S’il n’en restait qu’un(e) # septembre 2022

Photo : C’est un chêne. Comment je le sais ? Eh ben parce que ses feuilles c’est des feuilles de chêne (mais pas comme la salade, moi aussi au début j’ai cru que c’était que la salade qu’on mange, mais non. Avec les feuilles de chêne du chêne, tu peux t’essuyer quand tu fais pipi et ça pique pas). Et l’autre raison pour laquelle je sais que c’est un chêne, c’est parce qu’il y a des glands partout qui tombent comme c’est l’automne (septembre 2022).

 

J’aime le mois de septembre. Mais il passe si vite, il passe comme passent le printemps et les meilleurs moments, et quand il se termine je sais que l’été est vraiment fini. Que je dois ranger mes tongs, arrêter de me faire croire que je vais les remettre, ne serait-ce que pour emmener les enfants à l’école. Je sais que ce qui vient maintenant c’est la pluie et le froid, et de mes pieds nus je freine, je tire sur les jours pour ne pas entrer en octobre…
Voilà pourquoi il me tient d’autant plus à cœur de revivre des bouts de mon septembre 2022 dans ce partage de fin de mois que je prends grand plaisir à faire depuis le début de l’année.

 

S’il n’en restait qu’un(e) # janvier 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # février 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # mars 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # avril 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # mai 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # juin 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # juillet 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # août 2022

 

En septembre 2021, l’article que je m’étais soigneusement épargnée jusqu’alors parce que je savais que je ne m’en sortirais pas avec quelques brèves éclaboussures, est un pavé dans la mare de la polémique dans la rubrique VIVRE < En chemin.

 

15 septembre 2021 : À propos de (vous savez quoi)

 

 

À mon tour, s’il n’en restait qu’un(e) de septembre 2022, voici ce que je vous ferais partager.

 

C’est la photo la plus flamboyante que j’aie vue ce mois-ci. Ce n’est pas moi qui l’ai prise, c’est Paula Kapellos-Ryser, donc je n’ai aucune retenue à dire qu’elle devrait être exposée dans une galerie ! Capter ce moment d’intimité à soi-même dans une soirée pleine de bruit et de fureur, saisir le trouble qui naît de ce mélange d’assurance physique masculine et de féminité… c’est waooo ! 🤩

 

 

Une découverte : la fresque du climat.

Depuis quelque temps, mon mari ne parle plus que de ça Mickaël est sensibilisé à la question du réchauffement climatique. Il se documente, lit des livres, Jean-Marc Jancovici devient son nouveau maître à penser, il fait des recherches sur le Shift Project, partage avec moi ses lectures apocalyptiques (je vous en reparle le mois prochain parce que je ne m’y suis pas encore plongée), invite oblige la Petite Souris à lire aussi (Le changement climatique expliqué à ma fille, essai cauchemar des vacances d’une ado de 13 ans, ne lui en parle plus JAMAIS) – il se conscientise, repense notre façon de consommer, se forme, et enfin, dans un fol espoir de rédemption de sa culpabilité rétrospective proportionnelle au nombre de vols aériens de notre voyage autour du monde, mon mari devient : formateur sur le climat.
Je te jure.
Si t’es instit’, sache qu’il peut même intervenir dans ta classe parce qu’il existe un jeu de fresque du climat pour les enfants (pendant que je me tape l’opération « nettoyons la nature » avec les CM1 en chasuble, gants et sac poubelle dans une forêt infestée de moustiques tigres enragés qui exultent leurs derniers instants façon YOLO sur ma peau avant la crevure hivernale).

Voilà, comme ça vous savez. À quoi s’emploie mon mari pendant que je vous raconte mes petites histoires de la vie. Quand il ne joue pas à Zeldouche. Quand il ne révise pas ses cours de japonais.
Y’en a qui font le taf. Quand même.

 

Donc ça c’est chez moi. Dans ma chambre. Qui est aussi, deux jours par semaine, un bureau de télétravail.

