Écoute-moi mars 2025

Photo : Plage d’une petite crique à Dinard (5 mars 2025).

 

Voir la mer à Dinard la première semaine de mars sous un temps magnifique et les doux rayons du soleil de printemps fut une grande joie. Pourtant ce mois-ci, j’ai moins été dans la vibe de mon mot de l’année 2025.
La vibe de la JOIE, pour rappel.

J’ai eu plusse de nuages gris qu’en janvier ou février mais mais mais… comme l’année dernière au même mois, je n’ai PAS été malade ! Vous trouvez peut-être que c’est bien peu pour se réjouir, mais moi ça fait des années et des années que je tombais tout le temps malade la semaine d’avant mon anniversaire. Cette semaine j’ai eu peur que ça recommence parce que, au lendemain de mes 47 ans, à 17h40 précisément, j’ai eu une crise d’éternuements violents et inexpliqués qui a duré des heures et continué encore quand je suis allée me coucher : picotements incessants, les yeux qui pleurent, le nez qui coule, l’engourdissement…

J’ai cru que je tombais malade, que la magie de tout le travail que j’ai réalisé pour moi ces deux dernières années allait cesser d’opérer. J’ai essayé de ne pas paniquer et de respirer calmement, du mieux que je pouvais avec le nez bouché. J’ai pris le temps d’accueillir ces premiers signes de la maladie sans les juger, sans y résister, avec même de la curiosité. J’ai ouvert mes chakras pour regarder ce qui se passait dedans : c’est quoi qui vient me picoter les yeux et le nez pour m’empêcher d’écrire ? Est-ce qu’il y a un truc qui ne me va pas, avec quoi je ne suis pas alignée ?

 

Je m’autorise même ici une petite accroche cucul la praloche… Allez, faites-en bien ce que vous voulez  😉

 

Finalement le lendemain, plus rien.
Le surlendemain, rien.
Le lendemain du surlendemain, toujours rien.
Et je crois que j’ai vu ce qui n’allait pas. Ce que mon corps cherchait à me signifier pour vérifier si c’était ok pour moi. Attention, ça ne marche pas pour tout hein ! Et surtout, je ne suis pas en train de vous recommander un mode de vie pranique vivons-nu·es-au-soleil-de-l’eau-fraîche, ni de prétendre qu’on peut guérir le cancer avec la méditation de pleine conscience !!!

Ce que je dis, de là où je suis, à partir de mon corps et de mon expérience personnelle, c’est que, depuis que je fais le taf d’accueillir véritablement mes émotions au quotidien, depuis que je les laisse être là, vraiment là et vraiment toutes mes émotions, sans chercher à les changer au plus vite, sans m’y opposer en mode no pasarán, et sans non plus les ignorer comme si je ne les ressentais pas, depuis que je fais ça, je remarque que je ne tombe plus malade. C’est tout ce que je dis. Et je ressens tellement fort aujourd’hui la gratitude d’être en bonne santé que j’ai envie de crier :

Oui, ne pas tomber malade en mars pour la deuxième année consécutive est en soi une immense source de joie !

 

Sur la devanture d’une boucherie de Dinard (mars 2025).
 
La chanson

→ Kae Tempest, Hold your own, album « The Book of Traps and Lessons », 2019.

 

Kae Tempest est une poétesse anglaise contemporaine que j’ai découverte il y a quatre ans, en entretien avec Augustin Trapenard dans un épisode de « Boomerang ». J’avais même partagé ici avec vous certains de ses poèmes du recueil « Étreins-toi ».

→ Article S’il n’en restait qu’un(e) # mars 2022

Je la genre au féminin mais je ne devrais pas car je crois que ce n’est pas ce que iel souhaite. Les pronoms peuvent être si encombrants quand ils s’avèrent insuffisants à dire qui on est…
J’ai lu ses poèmes, je l’ai entendu·e les déclamer dans des podcasts, des vidéos, mais je ne l’ai jamais vu·e en vrai. Ici, dans cette chanson, ce qu’elle dit, sa voix, me bouleversent.

