Écoute-moi juin 2025

Photo : Ma bouillie de Weetabix est ma joie de juin (23 juin 2025).
Merci de ne pas me juger.

 

Le mois dernier, j’ai appris l’expression québécoise « pelleteux·se de nuages ».

Ce mois-ci, j’ai entendu pour la première fois l’expression : « avoir le doigt sur la couture ». Je n’ai pas bien saisi comment l’utiliser. Au sens figuré je veux dire. Sinon ça va, merci.

Je m’aperçois que je suis en train de noyer la lotte pour ne pas vous parler de mes Weetabix de la photo.
N.B. Article non sponsorisé. Comme vous, je paye mes Weetabix plein pot (quand toutefois j’arrive à en trouver).

 

Vous avez remarqué, vous aussi, comment c’est devenu difficile à trouver, les Weetabix (et les REM et l’Ovomaltine en poudre pas en barres) ?
Sauf en Australie où j’ai halluciné pendant notre grand voyage : dans les supermarchés en Australie, c’est des rayons entiers remplis de boîtes de Weetabix ! À perte de vue, des murs de Weetabix ! (mais toujours pas de REM, ni d’Ovomaltine en poudre pas en barres.)

Enfin. Quand j’étais au lycée, il y a trente ans, c’était la pleine période Weetabix : on en trouvait n’importe où. Pas comme aujourd’hui où tu pars en mission de :

1/. Ovomaltine (en poudre pas en barres) ;
2/. REM (si ça ne vous dit rien, lisez Lis-moi juin 2025) ;
3/. Weetabix.

 

Pub Ovomaltine de 1984 (j’avais six ans). De la « dynamique », vraiment ??

 

Il y a trente ans, c’était pas comme aujourd’hui donc, où tu pars en mission de ces trois raretés avec l’excitation de celles et ceux qui savent l’incertitude mêlée d’euphorie d’en trouver. Je me rends compte que ma phrase est bizarre… C’est sûr que, avant, c’était pour d’autres substances que je partais en mission. Mais bon, les temps changent qu’est-ce que tu veux, on peut pas toujours rester le doigt sur la couture (je tente). Aujourd’hui j’ai un CBD shop en bas de chez moi qui a pignon sur rue, alors t’as qu’à voir.

Hey, à ce propos, vous savez ce que c’est, un « pignon » ?
À part un pignon de pin je veux dire, vous savez ?
Nan parce que moi j’ai appris ça avant-hier, au même endroit exactement que le doigt sur la couture, j’étais complètement exaltée. Un pignon ! Un pignon de maison ! D’où pignon sur rue, t’as capté ?

 

Mais donc, quand j’étais au lycée et que je n’avais encore aucune connaissance en immobilier comme c’était le cas jusqu’à avant-hier, un jour où on n’avait pas cours, mon pote Monsieur Tro est venu me visiter à l’improviste (dans ma maison à pignon). À l’improviste de chez à l’improviste, tu te souviens quand tu sonnais au domicile des parents de tes potes en demandant poliment si machin·e il ou elle est là parce que t’avais aucun autre moyen de les joindre ?

(Là je vous parle d’un temps d’avant les portables, ok les jeunes ?)

 

« Wesh, le Rubik’s cube c’est trop bien, c’est pas la préhistoire ! », a dit le Marcass’ (12 ans).

 

À cette époque de la préhistoire, j’écrasais dans un bol deux ou trois ou quatre Weetabix que j’arrosais de lait – le lait végétal n’existait pas chez ma mère (dans ma maison à pignon) donc j’utilisais du lait de vache que je coupais pour moitié avec de l’eau parce que je déteste le goût du lait de vache. Je mélangeais bien, je couvrais d’une petite assiette, et je remontais mon bol dans ma chambre d’ado où je le laissais reposer comme ça deux heures jusqu’à obtenir la bonne consistance de bouillie.

Donc ce fameux jour au lycée où on n’a pas cours, c’est l’été, peut-être les révisions du bac, mon pote entre dans ma chambre, aperçoit ma bouillie de Weetabix dans le bol posé au sol, me regarde alors avec les yeux remplis d’effroi et dit :

– Mais… c’est quoi ce truc ?! Tu vas quand même pas manger ÇA ???

