My 20-km-de-Paris running playlist

Photo : Au matin des 20 km de Paris, dimanche 10 octobre 2021.

 

Dimanche 10 octobre 2021, j’ai couru pour la première fois avec des gens. Hors de mon cadre trihebdomadaire habituel à jeun toute seule tout le temps.

Dimanche 10 octobre 2021, j’ai couru pour la première fois les 20 km de Paris.
Un challenge tordu lancé par une bande de runneurs teufeurs bien imbibés sur un dancefloor enflammé aux alentours de 4h du matin. Or s’il y a une chose que j’ai retenue de la série « How I met your mother », c’est que rien de bon ne se passe après 2h du mat. Je le sais, c’est sûr, je l’ai maintes fois expérimenté. Mais voilà, moi c’est pas parce que je sais un truc que je le fais pas. Il est là mon problème. C’est même fou tout ce que je sais et que je fais quand même…

Enfin donc, au départ de ces 20-km de Paris, il y a un 4 du mat arrosé dans une Love Boat Party. C’est là que tout commence et c’est ce qui justifie la première piste de ma playlist, merci de vous en souvenir quand vous arriverez à ladite playlist à la fin de cet article.

Au lendemain de la soirée, il nous restait cinq semaines pour nous préparer. On était censés mener de front entraînement sportif et hygiène de vie impeccable. Bien entendu. Évidemment ça ne s’est pas passé comme ça. Du tout. Surtout moi, j’étais loin, j’étais seule, j’avais peur, j’ai mis du temps avant de me dire : ok, calme ta oije sur le rhum, fais-toi une nouvelle playlist et avale du kilomètre.
C’était pas facile pour le rhum pour la playlist parce que je ne voulais pas reprendre des musiques de mes précédentes running playlists.

C’est là que ton mec super fan des Beatles t’encourage à courir avec une chanson qu’il trouve parfaitement appropriée et ça donne : you’d better run for your life if you can, little girl !

 

The Beatles, Run for your life, album « Rubber Soul », 1965.

 

Je ne vous ferai pas l’affront d’écrire ni de traduire les paroles de cette chanson des Beatles.
On est d’accord que John Lennon, c’est clair, c’est fluide, le mec dit ce qu’il dit.
On est d’accord que John Lennon, c’est pas Jim Morrison, ce sexy poète – même si on trouve de la little girl chez les deux, il y en a une qui est franchement plus lost que l’autre…
→ Clique ici if you (don’t) know what to do.

 

Pendant ce temps, moi j’étais vingt ans plus tard en mode vénère 1985 avec les Bérurier Noir.

Vénère, c’est bien pour courir. Et je me suis fait la réflexion, maintenant que, je ne sais pas si vous avez remarqué, les médias mainstream qui se repaissent de drames sanitaires et de polémiques stériles ont lâché l’affaire du covid et se concentrent désormais sur l’élection présidentielle de 2022, je me suis fait la réflexion qu’on peut encore écouter cette Porcherie de 1985 qui a bercé tous les débuts de manifs de mes années lycée dix ans plus tard et remplacer les noms aujourd’hui avec notre actualité de 2021. À 2’09, je vous propose quelque chose comme : l’enculé de gros Zemmour. Voyez ?

Le monde est une vraie porcherie
Les hommes se comportent comme des porcs

Donc j’écoutais les Bérurier Noir en courant pour ma course des 20 km, et j’écoutais les Bérurier Noir aussi quand je ne courais pas, à la maison, en coupant des légumes : il fallait bien rattraper dans ma tête les entraînements que je ne faisais pas avec mes cuisses.
Le Marcass’ (8 ans) cuisine parfois avec moi. Il aime bien certains podcasts que j’écoute en même temps que je cuisine. Pas tous, en fait il aime bien SML, ET QUE SML, comme il dit. Parce qu’elle offre des friandises. Avec les Bérurier, il a vu une nouvelle opportunité de dire des gros mots autorisés, à couvert si vous voulez. Comme il n’allait sûrement pas laisser passer ça, il s’est mis à réclamer du Porcherie en veux-tu en voilà. Sa carotte à la main, il gueule :

– La jeunesse emmerde le Front National ! La jeunesse emmerde le Front National !