 

 

Un jeu : l’objet-mystère.

 

[Rapport à ce que la fresque du climat, je ne l’ai que découverte (et étalée), je l’ai pas jouée. Pas jouée au sens de : viens, on joue.]

 

L’objet-mystère est un jeu qui se joue en photo et où il faut être malin(e)… Imagine tu es quelqu’un qui fait du vélo. Bon bah l’hiver, et dès l’automne même, tu as des anneaux pour attacher le bas de ton pantalon à ta cheville droite pour pas le salir avec la chaîne quand tu vas travailler en vélo, oui ? Eh ben tu prends une photo de ces anneaux et tu l’envoies à quelqu’un qui fait PAS du vélo. Tu envoies la photo et tu lui demandes : alors ? vas-y vas-y ! qu’est-ce que c’est ??

Évidemment l’autre comme il fait pas de vélo, il sait pas, et donc t’as gagné la partie.

Sauf si… Sauf si l’autre est super malin(e) aussi – et c’est là que le jeu devient intéressant. L’autre sait qu’il ne sait pas mais il sait OÙ trouver les ressources. Auprès de qui se tourner, trouver celui qui sait et qui lui apportera la réponse. Et c’est ça qui compte de nos jours, c’est ça qu’il faut apprendre à nos enfants parce qu’on ne connaît pas aujourd’hui 90% des métiers de demain… Pardon. Je me suis laissée emporter. C’est à force d’écouter si attentivement ce que raconte mon mari, quand je suis fatiguée, j’ai des bribes de conversation qui surgissent inopinément.

 

Les anneaux de vélo, c’est juste un exemple, mais ça peut être ta cup, ton gratte-langue en cuivre, des patins à parquet, un plant de gingembre en pot, ou même, pour les plus forts, le mélangeur de ton blendeur.

Après si t’as peur de t’ennuyer avec l’objet-mystère, je te donne mille idées pour le décliner : il y a le plat-mystère que tu dois deviner en le goûtant les yeux bandés, le message-mystère qu’on te transfère anonymement et dont tu dois deviner qui l’a réellement écrit, le lieu-mystère (même principe que l’objet-mystère, tu devines où c’est à partir d’un détail sur une photo), le personnage-mystère, le mot-mystère, le caillou-mystère même… enfin t’as compris l’idée. Tu dois D E V I N E R !

Précisions sur le personnage-mystère : c’est une sorte de qui est-ce ? à une seule chance sur un personnage difficile à reconnaître parce qu’il est déguisé (par exemple avec une robe) ou vieilli ou en ombres chinoises. On peut aussi deviner une personne à partir d’une partie de son corps seulement : un pouce tordu, une main velue, une cicatrice… dans les limites très personnelles de votre pudeur.

 

 

Un objet : la housse de matelas anti-acariens (et la housse d’oreiller qui va avec, évidemment).

T’achètes ça chez un petit fabricant agréé qui te garantit que ta Texaal® 100% coton est fabriquée sous process ISO 13485:2016, norme des dispositifs médicaux. Ça te coûte une blinde mais ça change la vie de tes enfants allergiques. Note que passer l’aspirateur plus régulièrement que tu ne le fais et laver les draps plus souvent aussi, ça joue et c’est moins cher.
Quoique. Ça dépend des critères. Si tu penses au tableau croisé temps de vie passé / argent dépensé que ton mari aime bien rappeler. Mais bon. Tu vas pas tout le temps citer ton mari… Alors plutôt tu remercies l’allergo-pédiatre pour qui tu fais une heure et demie de route, qui est top, et que tu as doublement consultée pour la modique somme de 200 €. Ton estime de super maman est au top elle aussi, multipliée par dix d’avoir su écouter ton intuition et de ne pas en être restée à ce gros 🤬 🤬 🤬 d’allergologue que depuis le début tu sentais pas. Vous vous souvenez ?
Nan parce que ça date de janvier dernier, l’histoire !