 

J’ai eu tellement honte, laisse tomber.

En dépit de ce regrettable épisode, le mec est resté mon pote, à l’époque et aujourd’hui encore où je suis devenue la marraine de sa fille aînée (qui a présentement l’âge que j’avais le jour de la bouillie de la honte). Pour vous dire comme il m’aime !
Cœur sur toi, vieux pote Monsieur Tro  ❤️

Cœur sur toi aussi, nouveau pote Stéphane François, qui as fait livrer hier chez moi un carton rempli de Choco-REM suite à mon dernier article   ❤️

 

 

2025-06 REM choco 2

Mais « pochon » quoi ! Qui dit « pochon » ??
Carton surprise livré chez moi (26 juin 2025)  🤩

 

 

– Euh… d’accord mais pourquoi tes Weetabix ils sont tout noirs sur la photo ? Ils ont moisi ?

Non, mes Weetabix n’ont pas moisi. Ils sont noirs parce que je les ai préparés avec du lait de sésame noir maison que j’avais congelé.

Maman, pourquoi t’es bizarre ?

 

J’ai disposé par-dessus la petite récolte de fruits rouges de mon jardin de juin pour essayer d’effacer le souvenir de la honte de mais-c’est-quoi-ce-truc-tu-vas-quand-même-pas-manger-ÇA pour glamouriser le tout.
Dans la vraie vie, je préfère ma bouillie de Weetabix sans fruits. Avec du lait d’avoine ou du lait de soja vanille, ou, quand on en prépare pour moi et que je ne bois pas tout goulûment dans ma tasse de la nuit, avec du lait de sésame noir.

Merci de ne pas me juger.
Parce que si vous commencez maintenant, qu’est-ce que ça va être dans la dernière partie de cet article où il est question de troubles mentaux et où je vous confie des trucs vraiment weirdo ?

N’ayez pas peur.
Restez.

 

Bannière artisanale de ma newsletter La peau de rouget, réalisée aux crayons de couleur par mes trois enfants sous la contrainte et la menace ravi·es de pouvoir échapper un instant à leurs écrans des temps modernes.
La chanson

 

→ Patti Smith, reprise de Summertime Sadness (de Lana del Rey), en concert au Festival de Nîmes (France, 19 juillet 2024)

 

J’ai déjà publié cette partie le jour de la Fête de la musique, dans mon article de samedi dernier : La chanson de juin 2025 + une info importante.

 

Patti Smith et Robert Mapplethorpe, au Chelsea Hotel en 1969 (New York, USA).
 
Le film

Pour le réconfort, de Vincent Macaigne, 2017
+ le moyen-métrage Ce qu’il restera de nous, de Vincent Macaigne, 2011

 

Rhâââ les gens ! J’ADORE Vincent Macaigne ! Je le trouve drôle, émouvant et très séduisant, les trois à la fois. Voilà.

J’ai conscience en même temps que ça fait bizarre de passer de ma bouillie de Weetabix à Vincent Macaigne sans transition, mais c’est le jeu de ces articles mensuels : je vous parle d’un truc qui me tient à cœur et puis, une chanson, un film, une série, un podcast !
Et ce mois-ci, j’ai enchaîné en mode commando les films avec Vincent Macaigne. Parce que, en cinéma comme en cuisine comme en tout, j’ai des phases terriblement monomaniaques. Puis ça passe. C’est pas grave. Le cœur quand ça bat plus, c’est pas la peine d’aller chercher plus loin, faut laisser faire et c’est très bien…

Laisser faire, c’est précisément la posture de mon mari.

Quelqu’un de sage, mon mari, patient et très cohérent, les trois à la fois. Voilà. Laisser faire et attendre que ça (me) passe, c’est donc aussi ce qu’il a fait ce mois-ci avec Vincent Macaigne : un film, deux films ça va, le reste, tes films français à la con là, t’as qu’à les regarder sans moi non merci, je vais plutôt aller lire dans le lit.

 

Scène tirée du film « Fête de famille », de Cédric Kahn (2019). Je suis dingue de cette photo 😍 Vincent, si un jour tu dois t’inscrire sur Tinder, c’est LA photo !