Et je me dis que ça passe tranquille dans la cour de l’école, beaucoup plus tranquille que quand il chantait à tue-tête à la récré il faut légaliser la ganja en moyenne section de maternelle… 😬

 

Bérurier Noir, Porcherie, album « Concerto pour détraqués », 1985.

 

Bon, j’ai quand même posé des règles, faut pas croire que c’est happy hour anytime chez nous. J’ai dit :

– Marcel je te préviens, tu peux dire l’enculé de gros Zemmour à 2’09, ok. Mais attention, si je vois encore UNE FOIS dans ta dictée, une seule fois, un participe passé du verbe que tu as écrit -er, je te jure je te démonte.

 

La Petite Souris (12 ans) est venue me parler après en tête à tête pour me dire que, quand même, elle me trouvait trop dure avec Chouch, la façon dont je lui avais crié dessus à cause du -é et du -er un peu plus tôt dans la soirée, que c’était trop fort, qu’il était encore petit, et que j’étais pas obligée d’être si dure avec lui. J’ai cru m’étrangler.

– Trop dure, moi ?! Le garçon est en CE2, il sait toujours pas ce qu’est un verbe du premier groupe alors que ça fait deux semaines que je lui rabâche jouer-danser-manger tous les jours ? Mais je vais lui tatouer au bout du ziz’ ma parole, il va se le rappeler !!!

– Mais maman, ça arrive d’oublier…

– QUOI ?! Ça arrive d’oublier ? Quand on te le répète tous les jours, -é ou -er ? Ça arrive d’oublier ? Tu te fous de moi ??? Attends, moi j’ai oublié (mordu-é) de préparer (mordre-er) le dîner pour ce soir ! Allez au lit, les dents et bonne nuit hein !

 

La gueubla. Y’a des enfants c’est vrai, tu leur gueules dessus, ça les tétanise, ils sont bloqués, ils ne peuvent plus avancer. C’est comme ça avec la Petite Souris et le Grand Lièvre (10 ans), ça ne sert à rien de leur crier dessus, c’est même totalement contre-productif : il faut au contraire se montrer patient et leur expliquer gentiment. Parler à leur cœur avec douceur pour toucher leur intelligence et leur sens de l’effort.
Mais y’a d’autres enfants, et le Marcass’ est de ceux-là, je suis désolée de le dire devant les tenants de l’éducation positive et bienveillante dont je suis, en plusse, 95% du temps, mais il y a des enfants qui apprennent par la loi du plus fort. Des enfants qui ont besoin qu’on leur rappelle le cadre avec autorité, des enfants qui apprennent par celui qui a la plus grosse voix et les plus grosses tout, celui qui gueule et puis c’est tout. Je ne sais pas bien à quoi ça tient, je pense que peut-être c’est une question d’hormones et de taux de testostérone.

 

La salade de fruits que le Marcass’ a préparée pour moi s’te plaît !!! Tout seul. Il dit qu’il a fait « comme sur la photo »… Sauf que sur la photo du livre de recettes POUR ENFANTS, le tronçon de banane est bien droit et crois-moi, ça change la perspective !

 

Donc pour l’instant avec le Marcass’, c’est moi qui ai les plus grosses et je compte bien les garder. Surtout en dictée. C’est moi qui hurle quand on écrit -é ou -er, c’est moi qui hurle quand on écrit -et ou -est, et à la première faute de conjugaison, je pète les plombs. Une faute d’orthographe sur un mot de vocabulaire, je peux admettre, vite fait en fermant les yeux, même une faute de grammaire, disons une faute d’accord de genre ou de nombre, j’hyperventile mais je serre les dents, les poings, le ventre, et je me force à le corriger lentement, certes crispée avec la mâchoire qui grince mais sans (trop) monter le ton.
C’est quand arrive la faute de conjugaison que là je sais pas, je vois rouge, je me transforme, je vais m’enfler et souffler et la maison défoncer comme le grand méchant loup celle des trois petits cochons ! 🤬

