S’il n’en restait qu’un(e) # juin 2022

Sous le noyer de juin de ma copine Adeline, autrement appelé « l’arbre à secrets » depuis l’inoubliable soirée du 27 juin 2020 qui scella une amitié triangulaire (newsletter 62 # 28 juin 2020).
Photo d’Adeline Dragus, juin 2022.

 

Fin juin ! C’est moi ou le mois de juin est passé encore plus vite que le mois de mai ?
Entre les pique-niques, la musique, les moustiques (chassez l’intrus), les spectacles, les tournois, les élections législatives et la fête de l’école, il est déjà l’heure de ce partage de fin de mois que je prends grand plaisir à faire depuis le début de l’année.

S’il n’en restait qu’un(e) # janvier 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # février 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # mars 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # avril 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # mai 2022

 

En juin 2021, mon article à la fois le plus personnel et le moins lu par vous, lecteurs (mais pourquoi ??), est un article qui parle de se faire printemps, d’amour et de fleurs dans la rubrique VIVRE < En chemin.

 

17 juin 2021 : Se faire printemps

 

 

Et s’il n’en restait qu’un(e) de juin 2022, voici ce que je vous ferais partager.

 

La photo la plus improbable du mois… et c’est moi qui l’ai prise ! Sans faire exprès, sans savoir ce que je faisais. À l’in-su de mon plein gré si vous voulez… En sortant d’une auto à l’orée d’un bois, mon portable était verrouillé, je n’ai rien touché, je l’ai juste pris dans ma main pour l’emmener. Quand je suis rentrée chez moi, je l’ai rallumé pour photographier une frangrodouble (voir ci-dessous) que m’offrait avec fierté amour le dernier de mes enfants. Mais si, vous savez le dernier, le tyran du câlin ! C’est alors que j’ai découvert sur l’écran de mon téléphone cette photo mystérieuse, irréelle. Avec une heure indiquée, 9h56, seul témoin temporel de cet univers parallèle dans lequel les formes semblent se fondre en un rose lumineux…

 

 

Une frangrodouble, c’est une framboise avec deux groseilles entrées dedans comme en secret. C’est le Marcass’ qui l’a pensée pour moi parce que les groseilles toutes seules c’est acide et la framboise c’est doux. Sinon je sais, ses ongles sont ignobles. Mais les ongles c’est pas moi qui m’en occupe parce que moi je coupe à ras en dessous de la peau et les enfants hurlent (surtout lui, le Marcass’). Les ongles c’est le Pap’.

 

 

Une découverte : le château de Guédelon.

Alors là c’est simple : soit tu as plein de des copines instits, et, par hasard au détour d’une soirée, tu apprends ce qu’est le château de Guédelon (par déductions et recoupements parce que, comme TOUTES tes copines instits le connaissent, t’oses pas trop insister) ; soit t’as pas de copines instits donc tu connais pas le château de Guédelon, t’en as même jamais entendu parler et franchement ça va. Dans ta vie je veux dire. Ça va. Ça se passe bien. Mais après aussi hein, t’inquiète ! Si tu fais une recherche Google pour apprendre ce qu’est le château de Guédelon, après ça ira aussi, mais avant ça allait bien déjà. Voilà. Le château de Guédelon, c’est un peu comme le Palais idéal du facteur Cheval si tu veux. Une sorte de niche enseignante. Quand sur le parking, t’as que des autocollants MAIF assurance sur les pare-brises, tu vois ? Télérama négligemment abandonné sur le siège avant. Enfin.

 

Un jeu : À toi d’inventer et je continue.

C’est un jeu basé sur l’imagination. Si vous avez du mal à vous lancer, vous pouvez commencer par observer les enfants autour de vous. Mais ce serait dommage de réserver ce jeu aux seuls enfants. Ce serait vraiment, vraiment, dommage. Surtout que j’ai appris ce mois-ci que l’imagination peut extraordinairement remplacer l’expérience. Crois-moi. De ouf.

