Photo : Sur la petite place de Loix (Ile-de-Ré, 15 avril 2025).
La vie c’est tellement compliqué, il faut pas mal de piliers sur lesquels s’appuyer pour pas que le sourire se détraque et que la joie dégringole.
Dans la mienne de vie, le pilier central, le pilier porteur devrais-je dire comme on le dit des murs d’une maison, le pilier de tous les piliers, c’est l’amitié.
Ce mois-ci j’ai :
- partagé autant de cafés clandés que j’ai pu avec mes cops Adeline et Marlène ;
- échangé de longs messages écrits et des messages vocaux encore plus longs avec mon amie Édith ;
- marché en bord de Seine avec un ami que je découvre en profondeur avec grand bonheur ;
- parlé et pleuré sur un canapé avec une autre amie (qui n’est pas psy) ;
- et puis je suis partie une semaine au bord de la mer avec cette amie-qui-n’est-pas-psy, sans enfants, sans rien d’autre à m’occuper que moi.
Ça m’a fait un bien, vous n’imaginez pas !
Pendant dix jours ce mois d’avril, toute ma charge mentale s’est évanouie. Les contraintes, de temps, d’espace, la logistique, les aff(ai)res du quotidien, les enfants, les repas, la maison, tout cela est tombé dans un puits. Comme si j’avais sauté par-dessus la margelle et que j’étais partie sans me retourner (en courant le plus vite possible en chantant Freed from desire en sautillant gaiement sur l’air de la la la schtroumpf la la).
Liberté, joie et légèreté.

Liberté, joie et légèreté.
C’est en essayant de préserver ces trois émotions précieuses que j’ai retrouvé mes trois enfants tout aussi précieux après dix jours sans eux. De mon cœur heureux s’est mise à déborder de la gratitude pour mon mari qui, en les prenant en charge tous les trois, a rendu possible ce temps de ressource pour moi.
MERCI.
Ce temps de recharge de mes batteries physiques, mentales et émotionnelles sans lequel je ne peux pas vivre pleinement le présent.
Ce temps qui me permet ensuite d’être disponible autant que je le peux auprès de mes ami·es qui vivent des trucs durs de la vie. Écouter, accompagner, sans m’y perdre ni me laisser emporter. Car si on se noie, on ne peut plus aider – comme disent les hôtesses de l’air.
Est-ce que vous aussi vous voyez beaucoup de dépressions et de burn-out autour de vous ?
Ou peut-être êtes-vous vous-même touché·e ?
Les vies qu’on mène à une cadence de taré·e sont une aberration par rapport au rythme naturel dont notre corps a besoin. Par rapport à la lenteur nécessaire pour assimiler des apprentissages essentiels, par rapport au temps long que requiert la construction de liens relationnels solides. Faut pas s’étonner, après, que les cœurs pleurent et les corps craquent avec tant de souffrance et de sentiment d’échec associé.
La chanson
→ Suzane, Je t’accuse, 2025
C’est mon amie Marie qui m’a envoyé cette chanson à la fin du mois. Elle m’en avait déjà fait découvrir une autre, tout au début du mois, que vous retrouverez dans ma newsletter de demain.
(Vérifiez bien qu’elle n’arrive pas dans vos spams, enregistrez l’expéditrice dans vos contacts.)
La danse est bien présente ici, comme dans tous les clips de Suzane, sauf que là le clip est réalisé par Andréa Bescond. Andréa Bescond qui est aussi une des 92 Marianne de l’expo « Marianne(s) », photographiée par Sylvie Castioni et exposée à la Art Girls Gallery, dont je vous parlais justement la semaine dernière.
Andréa Bescond, voyez. Les Chatouilles.

Le film est sorti en 2018 et il a fait un peu de bruit, donc vous l’avez certainement vu, ou bien vous en avez entendu parler. Je ne l’ai pas vu. Je ne l’ai pas vu parce que je n’ai pas voulu, parce que deux ans auparavant, j’étais allée voir la pièce d’Andréa Bescond seule en scène, Les Chatouilles ou la Danse de la colère. Dans un théâtre au fin fond du 9-3, en 2016 ou 2017, je me souviens que c’était avant le voyage, tout le temps je me rappelle les événements avant ou après le voyage, j’étais allée voir cette pièce sans idée du sujet, avec mes amies Fred et Marie (la même Marie qui m’envoie la chanson de Suzane et l’autre, celle de demain), on était parties ensemble, dans la même auto.