Hold your own
Hold it ‘til you feel it there

Feel each decision that you make
Make it, hold it
Hold your own
Hold your lovers
Hold their hands
Hold their breasts in your hands like your hands were their bra
Hold their face in your palms like a prayer
Hold them all night, feel them hold back
Don’t hold back
Hold your own

 

Merci à ma cops Marlou de l’avoir ramenée à ma mémoire.

 

Le film

 

→  Hirokazu Kore-Eda, Une affaire de famille, 2018 (Palme d’or à Cannes)

 

Je ne suis pas une fine connaisseuse de cinéma japonais, ni plus largement de cinéma asiatique, comme l’est mon mari. Reprenez son TOP 10 cinéma si vous l’avez manqué.
Souvent je me sens loin, comme quand j’essaye de lire des manga, comme si c’était pas pour moi. Mais Kore-Eda, j’aime bien. Ça me parle. Peut-être que c’est le réalisateur japonais le moins « japonais », je ne sais pas, je dis n’importe quoi.

Une affaire de famille, c’est le sixième film de Kore-Eda que je vois – après Still walking, Tel père tel fils, Après la tempête, Notre petite sœur et Les bonnes étoiles.
En repensant à ces films, je m’aperçois qu’ils traitent tous du sujet de la famille. De la famille biologique mention spéciale père absent et des familles qu’on choisit, des liens familiaux et des liens qu’on construit.

Peut-être que c’est ça qui me touche chez Kore-Eda : comment on s’extrait de ce qui est (ou n’est pas) pour inventer sa propre famille, celle qui fait sens.

 

Les personnages des films de Kore-Eda sont des êtres éraillés par la vie à des degrés divers, parfois complètement cassés, qui vivent en marge de la société – société que l’on sait, particulièrement au Japon, normative et intolérante à la différence. Et le regard porté sur eux par le cinéaste est tellement plein d’humanité, les relations abordées avec une telle délicatesse, c’est ça que j’aime. Cette finesse dans le choix de ce qui est montré ou suggéré.

 

Une scène du film « Une affaire de famille », de Hirokazu Kore-Eda (2018).

 

Ce mois-ci j’ai vu aussi L’Attachement (avec Valeria Bruni Tedeschi et Pio Marmaï), de Carine Tardieu, qui tente également quelque chose autour du « faire famille autrement » – mais sur lequel je suis nettement plus réservée parce que le film reste quand même bien sagement dans les clous de ce qui est attendu. Convenu. C’est pourtant moi qui ai choisi le film, et j’étais très motivée pour aller le voir au cinéma parce que j’ai aimé DE OUF le précédent film de Carine Tardieu, Les jeunes amants (avec Fanny Ardant et Melvil Poupaud*).

 

* Melvil Poupaud. À retenir pour la prochaine fois que j’ai une conversation avec des ami·es sur le thème : quel acteur français de plus de 50 ans t’en as pas marre de voir ?
Réponse : Melvil Poupaud (et Vincent Macaigne mais il a moins de 50 ans).
Je trouve que Melvil Poupaud est un super acteur qui sait choisir ses films, et je le trouve très beau, aussi. C’est rare, les acteurs de plus de 50 ans dont on montre la calvitie du milieu du crâne sans en faire pour autant des personnages vieux, moches et méchants !

Vous remarquerez par ailleurs qu’il n’y a pas full réponses à cette question, contrairement à la question inverse : quel acteur français de plus de 50 ans t’en as ras-le-bol de voir ?
Christian Clavier Fabrice Luchini Daniel Auteuil Jean Reno Mathieu Amalric Romain Duris…

 

Affiche du film « Une affaire de famille », de Hirokazu Kore-Eda (2018).

 

Excusez cet aparté Melvil Poupaud et revenons à L’Attachement.

Vous me direz : c’est pas un problème de faire une œuvre « attendue », ça fait du bien aussi, c’est reposant pour l’esprit d’être conforté·e dans ce que l’on croit, écouter une belle histoire d’amour, deviner ce qui va se passer – le cœur d’une femme solitaire et indépendante qui finit par s’ouvrir et déborder de tendresse grâce à l’affection qu’un enfant lui porte. Ouais…
Après il me semble qu’on peut réfléchir à la place que l’on veut donner à l’art dans nos vies et se demander si le cinéma, la littérature, le théâtre, la musique, la danse, la peinture, la poésie sont là pour reproduire des images auxquelles s’identifier, se conformer, ou bien une part de leur rôle n’est-elle pas, justement, de déranger, de sortir des schémas établis, pour venir réveiller nos consciences endormies ?

