Tinggal Jawa !

Photo : Sur la caldeira du volcan Bromo, dans les vents de sable et de poussière (Java, juillet 2019).

Au revoir Java !

 

Depuis Lombok, Papa Écureuil avait envie de découvrir d’autres îles d’Indonésie : Java, mais aussi Bornéo, Komodo, Sulawesi et tant d’autres (plus de 18 000 îles en Indonésie, je vous rappelle !).

Nous avons choisi Java en accord avec nos amis québécois tourdumondistes en famille que nous avons rencontrés sur le Mékong au Laos, retrouvés à Chiang Mai en Thaïlande, et avec qui nous souhaitions faire encore un bout de chemin. Pour échanger, partager, apprendre.

Contrairement à tous les autres pays de notre voyage, notre retour en Indonésie était donc davantage placé sous le signe de la découverte les uns des autres et du plaisir d’être ensemble que de l’exploration de l’île en elle-même.

Nous avons fait des trucs à Java, hein. Mais je crois que pour chacun de nous, l’essentiel était bien dans la construction de liens d’amitié que j’espère suffisamment solides pour résister à la distance qui nous re-séparera demain. Vraiment demain. Demain matin nous prendrons le même vol pour Kuala, puis nos amis quitteront l’Asie pour Istanbul, et nous resterons un peu en Malaisie où s’achèvera notre tour du monde Asie-Pacifique.

Pour suivre l’Odyssée Tamata d’Édith et Gabriel et leurs trois enfants, c’est ici :
https://www.facebook.com/Odyss%C3%A9e-Tamata-713241802409564/

 

L’Odyssée Tamata au complet devant le Bromo au lever du soleil.
 
Notes pour trop tard from Java

Note n°1

En voyage, les babi ont appris qu’il y a dans le monde d’autres langues, d’autres valeurs et d’autres façons de vivre que la nôtre.

À Java, ils ont appris qu’il existe d’autres français que le français de France. Qu’il n’est pas plus juste d’appeler un pouêt-pouêt, un « pouêt-pouêt » que : un « coin-coin ». Ni mieux de préférer slip à bobettes* et inversement. Que le vocabulaire et les expressions d’une même langue diffèrent selon les endroits du monde où elle est pratiquée, et que c’est une richesse.

En tout cas moi, j’étais à la fête. Du matin tout égriché* au souper* après l’épicerie*, en passant par tous les moments tannants* où on a chicané* les enfants parce qu’ils se grafignaient* ou qu’ils avaient perdu leur toutou*.
Il y a des soirs où j’aurais bien viré une brosse*…  😉

Au passage, les babi ont retenu que short et tee-shirt sont des mots anglais alors que culottes courtes* et chandail* sont français. Même s’ils ne sont pas (plus ?) de français de France.

 

Avec les enfants dans la cour du Palais du Sultan à Yogyakarta. Je n’ai aucun souvenir de ce que j’étais en train de leur dire, ni eux non plus d’ailleurs, mais on dirait que j’étais en train de les chicaner*…

 

Note n°2

On trouvera le pont rendu à la rivière.

C’est Gabriel qui a dit ça. Le proverbe québécois exact est : on traversera la rivière rendu au pont. Mais je préfère : on trouvera le pont rendu à la rivière.
La confiance en la vie qu’il sous-entend. Un pas après l’autre, et demain on verra bien.

 

C’est Gabriel. Regarde bien ces yeux. Ils ont vu des trucs que tu verras sûrement jamais, des orignaux dans la forêt, des ours dans le jardin de sa maison, et même une meute de loup affamés dans les rues de son quartier…

 

Note n°3

La réponse, tu l’as déjà en toi.

Ce n’est pas vraiment ma note pour trop tard à moi, c’est une phrase que j’ai dite à Édith à une heure avancée de la nuit, et elle me dit ce matin que c’est la leçon qu’elle retient. Alors je développe un peu.

Ce qu’il me semble, c’est que quand on se pose des questions, à savoir ce qu’on devrait faire, ou au contraire ne pas faire, quel chemin on devrait suivre, ce dont on a vraiment envie, je pense qu’au fond de soi on le sait. C’est juste brouillé, emmêlé, enterré parfois dans un coffre, sous notre morale, nos bonnes manières, le manque de confiance en nous et la pression que l’on se met à être parfait(e). Ne surtout pas se tromper, faire « le mauvais choix ».