Un adulte qui manque d’imagination, c’est tellement triste. Parce que le manque d’imagination en vrai c’est quoi, sinon un manque d’effort et de sensibilité ? Un manque de grandeur ?
Et le pire du pire, je crois, c’est de ne même pas en avoir conscience. De vivre toute sa vie comme ça, au ras du sol comme un cafard, sans voir qu’il existe tout un monde, vivant, coloré, papillonnant et infini, auquel on n’a pas accès simplement parce qu’on est incapable de le nourrir.

« Sans imagination, l’amour n’a aucune chance », écrivait Romain Gary que j’adore et dont je vous parlais encore il y a deux mois dans mon article S’il n’en restait qu’un(e) # avril 2022.

Mais y’a pas que Romain Gary dans la ma vie. Y’a aussi Boris Vian. Vous vous souvenez Boris Vian, mon poème, son poème, « Je voudrais pas crever », Dérive d’octobre ?

« Les gens sans imagination ont besoin que les autres mènent une vie régulière », écrit Boris Vian.

… MAIS « LES AUTRES » VOUS EMMERDENT, ILS N’ONT PAS BESOIN QUE LES GENS SANS IMAGINATION LEUR DISENT COMMENT MENER LEUR VIE !

Ça se voit mieux, en capitales, que je suis en colère ? Merci Boris, high five !   🤩

 

Un objet : une très jolie robe que ma chouette m’a donnée.

Je l’ai souvent portée ce mois-ci. Il faisait chaud. C’est bien une robe quand il fait chaud. Au moins ça habille, je veux dire, c’est pas comme une moustiquaire.

 

La robe de ma chouette (juin 2022).

 

Une pièce de théâtre : 4.48 Psychose, de Sarah Kane, éd. L’Arche, 2001.

Si vous connaissez Sarah Kane, vous connaissez forcément cette pièce, c’est pas comme si elle en avait écrit plein. Mais, sans vouloir vous insulter, ils sont peu nombreux les gens qui connaissent Sarah Kane…
Cette pièce a été un énorme choc pour moi la première fois que je l’ai lue, en juin 2005. Je l’ai lue et j’ai définitivement arrêté de faire du théâtre. Enfin j’ai arrêté jusqu’à présent, je sais pas demain. Je ne dis pas qu’il y a un lien certain de cause à effet et que c’est parce que j’ai lu cette pièce que j’ai déserté les plateaux de théâtre ; j’observe simplement que c’est comme ça que ça s’est passé.

Et ce mois-ci, pour la première fois depuis dix-sept ans, peut-être parce que c’est la saison du théâtre amateur et des représentations, j’ai laissé mon doigt caresser le dos des pièces de théâtre contemporain qui peuplent ma bibliothèque. J’ai repensé à Sarah Kane, que je range sur un rayonnage à part, avec les livres de Stanislavski, Peter Brook et Augusto Boal, avec aussi certaines des pièces de Bernard-Marie Koltès, pour une raison purement pratique, parce que le format de ses publications à L’Arche est différent de celui des autres, plus grand que les poches, et qu’ils ne rentrent pas sur l’étagère. J’ai repensé à Sarah Kane parce que j’ai eu envie de la faire découvrir, et aussitôt il m’est apparu que je ne pouvais pas prêter ses pièces sans les relire d’abord. Pas après dix-sept ans, pas après le malaise gris que je me rappelais avoir ressenti.

4.48 Psychose est un cri d’angoisse totalement désespéré avant la toute fin. Et quand je dis la toute fin, c’est pas une image hein. Sarah Kane s’est pendue juste après qu’elle a écrit la pièce, à l’âge de 28 ans. Et moi en juin 2005, j’avais 27 ans. Donc voilà, je vous préviens.
J’attire l’attention – et la prudence – de celles et ceux qui aiment lire les livres dont je parle sur ce blog, voire qui les offrent les yeux fermés autour d’eux sans les avoir lus (et là Domi je pense spécialement à toi  😉 ). L’œuvre de Sarah Kane est réservée aux adultes. Aux adultes avertis.
Vous ne m’entendrez pas souvent adresser cette mise en garde – qui fait très film porno – mais maintenant qu’une part de mon cœur est devenue une maman, je crois qu’on doit prendre soin des ados. Jusque tard. De nos jours, 30 ans c’est les nouveaux 20 ans. 40 ans, les nouveaux 30. 50 ans, les nouveaux 40. Enfin t’as compris…

 

Extrait de 4.48 Psychose, de Sarah Kane (pp.10-11).