Je n’ai pas de réponse radicale à cette question (même si j’ai ma petite idée sur le sujet ;-). Je pense qu’elle est multiple et mouvante et différente pour chacun·e, à différents moments de nos vies. Je pense qu’on a tous et toutes besoin de croire à des belles choses et de se rassurer. Le problème pour moi, c’est quand ce conformatage crée lui-même par défaut ce à quoi l’on croit. Quand notre pensée n’est pas libre, quand elle est bornée par ce que la société dans laquelle on grandit nous projette, et donc nous impose, plus ou moins à notre insu, de penser.
Dans la norme.

C’est ce qui se passe dans L’Attachement (adapté du roman d’Alice Ferney, L’Intimité), et pour ma part, j’avoue que je suis saoulée des œuvres qui perpétuent l’idée qu’il n’y a pas de vrai bonheur possible en dehors du couple. Du couple hétéronormé bien sûr. Avec enfants évidemment. D’où il découle que dans le film, cette femme de 50 ans qui vit seule, c’est parce qu’elle n’a pas trouvé l’amour, miskina, forcément, ça ne peut pas être un choix…  🙄

 

Street art, by Miss.Tic. Aperçu avant-hier en me baladant dans le quartier Mouffetard (Paris 5e, 26 mars 2025).
 
La série

 

Discrètes
Une série de Juliette Gosselin et Sophia Belahmer, sortie en 2024 sur ICI TOU.TV EXTRA (Québec, Canada)
https://www.tv5mondeplus.com/fr/series-et-films-tv/drame/discretes

 

Lundi, j’ai passé la soirée de mon anniversaire toute seule et j’ai regardé bingé l’intégralité de cette série québécoise de dix épisodes de 15 minutes (que vous pouvez regarder en streaming gratuit sur TV5 Monde en cliquant sur le lien ci-dessus).

Cette mini-série raconte l’histoire de deux filles et des moyens qu’elles trouvent pour se défendre après un viol. Je ne vous spoile pas, c’est dans le premier épisode et à partir de là que ça commence. Au moins vous êtes prévenu·e ; moi je ne l’étais pas et c’est terrible parce que je déteste me trouver confrontée à une scène de viol dans un film ou une série sans que je l’aie su auparavant et que j’aie donc pu m’y préparer.

Lundi soir j’ai suivi une recommandation que l’on m’a faite, mais je ne savais pas. Je n’étais pas « préparée ». Cette histoire de viol à une fête sous alcool est venue me chercher dans des zones troubles qui activent beaucoup de stress chez moi ; faque en même temps que je faisais défiler les épisodes, je bingeais aussi des biscuits au sésame noir les uns après les autres sans m’arrêter, avec en plusse dans ma tasse du lait de sésame noir complètement addictif faque il se pourrait que j’aie un peu grignoté sur le canapé alors que je n’avais pas faim.

 

Ma soirée d’anniversaire (24 mars 2025). Discrètement.

 

Ce qui est intéressant et subtil dans cette série, c’est qu’elle amène à s’interroger sur l’image de la « bonne » victime. Quand on parle de viol, la « bonne » victime, c’est celle qui serait en col roulé vêtements longs informes chaussures plates (mais pas trop une camionneuse non plus), sans maquillage, éventuellement lunettes. Et plutôt mince et blanche que grosse et noire.

La « bonne » victime, c’est JAMAIS la meuf en tenue moulante, talons hauts et rouge à lèvres tape à l’œil. Jamais celle qui danse sur la piste et sourit à celui qui la regarde là-bas dans un coin et qui abusera d’elle plus tard, jamais celle qui a bu un coup et qui rit un peu trop fort. Parce que sinon : est-ce que c’est du viol ? est-ce que c’est pas du viol ? On sait pas.