Mais le trésor est déjà là. Au fond de soi, on a la réponse. Il faut nettoyer, dégager la broussaille pour lui faire de la place. Et puis attendre en confiance que les ombres se dissipent et qu’un nouveau jour se lève.

 

De l’autre côté du Bromo, au lever du soleil.
 
Nos meilleurs moments à Java

La Petite Souris

 

1/. Quand maman m’a fait un long câlin dans mon lit, le soir où j’étais très fatiguée à Yogyakarta, et le matin encore un long câlin dans son lit.
J’ai beaucoup aimé aussi les trois fois où on a pris le cyclo-pousse que toutes les deux maman et moi, et parler avec elle pendant qu’on roule.

 

Là c’est les garçons dans le cyclo-pousse à Yogyakarta. Donc ça montre que maman et moi étions bien ensemble dans un autre cyclo-pousse !   🙂

 

2/. Faire la cuisine avec Édith.
J’aime bien faire la cuisine. Au début je me sens stressée parce que j’ai peur de faire une bêtise ou que personne n’aime ce que j’ai préparé, mais en même temps je me sens joyeuse.
La vaisselle aussi, j’aime bien.

 

3/. Dans notre grande maison à Malang, quand nous jouions tous les six (les enfants) à cache-cache, chat glacé, chat couleur, et à la chasse au trésor. J’étais contente de jouer avec d’autres enfants parce que sinon on n’est toujours que tous les trois, Lulu, Marcel et moi, et des fois on en a marre.

 

4/. Jouer à faire des statues et d’autres jeux sur le volcan qui s’appelle le Bromo. On a ramassé de la pierre volcanique et elle se cassait très facilement, il fallait juste une petite secousse de la main ! Le sable gris aussi, c’est de la cendre de volcan, c’est tout fin et c’est méga méga doux.

 

Sur le Bromo. Ce que j’ai dans la main, c’est pas une pierre volcanique, c’est de la terre en bloc qui se casse très très facilement.

 

5/. Quand j’ai acheté mon sac rond tressé au marché Pasar Beringharjo à Yogyakarta.
J’avais tellement envie de ce sac depuis le Vietnam ! La première fois que j’en ai vu au marché, c’était à Hoi An et j’ai tout de suite aimé. Mais au Vietnam c’était trop cher et la vendeuse ne voulait pas me baisser le prix alors je ne l’ai pas acheté. Après, comme au Japon je n’en trouvais plus, je regrettais de ne pas l’avoir acheté finalement, et quand j’ai revu des sacs ronds en osier comme ça à Singapour et en Malaisie, c’était jamais exactement les mêmes.
C’est pour ça que j’étais vraiment contente de retrouver celui que je voulais ici, et moins cher qu’au Vietnam !

 

J’ai acheté exactement le sac que je tiens dans la main sur la photo. Je l’avais déjà choisi au Vietnam, puis, quand je l’ai revu à Singapour et en Malaisie. Depuis le Vietnam, c’est celui-là que je voulais, et pas un autre !

 

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Le Grand Lièvre

 

1/. Aller dans le méga cratère du Bromo et des autres volcans endormis.
Papa a dit que la caldeira autour des volcans fait plus que 10 km de diamètre, ça veut dire plus que 10 000 mètres ! On a joué dedans, tous les enfants, on était tout seuls dans le cratère et on avait tout l’espace pour nous, c’était super !
On a couru partout et j’ai trouvé de la lave fossilisée. Il y a eu une éruption du Bromo juste quand on est arrivés à Java : heureusement qu’on n’est pas allés tout de suite à Malang ! La lave du volcan a laissé des traces comme une croûte sur le sable et quand on prend un morceau dans la main, ça s’écrase en miettes.

 

Ça c’est de la lave fossilisée du Bromo dans le cratère de l’énorme volcan (pas le cratère du Bromo bien sûr, sinon on serait brûlés !).

 

2/. Jouer au 36 avec Gabriel et tous les enfants. C’est un jeu de dés comme le yams, c’est trop bien !

