Newsletter 78 # 28 mars 2021

Illustration : Détournement du Cri de Munch.

Sortir du silence

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https://www.youtube.com/watch?v=YR5ApYxkU-U

Pink Floyd, Another brick in the wall, album « The Wall », 1979.

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Peut-on encore crier ?

 

Salut les abonnés !

C’est dur de démolir le mur qu’on a construit autour de soi pour se protéger, une blessure après l’autre, another brick after another brick in the wall, et qui finit par nous enfermer. Nous isoler.
Ça demande du courage d’oser se montrer fragile devant les autres, faire confiance à quelqu’un, se laisser prendre dans les bras, parce qu’alors on a peur qu’ils nous broient.

Dans ma dernière newsletter (newsletter 77 # 14 mars 2021), je vous parlais d’audace. Parce que c’est le mot que j’ai choisi pour mon année alors forcément je tourne autour, je l’interroge, j’expérimente… Mais je n’avais pas prévu le lourd dossier que je vous balancerais sur le blog quelques jours plus tard.
Mickaël m’a dit :

– On dirait que cet article est plus écrit, plus travaillé que les autres.

Et c’est étonnant son impression parce que c’est exactement le contraire. Cet article en question, Pourquoi j’ai mal au ventre, je l’ai écrit très vite, en deux jours, d’un seul jet et sans quasiment aucune correction. Deux jours ça vous paraît peut-être beaucoup, mais pour certains articles comme celui-ci ou celui-là, je mets des semaines, et même des mois à les écrire !
Pourquoi j’ai mal au ventre, non. Les mots me sont venus immédiatement, fluides, évidents. Comme s’ils étaient déjà là et qu’ils m’attendaient. Ils attendaient que je sois prête à sortir du silence, démolir le quatrième côté de mon mur, celui qui, en tombant, permet de découvrir avec surprise que ce qu’il y a derrière est moins effrayant que ce qui nous poursuit dedans.

C’est seulement au moment de cliquer pour publier mon article que j’ai eu une hésitation. J’ai pensé que je pouvais perdre des lecteurs qui seraient dérangés par ce que je disais. C’est vrai. Et puis je me suis dit que si c’était le cas, tant pis, que cet article c’était ma pierre à l’édifice, ou plutôt à l’inverse, mon coup de pioche dans le mur en briques, et que je ne laisserai plus rien ni personne me couvrir la bouche, jamais.

 

Le lendemain, juste le lendemain de la publication de mon article, j’ai pris une amende parce que ma bouche n’était pas couverte dans la rue. 135 €. Sur dénonciation, a-t-on pris soin de me préciser.

« Les gens se plaignent de vous. »

C’est marrant comme certaines choses sont plus faciles à dénoncer que d’autres. Quand on prend pas de risques, quand on roule sur la route principale et qu’on a le système de son côté.

Après quelqu’un m’a dit :

– En même temps tu joues avec le feu…

En même temps je t’emmerde.
Si seulement c’était que ça, 135 € le prix à payer pour pas la fermer. Mais je sais comme c’est dur. C’est dur de parler, ça rouvre tout ce qu’on avait enfermé, minimisé, étouffé, tout ce qu’on ne voulait pas voir, pas entendre, et surtout plus sentir. Ce qu’on ne disait pas pour essayer que ça n’existe pas, que ça n’ait jamais existé. Pourtant C’EST là. Ça reste là. Et ça refait mal.
En disant tu dévoiles des endroits de toi qui sont écrabouillés et tu te sens vulnérable.
Mais en dévoilant tu te libères aussi, tu t’affranchis. Tu n’as plus besoin de mettre toute ton énergie à dissimuler tes fêlures pour maintenir un équilibre de façade. Le mur fissuré autour de toi qui est censé te protéger mais qui ne fait que t’isoler et t’empêcher de te relier aux autres.
All in all it was all just bricks in the wall.

Cette vulnérabilité, aujourd’hui c’est ma chance (ma force, ma dissonance) de la reconnaître et de la vivre en moi.

Elle me grandit, paradoxalement elle me fortifie, et je ne vais plus me taire ni la cacher sous un masque parce qu’on ne peut pas me faire plus de mal que moi en m’écrasant. Le silence, c’est le pire. Tu fais un pas et la peur s’en va.

 

Merci à celles et ceux qui m’ont offert des chansons pendant tout le mois de mars pour me permettre de constituer le kaléidoscope musical de mon anniversaire : c’est la playlist 43.
Mes ami(e)s, les liens authentiques et riches que je tisse autour de moi, l’amour que je donne et que je reçois, c’est ma chance (mon appétit, mon essence) !  🙂

Allez, ce week-end on met les pendules à l’heure d’été.
Alors allons ralentissez
Laissez le soleil se lever
Le monde va pas s’écrouler…

 

Audrey

 

P.S. Je vous redonne le lien vers le podcast « Ou peut être une nuit ». Pour sortir du silence, parce que tout le monde devrait l’écouter :
https://louiemedia.com/injustices-2/ou-peut-etre-une-nuit

P.P.S. Pour celles et ceux qui vont sur le blog tous les jours guetter s’il y a du nouveau dans la barre de droite (salut à vous !) et qui ont donc déjà lu les derniers articles, sachez que j’ai ajouté une note à la fin de Pourquoi j’ai mal au ventre et que j’ai actualisé la playlist 43 avec les chansons-cadeaux de ceux qui arrivent en retard pour les anniversaires…

Ma bouche (déc)ouverte

 

24 mars 2021 : La playlist 43

 

17 mars 2021 : Pourquoi j’ai mal au ventre