 

Pour les besoins de cet article, j’ai cherché la filmographie de Vincent Macaigne sur Wikipedia et j’ai listé dans l’ordre de leur sortie tous les films que j’ai vus avec lui (pas que ce mois-ci).

 

Les Deux Amis, de Louis Garrel (2015)

Le sens de la fête, d’Éric Toledano et Olivier Nakache (2017)

Fête de famille, de Cédric Kahn (2019)

T’as pécho ?, d’Adeline Picault (2020)
Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, d’Emmanuel Mouret (2020)

Médecin de nuit, d’Élie Wajeman (2021)

Chronique d’une liaison passagère, d’Emmanuel Mouret (2022)

Quand tu seras grand, d’Andréa Bescond et Éric Métayer (2023)

Hors du temps, d’Olivier Assayas (2024)
Trois amies, d’Emmanuel Mouret (2024)

 

Au total, j’ai vu 10 films sur les 40 que compte actuellement sa carrière d’acteur.

Mes deux prochains seront Bonnard, Pierre et Marthe, de Martin Provost (2023), parce que c’est avec Cécile de France que j’adore, et En même temps, de Benoît Delépine et Gustave Kervern (2022), parce qu’il y a aussi Jonathan Cohen qui joue dedans et que mon mari a dit : je te préviens, ce sera le dernier film avec Macaigne que je regarde. C’est vraiment parce que c’est Kervern et Delépine.

 

Bande-annonce du film En même temps, de Benoît Delépine et Gustave Kervern (2022).

 

Vous allez me dire qu’il y a aussi le nouveau Klapisch qui est sorti au cinéma le mois dernier, La venue de l’avenir, avec Vincent Macaigne. Mais je sais pas pourquoi, celui-là ne me dit rien. Enfin si, je sais pourquoi en vérité : j’ai fait une overdose de films français.
Olivier Assayas m’a tuer.

C’est quoi ton problème avec Olivier Assayas ? demande quelqu’un qui manifestement n’a jamais vu de films d’Olivier Assayas.
Autant vous le dire tout de suite : mon problème avec Olivier Assayas is huge. Énorme.

Mon problème avec Olivier Assayas, c’est l’intello de gauche Télérama que j’étais avant (à l’époque de la préhistoire de mon lycée et de la bouillie de Weetabix dans ma chambre). Celle qui avait aimé le film L’Eau froide, en 1995, et à qui j’ai aujourd’hui envie de mettre des claques.

Mon problème avec Olivier Assayas, c’est ses films chiants.

 

Hors du temps commence par un interminable prologue en voix off devant des paysages de campagne de la vallée de la Chevreuse. Déjà visuellement c’est chiant – sans vouloir offenser celles et ceux qui aiment la vallée de la Chevreuse. Et la voix off, atone, est insupportable. Genre t’as jamais rien entendu d’aussi chiant de toute ta vie, t’as envie de lui dire mais mec reste pas comme ça, prends de la coke, mets-toi les doigts dans la prise, fais quelque chose !!!

 

Bande-annonce du film Hors du temps, d’Olivier Assayas (2024).

 

« Chui pas psychologiquement prêt pour la boulangerie. »

Cette réplique de Vincent Macaigne, c’est le meilleur du film ! C’est cette seule réplique qui m’a donné envie de le voir… Et maintenant que je l’ai vu (et pas vous), suivez mon conseil : réécoutez cette réplique autant de fois que vous voulez dans la bande-annonce ci-dessus, et abstenez-vous du film. Believe me.

Mickaël (c’est mon mari sage, patient et très cohérent) a tenu dix-huit minutes devant Hors du temps. Ensuite il s’est levé, et, sobrement, il a dit :

– C’est bon pour moi, je vais aller lire.

 

J’ai insisté à fond comme j’insiste tout le temps, mais non mais reste ! Tu vas voir, bientôt le narrateur va arrêter de parler et ça va être bien, allez…
… mais ça n’a pas marché. Mon mari peut se montrer très inflexible. C’est le genre de mec qui walk the talk.

