avec déjà deux enfants de un et trois ans.
Hahaha. La gueubla. C’est fou comme je peux être naïve parfois.

Ça me rappelle un dessin de Lise Desportes, du blog Lili aime le nougat, dont je vous ai déjà parlé ici, et qui m’avait bien fait glousser moi aussi.

 

© Lise Desportes // blog.liliaimelenougat.fr //

 

Enfin Proust c’est dommage, quand même, rapport au prénom qu’on a finalement choisi pour le Marcass’.
Salut, j’m’appelle Marcel, j’ai grandi neuf mois in utero à la recherche du temps perdu. Ça aurait été un peu la classe quoi. Mais non.

 
Utopia cinéma…

Quand on se retrouve tous les deux, Mickaël et moi, au moins une fois par mois, on se fait un ciné. Parfois un resto. Mais pas tant que ça non plus parce que bon, chez nous on mange super bien quand même. Et au resto, on est souvent déçus. C’est un peu le problème, quand tu cuisines.
Sauf en bas de chez nous, c’est bon et généreux, et les gens sont sympas.

Pendant ces (mini) vacances, il y a eu en plus, truc de fou chez nous, quelques pizzas à emporter, pour des soirées entre amis qui se sont improvisées puis prolongées. Et en dehors des matchs de foot pendant lesquels on est plutôt allés au ciné.
Par exemple, le soir de la demi-finale France-Belgique, on est allés voir Tully (à la séance de 18h30, donc on a pu voir la deuxième partie du match sur Internet en cuisinant 🙂 ).

J’ai beaucoup aimé Tully. Et Papa Écureuil aussi, c’est pas que un film de maman. Ni même un film de parents. Après tout, le burn-out ça touche tout le monde, non ?

Charlize Theron est étonnante. Et je suis admirative du courage qu’elle a eu de prendre tous ces kilos et de ramer à contre-courant. Je sais qu’on cite toujours Robert de Niro pour sa transformation physique dans Raging Bull, mais quand même. La question du poids, on ne peut pas dire que c’est la même histoire pour les hommes et les femmes. Surtout quand tu es actrice. Américaine. Ancienne mannequin. Bref.

Bon, là, Papa Écureuil est derrière moi à brailler ouais enfin ça va pour elle, elle a un coach sportif qui va la driver. Ok. Peut-être. Sûrement que ce sera plus facile pour elle que pour vous et moi de perdre les kilos qu’elle a pris pour le film. N’empêche. Quand tu es l’égérie de Dior et que tu représentes un certain sex symbol, je trouve que c’est super couillu d’oser exposer, pas seulement son ventre mou, mais aussi ses seins qui s’affaissent, ses bras flasques et sa vieille tête fatiguée.

 

C’est la photo présentée dans le magazine des cinémas Utopia. Pas l’affiche du film que je trouve toute moche et mal choisie, genre si je l’avais vue avant, je ne serais même pas allée voir le film !

 

Et au-delà de Charlize Theron, vraiment, le film tape juste. Mais avec de l’espoir, pas comme Les Noces rebelles (dans le genre sordide. Renoncement. Va chercher une corde et un tabouret.)

 

À Utopia, on a vu aussi À genoux les gars !  Hum… comment dire ? Ça fait longtemps que je n’avais pas vu un film aussi… euh… déroutant ? Au point de me demander pendant tout le premier quart d’heure si j’allais me lever et quitter la salle, et ensuite, pendant les soixante-quinze minutes suivantes, si, quand même, je n’aurais pas mieux fait de partir…
… MAIS ç’aurait été dommage car j’ai pris un fou rire peu de temps avant la fin du film. Le genre de fou rire que j’avais au collège, au risque de me faire sortir par le prof de SVT (Monsieur Viard, c’est arrivé), parce que j’en ai les yeux qui pleurent et que je ne peux plus m’arrêter. Merci à la b… de Samir jusqu’en février pour ça.

Avant-hier soir, on est allés voir The Guilty. Un premier film danois hallucinant dont l’action se déroule exclusivement dans un centre d’appel d’urgence du 112. Enfin, il se passe d’autres choses, mais c’est hors champ – ce qui est extrêmement rusé quand on a peu de moyens !

Nous tout ce qu’on voit, c’est le huis clos avec le visage de l’acteur principal en plein écran. Pendant une heure et demie. Et c’est vraiment haletant (c’est pas le film où tu tapes un fou rire).

Ce soir, on va voir Come as you are. Ou peut-être Fleuve Noir. C’est à la même heure et ça se termine en -ar comme mon mythique prof de SVT du collège, alors on ne sait pas encore. Moi je penche pour le Nirvana style parce que j’ai une tendresse particulière pour les films qui traitent de ce passage étriqué de l’enfance à l’adolescence. C’est depuis L’Effrontée, ça m’est resté.
Charlotte Castan. Tu trouves pas que la vie, elle est brusque ?
Et Bernadette Lafont, parfaite.  Eh ben voilà, t’as gagné l’cocotier ! 

