Photo : La Scène Barbès, en attendant Merwane Benlazar (Paris, 12 novembre 2025).
Novembre, il faut le faire passer avec des sorties si vous voulez mon avis. Le cinéma c’est bien mais ce n’est pas suffisant. Pour novembre, il faut du spectacle vivant : du théâtre, des concerts, des ateliers d’écriture dans des librairies-cafés full de monde même quand il fait zéro degré dehors, et du stand-up qui réchauffe le cœur dans des salles minuscules où on vit serré·es les un·es contre les autres.
C’est donc le douze (novembre) que je suis allée me coller au plateau de La Scène Barbès pour applaudir un humoriste québécois en première partie de Merwane Benlazar. (On le voit, sur la photo d’en-tête, que je ne pouvais pas être plus près de lui, non ?)
Et j’ai passé une bonne soirée – pour un mois de novembre. Une boisson sévèrement alcoolisée dont j’ai oublié jusqu’au nom, un chouette petit resto turc pour l’absorber, une marche nocturne dans Paris où mes doigts ne sont pas en train de se désintégrer sous la morsure du froid, une mini salle de spectacle enfin, au cœur du quartier de La Goutte d’Or, où on est sûr·es de ne pas toucher une main de facho.
Ce soir, on est encore en novembre, je vais écouter un autre stand-up : c’est Shirley Souagnon. J’espère qu’on sera serré·es, au chaud, et que ce sera bien aussi.
Entre les deux, j’ai eu la grande joie de revoir Jeanne Cherhal en concert au Douze (la salle), là où j’avais déjà retrouvé Tiken Jah Fakoly le 17 mars 2023.
Cliquez sur l’image pour lire Newsletter 112 # 19 mars 2023.

Je sais que je vous ai abreuvé·es de Jeanne Cherhal sur ce blog, mais avouez que ça faisait longtemps ! Six ans tout pile depuis la dernière fois que je l’ai vue en concert.
→ Relire Je veux être un champ de blé
Au concert de vendredi dernier, au Douze, elle s’est montrée particulièrement mutine et en forme. Après son assiette de coquillettes. (Il paraît qu’elle mange toujours une assiette de coquillettes dans sa loge avant de monter sur scène. Elle ne l’a pas révélé en public, mais moi je sais ses petits secrets parce que je suis abonnée à sa newsletter 😌)
Elle a joué presque toutes les chansons de son nouvel album bien sûr, c’est sa tournée de promo. Grande est ma chance, La marée, Le cri des loups, que j’aime beaucoup toutes les trois, et puis La maman et la putain, Foutue, Jean, Sous les toits, La vie est trop courte, et j’en oublie.
Mais quand on suit un·e artiste depuis de nombreuses années, on a toujours envie qu’il ou elle chante les vieilles chansons qui nous ont fait l’aimer. C’est vrai ou pas ?
Celles qui nous ont chaviré·es et nous replongent instantanément à un moment de notre vie.
Cliquez sur l’image pour écouter un morceau de ma chanson préférée capturé au portable.

Vendredi soir, devant un public de fans (et Annie Ernaux dans la salle s’te plaît), Jeanne Cherhal a aussi chanté de nombreuses anciennes chansons. Notamment deux de mes préférées d’entre toutes, les plus intimes, celles qui me racontent : J’ai faim et Cinq ou six années.
Respectivement issues de l’album « Histoire de J. » (2014) pour la première et de l’album « Charade » (2010) pour la seconde, qui sont mes deux albums favoris de Jeanne Cherhal.
En concert, elle a également donné une très belle version de Noxolo (« Histoire de J. ») et expérimenté une sorte de beat électro que j’ai adoré à la fin de Quand c’est non c’est non (« Histoire de J. », toujours). Je n’y connais rien mais je crois qu’elle a repris un sample et qu’elle en a fait une boucle électro, presque un peu techno. C’était trop bien ! J’aurais voulu que ça dure encore et encore, en mode on se lève tous et toutes et… push me and then just touch me, ‘til I can get my satisfaction !