 

Une BD : Un autre regard, tome 4 : Des princes pas si charmants et autres illusions à dissiper ensemble, de Emma Clit, éd. Massot, 2019.

Dans ce nouveau tome de la série « Un autre regard », à partir du concept de charge mentale qui a fait sa notoriété, Emma illustre comment les inégalités subies par les femmes dans la sphère privée ne sont que le reflet de notre société, une société historiquement conçue par les hommes… à leur avantage. Évidemment. Faut pas être con !
Je trouve que les situations abordées ici sont plus politisées que dans les deux premiers tomes, plus politiquement engagées dans la lutte des classes. L’auteure remonte ainsi l’histoire de l’exploitation ouvrière et de la division du travail, et pointe la façon dont les femmes ont toujours été maintenues à des postes subalternes, ou/et valorisées, encensées presque, quand elles servaient les positions traditionnelles de dépendance vis-à-vis des hommes.

C’est le sujet qui m’a le plus interrogée : comment les privilèges masculins continuent de s’ancrer dans une espèce de fausse bienveillance à l’égard des femmes, immédiatement ressentie mais très difficile à démonter, et comment une pratique a priori inoffensive telle que la galanterie peut en réalité s’avérer un levier de pouvoir.
Cette forme de sexisme, le sexisme dit « bienveillant », a été nommé et mis en lumière en 1996 par deux psychologues américains, Susan Fiske et Peter Glick. Contrairement au sexisme hostile, qui est facilement identifiable, le sexisme « bienveillant » se donne souvent l’apparence de bonnes intentions. Mais les deux sont loin d’être incompatibles, selon les moments, les situations, voire les personnes, et constituent les deux faces d’un sexisme ambivalent.

« Pour construire quelque chose, il faut déjà l’imaginer. » (p.85)

Le propos d’Emma est clair et argumenté, c’est tellement d’évidences quand tu es une femme… mais qui n’en sont pas pour les hommes, même ceux qui lisent ces pages, et c’est fou de réaliser que, si proches, on vit des expériences si éloignées ! On couche ensemble vit ensemble, mais entre nos pensées, nos ressentis, notre monde intérieur, c’est le grand canyon !

J’ai mis du temps à ouvrir ce tome 4 de « Un autre regard » alors que je l’ai dans ma bibliothèque depuis trois ans et que j’ai adoré et enchaîné les deux premiers. Devine pourquoi ? Ben oui, je voulais d’abord lire le tome 3. Respecter l’ordre tu vois. (Tu le reconnais ou pas, le syndrome première de la classe ?). Sauf que le tome 3 je l’ai pas, parce qu’au moment où j’ai voulu l’acheter il était en rupture, et après j’ai laissé traîner, des mois, des années, et puis j’ai oublié. Aujourd’hui je me dis que c’est peut-être pas un hasard si j’ai tant attendu et si le tome 3 je l’ai (toujours) pas, car c’est sans doute celui qui remuerait le plusse de vase et de limon en moi. Le tome 3 c’est celui qui parle de « la charge émotionnelle et autres trucs invisibles »…

 

Planche tirée de « Un autre regard, tome 4 : Des princes pas si charmants et autres illusions à dissiper ensemble », de Emma, p.25. On est d’accord qu’il y a aussi des hommes qui portent la charge mentale. Il y en a.

(Pour voir d’autres planches de cette BD, lire aussi À la faveur de l’été.)

 

Un mot que j’ai appris : début juin j’ai appris ce que veut dire pétrichor.

