Newsletter 147 # 28 septembre 2025

Photo : Sur la grande plage entre Quend et Fort-Mahon le week-end dernier (20 septembre 2025).

Entre deux eaux

Où l’on ne dit surtout pas : entre deux maisons, entre deux âges, entre deux vies. Bah non.

 

*****

https://www.youtube.com/watch?v=m3lF2qEA2cw&list=RDm3lF2qEA2cw&start_radio=1

Haley Reinhart avec Postmodern Jukebox, reprise de Creep (Radiohead cover), 2015

*****

 

Salut les petits poissons !

 

En me réveillant ce matin, j’ai eu la pensée : j’espère que la rentrée ne vous a pas mis sous l’eau.
L’instant d’après, j’ai trouvé que c’était nul. Pourtant ce moment trouble d’entre-deux, entre deux maisons, entre deux âges, entre deux vies, ce moment trouble d’entre sommeil et réveil je veux dire, est souvent fécond et révélateur des meilleures intuitions.
Essayez d’y être attentif·ve, quand vous êtes en train de vous réveiller mais que vous n’avez pas encore ouvert les yeux. Écoutez les mots, les images qui vous viennent dans l’interstice de ce moment d’autant plus précieux qu’il est fugace. Volatile. Essayez, vous verrez.

Bon. J’espère que la rentrée ne vous a pas mis sous l’eau roulé·e compressé·e.

De mon côté, j’avoue que j’ai du mal à mettre en place les changements qui me feraient du bien – en matière de sommeil et d’alimentation notamment. Je travaille le reste aussi bien sûr : mes peurs, mes relations aux autres, mes conflits avec les enfants, et ma propre enfant intérieure qui en a visiblement pas marre de chialer sa mère.
Hier après-midi j’ai même (re)participé à un atelier de constellations familiales, dis-toi.

En comparaison, mon sommeil et mon alimentation ça devrait être plus facile, je me dis. Parce que ça ne dépend que de moi ; pas comme le froid, la grisaille et la pluie de cette semaine qui m’emmènent right ahead sur la pente de la dépression de saison.

 

Photo de Marlène Cristóvão (Mers-les-Bains, octobre 2020). « En virée à la mer il y a dix jours. Je ne voyais que la lumière, j’aurais jamais cru que les cumulonimbus étaient si proches… »

 

Right ahead sur la pente de la dépression, j’ai dit, pas Radiohead.
Bien que j’aurais pu, parce que Radiohead me fait exactement le même effet que le froid, la grisaille et la pluie. Un petit coup de Radiohead et hop ! tout schuss sur la pente attention à la corde.

C’est pour ça que la chanson que je partage avec vous dans cette newsletter de septembre, ce n’est pas Radiohead (ce sera JAMAIS Radiohead, je le jure). C’est une reprise de Radiohead.

Une reprise parmi les innombrables reprises du plus grand tube de Radiohead : Creep, bien sûr.

 

But I’m a creep
I’m a weirdo
What the hell am I doing here ?
I don’t belong here

 

Ah là, au niveau de la déprime, on se met bien bien bien… Un petit Thom Yorke et nous voilà à Slough en plein mois de novembre ! (Mais si voyons, cette bonne ville de Slough dont je vous parlais pour noyer le poisson, en intro de mon article Cette photo & moi.)

Sauf que : la reprise de Creep que je vous propose ici is so fucking (very) special qu’elle réussit l’exploit de n’être PAS déprimante ! Not creepy but sexy. Sexy comme Marlou, qui a pris les photos ci-dessus et ci-dessous, et qui m’a fait découvrir Haley Reinhart ❤️

 

Haley Reinhart avec Postmodern Jukebox, reprise de Creep (Radiohead cover), 2015

 

Je pourrais vous laisser sur du sexy mais j’ai fait une autre découverte qui m’a chavirée. Seule, par hasard – et en même temps, pas tout à fait par hasard puisque c’est en menant une recherche sur un poète italien du 16e siècle, Torquato Tasso (en français, Le Tasse), après une rencontre inattendue que j’ai faite au début du mois dans le TGV retour Perpignan-Paris (coucou Marc  😉), que je suis tombée right ahead sur cette phrase :

 

« Un grand amour ne suffit pas à attacher l’être qu’on aime si l’on ne sait en même temps remplir toute la vie de l’autre d’une richesse sans cesse renouvelée. »

André Maurois, Climats (1928)

 

Je n’ai rien lu d’André Maurois. Dans ma tête il se produit d’ailleurs un mélange nébuleux de François Mauriac et de Pierre Mauroy, autant vous dire que c’est n’importe quoi !
Je n’ai donc pas lu non plus Climats, le roman d’André Maurois dont est tirée cette citation à laquelle je pense tous les matins depuis qu’elle m’a sauté à la figure comme l’embout de ma brosse à dents électrique qui s’est catapulté et qui a failli me crever un œil.

(Je vous l’avais dit, non ? Que j’ai du mal avec la brosse à dents électrique et tout ? Mais si. Dans En 4-6. J’avais complètement lâché l’affaire jusqu’à il y a quinze jours, quand la dentiste m’a refait v’là la leçon. Les enfants la craignent et moi aussi. Elle est impitoyable.)

Enfin. Depuis, mon œil qui a failli crever et moi, on relit la citation d’André Maurois jusqu’à s’en faire une moelle qui protège de la MDMA DMLA.

 

Remplir toute la vie de l’autre d’une richesse sans cesse renouvelée.

 

C’est pas exprès mais il semblerait que ce soit encore une photo de Marlène Cristóvão (Quend, 20 septembre 2025).

 

Audrey Raveglia  🐡

Les trois articles de septembre sur le blog

 

24 septembre 2025 : Écoute-moi septembre 2025

 

17 septembre 2025 : Lis-moi septembre 2025

 

10 septembre 2025 : La peau de rouget est ma nouvelle newsletter