 

Du site Paye ta shnek, créé en 2012 par Anaïs Bourdet, qui recense des remarques sexistes entendues quotidiennement.

 

En vrai on sait.

Évidemment que : oui c’est du viol.
Évidemment qu’on sait dans son corps distinguer quand c’est du viol et quand c’est pas du viol.

Est-ce que les hommes eux-mêmes (les hommes qui violent) ne le savent pas aussi au fond ?
Est-ce qu’ils ne le savent pas très bien, au fond d’eux, quand c’est non, mais ils passent en force parce qu’ils ne veulent simplement pas l’entendre ?
Puisque la société les y autorise. Puisqu’on leur laisse la possibilité de le faire – et l’impunité derrière. C’est une vraie question que je me pose.

 

Affiche aperçue dans un bar du Marais (Paris 4e, 26 mars 2025). Et oui, c’est bien un babyfoot que l’on aperçoit en rouge derrière… 😉

 

Après, je ne suis pas un homme, je n’ai pas la réponse.

Je continue de m’interroger sur la figure de « bonne » victime, pourquoi on a tant besoin qu’il y ait une « bonne » victime, par opposition aux autres qui seraient des « mauvaises » victimes. Celles qui n’ont pas crié, alerté, repoussé, celles qui ne sont pas tout de suite allées porter plainte au poste de police, à l’hôpital faire constater le sperme dans leur vagin, celles qui ont eu honte parce que, peut-être au début, elles ont flirté, flattées qu’elles étaient de susciter l’intérêt de celui qui les a ensuite agressées.

Même chez nous – et par « nous », je désigne les femmes dont je suis – même chez les femmes donc, il y a une part internalisée qui condamne celles qui n’ont pas, ou n’ont pas eu « la bonne attitude ». Parce qu’on a grandi avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, on a été élevées dans cette culture de la culpabilisation des femmes qu’on montre du doigt, celles qui « devraient avoir honte ».

 

Une capture d’écran du site Paye ta shnek que j’ai déjà partagée avec mes abonné·es dans ma première newsletter de l’année (Newsletter 139 # 2 février 2025).

 

Putain de honte de merde qui nous fait tant de mal dans notre corps les unes aux autres.

Et cette part de nous qui intérieurement juge les autres femmes pour nous situer nous-même, cette part qui a été comme implémentée en nous dès l’enfance, cette part qui, si on ne la déconstruit pas chaque jour par un énorme travail de prise de conscience et d’émancipation, regarde outrée et la bouche pincée l’une des deux filles de la série prendre des poses sur Insta, et cette part juge : ah bah oui mais voilà aussi ! pourquoi elle fait ça ? pourquoi elle s’habille sexy, pourquoi elle prend ces poses sexy ? 

 

Pourquoi ? Pourquoi une femme fait ça ?

 

Ben pour avoir des likes, voilà pourquoi ! Pour attirer le regard des hommes, pour être reconnue. Parce que ce que l’hétéropatriarcat nous apprend, c’est que c’est en faisant de notre corps de femme un objet agréable à regarder, mince, maquillé, désirable, que l’on gagne de la valeur. Sur le marché de l’occasion. Pardon, je confonds avec un truc que j’ai entendu récemment. Déso. Sur le marché du neuf de la belle meuf, je voulais dire.

 

 

On prend une pose sexy parce que c’est ça qu’on nous montre partout. C’est ça le modèle. Essayer, au maximum de ce qu’on peut, de se conformer au modèle pour avoir une chance de se trouver jolie, de rester « dans la course », ce qui, en tant que femme cis hétéro, nécessite d’être validée par le regard masculin dans les codes traditionnels de la féminité.

 

Male gaze.

 

C’est à travers ce prisme qu’on s’évalue, qu’on vérifie avec inquiétude si on ne risque pas d’être abandonnée un sale matin au bord de la route.

Comment ensuite reprocher aux jeunes filles, à nos ados, de faire ce que la société de l’image et des apparences les incite à faire ? Comment oser dire, quand elles se font violer, qu’elles sont coupables de s’être rendues attirantes, désirables, parce qu’elles ont joué à fond la carte de la féminité ?
Paye ton piège.

