Aujourd’hui je partage avec vous une très vieille vidéo. La première fois que je l’ai vue, j’étais enceinte de la Petite Souris qui a eu onze ans fin février. Donc imagine.
Je l’ai vue, revue, rerevue un nombre de fois que tu ne peux pas imaginer (mais vas-y, essaye quand même).
Ce jour de la première fois, pendant l’hiver 2008-2009, j’ai copié-collé le lien vers la vidéo dans un fichier Word de mon bureau qui s’appelle « En-cours » et qui regroupe toutes mes choses du moment.
Mon fichier « En-cours », c’est un peu la version numérique de ce carnet usé qui t’accompagne partout et sur lequel tu notes à l’encre noire les pensées qui tournent dans ta tête, les valeurs qui te guident et te rendent une meilleure toi-même, mais aussi ce que tu lis ou que tu entends dans ta journée qui te marque, les histoires que tu choisis de croire, et toutes les idées géniales qui te viennent, les mots, les bouts de phrases qui se forment dans ton esprit à tout moment.
Tu vois, ce carnet-là.
Quand il n’a plus de pages blanches, tu en prends un autre tout de suite, mais tu peux pas jeter celui d’avant parce que tu n’as pas fini de vivre tous les débuts de rêves qui ont commencé dedans.
Bon, en vrai, mon fichier « En-cours » est bien moins intime que ces carnets-là. Moins profond. C’est pour ça que je peux vous en faire une capture d’écran sans masquer pudiquement le contenu, contrairement à la photo juste au-dessus.
Mon fichier « En-cours » s’ouvre à l’instant où je m’assois devant mon bureau le matin avec mon café et se ferme quand la nuit est largement tombée et que j’éteins tout. Il est le témoin du temps que je passe sur l’ordi et le gardien de ma mémoire reconnaissante : to-do list du moment, ce que je dois faire absolument dans les prochains jours, qui je dois rappeler, amende à payer, une phrase qui m’est venue quand je courais, un article qui m’a interpelée sur Internet mais que je n’ai pas eu le temps de lire en entier, recette à tester, recherches à faire pour apprendre sur quelque chose que j’ignore, série à découvrir, une musique que l’on m’a recommandée et que je veux écouter, des éléments à ajouter à mon blog…
Mes recherches des dernières semaines sur ce que je ne connaissais pas : l’origine de l’expression « boire à la régalade », Carolina Chocolate Drops, l’holodomore ukrainien, la technique du tangzhong, Sappho et le saut de Leucade.
Et encore et encore. Toujours et ça ne s’arrête jamais. Plein de choses. Et ces choses bougent et évoluent constamment, beaucoup plus rapidement que sur mon carnet papier. Je les supprime quand c’est fait ou dépassé et les remplace par des nouvelles, en m’efforçant de ne pas dépasser les cinq pages de Word – sinon ça peut plus être un « En-cours ».
MAIS…
Depuis dix ans, il y a une chose qui n’a pas bougé de ce fichier Word : c’est le lien vers la vidéo Free hugs que je veux partager avec vous ce matin.
Je le déplace de page en page, souvent je m’en sers de « séparateur » qui ne parle qu’à moi entre les choses urgentes qui sont placées AVANT, et les choses plus lentes qui me demandent du temps et de la réflexion qui sont placées APRÈS.
Parfois, quand je ne sais plus où j’en suis, je repousse le lien à la fin de mon fichier pour m’obliger à re-trier tout ce qui est avant et re-poser mes priorités. Mais jamais, en dix ans, je n’ai dégagé ce lien. Pas que la vidéo soit éblouissante, des fois je ne vais même pas jusqu’au bout – surtout qu’à force je la connais par cœur – mais j’ai besoin de la revoir de temps en temps, toujours au début, avec cette vieille dame toute petite qui vient en premier et la couleur qui jaillit avec elle.
Ça me fait. Et c’est sûrement naïf mais je me dis que si ça me fait, ça vous fera peut-être à vous aussi. Voilà.
En vérité, en ces temps de post-confinement où je sens parfois la réticence physique des autres à s’approcher, ça me fait encore plusse. Mais ça va, j’ai la chance d’être particulièrement bien entourée et, quoique sans enfants depuis presque six semaines, j’ai eu beaucoup de free hugs cet été. Dans des jardins, des maisons, et même un magasin et salon de thé bio tout à fait exceptionnel dans l’art de prodiguer les câlins. (Vas-y demande, tu dis que tu viens de ma part 😉 )
Vidéo « Free Hugs Campaign » , 2006.
Il y a eu bien d’autres vidéos « Free Hugs Campaign » depuis, mais moi c’est celle-là que j’aime. La première que j’ai vue. Peut-être parce que c’est la première, peut-être pas.
Quant à la vie en vrai, une fois seulement j’ai rencontré un mec qui portait une pancarte « CÂLINS GRATUITS ». C’était à Paris sur le parvis du Centre Pompidou, quand j’étais enceinte du Grand Lièvre (décidément, on peut limite y voir un signe 😉 ).
C’était au printemps 2011 donc j’étais très enceinte, et le gars qui tenait la pancarte était plutôt gros, je me souviens que ce sont nos ventres qui se sont touchés en premier, avant qu’on puisse s’entourer de nos bras.
J’étais hyper émue et cette émotion est restée en moi encore longtemps après le câlin.
J’étais seule et j’ai eu envie de le raconter tout de suite à Mickaël, alors je me suis assise sur les marches et j’ai commencé à lui écrire un texto. À l’époque on pouvait accéder au parvis normalement et s’asseoir sur les marches quand il faisait beau, personne ne portait de masque, et je ne pouvais pas faire de selfie avec le mec et sa pancarte parce que mon téléphone était un Nokia 3210 qui ne prenait pas de photo. C’était vraiment une autre époque. Bref.
Ce qu’il s’est passé ensuite, c’est que je n’ai pas pu aller au bout de mon message car je n’avais plus assez de batterie et mon portable s’est éteint. Story of your life, comme me dit Mickaël tout le temps. (Après quoi il ajoute généralement : mais POURQUOI tu charges pas ton portable tous les soirs comme tout le monde putain ??)
* Note du 3 août 2020 *
En attendant que mes enfants reviennent, là, tout à l’heure, après six semaines de vacances avec leurs cousins, j’ai regardé le tuto de SolangeTeParle sur le câlin. Le câlin à soi-même.
Intellectuellement je comprends l’idée, la seule personne qui sera toujours près de toi c’est toi, l’indépendance émotionnelle, besoin de soi pour prendre soin de soi tout ça, mais… je sais pas. Physiquement j’arrive pas. Je n’ai pas d’émotions, l’ocytocine ne monte pas, rien, je trouve que c’est pas du tout pareil. Comme une dimension qui manque. La vibration de l’autre peut-être ?
Vidéo SolangeTeParle : le câlin à soi-même.
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