 

Ouais, je me suis dit qu’une photo de housse de matelas anti-acariens, même strictement garantie sous process ISO 13485:2016, ça vous ferait pas rêver. Alors qu’un caillou-mystère…

 

 

Un album jeunesse : La promesse, de Jeanne Willis et Tony Ross, éd. Gallimard Jeunesse, coll. « Folio Benjamin », 2005.

J’ai un enfant (allergique) qui vient d’entrer en 6e. Pour qui Papa Écureuil a déclaré qu’il était temps d’acheter un bureau (anti-acariens). Et avant ça, de libérer de l’espace dans la chambre que cet enfant partage avec son petit frère (non-allergique). Donc en juillet dernier, je n’ai pas fait QUE vivre ma best life, mesdames et mesdames, j’ai aussi : trié des livres. J’ai repris tous mes albums jeunesse et j’ai gardé ceux dont je ne veux pas me séparer, ceux que j’aime d’amour depuis bien avant que j’aie des enfants. La promesse est de ceux-là. La promesse est l’album que j’ai le plusse offert autour de moi.
Il commence comme ça :

« Là où le saule rencontre l’eau, un têtard rencontra une chenille. Ils se regardèrent dans les yeux, de tout petits yeux… et tombèrent amoureux. »

Quand mes enfants étaient petits, le jour est arrivé où ils ont côtoyé, à l’école, en famille, entre amis, un enfant dont les parents se séparaient. Et ce qui était mon quotidien à moi petite, s’est avéré un choc terrible pour eux. Une déflagration qu’il n’avait jamais envisagée, une source d’angoisse, un trou noir qu’il fallait s’assurer de bien fermer pour ne pas tomber dedans.
Un soir que je leur relisais cet album, tous les quatre serrés comme des sardines sur le même petit lit, le Marcass’ avait trois ans, le Grand Lièvre cinq, la Petite Souris sept, et c’est elle, l’aînée, qui m’a demandé :

– Maman, tu promets que vous allez jamais vous séparer papa et toi ?

Ah bah non. Non. Je peux pas te promettre ça, non. J’aimerais bien pourtant, parce que je vois comme ça te rassurerait, je vois que tu en as tant besoin, mais non, je ne peux pas te promettre ça, ma minette / mon petit lapin / chaton grognon. (Heureusement que j’ai que trois enfants). La seule chose que je peux vraiment te promettre c’est que, tant qu’on s’aime papa et moi, on va prendre soin l’un de l’autre et se faire de la lumière. Mais l’amour entre les adultes, c’est comme entre le têtard et la chenille, mes tout p’tits : personne peut faire de promesses dessus. Jamais.

Bon, c’était il y a six ans. Peut-être qu’aujourd’hui je m’y prendrais mieux, je trouverais des mots plus doux, qui aident à comprendre et qui montrent un bout de ciel bleu. Parce que, bizarrement après ce soir-là, mes enfants n’ont plus jamais choisi La promesse pour l’histoire du soir. Même après, quand ils ont grandi et appris à lire tous les trois, quand ils relisaient seuls et pour le plaisir les albums de leur plus petite enfance, ils n’ont jamais relu La promesse.
Voilà, je vous le dis franchement. Mais moi cet album je l’adore.

Parce que… c’est la vie, petit !

 

Extrait de « La promesse », de Jeanne Willis et Tony Ross. 

 

 

Une BD : George Sand, fille du siècle, de Séverine Vidal et Kim Consigny, éd. Delcourt, coll. « Encrages », 2021.