 

 

Et puis en plus ça me met un coup, j’avoue, de voir comment Romain Duris et Vincent Cassel ont vieilli. Pas mal spécialement, mais comme j’ai encore La Haine (1995) et Le Péril jeune (1994) bien en tête, ben forcément ça pique un peu…

 
… et podcasts libérateurs

Une de mes grandes découvertes des deux dernières années, ce sont les podcasts. Parce que c’est un truc que je peux faire en même temps que je nettoie les toilettes ou que j’étends une lessive. (Je sais, je vous fais rêver avec ma vie palpitante. Ne me remerciez pas.)

Voire même, si je n’ai pas de babi autour de moi et que je n’ai pas à être trop concentrée sur ma recette, je peux écouter un podcast quand je cuisine.

Je sais que mon engouement pour le podcast de Clotilde, Change ma vie, a déjà entraîné nombre d’entre vous. C’est tous les jeudis et je ne rate pas un épisode. Souvent même, j’écoute deux fois. Et certains épisodes plus encore…

Mais il y a d’autres podcasts que j’aime et sur lesquels j’avais « pris du retard » parce qu’ils sont plus longs – ou moins immédiatement indispensables à mon évolution intérieure…
Ainsi, pendant ces vacances, j’ai rattrapé les épisodes de La Poudre que je n’avais pas encore pris le temps d’écouter.

La Poudre, c’est un podcast féministe que j’adore et que j’ai découvert grâce à Clotilde justement.

D’habitude, je suis obligée de couper les épisodes en tranches de quinze minutes max, mais là, non. C’est le luxe.
Une heure entière d’écoute sans être interrompue par t’avais dit que tu ferais une partie de qui est mon clown avec moi, je trouve plus mon livre de la bibliothèque de l’école, en plus la maîtresse a dit qu’on doit le rapporter demain, et on va manger quoi ? c’est des brocolis ?  Ça sent pas bon dans le four…

Rhâââ ! Revenons plutôt à La Poudre.

Ce sont des entretiens (d’à peu près une heure donc) menés par Lauren Bastide avec des femmes de tous milieux (politique, artistique, sportif, culturel, médiatique, littéraire, associatif…) qui parlent, avec une grande liberté, de leur parcours et de leur engagement féministe, mais pas que, comment elles ont grandi, de quelle façon elles se sont éveillées à elles-mêmes – et au monde.

 

© Amanda Niday, La Belle au Bois Dormant. Pas de lien avec La Poudre, mais ça pourrait ! J’adore les détournements des princesses Disney, réalisés par Amanda Niday pour la Journée internationale des Droits des Femmes en mars 2017.

 

C’est dans La Poudre que j’ai entendu pour la première fois Camille Emmanuelle (Sexpowerment ++, Sang Tabou).

Ce jour-là, j’ai été tellement emportée par ce qu’elle disait que j’ai arrêté tout ce que j’étais en train de faire – notamment éplucher des pommes de terre et émincer des poireaux pour la soupe de mounette, c’était l’hiver, il faisait froid – pour juste m’asseoir et écouter.

Et c’est quand même chouette de se laisser surprendre par des personnes qui ont des choses à dire et dont, parfois, on n’a même jamais entendu parler jusque là (en tout cas moi).

Pour vous donner une idée de la diversité des parcours et de la richesse des entretiens, je vous livre quelques noms de femmes qui sont passées dans La Poudre et que j’ai écoutées avec avidité : Inna Modja, Leïla Slimani, Pénélope Bagieu, Juliette Armanet, Ovidie, Léonora Miano (j’avais déjà lu Contours du jour qui vient, mais je n’avais jamais entendu sa voix, un timbre totalement envoûtant !), Latifa Ibn Ziaten, Aurélie Saada, Aïssa Maïga, Daria Marx…

La plupart du temps, je trouve que ce podcast est enthousiasmant et inspirant.

Enthousiasmant parce qu’il me donne envie de découvrir plein de trucs, du groupe Brigitte à la (bonne) littérature érotique, en passant par la série télé 10% ou les différents engagements féministes. À commencer par arrêter de voir les féministes comme des frustrées du cul, hargneuses et anti-hommes. Je sais, c’est vraiment un cliché grossier et je n’en suis pas fière, mais c’est l’image que le mot « féministe » évoquait chez moi il y a encore quelques années.

Et inspirant parce que ce podcast m’ouvre de nouvelles pistes de réflexion, sur ce que c’est que d’être une femme évidemment, sur les rapports hommes-femmes bien sûr, mais aussi, et surtout finalement, sur ce que je transmets aux babi, fille comme garçons.

Car Lauren Bastide commence toujours ses entretiens par des questions rituelles sur l’enfance, la famille, la façon dont les femmes qu’elle reçoit ont été élevées et par qui. Comment on leur parlait quand elles étaient petites, quel genre de femme était leur mère, etc.

Et c’est, je ne trouve pas d’autre mot, inspirant.  🙂
Vous me direz si vous écoutez ?

 

*****

 

Et vous, Proust, ça vous émeut ?
Je me souviens d’une copine de mon D.É.S.S. qui était super fan.

Et à part Proust, des lectures exaltantes à recommander pour cet été ?
Ou des podcasts passionnants à écouter ?
Quel est le dernier film que vous êtes allé.e voir et qui vous a captivé.e ?

 

N.B. Attention, on est déjà le 20 juillet ! Il ne vous reste plus qu’une dizaine de jours pour participer au Défi #1 : Forbans : c’est ici !
Allez quoi !