Photo : Papa Écureuil a ressorti sa Super Nintendo et son jeu préféré Final Fantasy III, acheté 613 francs en 1994, à une époque où les numéros de téléphone fixe ne commençaient même pas par 01.
Depuis hier matin j’ai une putain de chute de moral. Avant d’en faire toute une histoire, j’ai vérifié si c’était pas hormonal, mais non. On avançait tant bien que mal mon moral et moi et il est tombé dans un puits, j’ai rien compris. Encore aujourd’hui on est dimanche, mais hier j’avais même pas d’excuse.
Ce matin, dimanche 29 mars 2020 donc, je traîne au lit avec Papa Écureuil. Il est 9h48, c’est-à-dire en fait 10h48 nouvelle heure. Déjà. Mais les babi ne viennent rien réclamer, et on reste au lit tous les deux pour être mieux.
Le passage à l’heure d’été n’a jamais été aussi triste. Et comme j’ai des grosses larmes qui me viennent – on dirait qu’une nuit ne leur a pas suffi – Mickaël me fait rire.
C’était bien votre voyage ?… Eh ben maintenant vous allez rester CHEZ VOUS !!! A-vec-vos-en-fants !!! Et vous n’en sortirez plus parce qu’à partir de maintenant : C’EST IN-TER-DIT ! Vous n’aurez le droit de sortir que pour aller en courses acheter du PQ et vous n’en trouverez plus parce qu’il aura été dévalisé par vos semblables égoïstes. Il ne vous restera plus que le carton pour vous essuyer le cul et les derniers rebuts des rayons, de la pizza surgelée hawaïenne à l’ananas, parce que même en temps de guerre personne ne veut manger ça*, et des Magnum menthe chocolat pour la même fucking reason** !
Ah vous courez ? Eh ben maintenant vous pouvez courir en rond autour de votre voiture devant chez vous. Et encore, si vous avez une attestation remplie en bonne et due forme. Signée. Date et heure. Papiers d’identité. Et on ne rouvrira plus JAMAIS les écoles !
* Sauf Marlène.
** Sauf Monsieur Tro.
Deux amis extraterrestres que j’aime (malgré leurs goûts alimentaires bizarres).
Mickaël m’a fait rire. J’aurais dû l’enregistrer, comme le rire de ma cops Cynthia dont elle m’a fait cadeau mardi dernier pour mon anniversaire. Il est tellement extraordinaire, tellement joyeux, tellement contagieux aussi, que je lui ai demandé l’autorisation de le partager avec vous. Elle a accepté. Profitez-en, faites-le tourner en boucle dès que vous en ressentez le besoin : c’est un vrai cadeau.
Piste audio : Le rire de Cynthia (24 mars 2020).
Mickaël me dit que « c’est normal de craquer » (mais lui non, tu sais pas pourquoi, le mec il est jamais triste). Il paraît que c’est un classique des situations d’enfermement, la dépression au 10e jour. Mais en vrai je fais pas une dépression, et le 10e jour du confinement c’était jeudi 26 mars. Hier c’était donc jour 12.
Enfin peut-être qu’en ce moment on n’est plus à deux jours près.
Quoi qu’il en soit, jour 10 ou pas, confinement ou rien à voir avec le chocolat, c’est très bignon la façon dont Mickaël cherche toujours à justifier l’intensité de mes émotions.
My wife is not crazy, she’s unusual. She’s not crazy, so don’t say she’s crazy.
D’emblée il prend mon parti et ne vient jamais me sermonner de relativiser. Je suppose qu’il sait que j’ai pas besoin d’entendre l’écho de la voix intérieure qui m’engueule déjà dans ma tête. Qui gueule plus fort que n’importe qui à l’extérieur de moi, t’inquiète pas.
Parce que pendant ce temps-là, ma meilleure amie travaille de nuit à l’hôpital dans un service covid-19. Ma sœur auprès des personnes âgées les plus exposées, en EHPAD, dans des conditions matérielles déplorables. Risquées.
Pendant que tu as mal dans ton cœur et dans ton âme, y’a des vraies personnes qui font le job auprès de ceux qui meurent dans leur corps.
Des vraies personnes qui vérifient chaque jour qu’elles ont des tripes sous leur blouse blanche et qui les sortent.
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Cet article n’était pas prévu, contrairement au ménage que je devais faire chez moi aujourd’hui et qui attendra encore un peu… Il annonce une mini-série à venir en quatre épisodes sur le confinement en famille (dans une maison sale).