La pièce m’a démontée. Fred et Marie aussi. Je me souviens qu’on s’est serrées les unes aux autres sans rien dire et qu’ensuite on a mis un certain temps sur le trajet retour avant de pouvoir ouvrir la bouche. Ça nous parlait à chacune et pourtant c’était difficile d’en parler.
Cette pièce a été un tel choc pour moi que je n’ai pas voulu la recouvrir du film qui, j’en suis sûre, est pourtant très bien. Puisque c’est aussi Andréa Bescond* qui le réalise, et que c’est quand même sa putain d’histoire personnelle !
* Avec son gars, Éric Métayer, qui co-réalise.
Le film
→ Mathias Mlekuz, À bicyclette !, 2024
Voilà un film sur l’Amitié, la vraie. Je vous avais prévenu·es, la semaine dernière déjà, qu’on parlerait d’amitié dans cet article, non ?
Voilà un film que je suis allée voir au cinéma sans trouver que ça dure trop longtemps ; un film qui m’a émue, qui m’a fait rire, qui m’a questionnée aussi.
Ma scène préférée, c’est un moment où les deux gars se demandent ce que c’est qu’un type « bien ». C’est quoi une personne « bien » ?
On est une personne « bien » quand on cherche à devenir une personne « bien », c’est ça le truc. On essaye mais c’est jamais fini, c’est jamais pour la vie.

J’ai adoré Philippe Rebbot. Après j’ai cherché dans sa filmo et j’ai vu en DVD L’Amour flou, de Romane Bohringer et Philippe Rebbot, sorti en 2018 aussi – comme Les Chatouilles mais rien à voir Gérard. L’Amour flou est une sorte de docu-fiction scénarisé mais basé sur l’expérience vécue de Romane Bohringer et Philippe Rebbot de leur propre rupture. De la rupture de elle et de lui ensemble dans leur vie privée, qui filment à présent la séparation de leur couple avec suffisamment de hauteur pour que ce soit à la fois drôle et fin. Un défi !
Comment une rupture amoureuse ne conduit pas nécessairement à une rupture parentale, ni à une rupture amicale – mais c’est (rare et) difficile…
J’ai beaucoup aimé les questions que pose le film.
C’est quoi un couple ? C’est quoi qui « fait » le couple ?
Est-ce que c’est vivre sous le même toit ? Avoir des enfants ensemble ? Contracter un prêt immobilier ? Partager des rapports sexuels ou/et amoureux, ou bien le même frigo ?
Est-ce qu’un couple c’est forcément deux personnes à l’exclusion de toutes les autres ?

En regardant ce film, je me demandais :
Est-ce que ce qui fonde le couple, c’est de partager un projet de vie, quel qu’il soit ?
Auquel cas, avec leur projet de continuer à vivre avec leurs deux enfants sous le même toit mais dans deux espaces séparés parce qu’il et elle ne sont plus amoureux·se l’un·e de l’autre, avec leur projet de réaliser un film ensemble à partir de cette expérience extraordinaire, il me semble que Romane Bohringer et Philippe Rebbot restent un couple.
Les projets communs évoluent au fil du temps et de la relation, mais est-ce qu’ils ne sont pas la pierre angulaire d’un couple vivant, même dans la séparation ?
Est-ce qu’un couple vivant, ce n’est pas vouloir être présent·e pour l’autre, même quand il n’y a plus de désir, même quand on se sépare ?
Ou bien est-ce que vouloir être présent·e pour l’autre même quand il n’y a plus de désir, au-delà du couple, ce n’est pas une forme plus puissante d’amour ?
Bande-annonce du film « L’Amour flou », de Romane Bohringer et Philippe Rebbot (2018).
La série
→ Bref 2
Une série de Kyan Khojandi et Bruno Muschio, sortie en 2025 sur Disney+
J’ai aimé Bref., que j’ai découvert tard, bien après tout le monde.