D’où la Petite Souris qui vient protéger son petit frère, mais maman quand même blablabla tu lui cries trop fort, après il est triste blablabla… Bah vas-y, demande-lui donc à ton petit frère chéri comment il écrit le « est » de « il est triste » ! Même sur Tinder tu crushes pas un mec qui écrit « il et triste » putain ! (Bon ça je ne l’ai pas dit à Garance mais je pensais clairement à des cops à moi  😉 )

Voilà pourquoi la seule bonne solution est que je ne m’occupe PAS DU TOUT des devoirs. Comme en voyage.
Et comme c’était le mieux pour tout le monde…

 

Le Marcass’ et la Petite Souris qui prend sa défense. Ce temps hors du temps, en voyage, où il n’y avait pas de participe passé, où je ne m’occupais de rien d’autre que d’écrire et découvrir. Peler des fruits de temps en temps et juste vivre (Laos, mars 2019).

 

Alors là, des Bérurier j’ai dévié. Switché comme on dit en langage d’aujourd’hui, avec un -é de participe passé dans la face du Marcass’. Vis ma vie de maman, après on reparle de comment, depuis que tu as des enfants, plus jamais tu n’as pu avoir de conversation suivie avec les gens.
Heureusement que je ne suis pas qu’une maman.
Heureusement que je n’ai pas oublié-é que je venais pour vous faire partager la musique de mes 20 km de Paris !

Ma playlist est une suite de hits enchaînés, un peu comme feu le Hit Machine mais en mieux. Elle associe divers styles de musique, des clins d’œil à mes compagnons de course aussi, mais je remarque qu’elle reste fortement ancrée dans la jeunesse des vieux de mon âge (et même avant parce qu’avant c’est toujours le bon temps, Fortunate Son c’est la vie, « Willy and the poor boys » un des dix meilleurs albums du monde, et 1969 une année mythique).

 

Pochette de l’album « Willy and the poor boys » des Creedence, 1969.

 

Maintenant que je sais que je suis capable de dépasser mes peurs, essayer, prendre le risque de ne pas être aussi brillante que je voudrais l’être mais m’autoriser quand même, malgré mes ratés, à marcher vers le soleil, à ressentir les rayons sur ma peau nue, je voudrais m’en servir de base pour mes prochaines sorties. De base de ma playlist, vous suivez ?
Je ne projette pas de taper le semi trois fois par semaine non plus, mais chercher plus loin, peut-être, que le confort de mes 10 km bien balisés et sans surprises sur la route de tout le monde.

→ Lire aussi newsletter 87 # 26 septembre 2021

 

La course c’est dans la tête. Et ce que tu mets dans ta tête, c’est ce que tu vis.

C’est la pensée que j’ai consignée dans mon carnet à la fin de la semaine dernière dans un gros moment de bad. Mais si vous savez, mon carnet. Je croyais que les endorphines que j’avais libérées aux 20 km de Paris allaient me tenir pendant des jours et des jours mais non. Les endorphines finalement, c’est comme l’amour ou la vitamine C : tu peux pas les stocker. Il te faut renouveler en permanence selon tes besoins.
Et moi j’ai d’énormes besoins.

Bref, croyez-le ou pas, le lendemain du jour où j’écris cette pensée qui me vient, je tombe sur une autre phrase sur la page d’accueil du site de mon prochain trail. (Ouais, autre truc de gueudin dans lequel je me suis laissée entraîner-er trop facilement dans l’euphorie post-20-km… je ne suis pas à l’aise pour en parler parce que c’est rare que je cède à la pression du groupe, ça n’arrive jamais même, je ne sais pas expliquer ce qui s’est passé 😵)

 

La bande de runneurs teufeurs qui m’ont entraînée dans cette course (puis dans la prochaine, le trail en forêt le 5 décembre sur la terre glacée de l’hiver). Sur la photo, c’était le matin en arrivant à Paris. J’aime bien les yeux encore tout gonflés de la nuit…

 

« C’est quand tu penses que tu ne peux plus… que tu te rends compte que tu peux encore. »

C’est la phrase qui est mise en exergue sur le site du trail. Elle m’a sonnée tout le week-end. En courant dimanche matin (avec ma nouvelle playlist  😉 ), je réfléchissais à dans quels cas c’est vrai. Dans quels cas tu peux encore, et dans quels cas vraiment tu peux plus.