La chanson
→ Lisa Pariente, Ruelle sombre, single 2025
Après la joie virevoltante de Jeanne Cherhal, vous allez dire que je vous balance du lourd avec cette chanson alors que, pourquoi ne pas vous faire découvrir une chanson de son nouvel album dont je viens de vous parler, voilà qui serait parfaitement approprié, et oui c’est vrai j’y ai pensé mais non. Ce sera pour ma newsletter de dimanche.
→ La peau de rouget #149 : Je ne suis pas mon jean trop serré
D’abord, cette chanson de Lisa Pariente que j’ai choisie, Ruelle sombre, je l’ai beaucoup eue dans la tête ce mois-ci. Direct en me réveillant, à plusieurs reprises dans ma journée, le soir encore… et mon deal, dans ces articles mensuels qui recensent mes enthousiasmes culturels, c’est de partager avec vous ce qui a été le plusse présent pour moi dans le mois qui s’est écoulé.
Ensuite, non cette chanson n’ajoute pas du lourd parce que j’y vois au contraire une bonne nouvelle. Je vous explique.
Ce mois-ci, j’ai encore une fois (deux fois trois fois) été confrontée à des positions éducatives qui sont très éloignées des miennes. Ça arrive et c’est pas grave, me direz-vous, on est tous·tes différent·es. Oui. Le problème c’est le jugement.
Apparemment je suis une mauvaise maman.

La situation c’est celle-ci (et peut-être que vous aussi, vous allez juger la mère que je suis) : mes ados de 14 et 16 ans réclament de sortir le vendredi soir, le samedi soir, et, puisqu’il et elle se considèrent assez grand·es pour sortir seul·es le soir, j’estime alors qu’il et elle sont également assez grand·es pour rentrer seul·es après à l’heure que nous avons fixée.
Leurs ami·es n’habitent pas loin, il et elle ont la chance d’avoir des jambes qui marchent bien, donc je ne vais pas les chercher. Je vais me coucher (vu que moi je me lève pas à 13h les yeux gonflés le lendemain en demandant qu’est-ce qu’on mange maman).
Je vais me coucher le vendredi soir, le samedi soir, avant qu’il et elle soient rentré·es et je sens qu’on me condamne pour ça. Parce que les autres mères ne font pas ça.
Ce mois-ci, carrément je l’ai entendu. Mais elle est où sa mère ??
Elle dort.
Enfin elle essaye.
Elle t’emmerde.
Elle est partie au bowling.

Parce que non je n’ai pas peur.
Bien sûr, moi aussi je préfère quand tous mes enfants sont dans leur lit et que je peux aller respirer dans leur cou pour me faire un shoot d’ocytocine. Évidemment.
Mais non, je n’ai pas peur dans la rue.
J’ai peur quand ils et elle vont à l’école, au ping-pong, au basket, au tennis, au caté où je n’ai jamais voulu qu’elle aille mais c’est elle qui l’a décidé, à 14 ans.
Pour elle j’ai peur au caté, à l’église, à l’aumônerie, j’ai peur à chaque fois que je la laisse partir plusieurs jours dans les rassemblements de jeunes cathos (pèlerinages à Lourdes, Lisieux, Taizé).
Pour eux j’ai peur en classe de découverte, au centre de loisirs où ils ne sont presque jamais allés, à la piscine, à la cantine. Partout où il y a des grands qui s’occupent des enfants.
Je n’ai pas peur quand ma fille ou mon fils rentre à pied la nuit, non.
J’ai peur du garçon qui raccompagne.
J’ai peur du grand frère quand il ou elle sont invité·es à dormir chez un copain, une copine.
J’ai peur de l’alcool qu’il ou elle vont boire et qui va rendre leur refus tout mou.
J’ai peur en famille.

J’avais déjà publié cette infographie dans l’article Pourquoi j’ai mal au ventre.
Cliquez sur la photo pour retrouver l’article.
90% des viols sont commis par des proches de la victime. Ok les jugeurs et les jugeuses ?
9 cas sur 10.
Et de toutes ces peurs que je trimballe, je préviens mes enfants depuis qu’ils et elle sont bébés, avant même qu’ils et elle sachent marcher, en essayant de ne pas leur rendre le monde menaçant. #ChallengeAccepted.
Vous allez m’objecter peut-être que la rue c’est pas que le viol, c’est aussi les agressions.
Oui alors euh… comment vous dire ?
Vous avez étudié un peu les probas, au lycée ?
Un·e enfant a combien ? 10 fois, 100 fois, 1000 fois plusse de risques de se faire violer ou/et violenter, frapper, harceler dans son milieu familial, amical, scolaire, qu’emmerder par un·e inconnu·e dans la rue ?
10 000 fois ?

