Illustration de Warja Lavater, Le Petit Chaperon Rouge, 1965.
Si tu étais libre
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https://www.youtube.com/watch?v=8UVNT4wvIGY
Gotye, Somebody that I used to know (feat. Kimbra), album « Making Mirrors », 2011.
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Quel chemin veux-tu prendre pour toi ?
Salut les abonnés !
Cette semaine j’ai reçu deux invitées sur mon blog. Enfin une invitée surtout, l’autre est une merveille de début de jeune fille qui habite chez moi et dont vous connaissez déjà les articles de la rubrique Le chicotement de la Petite Souris.
(Et si vous ne les connaissez pas, vous vous privez de la lumière d’une personne extraordinaire.)
Mon invitée s’appelle Louise, elle a 13 ans, son article à quatre mains est ici : Trop vite parties !
Et c’est elle qui m’a envoyé la chanson que je partage avec vous aujourd’hui.
« Salut Audrey, je ne sais pas si tu connais cette chanson mais j’espère que tu l’aimeras. Moi je l’adore et je l’écoute tout le temps en ce moment ! »
J’ai reçu ces mots le jour de la rentrée. Cadeau. Je ne connaissais pas la chanson et je l’ai tout de suite aimée. Elle m’a fait puissamment écho, quand tu revois quelqu’un et que cette personne a tellement vieilli d’un coup qu’elle s’est comme éteinte. Quand tu as du mal à distinguer dessous la personne que tu as connue et que ça te fait du froid et des cendres à l’intérieur de toi.
On a convenu Louise et moi que c’était une chanson bien triste, mais qu’on l’aimait quand même. Évidemment pour courir, c’est moins l’ambiance…
Nan parce que, ça vous aura peut-être échappé, mais il y en a ici qui se préparent aux 20 km de Paris. Si, je te jure. Idée folle de fin de soirée complètement débauchée, 4h du mat’, quelqu’un lance le truc et, enflammée telle une torche sur le dancefloor, direct tu claques le high five avec des runneurs teufeurs tout aussi ivres et inconscients que toi.
Love Boat Leçon : dans la vie il faut choisir ; OU tu bois, OU tu prends une décision.
Et si tu t’es risquée à faire les deux dans un moment d’égarement (ou peut-être au contraire un moment de grande lucidité), ben t’as plus qu’à assumer. Aller au bout. Bien sûr on peut toujours rebrousser chemin. Faire demi-tour. Mais pourquoi ? Pourquoi renoncer tant qu’on n’a pas vu à quoi ça ressemble, comment ce serait de se tenir là-bas, de l’autre côté ?
Par peur.
Par manque de foi.
Parce qu’on n’ose pas se risquer à quelque chose qu’on n’a jamais fait, par peur, peut-être, de découvrir qu’on n’y arrive pas, qu’on manque de courage. Si on n’essaye pas, c’est sûr qu’on ne se salit pas. Mais c’est sûr aussi qu’une étoile s’éteint dans le silence et le renoncement.
Je vous dis ça le ventre noué parce que, ça se trouve, je ne ferai pas la course. C’est vrai, là je vous fais partager ce que je crois sincèrement, ce que je sais, au fond, mais ça se trouve je me laisserai décourager par les obstacles qui se dressent devant moi : l’obligation de pass sanitaire, l’heure, la foule, le trajet jusqu’au départ… ça se trouve je cèderai devant mon mental qui active tous ses circuits pour saper mon élan vital et me convaincre de ne surtout pas bouger.
Laisse tomber, c’est pas pour toi, abandonne.
Reste là où tu es, au moins tu connais. D’accord tu t’ennuies mais tiens, prends un biscuit.
En proie à mes propres contradictions, je serais bien en peine de juger qui que ce soit.
Les choses qu’on dit et puis les choses qu’on fait, ben des fois c’est pas la même chose. On ressent bien la douleur quand on s’éloigne de ce qui est vivant en nous, de ce qu’on a dans le cœur, seulement c’est difficile de regarder sa vie en face et de prendre le chemin dans la forêt alors que la route qu’on a toujours suivie jusque-là est parfaitement lisse et dégagée et qu’on sait exactement où elle nous mène. Depuis le temps. Elle mène là où on est. Sans surprise. Là où les jours se suivent et se ressemblent : demain sera comme hier, la semaine prochaine comme la semaine dernière, et les dix années qui viennent comme celles qui viennent de passer.
Bon, cela dit, c’est pas ma route à moi, je ne vais pas vous raconter n’importe quoi ! J’ai plus souvent pris dans la forêt. Voilà pourquoi je sais que, dans la forêt, au début, plus on s’enfonce et plus c’est sombre. Les voies ne sont pas bien séparées comme sur l’autoroute toute tracée. Les sentiers deviennent troubles, ils tournent, on ne voit pas où ils vont et on a peur de se perdre. Et puis ça se trouve il y a un loup caché derrière un arbre et il va te manger toute crue.
Ou pas.
Peut-être qu’il a encore plus peur que toi, le loup. Peut-être qu’il en peut plus d’errer tout seul dans les bois, peut-être qu’il crève de sa solitude et qu’il voudrait que tu l’apprivoises et que tu l’emmènes avec toi, comme le loup de Marlaguette.
Personnellement, dans la forêt, j’ai pas peur du loup. J’ai peur de me perdre si je suis toute seule. J’ai peur du chasseur qui croit qu’il peut éliminer la force de l’imaginaire d’un coup de fusil.
Pourtant je sais qu’il n’y a que dans la forêt qu’on est vivant. Pas sur la route à suivre le troupeau, fermer la bouche, baisser les yeux, et jamais rien essayer de différent.
Il y a ce que tu veux dans ta tête et ce que tu veux dans ton cœur.
C’est Mickaël qui m’a dit ça, mercredi de la semaine dernière quand j’étais au bout de ma vie (paye tes hormones).
Qui peut prétendre vivre une vie sans contradictions ?, il a ajouté (et je l’ai noté).
De mon côté je ne prétendais rien du tout, et pour cause, j’en étais à me demander si on peut changer la douleur en douceur avec les mots, par juste une lettre. J’ai réfléchi longtemps et je ne crois pas. Je crois que seul le corps peut produire cette magie-là. Et tant qu’il n’est pas autorisé à marcher à contre-courant, tant qu’il doit se plier à contrecœur, on reste prisonnier de la douleur.
Comptant donc sur la puissance organique, je fais semblant de croire que continuer à fumer et à boire du rhum n’aura aucun impact sur ma course je fais confiance à mon corps pour rester dans mon équipe. Et je cours, je me raccroche à la vie (newsletter 43 # 8 septembre 2019).
Au désir de vivre ce que l’on ressentirait si on essayait. Si on s’autorisait pour de vrai.
Audrey
À contre-courant
22 septembre 2021 : Trop vite parties !
15 septembre 2021 : À propos de (vous savez quoi)
11 septembre 2021 : On lâche rien
8 septembre 2021 : Hommage
6 septembre 2021 : Gingembre de septembre
31 août 2021 : Pastille sexe #6 : L’espoir du changement