Et comme vous n’allez pas oser crâner que vous connaissez alors qu’en vrai personne connaît, je vais vous le dire : le pétrichor c’est l’odeur si particulière qui émane de la terre mouillée après la pluie. Surtout en forêt. J’ai appris ça chez SML et ça m’a mise en joie. Merci SML !
Déjà que je ne savais pas que la pluie début juin ça peut être si bien…

Plus tard dans le mois, j’ai appris hyperonyme. Mais là je ne vous fais pas l’affront de vous dire ce que c’est car l’enfant m’a dit :

– Non mais hyperonyme, maman ! Quand même !

Donc je suppose que vous aussi, comme l’enfant, vous savez. Puisqu’en cette fin d’année scolaire vous avez bien signé des évaluations de français de CM2, non ? Donc vous savez. Quand même !

Et chémorécepteur. Je l’ai appris par hasard en tapant trop vite un texto à mes cops pour leur dire : samedi matin j’irai plus tôt au chémar. Pardon, au chémorécepteur. Le premier des quatre volumes de mon Dictionnaire culturel en langue française que j’aime d’amour m’apprend que l’on peut dire aussi « chimiorécepteur » et que cela désigne un récepteur sensible aux stimulations chimiques. Voilà. Facile. Trouve l’hyperonyme associé.
Mon téléphone quand il écrit des mots à la place de ceux que j’ai écrits, j’ai envie de le buter.

 

Une phrase qui est une (re)naissance à la vie : « Je m’invente. » (jeudi 23 juin 2022)

 

Un poème : « Tout va bien », dans le recueil Les Ronces, de Cécile Coulon, éd. Le Castor Astral, 2021.

Alors là autour de Cécile Coulon, une cascade de synchronicités, laisse tomber ! Des oublis pulmonaires qui resurgissent du passé, ton amie Marie, Jeanne Cherhal et tout ce que tu lis. Du genre que au bout d’un moment c’est trop, tu fermes les yeux, tu repousses avec la main pour dire assez assez, tellement c’est trop et que tu peux plus y croire. Sinon ça devient irréel comme un téléphone qui écrit des mots à la place des tiens, un téléphone qui prend des photos tout seul. Et on n’a jamais vu ça. Ou bien si ?

 

 

Un film documentaire : Orelsan, Montre jamais ça à personne.

C’est un documentaire en six épisodes sur les débuts de la carrière d’Orelsan, réalisé à partir d’images d’archives filmées par Clément Cotentin, le petit frère d’Orelsan. J’ai beaucoup aimé. On sent très fort l’amour et l’admiration du réalisateur pour son grand frère, et cet amour-là plusse l’authenticité des propos plusse l’amitié puissante et généreuse qui lie Orelsan, Gringe, Ablaye et Skread, ça donne envie d’aimer encore plusse Orelsan. D’écouter ses deux premiers albums que je ne connaissais pas, et de réécouter encore plus souvent les suivants.
Je vous l’ai dit plein de fois ici : moi j’aime les chanteurs(euses) qui savent écrire. Et Orelsan a de très très bons textes.

D’ailleurs, même si vous ne connaissez pas Orelsan, ou si vous n’aimez pas ce qu’il fait parce que vous le considérez comme un sale misogyne, ça vaut la peine de regarder ce documentaire parce qu’en plus, c’est drôle ! Par exemple, à un moment on entend un extrait d’une chanson qui s’appelle « La peur de l’échec », à la fin du premier album d’Orelsan – et cette chanson, c’est sûr que je vous en reparlerai parce que dès que je l’ai entendue, en deux trois phrases elle m’a mis un coup de poing dans le ventre et j’ai su tout de suite que j’allais l’aimer. Un peu comme le Tout vivre d’Eddy de Pretto.

Et donc dans le documentaire, après l’extrait de cette chanson « La peur de l’échec », on voit Orelsan avec sa mère qui est interviewée. Elle confie :

– Quand t’écoutes cette chanson, en tant que maman, tu te dis t’as dû rater des trucs…
– Ouais enfin ça va, t’es pas la mère à Zemmour non plus hein !