Quand mes enfants (12, 14 et 16 ans) sortent, je leur pose la question directement :
Est-ce que tu te sens à l’aise quand tu marches dans la rue ?
Est-ce que ça te fait peur de rentrer seul·e la nuit ?
No. The answer is NO.
Vu qu’on a la chance de ne pas vivre dans un bidonville de Port-au-Prince, ni à Colima entre deux cartels mexicains. Et pas non plus à Marseille dans les quartiers nord (nique ta mère sur la Canebière, nique tes morts sur le Vieux-Port).
Alors bien sûr qu’il y a toujours un risque. Un risque de vol de portable, d’agression physique ou verbale, d’intimidation, d’interaction pénible. Oui ça existe et oui ça peut leur arriver n’importe quand dans la rue ou dans les transports en commun. Et donc ?
Qu’est-ce qu’on fait ?
On leur interdit de sortir ?
On les dépose en auto dans un lieu clos et on retourne les chercher pour que surtout ils et elles ne développent jamais les ressources leur permettant de se sortir d’une situation de la vie réelle ? Pour que surtout ils et elles ne se retrouvent jamais « à traîner » dans la rue, comme j’en entends dire certain·es avec une dose massive de jugement négatif ?
(Euh… pardon mais c’est quoi le problème d’être dehors avec des potes plutôt qu’enfermé·e seul·e dans sa chambre devant un écran de téléphone ?)
Ce faisant, on leur passe bien le message de l’extrême-droite que l’autre, l’inconnu·e, l’étranger·e qu’on croise dans la rue nous veut du mal. Qu’il faut se barricader dans nos autos, nos maisons.
No way, les gars. Sans moi.

Ce qui m’énerve encore plusse, parmi les gens qui me jugent, c’est qu’ils et elles sont capables d’afficher ce genre de citation sur leur page Insta. En y croyant sincèrement (en voulant y croire ?), dans une espèce de monde parallèle théorique qui ne s’applique pas à leur quotidien qui ne prend pas de risques.
Parmi tout ce qui m’a éblouie et interrogée dans ce brûlot indispensable qu’est King Kong Théorie, il y a l’idée révolutionnaire défendue par la féministe italo-américaine Camille Paglia et reprise par Virginie Despentes, que la rue est un risque à prendre si tu veux sortir de chez toi et circuler librement. Si tu veux vivre des choses intéressantes et ne pas te soumettre à la norme et l’obéissance.
« Et si ça te fait trop peur, il faut rester chez maman et t’occuper de faire ta manucure. » (p.41)
Virginie Despentes, King Kong Théorie, éd. Livre de Poche, 2007
Voilà, bah faire sa manucure, ce n’est clairement pas ce que je souhaite à mes enfants.
Merci Lisa Pariente de rappeler avec votre chanson que le danger c’est rarement la ruelle sombre.
Merci pour la part de moi qui se laisse encore culpabiliser par la norme quand j’autorise mes ados à rentrer à pied et que je passe pour la mère irresponsable auprès des autres parents.
La rue est à tout le monde.
La rue est moins dangereuse que la famille.
Lisa Pariente, Ruelle sombre, single 2025
Le film
→ L’histoire de Souleymane, de Boris Lojkine, 2024
Mon mois de novembre podcastique a commencé par la rediffusion d’un épisode de Vivons heureux avant la fin du monde que je n’avais encore jamais écouté. Je ne sais pas comment c’est possible – ni comment Delphine Saltel l’a su pour choisir de rediffuser précisément celui-ci cet automne, à une période où elle ne fait jamais de rediffusion. Delphine Saltel is watching me.
Quand j’écoute son podcast – qui figure sur le podium de mes trois podcasts préférés – je me reconnais tellement dans son quotidien et ses questionnements de journaliste blanche cis urbaine CSP+ quarantaine proche cinquantaine que je me demande à chaque fois :
Qu’est-ce qui fait de moi une personne unique, rare et précieuse ?
Ne suis-je pas plutôt un pur produit caricatural de ma classe sociale ?
Bref.
Euh… excuse mais… c’est quoi le rapport avec le film ? Vu qu’on n’est pas dans la partie podcast de ton article là…
Héhé ! Merci de suivre. Ça fait plaisir. Mais attends ça vient. Le rapport.
L’épisode de podcast dont je vous parle, paru le 28 avril 2022 et rediffusé le 24 septembre dernier, est le numéro 13 du podcast Vivons heureux avant la fin du monde. Il a pour titre : « Paresse business, petits livreurs et gros profits ».
Cliquez sur l’image pour écouter.

