Newsletter 59 # 17 mai 2020

Photo-cadeau de Marcel en vélo avec son papa, pour moi, hier matin. J’aime les coquelicots et toutes ces fleurs sauvages qui poussent sans que personne, jamais, n’en prenne soin (mai 2020).

 

On est bien peu de chose

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https://www.youtube.com/watch?v=2ICFtXx546A

Françoise Hardy, Mon amie la rose, album « Mon amie la rose »,1964.

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Moi en rêve j’ai vu

 

 

Salut les abonnés !

 

Pardon si je plombe votre dimanche matin avec cette vieille chanson.
Elle a été rappelée à ma mémoire, jeudi, par une âme proche. Parfois tu tombes sur quelqu’un au détour d’un chemin, quelqu’un qui promène un gros chien qui s’appelle Olaf, et ce quelqu’un sent des choses de toi que jamais tu n’aurais dites alors il devient une amie qui te rappelle des chansons, un jeudi, qui t’arrachent des larmes ici-même.

Avant-hier soir je me suis couchée pas bien (et tard).
Hier matin je me suis réveillée vieille (et tôt). Et triste.
J’ai accueilli les enfants l’un après l’autre dans la cuisine sans faire semblant. Je ne fais pas semblant.

La Petite Souris réfléchissait au monde et elle en était à sa troisième galette de riz quand elle m’a dit :

– Maman, tu devrais demander à tous tes abonnés c’est quoi leur pire peur.

 

Une heure plus tard, le Marcass’ quant à lui, ne semblait pas trop concerné par ma tristesse *. Ce qu’il voulait savoir, c’est :

– T’aimerais quoi, toi, si t’avais un super pouvoir ?

 

[* Quoique, plus tard dans la matinée, à vélo avec son papa en mission Retourner-enfin-acheter-du-vrai-pain-de-seigle-et-du-vrai-pain-au-levain-dans-la-meilleure-vraie-boulangerie-de-notre-département, il s’est arrêté au bord de la route et il a demandé :

– Regarde le Pap’, un coquelicot ! On peut le prendre en photo pour l’envoyer à maman ?

Je n’aime pas les fleurs qui s’achètent pour offrir, je ne sais pas m’en occuper et elles meurent, mais un coquelicot m’a touchée.]

 

Le Grand Lièvre s’est levé en dernier, loin derrière comme chaque matin, et les yeux à moitié fermés devant son bol il a maugréé :

– Moi quand je suis triste, je reste tout seul et je parle à personne jusqu’à ce que je sois plus triste. Voilà ce que je fais.

 

Ça ne m’a pas tellement aidée bizarrement. J’ai débarrassé la table du troisième petit-déjeuner et je me suis sentie encore plus triste.

Alors le déconfinement et quoi ?

J’entends pas mal de gens, d’amis, à commencer par ma mère chez qui nous allons déjeuner tout à l’heure d’un poulet-frites qui rend les babi ivres de bonheur, un peu comme les bulles de champagne qu’il me faudrait, j’entends ma mère et d’autres donc, qui ont aimé cette période de confinement. Qui lui ont trouvé des bons côtés.
Si tel est votre cas, venez partager vos bonheurs de confinement sous l’article En confinement : j’aime bien parce que…

 

Moi j’avoue que j’arrivais au bout du mur.

Le principe de devoir se munir d’une autorisation de sortie comme au collège me rend dingue nerveuse. J’ai besoin de sortir le soir, voir d’autres couleurs, et aujourd’hui tout ce que je vois, ce sont les couleurs des masques dans la rue.
Je nous croyais mieux préparés au confinement que la plupart des gens parce que nous avons vécu tous les cinq en 24/24 pendant presque un an de voyage. Mais non en fait. Pas du tout. C’est même fou d’avoir eu cette pensée !

Le tour du monde en famille n’a rien à voir avec l’enfermement dans le quotidien.

Fêter nos cinq anniversaires successifs nous a forcément ramenés il y a un an, à l’autre bout du monde. Où nous vivions alors l’antithèse du confinement.
Les sursauts de la vie sont imprévisibles – et parfois violents.

Isn’t it ironic, don’t you think ?

(Clique sur le lien et tu as la voix de mes 17 ans ! J’aime bien le clip aussi. Il me dit : reste dans ton équipe et souris. Continue d’avancer, tu verras ça va aller.)

 

À présent nous sommes déconfinés, mais on dirait que nous restons confinés dans nos têtes.
Je m’étonne que si peu d’élèves aient repris le chemin de l’école.
Je ne suis pourtant pas la seule à péter les plombs avec mes enfants à la maison mais, je sais pas, les discours des parents sont différents. Très sages et posés, responsables et mieux-veillants que moi.

Je suis surprise aussi des réactions de plein de gens autour de moi. Ça me fait du triste et de la solitude que je ne comprends pas.
C’est curieux que j’aie tant besoin des autres alors que je me sens si décalée.

– Ouais mais décalée c’est pas nouveau !

a lâché Mickaël quand il s’est levé à son tour et que j’ai essayé d’expliquer.
Je n’ai pas réussi à savoir si ça doit m’aider à relativiser ou si ça m’enfonce encore plus.

 

Bon mais c’est la vie, ça va passer, hein. Mon amie au gros chien et à la chanson dirait que c’est la lune (cette nuit). Et que c’est bien, parce que les larmes nettoient. Peut-être qu’elles sont le passage obligé pour terminer un monde, comme disent mes garçons dans leurs jeux vidéo.

Allez, je vais courir maintenant, et promis la prochaine newsletter je vous la fais pompelup !
Nous danserons bien au-delà des nues…

 

Audrey

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