Avant de lire cette bédé / roman graphique / biographie, je ne voyais en George Sand que son portrait mélancolique par Auguste Charpentier qu’on trouve dans tous les manuels scolaires de littérature et que j’ai toujours trouvé triste. Je ne connaissais d’elle que l’écrivaine de la nature, or moi la nature c’est… comment dire ? Un milieu hostile qui pique, gratte, fait des bleus, des marques et des douleurs, dans lequel je me perds et me blesse et me fais dévorer par toutes sortes de moustiques et autres bêtes des bois effrayantes que je ne sais pas identifier.
J’avais lu La Petite Fadette et La Mare au diable et je m’étais ennuyée alors j’avais décidé d’en rester là. Je n’ai jamais rien lu d’autre de George Sand, je ne savais même pas qu’elle avait écrit du théâtre. Et tellement de théâtre ! Je ne savais rien de son engagement politique, de ses idées révolutionnaires et de ses combats féministes, tout aussi révolutionnaires pour l’époque ! (Elle est née en 1804, cent ans avant Anaïs Nin.)

Sur la quatrième de couverture du livre, on lit :

« Kim Consigny et Séverine Vidal peignent avec tendresse la vie d’une femme libre, socialement, politiquement, artistiquement… amoureusement. »

C’est ça ! Et moi j’ai une tendresse particulière pour les gens qui n’abandonnent jamais, qui repartent sans cesse au combat, même blessés.

« Notre vie est faite d’amour et ne plus aimer c’est ne plus vivre. » (p.327)

C’est dans une lettre de George Sand à Gustave Flaubert, et moi ça m’a un peu parlé si tu veux… Dans la bédé, on retrouve aussi les mots, inspirés de son histoire d’amour avec George Sand, que Musset a mis dans la bouche de Perdican dans On ne badine pas avec l’amour (1884) :

« On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. » (dans la BD, c’est p.165)

George Sand a eu de nombreuses correspondances ; la plus connue est probablement celle avec Alfred de Musset parce qu’il y a de l’amour dedans, mais il y en a eu tant d’autres, tant de personnalités de la vie politique et culturelle du XIXe siècle ! Chopin, Liszt, Barbès (non ce n’est pas que le nom d’une station de métro de la ligne 4  😉), Marie Dorval, Flaubert, Balzac, Victor Hugo, Marie d’Agoult… et j’adore le titre qui a été donné à la publication de sa correspondance avec Delacroix (qui a peint plusieurs portraits d’elle) : Je serais folle de vous si je ne l’étais d’un autre.

 

Planches tirées de « George Sand, fille du siècle », de Séverine Vidal et Kim Consigny, pp.146-147.

 

 

Un mot que j’ai appris (un verbe en vérité, un verbe du premier groupe) : se pignoler.

Jamais je n’avais entendu ça auparavant. Je ne vous le dis pas, si vous savez vous savez, et si non ben vous imaginez… Moi d’abord j’ai cru que c’était en rapport avec l’alcool. À cause de la rime, peut-être, parce qu’on me l’a dit sous la forme conjuguée : tu te pignoles ?
Enfin, pas moi directement mais dans l’exemple voyez. Et à cause du début en piave et de la fin en alcool, et peut-être encore plusse à cause de « picole », que je déteste et que je dis jamais, j’ai pensé que. Tu te pignoles, ça devait signifier tu te saoules la gueule. Mais non.

Vous peut-être vous allez penser à : mettre des coups. À cause de torgnole. Mais peut-être pas, hein. Peut-être pas parce que peut-être vous savez. Vous pignoler.

 

 

Une phrase qui vise juste : « Les trois choses que je fais le plus dans la vie : travailler, dormir et te caresser. » (lundi 12 septembre 2022)

 

 

Un poème, deux poèmes, et finalement trois poèmes : « Encore », « Le verrou », et au milieu des deux, « Pas autre chose », tous trois dans le recueil En l’absence du capitaine, de Cécile Coulon, éd. Le Castor Astral, mars 2022.

