Médiocratie #jeudi 9

Dessin : « En attendant la catastrophe ».
Street art dans les rues de Kaboul, Afghanistan, par Shamsia (Ommolbahni Hassani), 2020.

 

Jeudi 9 juin 2022

Il faut être fort pour traverser le temps

 

J’étais un peu vénère hier, non ? Avec l’histoire du Qatar et de M’Bappé ?
C’est moi je suis comme ça, des fois je m’emporte et je sais plus m’arrêter. Pardon.
Aujourd’hui ça va mieux, la pluie est venue nettoyer mon cœur et le ciel paraît plus bleu. Il y a toujours de quoi désespérer, évidemment, mais on peut quand même s’aimer. En attendant.

Lundi j’étais en mission avec deux amies et on en a vu plein, de ces maisons toutes pareilles. On a vu des humains dans des jardins, qui nettoyaient des gouttières, tondaient des pelouses, triaient des trucs. Je ne sais pas dans eux s’ils se faisaient croire que tout va bien mais ce qu’on a senti nous en les regardant, c’était tellement triste, t’as pas idée. Triste comme un bonheur qu’on croyait et qui s’est enfui, triste comme un couvercle qui nous écrasait nous aussi.

J’ai pensé : peut-être c’est vrai qu’on est tous pareils et tristes et déçus parce que tout s’effrite. J’ai serré le bras de mon amie et je lui ai dit : heureusement qu’on n’est pas toute seule.

Heureusement que j’ai des amis.

 

« l’ironie de la solitude c’est que nous l’éprouvons tous en même temps » (p.79)
Rupi Kaur, le soleil et ses fleurs.

Et se le rappeler, je trouve que ça change tout. Parce que c’est pas toi qui vas pas, c’est pas ta vie qui est pourrie, c’est cette part de vide existentiel inhérent à notre condition qui nous relie les uns aux autres comme faisant partie de la même humanité.

 

Les Cowboys Fringants, Les maisons toutes pareilles, album « Les Antipodes », 2019.

 

Les maisons toutes pareilles

 

J’ai mon cinq mille pieds carrés
La grosse piaule dans un quartier
Flat comme le fond d’une bouteille
Où les maisons sont toutes pareilles
Les symptômes pré-mensuels
D’une faillite trop personnelle
Un set d’outdooring dans l’salon
La pancarte à vendre su’l’gazon

J’ai une ex-femme qui m’en veut
Les enfants une s’maine sur deux
Pi un psy vraiment trop classe
Qui m’écoute me plaindre pour cent piass’
Sûr que j’f’rai brailler personne
Avec le spleen des pays riches
Dans une ère qui distorsionne
C’est tout l’monde qui a l’bonheur qui griche

Mais dès que le jour s’éveille
Sur les maisons toutes pareilles
La vie qui reprend son cours
Oublie le compte à rebours
Woh-oh-oh

Et comme des milliards d’humains
J’me ferai croire que tout va bien
Tant que s’lèvera le soleil
Sur les maisons toutes pareilles
Woh-oh-oh
Woh-oh-oh
Woh-oh-oh-oh
Woh-oh-oh-oh, oh-oh-oh

Comme plein d’mes contemporains
J’pratique le semblant de rien
Et j’donne mon accord tacite
Au triomphe d’un monde qui s’effrite
Climat fucked up, écocide
C’est donc ben plate d’être lucide
J’préfère mettre la switch à off
En attendant la catastrophe

Mais dès que le jour s’éveille
Sur les maisons toutes pareilles
La vie qui reprend son cours
Oublie le compte à rebours
Woh-oh-oh

Et comme des milliards d’humains
J’me ferai croire que tout va bien
Tant que s’lèvera le soleil
Sur les maisons toutes pareilles
Woh-oh-oh
Woh-oh-oh
Woh-oh-oh-oh
Woh-oh-oh-oh, oh-oh-oh

Quand la nuit borde le soleil
D’vant les maisons toutes pareilles
Pi qu’chu tout seul dans mon froc
Face à face avec mon époque
Je l’entends le glas qui sonne
Et c’pas vrai qu’j’m’en contrefiche
Dans une ère qui distorsionne
C’est tout l’monde qu’y a l’bonheur qui griche

Mais dès que le jour s’éveille
Sur les maisons toutes pareilles
La vie qui reprend son cours
Oublie le compte à rebours
Woh-oh-oh

Et comme des milliards d’humains
J’me ferai croire que tout va bien
Tant que s’lèvera le soleil
Sur les maisons toutes pareilles
Woh-oh-oh
Woh-oh-oh-oh
Woh-oh-oh-oh
Woh-oh-oh-oh
Woh-oh-oh-oh
Woh-oh-oh-oh

 

*****