J’ai aimé Bref 2, que je découvre au moment de sa sortie, c’est-à-dire en même temps que tout le monde – voire avant, c’est pourquoi je ne vais pas trop en parler, pour ne pas vous spoiler…
Pas trop mais un peu quand même, pour vous dire que, là encore, ce qui m’a touchée, c’est l’importance de l’amitié. L’amitié comme repère (et je vois plutôt re-pairs) pour ne pas se perdre, le pilier de tous les piliers, l’amitié comme socle de l’équilibre personnel.
« Tant que je reste fidèle à moi-même, je peux pas me tromper. »
(Bref 2, épisode 1)
Parfois pour rester fidèle à soi-même, on a besoin de ses ami·es.
Souvent moi j’ai besoin et je demande.

Dans Bref 2, j’étais tout à la joie de retrouver Bérengère Krief, mais aussi à la surprise de croiser Mariama Gueye que je trouve tellement belle et que j’avais adorée dans la série Drôle, de Fanny Herrero !
Et donc, au détour d’une scène avec Mariama Gueye qui joue Anaïs (la meuf de Baptiste, épisode 2 je crois), j’ai appris qu’il existe une île aux Bahamas où on peut nager avec des cochons : Big Major Cay, dite Pig Beach. True story, j’ai même cherché des vidéos sur YouTube parce qu’il se trouve que, depuis la naissance du Marcass’, j’adore les cochons. ☺️
Et deux jours plus tard, le 11 avril, j’allais voir Bérengère Krief dans son nouveau spectacle au titre explicite, « Sexe », qui parlait exactement (et crûment) du sujet contenu en un mot dans le titre. Pourtant, pourtant, des enfants étaient présents. Parfois, souvent, je ne comprends pas les gens. De mon côté, c’était la veille au soir de mes dix jours d’avril child-free, et qu’est-ce que j’ai rigolé ! Qu’est-ce que j’ai rigolé !

Le podcast
→ Un podcast à soi, épisode #59 du 23 avril 2025 : Le sens du poil
https://www.arteradio.com/son/le-sens-du-poil
Ah les ami·es ! Sachez que jusqu’à avant-hier, j’avais prévu de vous parler, dans cette rubrique de mon article sobrement intitulée « Le podcast », de la minisérie en cinq épisodes « Anatomie d’une dispute », de Johanna Cincinatis Abramowicz, qui analyse les ressorts d’une rupture amicale, sortie ce mois-ci chez Binge Audio et produite par Le Cœur sur la table.
J’avoue que j’étais assez fière de la bonne cohérence de mon article sur le thème de l’amitié…
Mais voilà qu’est arrivé sur mon appli de podcasts un nouvel épisode de mon podcast préféré entre tous, j’ai nommé : Un podcast à soi, réalisé depuis 2017 par Charlotte Bienaimé.
J’ai ressenti un tiraillement, puis je me suis dit que le jeu, ici, la raison d’être de cette série d’articles mensuels, Écoute-moi, de même que celle de la série Lis-moi, c’est de partager avec vous ce qui m’a le plusse plu au cours du mois qui vient de s’écouler.
Et ce qui m’a le plusse plu en matière de podcasts ce mois-ci, c’est cet épisode #59 de Un podcast à soi. Voilà.

Chaque mois, je pourrais vous parler de Un podcast à soi.
Chaque mois, j’essaye au contraire de trouver un autre podcast que j’ai autant envie de vous faire découvrir – même si, le mois dernier, je me suis retrouvée à chanter les louanges de Charlotte Bienaimé, alors invitée dans Folie douce, le podcast de Lauren Bastide.
Eh ben cette fois je craque ouvertement et je crie : ÉCOUTEZ CET ÉPISODE DE UN PODCAST À SOI !
C’est tellement délicat, tellement intelligent, tellement agréable à écouter aussi, avec la façon dont Charlotte Bienaimé entremêle ses questionnements personnels, les témoignages des personnes qu’elle rencontre, les extraits de chansons, de littérature ou de poésie qu’elle choisit, et les éclairages de spécialistes (chercheurs et chercheuses, sociologues, psychologues…).