 

3/. Jouer dans la grande maison à Malang avec tous les enfants. On a joué à cache-cache et à chat (en québécois ils disent pas « à chat », ils disent « à la tag »). Après on a fait plein de chasses au trésor avec des cartes mais il y en a une qu’on a perdue…

 

Ça c’est avec les Soucy dans le jardin de la très grande maison qu’on a louée ensemble à Malang.

 

4/. Manger la frittata de patatas qu’Édith avait préparée dans la première maison [la guesthouse à Yogyakarta]. C’était super bon, et au moins c’était pas encore du riz !

 

5/. Jouer avec Victor avec les lettres en mousse dans le warung où on allait tout le temps le midi à Yogyakarta. Par exemple, je lançais le « O » comme une étoile de ninja ou un shuriken, et je me battais avec Victor qui avait la lettre « S ». C’était mieux que les autres restos de rue parce qu’il y avait des jeux alors on s’est pas ennuyés quand on attend les plats.

 

C’est au Palais du Sultan à Yogyakarta. Je me suis endormi quand on attendait les danses, c’était trop long, et quand il y a eu les danses, c’était encore pire !

 

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   Le Marcass’

 

1/. Quand la Mam’ m’a donné la pierre volcanique sur le Bromo.
J’ai bien aimé jouer sur le volcan, quand on cherchait dans la terre. À la surface, quand on prend un bloc de terre et qu’on serre dans la main, ça se casse tout de suite et c’est très léger.
Quand on creuse beaucoup, la terre est froide sur le volcan.

 

Là j’étais en train de taper le sol du volcan.

 

2/. Jouer à cache-cache, chat glacé, et la chasse au trésor dans la grande maison à Malang.

 

3/. Jouer aux Lego le matin quand on se réveille.

 

Là c’est dans la première maison à Yogyakarta, mais c’était pas le matin quand on jouait aux Lego, c’était le soir. Je dessinais toutou* vache avec Léo.

 

4/. Faire les labyrinthes dans le temple de Borobudur, là où il y avait les escaliers, et me cacher derrière les cloches.

 

5/. Courir à Prambanan, Éloi, Victor, Lulu et moi, et rentrer dans les temples pour voir ce qu’il y a dedans. Par exemple une vache en statue, mais je sais plus son nom, qui avait qu’une corne. Il y avait aussi des personnes en pierre, et des temples où il y avait rien du tout.
Ce que j’ai bien aimé, c’est qu’on pouvait monter dans les temples tout seuls, Éloi, Victor, Lulu et moi. Mais pas Léo parce que les marches sont très hautes, donc il devait donner la main à son papa.

 

Là on était Éloi, Lulu, Victor et moi en train de visiter les temples de Prambanan.

 

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Maman Ourse

 

1/. Retrouver Édith, Gabriel, Éloi, Victor et Léo, et passer toutes nos journées et nos soirées ensemble pendant deux semaines.
Écouter avec une grande curiosité les récits de chasse à l’orignal de Gab et la vie d’Édith dans l’Arctique pendant ses recherches sur l’eider à duvet.
Observer Léo, l’écouter raconter ses rêves, et me rappeler à quel point les histoires d’un enfant de trois ans semblent dictées sous acide (surtout celles de Léo).

 

Léo dans notre warung du midi avec les livres et les jeux, à Yogyakarta.

 

2/. Prendre des cyclo-pousse seule avec la Petite Souris dans les rues de Yogyakarta et écouter attentivement tout ce qu’elle a besoin de me confier. Ses craintes, ses envies, ses doutes.
Aimer ce moment. Éprouver de la gratitude de le vivre.

 

3/. Acheter des fruits et des légumes au marché Pasar Beringharjo à Yogyakarta.
Le sourire des gens, leur bienveillance envers nous, et leur générosité aussi : le moment où une marchande a offert une tomate au Marcass’, puis à chacun des six enfants de notre groupe.

 

Au marché Pasar Beringharjo à Yogyakarta. Photo d’Odyssée Tamata.