En l’occurrence ce soir-là, il a quitté la pièce sur le champ, je suis restée seule jusqu’au bout du film et c’était MÉGA CHIANT. Entre cours de tennis, consultations psy en visio sur iPad, séances de yoga, biscottes sans gluten, journaliste critique de musique et réalisateur de films français. Déjà le confinement c’était chiant, mais alors regarder le confinement de bobos parisiens dans la vallée de la Chevreuse, t’imagines pas !

C’est tellement exagéré dans le chiant et l’inintéressant que ça m’a paralysée devant. Je me disais, nan mais c’est pas possible que ce soit aussi chiant, il va se passer un truc foufou, il va forcément y avoir autre chose, un message derrière, du second ou du troisième degré, c’est pas possible que ce soit une caricature de film français à ce point !!!

Ben si en fait. C’est possible.
Premier degré – comme disent les ados chez moi.

 

Ben c’est parce que parfois, film dit « d’auteur » en France veut surtout dire film prétentieux. Y’a RIEN à comprendre. « Et au moins devant un animé japonais, bah je bosse mon japonais ! », ajoute Mickaël qui ne veut plus voir de films d’auteur du 6e arrondissement de Paris apprend le japonais avec discipline et persévérance depuis quatre ans.

 

Ok, et à part ça ?
À part ça, j’avais emprunté par le réseau de médiathèques de mon département, une bonne pile de films avec Vincent Macaigne. En bonne monomaniaque, il me fallait donc les voir tous.

Et puisque je ne peux ignorer que vit chez moi un rabat-joie sage, patient et très cohérent qui n’aime pas les films français et qui trouve que Vincent Macaigne joue toujours le même rôle, je me suis tournée vers le Marcass’ (12 ans) qui est toujours opé pour regarder un film avec moi quand son papa n’est pas là, même quand le film ne lui plaît pas vu que pendant ce temps-là on se fait des câlins et on éclate des REM avec une tablette de chocolat noir.

Attention : c’est faux de dire que Vincent Macaigne joue toujours le même rôle.
J’en entends certains que son personnage pelleteux de nuages agace (j’apprivoise l’expression). Alors que dans Médecin de nuit par exemple, c’est pas du tout pareil. Mais le rabat-joie sage, patient et très cohérent n’a pas voulu voir Médecin de nuit parce qu’il y a Pio Marmaï qui joue dedans et guess what ?
Le rabat-joie NE SUPPORTE PAS Pio Marmaï !

 

Avertissement : 99% cacao c’est puissant. Tu n’y reviens pas à deux fois (16 juin 2025).

 

Et sinon, le film que j’ai retenu pour ce mois-ci ?
Le film non pas avec Vincent Macaigne, mais de Vincent Macaigne : Pour le réconfort (2017).

À la sortie du film, Télérama a écrit « en état de grâce », Les Inrocks « un film en ébullition », le magazine Première « la claque de Cannes 2017 ». Oh waooo.
Hum.
Est-ce utile, à l’endroit où nous sommes rendu·es, que je vous précise que j’ai vu le début du film avec Mickaël, le milieu et la fin toute seule, et le moyen-métrage qui suit avec le Marcass’ qui avait fini ses jeux vidéo et ne voulait pas aller se coucher ?

 

« Maman, pourquoi on voit tout le temps les zizis dans les films français ? »
Marcel qui regarde Ce qu’il restera de nous, de Vincent Macaigne, avec moi dimanche 8 juin au soir (le lendemain c’était le lundi de Pentecôte, y’avait pas école).

 

Oui bah oui. Je sais. Dans les films français on voit les zizis. C’est vrai.

L’unique raison pour laquelle Mickaël a tenu un peu plusse que les dix premières minutes du film de Vincent Macaigne, c’est parce qu’il y a Laure Calamy dedans. Le rabat-joie aime Laure Calamy. Moi aussi j’aime Laure Calamy. D’ailleurs je suis à deux doigts de passer en phase monomaniaque avec sa filmo à elle.
Et j’avoue, heureusement qu’elle est là.

Dans le moyen-métrage de Vincent Macaigne, Ce qu’il restera de nous (2011), dans lequel elle joue aussi, elle tient une performance de ouf dans une scène de crise de couple qui dure hyper longtemps et qui prend à la gorge. Alors que tout le début, bof.

