Alors non, en vrai je n’aime pas tout le monde, et particulièrement pas la boulangère ! (Illustration de Bee)
Je suis debout, les amis ! Bon, j’ai pas non plus enfilé le justaucorps de Madonna dans le clip de Hung up et tapé la choré devant le miroir, mais je te fais déjà l’échauffement. Je suis retournée courir dans le jaune brillant des feuilles mortes et sous la pluie. Qui n’est rien par rapport au froid et à la bouillasse du trail qui m’attend dans dix jours. Don’t be afraid. Donne-moi encore un peu de temps, tu verras si je ne libère pas ma pleine puissance !
Depuis que je suis guérie, je n’ai pas tout à fait récupéré l’odorat mais j’ai retrouvé mon sens de l’humour et rien que ça, ça vaut son pesant de pomélos parce que moi sans humour je ne suis plus tout à fait moi, je me délite dans les griffes de la nuit comme Freddy…
Et puis il s’est passé des jolies choses.
J’ai :
-
- été honnête et courageuse et réparé des liens ;
- retrouvé le café clandé qui ensoleille ma vie ;
- réconforté des personnes de ma présence ;
- posé des actes difficiles mais alignés dans mon cœur qui m’ont rendue fière ;
- appris qui est Claudette Colvin (merci à toi, Jean) ;
- réussi à m’occuper du travail à distance du Marcass’ sans le pulvériser (après une première semaine de homeschooling où il m’a démesurément énervée) ;
- ri de bon cœur à une nouvelle blague du Grand Lièvre* ;
- goûté une gelée de coings délicieuse que quelqu’un a confectionnée pour moi avec beaucoup d’amour à partir de coings qui m’ont été donnés par quelqu’un d’autre avec autant d’amour (#JaiTropDeChance) ;
- préparé un gâteau que la Petite Souris a aimé (c’est rare) ;
- partagé avant-hier un moment de grande complicité dont je suis interdite de parler ;
- perdu 3 kg (mais naaaan ! ça va j’déconne, c’est la vraie vie ici, on n’est pas sur Insta !) ;
- et puis finalement, sur tout le reste, jeté l’éponge (newsletter 89 # 14 novembre 2021).
* Je vous replace la blague dans le contexte. Quand le Marcass’ (8 ans) te harcèle nuit et jour pour que tu fasses un jeu avec eux, EN MILLEFA, vu que vous êtes tous confinés. Mais nuit et jour tu te défiles. T’es déjà malade, y’a pas moyen que tu te tapes la double peine.
– Je peux pas jouer au Catan, Marce. J’ai le covid.
Le Grand Lièvre (10 ans) s’esclaffe. Il se tient les côtes tellement il rit.
– Attends maman, j’ai une blague pour toi ! Monsieur et Madame Cuzbidon ont un fils. Comment s’appelle-t-il ?
– Je sais pas Lulu…
– Tu veux que je te dise ?
– Ben ouais…
– Alex !!!
Une barre de rire. Et finalement ça a marché parce que j’ai joué au Catan avec eux. EN MILLEFA.
Quand on était malades Mickaël et moi, on rêvait de tour du monde et de repartir. Ailleurs, loin. Inventer une nouvelle forme de voyage peut-être. Mais partir.
Mettre les voiles.
Le soir on retraversait les océans devant la série documentaire « James May, our man in Japan »**, qui démarre à Hokkaido, la seule grande île où nous ne sommes pas allés pendant notre voyage au Japon.
Depuis deux ans, Hokkaido est notre projet pour l’été prochain, notre lanterne rouge dans la nuit, et il se trouve aujourd’hui méchamment compromis à cause du covid et de la fermeture des frontières. Mais je sais qu’on y arrivera plus tard, autrement. J’ai tellement envie de repartir, je pense tellement à repartir…
Je rêve toujours d’me tirer, d’me barrer,
D’me tailler, de foutre le camp
Moi qui aimerais tant m’arrêter d’cavaler
Prendre le temps
(Jeanne Moreau, La vie de cocagne)
Cette nouvelle série avec James May m’a rappelé un vieil épisode de « Midnight Diner : Tokyo Stories »** qui m’avait frappée par ce proverbe japonais :
Tomber sept fois, se relever huit. N’abandonne jamais.
Ce proverbe a fait écho et rebondi contre toutes les parois de mon corps. J’ai ainsi découvert, tel Monsieur Jourdain la prose, que j’abritais en moi depuis toutes ces années une part japonaise et que je l’ignorais. Car jeter l’éponge moisie n’est pas abandonner ce qui mérite peine et efforts. Il faut une certaine sagesse pour faire la différence entre les deux mais, depuis que j’ai entendu que le chemin de l’excès mène au palais de la sagesse (citation du peintre et poète William Blake), j’ai bon espoir de devenir sage ! 😉
** Le point sur les deux séries dont je vous parle
James May, our man in Japan est une série documentaire en six épisodes qui suit les pérégrinations du journaliste britannique James May du nord au sud des quatre îles principales du Japon. L’accent british est très présent, l’humour anglais (et le style) aussi. Je pense que c’est facilement accessible à tous.
Midnight Diner : Tokyo Stories est une série de fiction japonaise souvent mélancolique, tranquillement douce-amère, qui se déroule à Tokyo dans un izakaya ouvert de minuit à 7h du matin. Un izakaya est une sorte de petit bar-restaurant indiqué par une lanterne rouge où les Japonais(es) viennent entre amis, en couple ou seul(e)s pour s’asseoir serrés les uns contre les autres autour d’une table où ils mangent, boivent, fument et discutent dans une ambiance chaleureuse. En gros.
Chaque épisode raconte une nouvelle histoire autour d’un plat particulier qui lui donne son titre. Alors évidemment c’est moins accessible à tous… Pour aimer cette série, d’abord il faut aimer la cuisine. Le Japon. Avoir envie de découvrir l’art de vivre à la japonaise.
Quand t’as été salement malade ou que t’as eu un accident et que tu te relèves de là où t’étais rendu(e), tu deviens extra lucide je trouve. Tu vois mieux le temps connu que tu perds, le temps inconnu qu’il te reste pour essayer de vivre ce que tu aimerais vivre, et tout ça fait que t’as moins de filtres. Bon moi de base j’en ai déjà pas beaucoup, c’est vrai, mais là encore moins !
Tu t’autorises à dire et à faire parce que tu sais que. Tu reviendras pas jouer en deuxième semaine. Ton temps pour créer les jolies choses que tu souhaites est limité. Alors au pire quoi ?
La Terre va pas s’arrêter de tourner parce que t’as dit un mot de travers (qui possiblement était juste) ou fait un pas de côté (parce que tout droit t’as déjà essayé, ça marche pas).
À propos de cette absence de filtres, je partage avec vous une planche de bande dessinée que Mickaël m’a envoyée quand il est retourné travailler parce qu’elle l’a fait rire et qu’il savait que j’apprécierais moi aussi. En attendant mon article sur le féminisme…
Note perso
Zoomer sur l’illustration en tête d’article. L’élément important est en gris. All I want for Christmas is Khal Drogo. Ne pas oublier. THIS IS A PERSONAL MESSAGE.
Tu peux être Wonder Woman et très bien vivre tes contradictions.
Parfaitement.
Harmonieusement.
En bottes de cuir, minishort moulant et bustier ultra sexy.
Fluide, la meuf.
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Et vous, tombé(e) combien, relevé(e) combien ?