 

 

Avant d’arrêter là ma diatribe, je veux revenir sur cette phrase, prononcée par une des deux filles dans l’épisode 9 :

« C’est Colin Brault qui l’a agressée, c’est de sa faute. »

J’ai senti mon cœur se crisper et mon corps se raidir. Parce que moi je pense qu’il n’y a pas que l’agresseur. Ce n’est pas QUE la faute de l’agresseur, c’est aussi la faute de tous ceux qui ne croient pas. Ceux qui prennent parti pour l’agresseur, ceux qui défendent l’agresseur, ceux qui excusent l’agresseur : eux aussi, c’est de leur faute. Eux aussi, ils sont coupables quand survient un drame. Certes ils n’ont pas commis le viol, ils ne sont pas coupables du crime en lui-même, mais ils sont coupables du désespoir de la victime, voire de sa mort.
Parce qu’on parle suicide là, les ami·es.

Ces gens sont coupables.

Et moi je vous jure qu’il y a pas moyen que je sois de leur côté. C’est pour ça que, dans une chambre fermée sans témoins, entre l’une qui dit qu’elle a été violée, qu’elle ne voulait pas et que l’autre l’a forcée, et l’un qui dit que mais non pas du tout elle était consentante pour qu’il la pénètre, la preuve elle portait un décolleté et elle a dansé devant lui, je fais le choix de croire la première. Je peux me tromper une fois sur cent mille, c’est vrai, mais statistiquement j’ai quand même nettement moins de risques de me tromper dans ce sens-là. Pourtant la justice fait le choix inverse, à une écrasante majorité, de croire plutôt celui qui dit que ah non non pas du tout. Et d’ailleurs est-ce que ce serait pas un peu lui la victime ?
(La réponse est non.)

 

Statistiques de 2022, source : noustoutes.org.
 
Le podcast

 

→ Folie Douce, épisode #27 avec Charlotte Bienaimé : Ce que le féminisme fait à la santé mentale
https://podmust.com/episode/?podcast=folie-douce&epis=Q2hhcmxvdHRlIEJpZW5haW3DqSwgY2UgcXVlIGxlIGbDqW1pbmlzbWUgZmFpdCDDoCBsYSBzYW50w6kgbWVudGFsZQ==

 

Comme je viens de vous écrire v’là le pavé sur la série « Discrètes » alors que je pensais que je n’allais rien en dire, je vais m’obliger à faire court pour la suite. Ça vous laissera le temps d’écouter cet épisode de podcast !  😉

Folie Douce est un podcast sur la santé mentale réalisé par Lauren Bastide, qui est aussi journaliste, autrice et créatrice du podcast La Poudre (2016-2023).
Cet épisode de Folie Douce, sorti le 6 mars 2025, est une rencontre avec Charlotte Bienaimé qui a été enregistré en public à Brest, au Festival « Longueur d’Ondes » en février dernier.

 

 

Que pourrais-je vous dire de plusse que tout ce que je vous ai déjà dit sur Charlotte Bienaimé ?
Qu’elle est la créatrice et la réalisatrice depuis 2017 de mon podcast préféré de tous, Un podcast à soi ?
Que j’aime son calme, son intelligence et sa simplicité ?
Que j’éprouve un immense respect pour son travail et l’engagement militant qui la mobilise ?

J’écoute tout ce que fait Charlotte Bienaimé, et à chaque fois, j’ai l’impression qu’un voile se lève devant mes yeux. Ses deux épisodes sur les thérapies féministes m’ont éclairée sur un traitement de la psychiatrie auquel j’ai été confrontée et que je n’avais jamais questionné sous l’angle du genre et des rapports de pouvoir. Alors que maintenant ça me paraît évident. On vit dans une société de domination patriarcale, évidemment que la psychiatrie n’échappe pas à la structuration de la pensée qui en découle, surtout façonnée par Freud dans le contexte de son époque et de ses privilèges mascus (qu’il aille bien se retourner dans sa tombe).

Épisode 51 : Psy et féminisme, première partie – Au procès des folles
https://www.arteradio.com/son/au-proces-des-folles

Épisode 52 : Psy et féminisme, deuxième partie – Inventer une thérapie féministe
https://www.arteradio.com/son/inventer-une-therapie-feministe

 

Mon podcast préféré de tous : Un podcast à soi, de Charlotte Bienaimé.