 

Laure Calamy dans une scène du film Pour le réconfort, de Vincent Macaigne (2017).

 

Laure Calamy dans une scène du moyen-métrage Ce qu’il restera de nous, de Vincent Macaigne (2011).

 

Mais donc euh… c’est quoi ton film préféré avec Vincent Macaigne ? s’impatiente Maud-ma-cops (tant cet article commence à être long, même pour moi).

Mon film préféré avec Vincent Macaigne, Maud, c’est Chronique d’une liaison passagère. Un film d’Emmanuel Mouret sorti en 2022, avec Vincent Macaigne et Sandrine Kiberlain. C’est fin, c’est intelligent, c’est drôle, j’ai adoré.

En deuxième ex-aequo, je dirais les deux autres films d’Emmanuel Mouret, celui d’avant et celui d’après : Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait (2020) et Trois amies (2024) que je suis allée voir au cinéma.
Tout ça vous montre que je ne suis pas rétive au cinéma français, hein ! J’aime les films qui parlent d’amour et d’amitié et de sentiments. Mais. Pas. Les. Films. D’Olivier Assayas. Chiants.

Et puis Le sens de la fête, Maud, évidemment Le sens de la fête, dont on se rejoue avec les filles des scènes devenues cultes  😂

 

Scènes avec Vincent Macaigne tirées du film Le sens de la fête, d’Éric Toledano et Olivier Nakache (2017).

 

« Le voyageur imprudent, c’est pas de Romain Gary, c’est de Barjavel. ».

Bah bien sûr Le voyageur imprudent c’est pas de Romain Gary, c’est de Barjavel ! Et moi non plus je m’en fous pas bordel de merde ! Je trouve au contraire que c’est important. Je veux dire, soit tu t’en fous, vraiment, et tu fais pas de plan de table, soit tu fais des tables avec une thématique et alors tu es cohérent·e et exigeant·e jusqu’au bout.

Mon mari me dit que quelqu’un·e qui s’en fout pas d’avoir une table Barjavel au milieu de tables Romain Gary et Émile Ajar, c’est forcément « un·e intello ».
Alors justement, si moi je suis une intello et que je vous dis que les films d’Olivier Assayas, c’est MÉGA CHIANT, ça donne d’autant plusse de poids à mon conseil. Fuyez !

Pour info, je viens de taper dans Google : qui fait la voix off insupportable du narrateur dans le film Hors du temps, d’Olivier Assayas ?
Réponse : la voix off du narrateur est celle d’Olivier Assayas lui-même.
Putain.

 

Affiche du film « Chronique d’une liaison passagère », d’Emmanuel Mouret (2022).
La série

 

→ North of North (Chronique arctique)
Une série de Stacey Aglok MacDonald et Alethea Arnaquq-Baril, sortie en 2025 sur Netflix

 

Cette courte série, qui se passe dans le Nunavut, au nord du cercle polaire, m’a été recommandée avec enthousiasme par mon amie Édith – qui a elle-même vécu six ans à Kuujjuaq, la capitale du Nunavik, où elle continue de vivre à mi-temps.
Édith m’a précisé que la série North of North a été créée, filmée et interprétée par des Inuits. Un peu comme Olivier Assayas qui filme un acteur qui joue lui-même et un autre qui joue son frère dans la maison familiale de la vallée de la Chevreuse où il a grandi… ah non, rien à voir.

Pour une fois qu’on ne parle pas des minorités autochtones en leur volant en plusse la parole sur eux·elles-mêmes !

North of North, c’est donc la vie dans une communauté inuite. C’est drôle (bien que les difficultés existent, mais disons qu’elles ne sont pas abordées frontalement), et les paysages sont magnifiques.
J’ai surtout aimé le personnage de la mère. Et l’actrice principale aussi, qui rayonne d’énergie positive. Évidemment, huit épisodes de 25 minutes, c’est trop court pour développer la psychologie des personnages, mais franchement, après le gouffre d’ennui Assayas, je suis heureuse de vous recommander une série joyeuse et bondissante !