Bah moi la répartie d’Orelsan, ça m’a fait rire ! C’est vrai quoi, quand tu t’inquiètes pour tes enfants, faut relativiser. Imagine la mère de Zemmour, ses remords, ses regrets… Heureusement qu’elle est morte et qu’elle peut plus entendre la merde qui sort de la bouche de son fils.

 

Un concept : être dans la tête de l’autre.

Entrer dans un autre système de pensées où tout est enchevêtré selon un désordre qui t’échappe. Potentiellement dangereux. Tu ne sais pas où tu mets les pieds, ni si tu arriveras à en sortir sans fil d’Ariane (et si tu ne l’as pas gardé dans ta main en entrant, le fil, y’a peu de chances…).

 

Un truc qui se mange : les boulettes de viande à la ricotta d’Ottolenghi (recette dans Simple).

Peut-être vous allez me dire : encore des boulettes ? Ou bien : quoi ? encore Ottolenghi ?? Bah oui mais qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, Ottolenghi c’est la vie, et la vie c’est de la boulette ! Sortez les briquets, il fait trop dark dans nos têtes

Comme à chaque fois que je suis saoulée de cuisiner, je me demande POURQUOI on mange autant. Pourquoi aussi souvent, pourquoi chaque soir, chaque midi, chaque matin, ça revient.
Comme à chaque fois que je suis saoulée de cuisiner, je m’énerve et je rate, ça cuit pas et je gueule, et franchement c’est quoi ma vie, ce serait si facile d’acheter tout prêt, pourquoi je fais ça, à quoi ça sert de passer du temps puisque finalement le temps c’est tout ce qu’on a, etc.
Et caetera.
Et caetera.
Et quand j’arrive au bout du bout de mon circuit, je me souviens qu’il y a Ottolenghi.
Je me souviens que, quelle que soit la profondeur de mes peines et de mes soucis, il restera toujours Ottolenghi.
Alors une petite lumière s’allume, une nouvelle recette à essayer, une idée qui en entraîne une autre, puis une autre, et encore une autre, c’est toute une voie à explorer qui ouvre sur un jardin inconnu et des parfums enivrants que je respire pour la première fois. Ouf que cet homme existe parce que je te jure que sinon, y’a des périodes où on ne mangerait pas, chez moi.

 

Boulettes de viande à la ricotta d’Ottolenghi, avec des pâtes plomb (juin 2022). Si tu trouves du ptitim, c’est mieux. Dans l’esprit, si t’es un(e) puriste, je veux dire. Sinon la plupart du temps, les gens, ils s’en foutent.

 

Note d’aujourd’hui pour il y a deux ans

Je profite de cette nouvelle envolée à la gloire du maître Ottolenghi pour vous informer que j’ai refait, ce mois-ci, sa tarte à la tomate et à la crème d’amandes dont je vous parlais il y a deux ans dans mon article Ottolenghi Part-time lover.

Dont je vous parlais avec honte parce que, saoulée comme je l’étais – déjà, il faut croire qu’en juin juillet la cuisine me sort par tous les pores – saoulée comme je l’étais donc, j’avais entrepris de réaliser la tarte de Yotam avec un rouleau de pâte feuilletée industrielle. Putain. Rien que de l’écrire, rien que d’y repenser, le rouge me monte aux joues, j’ai envie de gribouiller, de me gifler, de jurer au monde entier que non, c’est pas vrai, j’ai pas fait ÇA !  🙈

Fallait-il que je sois si désespérée ce jour de juillet 2020 pour ne plus croire en rien… et pourtant, pourtant, je n’aime que toi je me suis promis intérieurement que je ne le ferais plus jamais. Jamais jamais. Et j’ai tenu ma promesse à moi-même. Je ne l’ai plus jamais fait.
En ce mercredi matin de juin 2022, j’ai préparé ma pâte brisée la plus basique, farine T80, sel, huile d’olive, eau. Celle qui ne me demande aucun effort, aucune concentration, aucun stress. Heureusement parce que j’avais mille autres choses stressantes dans la tête. J’ai pétri la pâte, je l’ai abaissée, garnie, cuite, et la tarte était une tuerie. Believe me. Du genre à te faire effacer de ta mémoire et de ton fichier Word toutes tes précédentes tartes à la tomate. À part peut-être la tarte levée à la tomate et à l’estragon. Et la Tatin avec chèvre et tapenade, allez.