Vous y entendrez en prime une chanson de GiedRé, qui vous rappellera ma première newsletter de l’année autour du « grosse pute » qui a marqué mon entrée en 2025 (→ Newsletter 139 # 2 février 2025).
GiedRé, À poil, album « Chansons Romantiques au Piano », 2021.
Du même album paru en 2021 de GiedRé, il y a cette pépite qui s’appelle Tu as une bite. Je vous la mets aussi. Joli. Quand on n’en peut plus de hurler à la bêtise crasse des mascus puis de pleurer devant les violences sexistes et sexuelles, on a tous et toutes besoin de GiedRé ! 🙌🏼
GiedRé, Tu as une bite, album « Chansons Romantiques au Piano », 2021.
Mais revenons-en au poil, donc. Au sens politique du poil.
J’ai adoré cet épisode, vraiment. Il pose des questions essentielles, à partir d’un poil qui n’a l’air de rien et suscite pourtant tant de haine quand il est féminin. Ce que notre pilosité raconte de la construction du genre et de la sexualité, voilà ce que vous allez entendre.
Tout ce que j’aurais aimé entendre quand j’étais ado. Jeune ado, vieille ado, jeune femme.
Tout ce que j’aurais surtout aimé comprendre avant.
Avant de procéder à l’épilation laser définitive de mes poils.
J’aurais aimé avoir ces ressources-là mais… les aurais-je seulement écoutées à l’époque ? Les aurais-je comprises, aveuglée comme je l’étais, prisonnière sans même m’en rendre compte, sans jamais le questionner, du grand diktat de LA NORME imposée aux femmes ?
Ne faut-il pas toute une série de prises de conscience féministes et du temps avant de pouvoir, ne serait-ce qu’espérer faire un pas pour se libérer du poids des injonctions hétéropatriarcales ?
Pour se libérer de certaines, disons. Les plus faciles pour nous, celles qui nous sont accessibles en fonction des tourments de notre histoire personnelle, et qui ne seront pas forcément les plus faciles pour les autres. Il en va ainsi des cheveux blancs que l’on accepte (ou non) de ne pas teindre, du maquillage, de la minceur, des talons hauts, et de l’épilation bien sûr.
Extrait audio de l’épisode #59 « Le sens du poil », Un podcast à soi, 23 avril 2025.
Aujourd’hui je regrette mon épilation laser – comme d’autres regrettent vingt-cinq ans plus tard le tatouage d’un gentil dauphin sur l’omoplate à 17 ans.
Moi je ne supportais pas mes poils. Sur mes jambes, je trouvais ça vraiment dégoûtant, j’avais honte. Honte que les garçons les voient, se moquent et les montrent du doigt. La honte de soi. À douze ans, j’avais si bien intégré déjà, la grande honte qui s’abattrait sur moi si mon corps ne correspondait pas au modèle de séduction de la féminité. Si bien appris déjà, ce que je devrais mettre en œuvre pour que ce corps aie une chance d’être regardé et désiré. Aimé.
« Je veux pas qu’on me trouve dégoûtante, ou qu’on trouve une partie de mon corps dégoûtant. »
(C’est une citation du podcast.)
Entre 12 et 22 ans, j’ai donc passé un temps inouï à traquer mes poils, à les arracher à la cire, à l’épilateur électrique ou bien un à un à la pince à épiler, à creuser dans la chair de mes mollets jusqu’à m’en faire des kystes qui formeront des cicatrices chéloïdes indélébiles.
Un jour c’en est trop.
Un jour je me dis que tout ce temps passé sur mes poils, je veux l’employer à autre chose. Que ce n’est plus possible de le perdre à ça. Ce temps. Mon temps. Alors je cherche une solution qui me permettrait d’éliminer de manière radicale la charge épilatoire de mon emploi du temps. Cette solution, c’est l’épilation définitive. Le Graal, à une époque où le laser n’était pas démocratisé comme aujourd’hui, où il fallait aller à Paris dans une clinique spécialisée qui coûtait les deux reins sur les Champs-Élysées.
Sans un poil d’hésitation, j’ai pris rendez-vous pour la fin de mes poils.
