Photo : Mes livres de septembre 2025.
Ma photo fait pitié, j’avoue. On voit que c’est la rentrée. Fini de s’amuser lire pendant des heures. Bien sûr on n’est que mi-septembre, mais quand je regarde mon planning des deux prochaines semaines – et la fatigue physique, nerveuse, mentale qui a déjà recouvert la plénitude de mon été grec (Newsletter 146 # 31 août 2025 : Est-ce que manger une figue c’est manger une guêpe ?) – je sais que j’aurai tout juste le temps de terminer mon roman du mois (400 pages, quand même).
Le livre
→ Camille Froidevaux-Metterie, Être féministe, pour quoi faire ?, éd. La Martinière, 2023
Cet opuscule est un condensé de l’essai de Camille Froidevaux-Metterie, Le corps des femmes – La bataille de l’intime(éd. Philosophie Magazine Éditeur, 2018), dont je vous ai déjà parlé il y a trois ans dans l’article S’il n’en restait qu’un(e) # juin 2022.
On a ici un résumé à l’usage des ados qui n’ont pas le temps de lire, tout occupé·es qu’ils et elles sont à rien glander, mais qui veulent néanmoins lire un vrai texte d’autrice et pas avaler la soupe en brique conditionnée par ChatGPT*.
« L’onde de choc est à la hauteur du scandale révélé : dans nos sociétés occidentales, soi-disant à la pointe en matière d’égalité, les femmes sont en fait toujours considérées comme des corps disponibles que l’on peut s’approprier, exploiter, violenter. » (p.17)
* Sur l’usage exclusivement hotline informatique que je fais de ChatGPT, lire mon dernier article : La peau de rouget est ma nouvelle newsletter.

Où il apparaît, dans le titre de cette double page (« La dynamique : mener la bataille de l’intime »), ce que je vous disais précédemment : le carnet reprend, de manière TROP simplifiée, les grandes lignes du passionnant essai de la philosophe, Le corps des femmes – La bataille de l’intime.
À la suite de quoi, si vous n’êtes pas un·e ado – flemme – je vous recommande vivement de lire Le corps des femmes – La bataille de l’intime dans son intégralité. Et d’écouter Camille Froidevaux-Metterie dans tous les podcasts où elle est invitée.
L’été dernier, j’ai écouté Camille Froidevaux-Metterie dans le podcast « Sous le soleil de Platon », de Charles Pépin.
Sujet du jour : quand est-ce que les femmes seront pleinement libres de leurs corps ?

Je sais que le mec a son petit groupe de fidèles mais moi, Charles Pépin, il m’énerve. Avec Camille Froidevaux-Metterie, je l’ai trouvé insupportable de paternalisme. D’abord il a visiblement un trouble de l’articulation qui l’empêche de prononcer les féminins « autrice » ou « auditrice ». Ensuite, son truc de résumer en fin d’épisode la pensée de son invité·e, c’est sa marque, d’accord, ça se discute mais bon, admettons, il le fait à chaque fois et avec tout le monde. Mais la façon dont il s’y prend ici avec Camille Froidevaux-Metterie, sa petite ironie à deux balles, ses simplifications… ça m’a tellement agacée !
Ça m’embête parce que, par ailleurs, Charles Pépin a les mêmes intonations de voix que mon ami Stéphane François pour qui j’ai une grande estime. Sauf que Pépin non, juste le mec s’écoute parler. Et à la lumière de la pensée de Camille Froidevaux-Metterie, ça le rend vraiment tout petit petit.
« Être féministe, quand on est un homme, c’est refuser de jouer le jeu de la domination masculine et reconsidérer ses propres comportements à l’aune de l’égalité. » (p.28)
Dans ta barbe, Pépin.

Et si vous, après votre journée de taf, les textes philosophiques, sociologiques, sur comment va (mal) notre société, merci mais non merci, vous ne pouvez vraiment pas, je vous propose À quatre pattes, de Miranda July, paru en mai chez Flammarion.
C’est un roman américain complètement foutraque sur une femme cis-hétéro, mariée, un enfant (mais pas encore de chien), bon job, bonne situation, qui d’un coup quitte le domicile familial pour deux semaines et demie et prend, presque en cachette d’elle-même, un chemin inattendu, fou, à l’opposé de ce qu’on attend d’elle, et qui la fait se sentir incroyablement vivante.
Raconté à la première personne avec une distance crue et un humour mordant, à plein de moments depuis que j’ai commencé à le lire, je pense à Fleabag.

Le roman ne se revendique pas directement du féminisme mais, que ce soit dans sa façon d’aborder le mariage et la maternité, l’enfermement insidieux du couple et de la maison, le souffle indispensable de l’amitié, ou bien dans l’imagination de ce à quoi ça ressemblerait de s’émanciper des normes conjugales admises et de s’autoriser à être libre et vivant·e, c’est clairement pour moi un texte féministe.
Même s’il y a du quatre pattes là-dedans, même s’il y a, aussi, de la contradiction.
« Jusqu’ici, tout ce que j’avais fait à Monrovia était guidé par une version de moi qui n’avait encore jamais été aux commandes. Une andouille ? Une cinglée ? Probablement. Mais les parts de moi plus chevronnées n’avaient qu’à se montrer patientes, tenir leur langue – leurs nombreuses mauvaises langues – et offrir sa chance à la petite nouvelle. » (pp.70-71)
Miranda July, À quatre pattes, éd. Flammarion, 2025

La bulle d’angoisse
→ Navie, illustré par Audrey Lainé, Moi en double, éd. Delcourt, 2019
Navie, c’est la super pote de SML. Comme Ovidie, qui est aussi la super pote de SML et dont la biographie graphique a aussi été illustrée par Audrey Lainé. Yep.
Navie, SML, Ovidie, ça va vous les avez ?
Non ? Vous venez d’arriver sur mon blog, c’est ça ??
Ovidie, je vous en parle souvent parce que je me retrouve complètement dans tout ce qu’elle dit. Sa biographie graphique, c’est : Les Cœurs insolents, écrit par Ovidie et illustré par Audrey Lainé, éd. Marabout, coll. « Marabulles », 2021.
→ Je vous en ai parlé il y a trois ans dans l’article S’il n’en restait qu’un(e) # mars 2022
SML, c’est Sophie-Marie Larrouy, dont j’étais super fan du podcast « À bientôt de te revoir ». (Moins de ceux qu’elle réalise depuis.)
Navie, je la découvre seulement. J’aime bien Navie.
J’aime les femmes qui parlent de manière authentique de leur rapport à l’alimentation, au poids, au corps. De l’angoisse que calme manger et de l’angoisse que crée manger.
J’aime les femmes qui ne trichent pas avec ça. Y’en a pas beaucoup.
« Le poids était l’arbre qui cachait la forêt. Et en l’abattant, j’ai découvert des problèmes bien plus graves. » (pp.84-85)

Y’a du boulot, comme on voit. Mais je suis courageuse, j’y reviendrai le mois prochain dans un deuxième volet à Mon maillot de bain & moi.
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Et vous, qu’avez-vous lu en septembre ?