Photo : Le Milford Sound (Nouvelle-Zélande, décembre 2018).
Certains parmi vous savent qu’il y a des fjords en Nouvelle-Zélande. Moi je l’ignorais.
Ils composent le paysage du Fiordland, au sud ouest de l’île du Sud, qui fait partie du site de Te Wahipounamu inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Dans cette région, les précipitations sont très abondantes : jusqu’à 10 mètres dans certaines zones et 220 jours de pluie par an. C’est la particularité de ce climat qui rend la végétation autour des fjords si caractéristique. Mais pour nous il faisait beau !
Il y a un sentier de grande randonnée, le Milford Track, qui part d’un peu plus haut que Te Anau et monte jusqu’au Milford Sound sur 53 kilomètres à travers des ponts suspendus, des passerelles en bois, un col de montagne…
Mais le nombre de places est limité et il faut le réserver des mois à l’avance. Et puis cinq jours de marche avec les babi, c’est mort ! À moins de porter un gros Marcass’ sur le dos comme un gibier faisandé.
Donc nous prenons un minibus, en petit groupe de douze personnes. Hyper tôt, genre 7h30. Avec un chauffeur-guide grand comme sont les Néo-Zélandais, qui connaît plein de choses et qui est plein d’humour (quand j’arrive à le comprendre, une fois passé l’accent).
Et nous serpentons sur une route superbe de Te Anau à Milford, que nous n’aurions jamais pu apprécier en conduisant le campervan nous-mêmes.
Le chauffeur s’arrête à plein d’endroits sur la route pour donner des explications – que je suis incapable de vous restituer – ou juste nous laisser devant des paysages incroyables.
Parfois aussi on marche (on s’est levés tôt, on a le temps jusqu’à 18h…). On traverse une forêt mousseuse pleine de très grands arbres, de très grandes fougères et de très grandes lianes, et on débouche sur une cascade.
J’ai beaucoup aimé les ruisseaux en bas des montagnes. Le vert qui est omniprésent devant les sommets enneigés, et l’eau qui glace les mains et la bouche.
Et puis l’arrivée devant les glaciers. C’est tellement grand, c’est tellement puissant, et nos vies si minuscules, si insignifiantes. Si courtes.
Je ne vais pas m’étaler, c’est une expérience qu’on ressent tous au moins une fois dans sa vie face à l’immensité de la nature, que ce soit la mer, la montagne, le désert, la banquise. Une paroi, la falaise de Bandiagara. Quelque chose de plus fort que nous qui nous rappelle à quel point on est petit dans cet univers.
Avant de partir, j’avais relevé dans Un bonheur sans illusion, de la danoise Marlene Rydahl :
« L’environnement est magnifique et impose comme une évidence une grande humilité face aux éléments et au mystère de la vie. Cette humilité est plus difficile à ressentir quand on vit en ville, entouré de choses que l’homme a construites et qu’il maîtrise. Le risque est grand d’oublier d’où on vient et à quel point les forces de la vie étaient là bien avant nous. »
À Milford, nous prenons un bateau pour une échappée de deux heures dans le Milford Sound.
Creusés par les glaciers, les sounds du Fiordland (ou lacs, les eaux du fjord) sont très profonds : certains pénètrent de 40 km dans l’intérieur des terres, d’autres comme le Milford Sound s’enfoncent à 400 mètres, et cette profondeur attire les dauphins et parfois les baleines.
On n’a pas manqué de nous dire que Rudyard Kipling a décrit le Milford Sound comme « la huitième merveille du monde ».
Je ne sais pas juger ça mais c’était beau. Et sauvage, et puissant. Comme le Khal Drogo, le chef des Dothrakis. (Pour ceux qui ont échappé à Game of Thrones, un khal dothraki c’est un tarpan si vous préférez. En plus brut encore.)
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Et vous, avez-vous déjà vu des fjords ? Où ça ?