Chers lecteurs, lectrices, la recette de cette merveilleuse tarte est dans Plenty More.
(Sinon, y’a pas une pointe d’ironie dans le fait que je vous mentionne les livres d’Ottolenghi dont sont extraites les recettes que je partage avec vous, y’a pas carrément une lame de fond d’ironie dans le nombre à deux chiffres de gens que je connais qui ont acheté au moins un, voire plusieurs, ouvrages d’Ottolenghi depuis l’article que je lui ai consacré, alors que je n’ai personnellement, toujours, aucun livre de lui en ma possession ?!)

 

Ma tarte à la tomate et à la crème d’amandes d’Ottolenghi de juin 2022. Pas de pâte feuilletée (je vous ai dit ou pas que j’étais saoulée ?), mais une pâte brisée de base.

 

Un bruit qui fait sourire, qui fait même rire : le bêlement des chèvres derrière chez moi.

J’adore les entendre. Le soir, le matin, dès que je les entends le sourire me vient ! 😊
Pourtant je suis pas une dingue des animaux, toi-même tu sais. Mais les chèvres j’aime bien. Surtout que cette année on ne part pas à Sifnos. Pas de Grèce, pas de Cyclades. Les chèvres de la montagne vont me manquer.

Les chèvres de Monsieur Seguin qui meurent d’envie de gambader au-delà des barrières du pré autorisé… au risque de rencontrer le loup. Avant il y en avait deux derrière chez moi. Deux chèvres. Quand je me hisse jusqu’au velux et que je regarde sur le terrain derrière, je les aperçois. Seulement depuis le début du mois, Mickaël et moi on a trouvé que ça braillait beaucoup quand même… Ça braillait fort, ça braillait toute la journée… Le genre de bêlements vénère qui réclament, plusse et plusse encore, qui ne s’arrêtent pas, tellement que ça pourrait être moi…
Et un jour de concentration difficile, lors d’une pause de télétravail, Mickaël a vu deux chevreaux près des deux chèvres ! Il a dit :

– La petite qu’on voit, là, qui fait que gueuler et réclamer de l’attention, c’est toi réincarnée en chevreau !

 

Un leitmotiv : un pas après l’autre.

Doucement. Donne-toi le temps. D’apprendre ce qu’il faut apprendre.
Tu cours pas contre la faim, tu fais pas de la plongée en apnée non plus. Alors respire. À chaque pas, respire. Tout va bien.

 

Une pensée à méditer : « On ne peut pas changer ses cartes mais on peut jouer autrement. » (Randy Pausch)

 

Une chanson : J’oublie tout, de Jul.

Quand tu fréquentes des gens bien plus jeunes que toi qui t’aiment aiment te faire découvrir des trucs que tu connais pas… et la plupart du temps tu trouves que c’est très moyen mais des fois t’accroches bien  😉
Jul, je n’ai pas creusé, mais cette chanson je l’ai retenue dès la première fois que je l’ai entendue. Je l’ai écoutée tous les matins du mois de juin en préparant les tartines de mes enfants avant de les emmener à l’école. Et comme j’en avais pas marre, je l’ai mise dans mes écouteurs pour accompagner mon running. Derrière le bonheur moi je cours.

Ce soir j’oublie tout
J’cherche mon chemin, j’fais des détours
Ce soir j’oublie tout et quand j’repense à ce jour
J’me dis que la vie est courte, qu’on partira tous un jour
Alors j’m’en tape de vos discours, derrière le bonheur moi je cours
Ce soir j’oublie tout

 

Jul, J’oublie tout, album « Dans ma paranoïa », 2014.

 

*****

 

Et vous, que gardez-vous de juin 2022 ?