 

4/. À Prambanan (prends une banane), le moment au coucher du soleil où on s’est tous assis sur les pierres face aux temples, avec cette brise fraîche qui nous arrivait dans le dos. On parlait de choses et d’autres, rien d’important et pourtant si. Puis Édith a dit :
– Je voudrais boire quelque chose avec de l’alcool dedans.

Moi aussi, exactement. J’ai pensé alors que le moment serait vraiment parfait. Mais il était déjà parfait.

 

Mon moment parfait sur le site hindou de Prambanan. Éloi, Gabriel, Garance et moi (dans le désordre 😉 ).

 

5/. Quand Gabriel a trouvé pourquoi, depuis le début du voyage, toutes mes photos se chargeaient de l’appareil sur l’ordi en UNADJUSTED_THUMB dans une qualité médiocre et dans un ordre aléatoire et incompréhensible, rendant le tri très long et fastidieux.
Au bout de dix mois de galères de photos et à deux semaines du retour, Gabriel a résolu mon problème. Merci Gab !  🙂

 

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 Papa Écureuil

 

1/. Le Bromo. Le plus beau paysage que j’ai vu de tout notre voyage (à égalité avec les fjords de Nouvelle-Zélande quand même).
Être abasourdi par le gigantisme du paysage, cette impression de fin des temps.

 

2/. Quand Garance a dit, au lever du soleil sur le Bromo : « On a quand même de la chance d’être là ». Alors que je sais qu’elle en a assez du voyage et que ce dont elle a envie maintenant, c’est de rentrer. Et en plus elle avait froid.

 

C’est exactement ici, au point de vue le plus haut sur le Bromo, que Garance a prononcé ces mots.

 

3/. Profiter de Java sans souci avec plein de Soucy. Passer un super séjour tous ensemble. Écouter Léo raconter ses histoires ponctuées de « ouééaais » de sa grosse voix grave et cassée.

 

4/. Découvrir le Borobudur et imaginer que ce temple construit en l’an 800 a été abandonné 300 ans plus tard pour n’être redécouvert qu’au XIXe siècle.

 

Le Borobudur. Il y avait un peu de monde mais tout à coup, plus personne, alors vite une photo !

 

5/. La musique traditionnelle indonésienne entendue de-ci de-là durant notre semaine à Yogyakarta. Elle m’a projetée 25 ans en arrière quand je jouais à mes RPG (jeux vidéo d’aventure) sur Super Nintendo. Je ne savais pas que les compositeurs qui ont travaillé sur ce type de jeux vidéo à l’époque s’en étaient inspirés. Une révélation !

 

Au Palais du Sultan à Yogyakarta. En train d’apprécier la musique live… (Photo d’Odyssée Tamata.)

 

 

Terima kasih Java.

Merci pour l’œil du coq de Léo, le bonnet de Gabriel, les toilettes « dégueulasses » (il faut impérativement prononcer à la québécoise sinon c’est trop vulgaire), les névroses de nos vies d’avant qui ont alimenté tant de nos conversations, et le reste…

 

* Quelques mots de québécois parmi des milliers d’autres que je voudrais retenir

bobettes : sous-vêtements. À noter que bobettes est toujours au pluriel.
égriché : les cheveux en bataille (« j’suis tout égriché »). Attention c’est du patois gaspésien ; en québécois de la ville, on dit : couetté (« j’suis tout couetté »).
souper : dîner. Le petit-déjeuner québécois est le déjeuner parce que c’est le moment où on dé-jeûne après la nuit (breakfast). C’est bien logique, non ? Et leur déjeuner s’appelle le dîner.
l’épicerie ou faire l’épicerie : faire les courses (pour manger).
tannant : fatigant, saoulant.
chicaner : gronder.
grafigner : griffer au sang.
toutou : doudou au sens de peluche. Le mot « doudou » désigne au Québec une petite couverture de bébé qu’on frotte sous son nez. Moi je dis aussi doudou dans ce cas.
virer une brosse : boire de l’alcool beaucoup. Prendre une cuite, on dirait chez nous.
culottes courtes : short.
chandail : tee-shirt.

 

Nous tous sur la grande caldeira, devant le Bromo.

 

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Et vous, êtes-vous déjà allé(e) à Java ?
Quels sont vos meilleurs souvenirs ?