UberEats et livreurs à vélo, ce n’est pas un sujet que je maîtrise parce que, personnellement, je n’ai jamais eu recours à un service de livraison de courses ou de repas à domicile. Je n’ai même, de ma vie, jamais utilisé le Drive d’une quelconque grande surface. Ah… Attendez, excusez-moi, il y a Monique qui veut dire un truc. Monique, vous vous souvenez ?
La voix méchante dans ma tête.
Bah oui mais pour toi c’est facile aussi, t’as le temps, tu travailles pas ! Et pi t’habites pas à Malagameme* Paris même, ni dans un gros centre urbain avec des UberEats partout, donc oui tu peux bien aller chercher tes œufs et tes légumes à la ferme tous les mercredis !
(* Non c’est rien, c’est une private pour Florent. À Malaga même.)
Allez, on dit merci à Monique, toujours opé pour me recadrer.
Effectivement, Monique a raison : je ne sais rien de cette dark economy qui plante ses racines dans la généralisation de la livraison à domicile. Mais je crois qu’elle ne fait pas du bien à la société dans son ensemble. Ni à celles et ceux qui l’utilisent (pour gagner du temps, pour éviter de bouger ou/et de cuisiner), ni, encore moins, à celles et ceux qui se font exploiter – personnes en grande précarité, Sans-papiers dans une écrasante majorité.
Il est là, le rapport avec le film.

Delphine Saltel ne pouvait pas parler de Souleymane dans son podcast, forcément, puisque l’épisode est sorti deux ans avant le film. Mais l’homme qu’elle interviewe sous le pseudo d’Abdallah partage la même réalité âpre et angoissante que Souleymane dans le film de Lojkine.
Abou Sangaré (qui joue le rôle de Souleymane) est bouleversant. Il a reçu le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes en 2024, puis le César de la meilleure révélation masculine en 2025. Je sais pas pourquoi je vous dis ça parce qu’on s’en fout en vérité, et lui aussi il s’en fout, Abou, il a pas prévu d’être acteur, il est mécanicien, mais bon je le dis.
À la fin du podcast de Delphine Saltel, j’ai eu envie de voir L’histoire de Souleymane.
À la fin du film L’histoire de Souleymane, j’ai eu envie de péter les genoux des partisans du stop à l’immigration. Comme ça ils seront bien embêtés quand ils ne pourront plus marcher et qu’il n’y aura plus de livreur immigré sans-papiers pour déposer à manger devant leur putain de porte.

La série
→ Des gens bien ordinaires
Une série écrite et réalisée par Ovidie, sortie en 2022.
Oui oui, je vous parle ENCORE d’Ovidie ! D’ailleurs est-ce que vous avez lu La chair est triste hélas (éd. Julliard, 2023), depuis le mois dernier ?
Dans cette série courte en deux saisons de huit épisodes de dix à quinze minutes chacun, Des gens bien ordinaires, Ovidie donne à voir un monde dans lequel les rapports de genre sont inversés : ce sont les femmes qui dirigent et s’abreuvent de jeunes hommes à la chair fraîche.
On y suit Romain (joué par Jérémy Gillet), 18 ans, faire ses débuts dans le milieu du porno qu’Ovidie connaît bien et raconte sans clichés ni voyeurisme. Par exemple, on ne voit aucune image pornographique – et tant mieux. Ce n’est pas le sujet. On n’est pas là pour ça.
J’ai beaucoup aimé le décalage provoqué par cette brillante idée d’inverser les rôles. Et Jérémy Gillet est parfait en alter ego d’Ovidie, touchant dans son militantisme idéaliste et sa sincérité.
C’était troublant pour moi, sa ressemblance physique avec mon neveu Noa qui a 16 ans.