 

Si vous ne la connaissez pas encore, vous pouvez commencer par l’écouter dans l’épisode de Folie Douce que je vous recommande aujourd’hui. Écoutez-le jusqu’au bout, vraiment jusqu’au bout, jusqu’à entendre Charlotte Bienaimé dire :

« La meilleure thérapie, c’est l’amitié. »

Waooo. Ça m’a donné des frissons. Tellement je crois que c’est vrai pour moi aussi.

→ Relire Mes ami·es & moi

 

À ce Festival « Longueur d’Ondes » du mois dernier à Brest (auquel je n’étais pas mais j’aurais trop aimé), il y avait ensemble sur scène Lauren Bastide et Charlotte Bienaimé, mais aussi Victoire Tuaillon, la productrice du Cœur et des Couilles sur la table, toutes trois interviewées par Marie Barbier, la cofondatrice de la revue féministe La Déferlante.

Vous pouvez écouter l’intégralité de la rencontre ici :

https://www.oufipo.fr/podcasts/21e-festival-de-la-radio-et-de-l-ecoute-longueur-d-ondes/amplifier-les-voix-feministes?utm_source=substack&utm_medium=email

 

Rencontre entre Lauren Bastide, Marie Barbier, Victoire Tuaillon et Charlotte Bienaimé au Festival « Longueur d’Ondes » (Brest, février 2025).

 

De mon côté, je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager ces trois interviews Blast, par Paloma Moritz, que j’ai adorées.

L’entretien avec Charlotte Bienaimé, que je vous surconseille évidemment, dans lequel elle raconte comment la pensée féministe a radicalement changé sa vie en lui donnant la force et les moyens de lutter. Avec douceur, une grande sincérité, et le mélange d’intelligence et d’humilité qui caractérisent son podcast, elle explique pourquoi l’action militante est un pont vers plusse de JOIE (on est en mars et je n’oublie pas le mot que j’ai choisi pour mon année 2025).

 

→ Luttes féministes : tout a changé et rien n’a changé (30 déc. 2024)
Avec Charlotte Bienaimé.

 

 

L’entretien deux ans auparavant avec Lauren Bastide où, pour une fois, Lauren Bastide n’est pas l’intervieweuse mais l’interviewée. Et elle en a, des choses à dire ! Sur l’écoféminisme, sur le viol comme outil de domination politique, sur l’abolition du système carcéral et la justice réparatrice, sur la déconstruction du genre et le chemin vers un monde plus juste…

 

→ Le féminisme peut sauver ce monde qui brûle sous nos yeux (19 nov. 2022)
Avec Lauren Bastide.

 

 

Et enfin l’entretien avec Victoire Tuaillon. Victoire Tuaillon, c’est trop ma star ! Elle explique avec une telle clarté pourquoi l’intime est politique, pourquoi l’amour, même, est politique. Comment, quand on est élevée comme une fille, on grandit avec l’idée que la quête la plus importante, ce qui donne un sens à sa vie, ce n’est pas qui on est, nos engagements, nos créations, c’est de trouver l’amour. Et trouver l’amour au sein d’un couple hétérosexuel bien sûr, car c’est l’homme qui va permettre que je sois reconnue, validée par la société, c’est l’homme qui va me reconnaître et me donner de la valeur en tant que femme qui a réussi puisque : en couple (avec enfants). Mais on n’explique pas aux petites filles à quel prix. Tout ce qui vient avec le couple, en termes de normes, attendus, charges et devoirs d’une femme. On ne montre pas qu’on peut faire d’autres choix ET être heureuse. Tu m’étonnes.

 

→ L’amour, une arme révolutionnaire (24 août 2022)
Avec Victoire Tuaillon.

 

 

Des fois quand j’en peux plus, que je suis découragée, je me dis : nan mais les gens qui n’ont pas écouté Les couilles et Le cœur sur la table, même pas je parle avec eux.
C’est la base de la base.

 

*****

 

Et vous, que vous a apporté mars ?