 

Le podcast

 

→ Podcast Dans la tête d’un coureur / DLTDC Investigation
Saison 6, épisode #175 du 19 mai 2025
Poids, corps, troubles alimentaires : la face cachée du running https://www.youtube.com/watch?v=D6KK8BnIGCk

 

Je ne supporte pas la voix du mec qui fait ce podcast (Guillaume Centracchio, pardon à lui). Mais genre, vraiment pas. À tel point que je ne peux pas écouter plus de cinq minutes même si le sujet de l’épisode m’intéresse, et je ne retiens absolument RIEN des infos que j’entends.
Ça me fait la même chose avec la voix de Nicolas Demorand sur France Inter donc je ne peux plus écouter le 6-9, ou seulement par tranches de 4 minutes max, c’est pourquoi je ne suis plus informée de comment va le monde. Je sais pourtant qu’il va mal – comme les jeunes.

Cette hypersensibilité à la voix est un problème car je passe sûrement à côté de gens intéressants. C’était déjà le cas pendant mes études, au lycée, à la fac, des profs dont je ne pouvais pas suivre les cours. Aujourd’hui il y a des personnes avec qui je ne peux pas être amie, simplement parce que je ne supporte pas leur voix. Alors que : ça ne dit rien d’eux ou d’elles, ils ou elles n’ont pas choisi leur voix !
Mais… c’est plus fort que moi, j’arrive pas. Mon ouïe transmet l’information pénible à mon cerveau qui appuie sur le bouton d’urgence et après, c’est tout mon corps qui cherche à fuir. Comme devant la voix off d’Assayas dans le film d’Assayas, exactement, bravo, je vois que vous suivez !

 

Visuel de l’épisode #175 « Poids, corps, troubles alimentaires : la face cachée du running » (Dans la tête d’un coureur / DLTDC Investigation, 19 mai 2025).

 

Pour en revenir au podcast « Dans la tête d’un coureur », ce qui change tout dans l’épisode que j’ai écouté au début du mois et dont je vous parle aujourd’hui, c’est qu’il n’est pas présenté par Guillaume Centracchio, mais par l’animatrice Cléo Henin et la journaliste Émilie Roussey.
Autrement je ne l’aurais pas écouté.
Je n’en aurais pas parlé.
Déjà que, même là, après que je l’ai écouté en entier, je n’étais pas sûre d’en parler.

Parler de ça.
De TCA.
Parler de moi avec ça.

Je vois que ça reste difficile.
Même après avoir décidé que oui, j’allais le faire. Là.
Même après que j’ai publié un livre sur le sujet il y a 23 ans.

 

« No pain no gain ». Un slogan très répandu dans le milieu du sport, notamment en running et en musculation. C’est de la merde. Je SAIS que c’est de la putain de grosse merde toxique, et pourtant ça marche à fond avec moi. Tout ce qui fait mal est bon, quand tu veux te punir. (La question est : de quoi ??)

 

C’est tellement difficile de parler de ça, en étant sincère, en acceptant d’être vue dans ce que j’ai de plus tordu, que j’ai passé tout mon temps à écrire sur Vincent Macaigne (#ProcrastinationIsProtectingYou).

Donc là ce que je vous propose, c’est :

1/. Aujourd’hui je vous dis quelques mots sur cet épisode de podcast et vous l’écoutez – ou pas. Ça se trouve, vous, par pur esprit de contradiction, vous allez chercher un autre épisode de « Dans la tête d’un coureur » pour écouter Guillaume Centracchio et vous allez me dire que vous ADOREZ sa voix !

2/. Pour la prochaine fois, je m’engage à écrire un article entier sur le sujet du poids et de la minceur, ou de la non-minceur de mon corps, qui est ce qu’il y a de plus tabou et de plus fragile chez moi. Un article à paraître, sur lequel je travaille depuis deux mois en procrastinant beaucoup et qui promet d’être le plus vulnérable que j’aie jamais écrit sur ce blog.
Si, je te jure. Et pourtant y’en a eu, des articles authentiques et vulnérables publiés dans l’intimité de Ma chambre à moi !

Deal ?