Extrait audio de l’épisode #59 « Le sens du poil », Un podcast à soi, 23 avril 2025.
Il y avait plus de six mois d’attente dans la belle clinique des Champs dédiée à l’éradication du poil, mais je n’aurais pas eu les moyens de le faire plus tôt de toute façon car les premières séances allaient engloutir le salaire entier de plusieurs mois de mon job d’étudiante. J’ai vidé tout l’argent que j’avais mis de côté sur mon compte depuis mon opération laser de la myopie à 21 ans, et, en l’espace d’un an, j’ai fait épiler définitivement toutes les parties de mon corps pour lesquelles il est attendu qu’une femme s’épile.
En langage cabine d’esthétique, ça donne : jambes complètes (pour bien différencier la jambe avec cuisse de la demi-jambe qui comprend le segment de la cheville au genou), aisselles, maillot brésilien (échancré mais qui garde une forme de triangle) et SIF. Pour sillon interfessier.
En langage de vous à moi, cela signifie que j’ai épilé quatre zones : les jambes, sous les bras, le haut et les deux côtés de mon sexe, et entre les fesses. Les quelques poils de l’anus, si tu préfères. (Et puisque je vous entends ne pas oser me le demander, oui. Ça. Fait. Mal. Sa. Mère.)
Oublions la « moustache » qui fut un ratage total.
À aucun moment je n’ai envisagé la solution « laisser mes poils tranquille ».
L’idée ne m’a même pas traversé l’esprit, jamais, comme si cette option n’existait pas sur ma fiche de poste.
Extrait audio de l’épisode #59 « Le sens du poil », Un podcast à soi, 23 avril 2025.
Ben ouais. Si tu as écouté l’extrait audio précédent, tu as compris. Une société pédophile.
Ça fait sens en même temps, on peut se réécouter Je t’accuse, de Suzane, en début d’article.
Pendant les vingt années qui ont suivi mon épilation définitive, je n’ai jamais questionné mon choix. Au contraire, j’ai vécu heureuse et soulagée que le sujet du poil ait totalement disparu de ma vie. Que je n’aie plus jamais à y penser – comme mes anciennes lunettes de myope.
C’est seulement il y a cinq six ans, après le voyage, que j’ai commencé à lire cette histoire d’un autre œil. En même temps que je rencontrais le féminisme et que, peu à peu, grandisse ma conscientisation. Aujourd’hui si j’avais encore mes poils, je ne les épilerais pas. Je crois que je les porterais avec fierté, comme un acte militant, parce que c’est bien de ça qu’il s’agit.
S’affranchir des codes hétéronormés de ce qui est acceptable, ou non, quand on est une femme.
S’affranchir de la honte d’avoir des poils aux jambes, sous les bras, sur le sexe. Non mais WTF quand on y pense, hein ?!
Ça me donne envie de réécouter cette chanson de Java que j’adore, Le poil, et que je partageais déjà avec vous il y a cinq ans dans l’article Kalimera Elláda !
Java, Le poil, album « Hawaï », 2000.
Je rêve que ma fille qui a 16 ans puisse vivre une expérience différente de la mienne. Qu’elle voit ses poils comme un élément naturel de son corps qui n’a rien de sale ni de dégoûtant, qui n’a pas à être supprimé comme un parasite. Mais ce n’est pas le cas. Elle se rase les jambes, les aisselles, et ce geste fait désormais partie de sa routine. C’est son chemin, pour l’instant.
Elle est libre de décider pour elle-même – quoiqu’une part de moi se demande jusqu’où son choix est vraiment libre – et je ne vais certainement pas la critiquer ou l’assommer d’une injonction contradictoire supplémentaire. Aucune femme n’a besoin de ça.
On en parle pourtant, de plus en plus, et je sais qu’il existe, dans sa génération, des filles qui décident d’assumer leurs poils parce qu’elles estiment qu’elles ont mieux à faire que de se torturer et de dépenser leur temps et leur argent à les arracher. Pour qui ? Pour quoi ?
Je trouve que ça les rend puissantes.
Je trouve qu’il est temps qu’on se réapproprie nos corps, ensemble.

*****
Et vous, que vous a apporté avril ?