J’ai aussi aimé les autres acteurs et actrices de cette série. J’avais pas envie de les quitter.
SML en premier lieu, dont vous êtes nombreux·ses à me dire que vous pensez à moi dès que vous entendez parler d’elle… Vous m’envoyez, qui une interview, qui un podcast, qui une info qui la concerne. Vous êtes trop mignon·nes ! Ça fait que je n’ose pas vous avouer que je n’accroche pas avec les derniers podcasts qu’elle a réalisés depuis qu’elle est devenue mère et que je ne suis pas emballée non plus par la nouvelle saison d’À bientôt de te revoir 😩
SML est drôle et juste dans son personnage d’Andrée. J’ai adoré la scène où elle est en pause de tournage dehors, culotte mémère, peignoir et claquettes-chaussettes en train de se préparer un dwich de pain de mie au mauvais jambon-en-barquette-beurre !
On sent une solidarité entre les personnages dont je ne suis pas persuadée qu’elle existe de manière aussi belle dans la réalité. (Mais bon, qu’est-ce que j’y connais hein.)
Dans les actrices que j’aime, il y a aussi Romane Bohringer, super en réalisatrice fatiguée salopette, et Andréa Bescond, super aussi en productrice illuminée chemisier col claudine.
→ À propos de Romane Bohringer et d’Andréa Bescond, relire Écoute-moi avril 2025
Dans la saison 1, apparaît Benoît Delépine dans un tout petit rôle – mais bon, je le mentionne parce qu’il paraît qu’il a son fan club. Et… et et… dans la saison 2, mesdames et mesdames, Thomas VDB (dans un tout petit rôle aussi), Judith Godrèche, Aloïse Sauvage que j’adore voir à l’écran (et sa voix, j’adore sa voix 🤩), et Corinne Masiero en grande prêtresse new age totalement illuminée !!!
Je ne comprends pas que la série n’ait pas eu plusse de succès et de visibilité. Enfin disons que je ne le comprends que trop bien et que je le déplore d’autant, parce qu’en plusse d’être remarquablement intelligent et percutant, c’est drôle.
Des gens bien ordinaires, interview d’Ovidie, 13 juin 2022
Contre toute attente, la reconnaissance est venue des États-Unis : je vous informe que Des gens bien ordinaires est la première série française à avoir remporté le International Emmy Award de la meilleure série courte.
(Après Abou Sangaré, je sais pas ce qui me prend ce mois-ci à vous faire part des récompenses des un·es et des autres. 🙄)
Le regard d’Ovidie sur l’industrie pornographique et les rapports de pouvoir entre les hommes et les femmes est bien affûté, on le sait, mais ici elle n’a pas besoin d’appuyer fort pour dénoncer : l’inversion des rôles suffit à faire sentir tout ce qui dysfonctionne dans notre société patriarcale.
C’est intéressant d’écouter ce que pensent les comédien·nes du choix d’Ovidie d’inverser les genres. Comment ils et elles l’ont ressenti, et ce que ça leur a fait de jouer à contre-courant. « De l’autre côté de l’œilleton », comme dit SML avec malice.
On déconseille généralement de regarder le making-of si vous n’avez pas vu la série d’abord, pour éviter de vous spoiler, mais franchement allez-y. Moi j’ai vu les deux et je ne crois pas que le making-of va vous spoiler. Il ne peut que vous donner envie de voir la série.
Des gens bien ordinaires, Dystopie (making-of), 25 juin 2022
Le podcast
→ Podcast Vivons heureux avant la fin du monde (épisode #37, 24 octobre 2025) : Ouvrir les yeux sur l’ignorance blanche
https://www.arteradio.com/son/ouvrir-les-yeux-sur-lignorance-blanche
Si l’épisode « Paresse business, petits livreurs et gros profits » dont je vous ai parlé plus haut est au cœur de nos petits arrangements avec la flemme, celui que je mentionne ici dans ma partie podcast est au cœur de nos petits arrangements de conscience.
En tant que Blanche, il me fout la honte sur ces formes systémiques de racisme ordinaire que je ne perçois même pas parce que : je n’en souffre pas. Je n’en suis pas victime dans ma chair. Donc j’ignore, et j’ignore que je les ignore, les discriminations qui se situent dans l’angle mort des privilèges liés à ma couleur de peau. Après j’ai encore plusse la haine contre le patriarcat et le capitalisme, qui entretiennent bien aussi la suprématie (et le déni) blancs.
Mais, en tant que Blanche surtout, quand j’écoute Amandine Gay interviewée dans l’épisode, j’ai envie de me taire. Éviter de parler à la place de. Ça me changera.
Cliquez sur l’image pour écouter.

L’analyse posée par Amandine Gay dans cet épisode est d’une telle intelligence que j’ai voulu prolonger. Et hoho ! magie de l’actualité, Amandine Gay est également l’invitée de Lauren Bastide dans l’épisode #40 de Folie Douce : « Vivre plutôt que survivre (dans un monde raciste) », avec Amandine Gay (30 octobre 2025).
Je vous le recommande vivement, je vous mets le lien juste en dessous.
Et comme je n’en avais pas encore assez, je suis allée réécouter un des tous premiers épisodes de La Poudre, le précédent podcast de Lauren Bastide, dans lequel elle recevait déjà Amandine Gay (épisode 6, 30 juin 2020).
Cliquez sur l’image pour écouter l’épisode #40 de Folie Douce avec Amandine Gay.
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Et vous, que vous a apporté novembre ?