Je sais. Depuis le mois de juin, depuis Les Ronces, vous vous demandez s’il y a eu autre chose que des mots de Cécile Coulon dans le « Ce que je lis » de la barre de droite de mon blog. (Et si vous ne vous demandez pas, c’est que vous ne suivez pas alors chut… ne me le dites pas 😬). Oui bah c’est comme ça. La poésie de Cécile Coulon est tellement fine, tellement délicate, et en même temps tellement ancrée, tellement charnelle, elle me bouleverse et on m’en offre des recueils !
Celui-ci, En l’absence du capitaine, c’est mon amie Marie qui me l’a offert. Il y a tant de poèmes qui m’ont touchée dedans que, au fur et à mesure que j’avançais dans ma lecture, je me demandais lequel j’allais bien pouvoir choisir. Et puis, le premier que je vous présente ici, « Encore », dès l’instant où je l’ai lu, j’ai su que ce serait lui. Je suis quelqu’un qui dit « encore ».

Après j’ai lu celui qui suit et il est venu conforter le choix que je venais juste de faire parce que, pour la première fois peut-être depuis que j’ai découvert la poésie de Cécile Coulon, en le lisant je me suis dit : tiens, celui-ci n’est pas pour moi. Je le trouve très beau mais je ne me reconnais pas dedans. Je suis quelqu’un qui veut « autre chose ».

J’ai continué et le sursuivant (comme le surlendemain si vous voulez, mais pour les poèmes) m’a fait tout remettre en doute. Il m’a parlé si fort que j’ai entendu dans mon cœur : je le veux aussi. Je veux les deux. Je suis quelqu’un qui ne pose pas de verrou et qui veut les deux.

Quand j’ai tourné la dernière page du recueil, je suis revenue aux deux poèmes que j’avais marqués d’un petit papier pour les prendre en photo. Ils ne sont séparés l’un de l’autre que par deux pages, les deux pages de cet autre poème qui n’est pas pour moi. Alors, en prenant les photos, j’ai pensé que peut-être les mots de ce poème résonneraient pour l’un ou l’une d’entre vous, différent(e) de moi, et j’ai décidé de publier les trois. Mon poème, le sursuivant, et celui du milieu qui n’était pas pour moi.

Avez-vous lu des textes de Cécile Coulon ? Vous aimez ?

 

 

 

 

 

Un film : L’arme fatale.

Ben ouais les gars, septembre c’est la rentrée ! Et avec la rentrée reviennent les-samedis-soir-en-famille-pizza-film-avec-les-enfants
Bon, heureusement c’est pas TOUS les samedis ! #JaiDesAmisJaiUneVieMerci. Ce mois-ci en vrai, il n’y a eu qu’un seul samedi (noir) soir, et c’était le premier du mois donc je ne me plains pas. Et le prochain, le premier d’octobre, je pars en week-end avec mes cops donc franchement ça va. Ça vaaaa… comme on dit chez les ados !
Mais donc le premier (et seul) samedi de septembre en millefa, on a regardé L’arme fatale. Le premier des L’arme fatale. Alors vous avez peut-être oublié – moi franchement, à part « I’m too old for this shit ! », j’avais tout oublié – mais le mec, Martin Riggs, il part sur inter la clope au bec. Tranquille. Il affronte les gros méchants chemise ouverte chaîne en or qui brille et la clope au bec. Avec une coupe de cheveux pire que la mienne, donc t’as qu’à voir – comme disait ma grand-mère !

Mais il y a plus grave.
Parce que ce qu’on a oublié surtout, ce que j’avais oublié, c’est la morale puritaine de l’époque. Quand Mel Gibson lâche un « disgusting ! » plein de mépris, non après un gros pet, un gros rot, ou disons un crachat, non, le « disgusting ! » de quand est évoquée la possibilité que deux femmes se trouvent ensemble dans le même lit. Une femme avec une femme. « Disgusting ! », s’offusque le héros bien-pensant blanc hétéro cis-genre privilégié (portrait 2022 de l’alpha mâle).

« Disgusting ! », aujourd’hui ça passerait plus. D’ailleurs sa coupe de veuch non plus, elle passerait plus. Et tant mieux j’ai envie de te dire. Pour les deux, tant mieux.