J’ai réalisé qu’on peut encore
Quand, au fond de soi,
Il y a quelque chose de plus fort
Quelque chose qui ne s’en va pas.

(Donne-moi 100 mètres, je t’écris un poème !)

J’ai pensé que le dimanche d’avant, ce dimanche 10 octobre 2021 de la toute première course de ma vie, j’ai franchi la ligne d’arrivée des 20 km de Paris en un temps inférieur à celui que j’avais évalué en choisissant mon sas de départ (vert, +2h05). Et on ne peut définitivement pas dire que c’est parce que je me suis bien préparée. Non. Ni parce que j’ai eu une hygiène de vie exemplaire ou même seulement de base. Non plus. Moi je crois que c’est parce que la veille au soir, mon pote Arnaud chez qui je dormais pour être au taquet le lendemain matin m’a dit que j’étais jolie. Comme ça à l’arrache, pendant que j’étais en train de me brosser les dents avec son Vademecum bio dégueu (ou juste après).

Des fois, finir ou ne pas finir une course, ça tient à rien.

 

Je crâne un peu, parce que c’est ce que font les filles jolies. En même temps quand tu regardes le classement, t’as vite fait d’arrêter de crâner. Mais bon. Regarde pas.
My 20-km-de-Paris running playlist (2h24)

En playlist sur ma chaîne YouTube ici :
https://www.youtube.com/playlist?list=PL4jhWDuXjI_XjpkpPa92EsIQRzq-DOMvN

 

  1. B.O. Love Boat, Générique
  2. B.O. Rocky II, Rocky’s run theme
  3. Pharrell Williams, Happy
  4. Dire Sraits, Walk of life
  5. Supertramp, Breakfast in America
  6. Eurythmics, There must be an angel
  7. Whitney Houston, I wanna dance with somebody
  8. Prince & The Revolution, Kiss
  9. Wham !, Wake me up before you go-go
  10. The Communards feat. Sarah Jane Morris, Don’t leave me this way
  11. The Cure, Close to me
  12. The Cure, In-between days
  13. Depeche Mode, Enjoy the silence
  14. Joy Division, Twenty-four hours
  15. The Clash, Should I stay or should I go
  16. The Clash, London Calling
  17. David Bowie & Mick Jagger, Dancing in the street
  18. The Beatles, Run for your life
  19. Creedence Clearwater Revival, Fortunate Son
  20. Pink Floyd, Another brick in the wall (part 2)
  21. Status Quo, In the army now
  22. Talk Talk, Such a shame
  23. Toto, Hold the line
  24. Bruce Springsteen, Born in the USA
  25. Gloria Gaynor, I will survive
  26. Madonna, Hung up
  27. Britney Spears, Toxic
  28. Aqua, Barbie girl
  29. MC Hammer, U can’t touch this
  30. Dre feat. Snoop Dogg, Still D.R.E.
  31. Bérurier Noir, Porcherie
  32. Trust, Antisocial
  33. Metallica, Wherever I may roam
  34. Stevie Wonder, Part-time lover
  35. Queen, Bohemian Rhapsody / Radio Gaga

 

 

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Et vous, avez-vous déjà participé à une vraie course ? Avec des gens je veux dire ?

Et pour le dessert de l’après-course, vous êtes plutôt banane, figue à la crème ou tarte aux fraises ?…

 

Voici la photo de la salade de fruits du livre qui a inspiré Marcel. Après, ce que l’artiste met dans son œuvre, c’est sa création, c’est ce qui la rend unique et si troublante…