Newsletter 25 # 7 avril 2019

Photo : Garance et Léo à Huay Tueng Thao (dans le nord de la Thaïlande, avril 2019).

 

S’ouvrir à la rencontre

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https://www.youtube.com/watch?v=wDjeBNv6ip0

LP, Lost on you, Live Session, 2016.

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Sans armes, le cœur nu

 

Salut les abonnés !

 

Ces dernières semaines ont été particulièrement riches en rencontres humaines, le cœur nu, grand ouvert. Quand on avance désarmé(e), sans même un bouclier devant ses parties les plus fragiles, on s’expose à des émotions intenses. Des joies puissantes, qui font battre le cœur plus vite, plus vivant, et puis des gros chagrins où l’on se sent tellement insignifiant que le corps devient trop lourd à porter.
C’est ce qu’il reste du Mékong et du Laos pour moi. C’est comme ça que je l’ai vécu.

 

Au fil du Mékong, nous avons d’abord rencontré des Québécois. Du Grand Nord. De ceux qui chassent l’orignal dans la forêt et pêchent des saumons de 30 kg à la mouche. Qui peuvent tomber sur un grizzli en sortant un matin dans leur jardin, ou découvrir une meute de loups gris dans les rues de leur village de tout en haut du globe. Des Vrais. Des Purs.
Nous avons décidé de partager un bout de route ensemble. Et puis ils sont repartis vers le sud, et nous vers l’est.
Ils ont laissé un grand vide. Je ne m’y attendais pas, en si peu de temps. J’ai mis des larmes dedans pour plus qu’il soit si grand, pour essayer de voir le fond comme dans les rivières du Canada où l’eau est si cristalline que l’on voit les cailloux à 15 mètres de profondeur.
L’eau est froide aussi. Mais j’ai pensé que je préférais sentir le froid me couper les jambes plutôt que de passer à côté et de ne rien ressentir du tout.

C’est un choix. Comme quand on dit oui à la vie, et qu’on sait qu’avec elle vient l’autre face, la grimace absurde, incompréhensible, impensable.

– Combien on a de vies, Léo ?
– Une seule, maman.

Léo existe en vrai. Il a trois ans, une grosse voix, et aucune difficulté à faire pipi debout dans une gourde. Il aime les fruits – surtout les litchis, les clémentines et les brocolis – les fusils jaunes avec une télécommande verte, mais pas dormir tout seul. Moi non plus j’aime pas.

 

On a beaucoup à recevoir des autres quand on ouvre son cœur en grand, avec l’acceptation, la vraie acceptation, profonde, qu’alors on sera plus vulnérables, et que oui, peut-être on va souffrir. Mais recevoir donne envie de donner encore plusse, et donner sans se protéger fait se sentir vivant(e). And it’s worth it.
On a beaucoup à apprendre d’un enfant de trois ans. Mais tous n’ont pas la même vie.

 

Bon dimanche à chacun de vous.
Et une seule vie.

 

Audrey

 

Du Laos que j’ai tant de mal à quitter

 

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