 

 

Un concept : quand tout est trop lourd, passer par le corps.

Attention, don’t let me be misunderstood. Ne vous méprenez pas sur ce que je vous dis là.
Les mots sont essentiels pour guérir. Parler à quelqu’un qui écoute est essentiel, je ne le remets pas en cause. Et croyez-moi, je vous supplie de me croire, parce que j’ai quand même fait dix ans de thérapie analytique putain ! 😱
Dont certaines périodes à deux fois, voire trois fois par semaine. Ouais… 😬

Comme quoi : je suis quelqu’un qui dit les choses. Mais justement, je sais de quoi je vous parle. I know what I’m talking about. Et sur ton chemin de travail vers ta meilleure vie, il y a d’un côté ce dont tu prends peu à peu conscience, ce que tu comprends de tes mécanismes psychiques, et de l’autre côté il y a ce qui se passe en vrai, ce que tu sais, grâce à ce que tu viens d’apprendre, que tu ne devrais plus faire, mais que tu continues à faire néanmoins parce que c’est tout ce que tu connais, tout ce que tu as toujours fait, tout ce que tu as toujours cru, et même si tu sais désormais que ça te détruit et que tu fermes toi-même les barreaux de ta cage, c’est quand même moins inconfortable à court terme, sur le moment, que de t’élancer à l’assaut du ciel avec tes ailes toutes fraîches. Tu vois ?
Bon, en gros. Je vous la fais rapide là, on n’est pas en thérapie…
Hum.

Et donc, comme c’est difficile de trouver la clé et que je ne suis pas toujours ma meilleure alliée dans la bataille, un peu d’aide extérieure n’est pas de refus. C’est pourquoi, à la fin du mois, je suis retournée voir une thérapeute qui ressemble pas DU TOUT à une thérapeute de la tête. C’est parce qu’elle travaille sur le corps. Elle écoute les maux du corps.
Je ne lui parle pas avec des mots. Je ne lui dis rien de moi. Je me mets toute nue dans une pièce minuscule surchauffée, surchargée de bibelots, d’un grand Kiki et d’affiches de rugby, et elle me masse pendant 4h30. Elle nettoie tout. Je pleure pendant 4h22. Enfin ça c’était la première fois, il y a un an et demi, quand j’avais pris rendez-vous pour deux heures… Ce mardi, pour ma deuxième fois, j’ai aussi pris rendez-vous pour deux heures et je suis restée 3h30. Mais je n’ai (presque) pas pleuré !

Pendant 3h30, elle me masse vigoureusement avec ses mains et ses bras larges et enveloppants. Parfois elle dit à voix haute ce qu’elle sent dans mon corps et tout ce qu’elle dit résonne et fait sens dans mon cœur. Je vois en accéléré les blessures que je croyais cicatrisées, les grandes douleurs, les stratégies d’évitement qui m’éloignent de moi-même, les histoires que j’ai vécues avant et celles que je vis aujourd’hui, des ponts entre elles, le passé, le présent, des liens évidents apparaissent, et des voies se libèrent.
Des voies de lumière.

Quand je sors, je suis rincée, j’ai l’impression d’être passée à la machine… mais on dirait que les couleurs d’origine peuvent revenir. Du rose des matins de septembre se mêle aux bleus dans le vert de la forêt, le jaune toujours et le noir du sésame. Un arc-en-ciel après la pluie.

 

 

Un truc qui se mange : de la purée de sésame noir faite maison.

Pour moi. Faite pour moi.
C’est quelque chose que je ne peux pas décrire. Comme une couleur vibrante dans mon corps. Voyez le peintre Pierre Soulages ? Il a dit dans son travail que le noir était révélateur de lumière.
Ben c’est ça mais à l’intérieur de mon corps.

 

L’absolu pour moi c’est de manger la pâte de sésame noir comme ça. Seule. Mais je prends pas beaucoup à la fois. Je me retiens. Parce que le plus grand danger quand tu atteins la cime, c’est comment tu vas redescendre…

 

 

Un bruit qui n’est pas celui auquel on s’attend : la respiration du hérisson.