 

Vignette extraite de la bande dessinée « Les sentiments du prince Charles », de Liv Strömquist (éd. Rackham, 2016), dont je vous ai longuement parlé dans mon article de mercredi.

 

Ok, l’épisode maintenant.
Déjà, énorme tabou, les TCA, dans le milieu du sport de haut niveau. Alors que c’est clairement l’éléphant dans le salon !

Au cours des quinze premières minutes, la psychiatre interviewée décrit les conséquences physiques – notamment la déminéralisation des os (→ Mon ostéoporose & moi) – psychiques et sociales des TCA et je m’y suis parfaitement reconnue dans l’histoire de mon anorexie restrictive. Bam, je l’ai dit.

Puis il y a le témoignage d’une athlète de 100 mètres haies, très intéressant, sur l’obsession de la minceur en compétition sportive. Elle met en lumière l’idée qu’on a, souvent, d’une typologie du corps sportif, une image corporelle unique à laquelle on se réfère.

 

Sur l’Instagram de la runneuse et poétesse Cécile Coulon, décembre 2024.

 

Dans le milieu du running en général, et de la course d’endurance en particulier (semi, marathon, trail de l’extrême), je ne vous cache pas qu’il vaut mieux être mince. De là à penser je dois être mince, de plus en plus mince, le plus mince possible, la bascule dans les TCA est plus proche que la ligne d’arrivée. Surtout quand l’injonction à la minceur (l’obsession ?) est entretenue par les coaches et l’entourage.
La sportive raconte que son nutritionniste placardait sur ses slides PowerPoint de formation :

+ 1 kg = + 1 seconde sur la piste

 

Ça m’a mise en colère. Cette violence, comme en danse classique. Comment tu veux, après ça, nourrir une image corporelle positive ? Comment tu veux que ton image corporelle ne soit pas perturbée – attribut que j’entends souvent associé et qui, à mon avis, est un euphémisme dangereux pour ne pas dire la dissociation qui s’annonce. Le bon gros fucking trouble mental.
Mais ça ce sera pour la prochaine fois, comme je m’y suis engagée. Je vous donne même le titre provisoire de mon article, pour m’obliger à ne pas reculer.

Mon maillot de bain & moi

 

2025-06 Yoga exergue

« Si tu fais advenir ce qu’il y a à l’intérieur de toi, ce que tu feras advenir te sauvera. Si tu ne fais pas advenir ce qu’il y a à l’intérieur de toi, ce que tu n’auras pas fait advenir te tuera. »

Évangile apocryphe de Thomas, en exergue du livre « Yoga », d’Emmanuel Carrère (éd. P.O.L., 2020) que j’ai terminé ce mois-ci (lien Lis-moi juin 2025).

 

 

Cependant, on ne peut pas accuser le sport de tous les maux dans ces maladies mentales qui affectent le corps. À titre personnel, c’est vrai que dans la phase ultra critique de mon anorexie restrictive, le sport a été un moyen d’aller toujours plus loin.
Une arme de destruction massive.

Mais dans le long, très long chemin vers la guérison, le sport, et le running surtout, a été un moyen de me réapproprier mon corps. De la même façon que la cuisine, le fait de me mettre à cuisiner beaucoup, tout le temps, a été un moyen de me réapproprier mon alimentation.
Une double voie vers l’équilibre.

 

Évidemment comme on est dans la vraie vie, les dérives perfectionnistes, les excès, de manière générale, composent une mécanique qui reste longtemps à l’œuvre, extrêmement difficile à déconstruire, même quand on se considère plus ou moins guéri·e.

(Guérit-on véritablement et pour toujours d’un trouble mental ou/et d’une addiction ?
Vingt-sept ans plus tard, j’ai le doigt sur la couture je ne suis pas sûre d’avoir la réponse à cette question.)

 

Sur l’Instagram de la runneuse et poétesse Cécile Coulon, avril 2024.

 

*****

 

Et vous, que vous a apporté juin ?

(QUI a aimé « Hors du temps », d’Olivier Assayas, sans déconner ?)

 

 

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Audrey Raveglia La peau de rouget
Par Audrey Raveglia 🐡

Récits de voyage, féminisme, réflexions intimes, curieuses… et souvent vénères !
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