De l’envie de voyage

Photo : Un couple de touristes sur notre road trip de Gaspésie, au Québec (Canada, juillet 2007).

 

Il y a un an, du bout du bout du monde, je publiais un article sur ce blog dont le titre est : Quel voyage ?
Je vous proposais de vous interroger sur la façon dont on choisit sa destination de voyage. Quelles sont nos raisons apparentes et inconscientes ? Pourquoi est-on attiré(e) par un pays plutôt qu’un autre quand on n’y a pas de racines ? Par tel point sur le globe ?

Pendant notre grand voyage, nombreux sont les lecteurs qui m’ont écrit pour me dire que mes articles leur avaient donné envie de partir. Au Japon, au Laos, en Australie. À Gili.
Mais pas au Cambodge, ni à Tahiti finalement. Pas trop en Nouvelle-Zélande non plus.

Ça m’a fait réfléchir. À ce qu’on attend, ce qu’on rêve, ce qui allume le désir et ce qui l’éteint complètement.

J’ai peur que vous soyez déçu(e)s maintenant. Celles et ceux qui partent, au Japon, au Laos, en Australie. À Gili.
Que votre expérience vécue ne soit pas à la hauteur de vos fantasmes que j’ai nourris de mes mots. Des mots sincères, des mots vrais, mais qui s’inscrivent dans mon histoire à moi, avec ce que j’étais à ce moment-là, sur ce voyage-là, dans cet ordre-là. Mes hauts, mes bas.
Des mots qui ne recouvriront peut-être pas ce que vous rêvez, vous, de votre voyage.

 

Sur une plage de Gili Air (Lombok, novembre 2018).

 

Je n’attendais rien du Japon. En vérité, je ne voulais même pas y aller. Je n’étais pas attirée, je pensais que ce n’était « pas mon genre ».
Attendre le petit bonhomme vert. Traverser bien dans les clous. Ne t’éloigne pas du bord.

J’ai été si surprise ! Maintenant je veux y retourner, découvrir plusse, encore.
Hokkaïdo, Okinawa. Des îles inconnues.

Quand je pense à vous, à la lumière de ce ravissement unexpected, je me dis que vous devriez plutôt tenter le Cambodge, la Nouvelle-Zélande ou le Vietnam. Des pays qui m’ont moins inspirée, avec qui la belle rencontre que j’espérais ne s’est pas faite. Mais c’est comme ça, je ne les regrette pas.
Ils ont eu la tâche ingrate de faire ressortir celui qui viendrait après.
Le nouveau pays des merveilles.

Pour vous, ces pays seront différents. Vous n’en attendrez rien, voire peut-être du négatif qui vous restera de ce que vous avez lu de moi. Alors ils vous surprendront. L’inattendu créera l’émotion. Vous trouverez qu’ils ne sont pas du tout, mais alors pas du tout, tels que je les avais décrits. Ils seront votre pays des merveilles à vous. Une source presque inépuisable de découvertes et de joies – comme un peu Vikidia pour Lulu.

Ce qu’on voit est tellement déformé par le regard que l’on porte sur les choses, les gens, et mon regard à moi est tellement soumis aux soubresauts de ma vie intérieure et de mes émotions !
Souvent je brûle, je suis enthousiaste et optimiste. Je donne plus que je ne prends, j’ai l’espoir persévérant. Mais quand je suis déçue, vraiment déçue, je m’en vais. Quand je n’y crois plus, je m’en vais. Rien ne recommence jamais.

 

Piste audio : Dalida, Quand je n’aime plus je m’en vais, 1981.

« Imagine un grand aéroport, un avion qui s’en va. N’importe où au Sud ou vers le Nord, qui ne reviendra pas… Rien ne peut plus le toucher, rien ne peut plus l’atteindre ni l’arrêter. Je suis comme ça ! »

 

À travers les articles et les photos du blog, vous avez voyagé avec moi, avec nous, mais votre voyage à vous ne peut être le même.

Vous souvenez-vous que c’est en Nouvelle-Zélande que j’ai vu les plus beaux paysages naturels ?
Au Cambodge que l’on est saisi(e) par les constructions humaines antiques les plus bouleversantes ?
En Polynésie que les plages sont les plus idylliques et les eaux les plus cristallines ?
Ou que le chiffre 4 est interdit à Hong-Kong et qu’il ne fait pas bon être gaucher au Vietnam ?
Qu’on ne plaisante pas avec l’uniforme à l’école au Sri Lanka, qu’à Bali tu tomberas sur des cars de Chinois, et en Malaisie sur les femmes en noir ?

Vous rappelez-vous qu’il existe à Singapour une île entière consacrée au « divertissement » où tu fulmines contre la vacuité de notre société comme un vieux con ?
Que c’est au Laos que tu peux voir la lune de l’ours, et à Java le soleil se lever sur le Bromo dans une impression de fin des temps ?
Qu’au Japon des daims en liberté te saluent poliment, et que c’est en Australie que vivent les animaux les plus dangereux ?
En Thaïlande que l’on mange le mieux ?

 

Le Pap’ et les babi le long du Mékong à Vientiane (Laos, mars 2019).

 

Si vous aviez oublié, c’est que, vous aussi, vous accordez probablement plus d’importance à la rencontre avec l’autre. Des autochtones comme des voyageurs que l’on croise sur sa route.

Mais les rencontres sont aléatoires et insaisissables. Elles ne se laissent pas enfermer dans des frontières. Elles dépendent beaucoup de ce que vous êtes prêt(e) à donner aussi.

Pensez-y avant de réserver vos billets pour Vientiane, que j’ai tant aimée. Siem Reap n’est pas si loin, ça vaut peut-être le coup d’essayer avant que le Cambodge ne soit plus qu’une terre de promoteurs chinois.

 

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Et vous, de quel pays vous ai-je donné le plus envie ?