Pardon, c’est un bruit de juillet dernier, de quand nous n’étions que tous les deux Mickaël et moi et qu’on pouvait boire un rhum le soir dans le jardin sans cailler sa mère parce que ça y est, winter is coming and it comes to last… 😖
C’est un bruit de juillet dernier mais je l’avais oublié, et c’est par hasard en triant les photos ce mois-ci que je l’ai retrouvé pour le faire écouter aux enfants. Et donc à vous aussi.

Avertissement quand même avant de poursuivre : avez-vous déjà entendu la respiration du hérisson ?
En Australie, j’ai eu un choc la première fois que j’ai entendu le cri du koala. La première fois et toutes les suivantes d’ailleurs, je vous l’avais raconté dans mon article Koalas & kangourous.
Un koala c’est trop bignon, t’as envie de le prendre dans tes bras pour le câliner ? Mais nooon ! Le koala est un animal sauvage, il est dangereux comme, comme absolument tout en Australie, et je t’assure qu’une fois que tu as entendu le cri du koala, plus jamais tu veux t’approcher !

Ce cri a pour objectif d’attirer les femelles et d’éloigner les autres mâles. Il est plus souvent comparé à un bruit de cochon. Les anglophones parlent d’aboiement et de rugissement pour définir ce cri très particulier. (sur Internet)

Un rugissement, tu comprends ?
Il paraît que les koalas ont un organe sexuel vocal dans la gorge, qu’ils utilisent pour émettre des appels et attirer leurs partenaires sexuel(le)s… C’est ce que j’avais lu à l’époque, quand j’avais peur la nuit d’aller seule aux toilettes à l’autre bout du campement. J’aurais pu faire pipi dans l’herbe dehors en sortant du campervan mais comme le koala était dans l’arbre juste à côté, j’avais encore plusse peur. Surtout que dans l’herbe en Australie, il y a des serpents. Pfff… rien que de vous reraconter cette histoire, je sens mon cœur qui s’emballe !

Ok mais… le rapport avec le hérisson ? Eh ben le rapport c’est que tu t’attends pas à ce qu’un hérisson fasse du bruit quand il respire. Un hérisson, c’est petit, ça fait pas de bruit. Voilà. Et les girafes, c’est grand et elles disent pas maman. Elles te font pas chier. Elles au moins.*

Alors le hérisson dans ton jardin qui fait un bruit de tuyau d’arrosage automatique quand il respire, t’as l’impression qu’il hyperventile et qu’il va clamser, ça fait flipper ! Et Mickaël n’a cessé de me soutenir l’inverse, que c’est moi qui faisais flipper le hérisson :

– Mais arrête, tu lui fais peur, ARRÊTE !

On l’entend d’ailleurs, deux fois dans l’enregistrement. Vous noterez la menace imminente dans le ton du deuxième « arrête ». Je le garde précieusement au cas où, si un jour je prends un coup, j’aurai toujours cette preuve à faire écouter aux flics lors de mon dépôt de plainte.

 

Le hérisson du jardin (juillet 2022). Je savais pas quoi faire. Mickaël a dit qu’il fallait lui donner de l’eau, que sinon il allait crever avec la canicule. C’est bien la peine de faire le bruit du tuyau d’arrosage automatique si tu peux pas boire…

 

Poussez le son à fond, vous allez comprendre !

 

* Merci de ne pas porter de jugement sur ces deux petites phrases lâchées hors contexte… Je ne suis pas maltraitante avec mes enfants, c’est juste un clin d’œil en rapport avec les albums jeunesse que j’ai triés cet été, vous savez, je vous ai expliqué au début de mon article ?
Bon, je vous donne la réf’ pour être sûre, au cas où, sinon je me sens pas tranquille…

Gérald Stehr et Willi Glasauer, Comment les girafes disent-elles maman ?, éd. École des loisirs, 2004.

