Mon jean trop serré (29 novembre 2025).
Je ne suis pas mon jean trop serré
Où j’essaye de rester entière quand la marée menace de me noyer.
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https://www.youtube.com/watch?v=z-kmLt-AX-0&list=RDz-kmLt-AX-0&start_radio=1
Jeanne Cherhal, La marée, album « Jeanne », 2025
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Salut les petits poissons !
Bon, je ne vais pas vous raconter d’histoires, le mois qui vient de s’écouler n’a pas été paillettes et joie. Rien de grave hein, juste ce passage de merde ingrat, éprouvant, que je n’en finis plus de traverser depuis un an et qui marque la fin d’un cycle. Et mon problème, c’est pas tant que je veux retourner au cycle d’avant, c’est plutôt la difficulté de trouver comment nager dans cette nouvelle marée qui ne ressemble pas aux précédentes et m’emporte vers un rivage inconnu.
Il paraît que ça va mieux une fois qu’on y a débarqué, sur ce rivage, qu’on y réapprend à marcher pieds nus sur la plage et à cueillir les fruits de l’âge.
(C’est marrant, mon correcteur d’orthographe a tapé « accueillir » en un seul mot. Accueillir les fruits de l’âge. Qu’est-ce que ça veut dire ? Accueillir… sans les cueillir ?)
Pour l’instant ça secoue sévère sur mon radeau, et j’ai mal aux genoux.
Tellement mal aux genoux que j’ai dû arrêter de courir, me faire piquer le corps aux fines aiguilles et porter un aimant dans l’oreille. True story.
D’ailleurs, attention de doser quand vous racontez vos histoires. Dosez À QUI vous racontez.
Moi par exemple, Fred-ma-cops, je lui dis : j’ai tellement mal aux genoux que j’ai dû arrêter de courir. Je ne lui dis pas : j’ai tellement mal aux genoux que mon ostéo acupuncteur m’a posé un aimant dans l’oreille gauche. Vous sentez la différence ?
(Non, c’est même pas vrai en plusse ! Je vais tout lui dire, à Fred-ma-cops. L’aimant aussi. Dosez surtout QUI sont vos ami·es. Celles et ceux qui vous aiment pour de vrai, ce sont celles et ceux qui continuent de vous aimer quand vous portez un aimant dans l’oreille.)
Et puis l’aimant, c’est juste le temps de retrouver l’équilibre. L’aimant, celui qui aime.
Calmer le feu de la douleur ostéo-articulaire, essayer de reprendre mon souffle entre deux courants contraires en me répétant que ça va aller.
Je ne suis pas mon jean trop serré.
Dans mon dernier article, je reviens sur le concert de Jeanne Cherhal auquel j’ai assisté ce mois-ci, et je vous ai promis pour cette newsletter une chanson issue de son dernier album sobrement intitulé « Jeanne » (2025).
J’ai choisi La marée, qui ferme pour moi la boucle menstruelle ouverte en 2004 avec Douze fois par an, la chanson éponyme du deuxième album de Jeanne Cherhal.
Tiens, voici la marée qui revient s’inviter
Le ressac régulier dans mon ventre blessé
Je suis un sablier depuis l’éternité
Un sablier de sang, un sablier cassé
Tiens, voici la marée qui revient s’inviter
La marée vient à point nommé pour le réconfort, la sororité, déposer une lame de poésie dans mes frissons inquiétants, mes secousses glacées.
[Cliquez sur la photo pour relire mon article I’ll rise.]
Je ne suis pas mon jean trop serré.
Je ne suis pas ma tristesse, pas ma colère, je ne suis pas l’ouragan qui bouscule tous mes repères.
Je suis plus large que ça. D’où le jean.
Je ne me réduis pas à un poids sur la balance ou à des genoux qui grincent d’avoir trop plié, des cheveux blancs qui retiennent le sel de la marée comme autant de grains pour encore vivre.
Je suis plusse que la douleur, aux genoux aux chevilles aux poignets.
Je suis plusse que les troubles de l’humeur, plusse que les vagues de chaleur qui déferlent entre mes seins et me réveillent la nuit.
On dit que la vie est faite de cycles et de saisons, non ?
Et puis là c’est novembre. Novembre à la con.
Mais la marée ne peut pas que monter, elle finit toujours par refluer.
Je suis un monde nouveau où tout est à inventer.
Jeanne Cherhal, La marée, album « Jeanne », 2025.
Audrey Raveglia 🐡
Les trois articles de novembre sur le blog
26 novembre 2025 : Écoute-moi novembre 2025
19 novembre 2025 : Lis-moi novembre 2025
12 novembre 2025 : L’ennui & moi