 

 

Un leitmotiv : Est-ce que c’est vrai ?

C’est la première des quatre questions de la méthode de Byron Katie* dans ce qu’elle appelle le Travail (« the Work ») et qui consiste à se libérer des pensées qui ne nous sont pas utiles et dont on ne veut plus.
Quand je vois que je suis en train de partir en vrille (et maintenant je m’en aperçois de plus en plus tôt dans la spirale, c’est même à ça que je reconnais mes progrès), j’arrête tout, les combats, les voix dans ma tête, je fais pause et je me demande :

Attends, ce que je pense là, l’histoire que je suis en train de me raconter qui m’arrache le cœur et me fait vaciller, est-ce que c’est vrai ?

Ensuite je ne continue pas le travail avec les trois autres questions de Byron Katie parce que je ne m’en souviens pas et que généralement la première suffit. Parce que généralement la réponse est : non.
Non ce n’est pas vrai.
Ne crois pas tout ce que tu penses. Surtout pendant ton SPM, là laisse tomber ! Ne crois rien de ce que tu penses, ne décide rien, ne fais rien. Surtout, surtout, ne fais rien.

Vous ne voyez pas ce que je veux dire ? « Les histoires que ton cerveau te raconte », « ne crois pas tout ce que tu penses », pour vous ce n’est pas clair, vous avez besoin d’une explication concrète par illusions d’optique interposées ?
Relisez ma newsletter 64 # 2 août 2020 : Le plus gros mensonge est celui que l’on se raconte à soi-même !

 

* Le livre de Byron Katie s’appelle Aimer ce qui est. C’est bien et c’est un levier puissant mais moi le titre, c’est comme plein d’injonctions de développement personnel, ça m’énerve ! 🤬

 

« Don’t believe everything you think ». Ne croyez pas tout ce que vous pensez.

 

 

Une pensée à méditer : « Il y a un signe infaillible auquel on reconnaît qu’on aime quelqu’un d’amour, c’est quand son visage vous inspire plus de désir physique qu’aucune autre partie de son corps. » (Michel Tournier)

Nan mais pensez-y ! En vrai. Ça n’empêche pas d’aimer aussi ses fesses…  😝

 

 

Une chanson : Tôt le matin, de Gaël Faye.

C’est la chanson qui m’a donné le plusse de force et de courage ce mois-ci. Je suis tombée dessus par hasard après que j’ai écouté Grand Corps Malade, Ben Mazué et Gaël Faye dans une production commune (On a pris le temps, pour info). Dès l’intro musicale, ça m’a fait des frissons et j’ai tendu l’oreille pour écouter parce que je n’étais pas devant l’ordi. D’ailleurs si le clip vous gêne, s’il ne vous parle pas parce que vous avez plus de 40 ans, fermez les yeux et écoutez les paroles.

Affine forces et faiblesses, fais de ta vie un poème.

C’est la première chose que j’ai relevée. Ensuite le texte m’a emportée. Au point qu’à certains moments, mourir sous les étoiles, pas dans de petits draps, dans la voix de Gaël Faye j’ai entendu des intonations d’Eddy de Pretto. Eddy de Pretto de ce que vous savez. Tout vivre.

J’vais soulever des montagnes avec mes petits bras
Traverser des campagnes, des patelins, des trous à rats
M’échapper de ce bagne, trouver un sens à tout ça
J’vais rallumer la flamme, recommencer l’combat
Affûter ma lame pour replonger en moi

Mais pour soulever des montagnes il faut de la force, pour replonger en soi il faut du courage. J’ai écouté cette chanson comme un mantra tout le trajet jusqu’à chez ma thérapeute de 3h30 (qui ressemble pas DU TOUT à une thérapeute de la tête vu que elle c’est le corps).

 

Gaël Faye, Tôt le matin, album « Rythmes et botanique », 2017.

 

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Et vous, que gardez-vous de septembre 2022 ?