Sawat dii khaa Thailand !

Photo : En bateau sur le Chao Phraya, le fleuve qui traverse Bangkok (Thaïlande, février 2019).

Bienvenue en Thaïlande !

 

Nous avons quitté l’Océanie pour de bon, et nous voilà revenus en Asie. Où on crève de chaud, pour ne pas changer.

On retrouve un pays où on ne jette pas le papier dans les toilettes, on ne boit pas l’eau du robinet et où la nourriture est savoureuse pour nous mais trop épicée pour les babi. Cependant, à la différence notable du Sri Lanka, ici quand on demande maï paette (pas épicé) pour les babi, c’est vraiment maï paette. Parce que la cuisine thaïe se prépare à la minute dans un wok brûlant et qu’on peut ajouter (ou ne pas mettre) le piment au dernier moment, contrairement à la cuisine sri-lankaise qui mijote longuement dans un mélange d’épices chaudes.

On a souvent entendu avant de partir : « C’est très facile de voyager avec des enfants en Thaïlande ».

L’adaptabilité de la cuisine locale aux jeunes palais occidentaux non aguerris est un aspect non négligeable de cette « facilité ». Mais ce n’est pas le seul. Quand on dit que la Thaïlande est un pays qui aime les enfants, ça veut dire que les gens aiment VRAIMENT les enfants. Et que les enfants sont la bienvenue dans les temples, les guesthouses, les cantines de rue, partout.
Pas comme à Paris quand tu rentres dans un resto, ou même un café, avec tes trois enfants et que tu crois que les clients attablés vont te fusiller avec leurs yeux. Je le sais parce que moi aussi je fais ce truc avec mes yeux. Peut-être parce que quand j’ai pas les miens, j’ai surtout pas envie d’en entendre d’autres. Crier, piailler. Ou peut-être juste parce que je suis méchante. Je sais pas.

Mais ici, les enfants attirent immédiatement sourires et caresses, gourmandises offertes (beignets sucrés Pa Thong Ko, jus de noix de coco fraîche…) et petits cadeaux.
Et cette attention spéciale, positive, aux enfants, s’applique jusque dans les transports. Ce truc de dingue : que ce soit dans le métro ou dans le bateau, les gens se lèvent pour laisser leur place assise à Chouch. Je refuse systématiquement. Nan mais sans déconner ! À cinq ans, il peut pas se tenir debout le pauvre petit chou ??

 

Le Marcass’ devant notre guesthouse à Bangkok.

 

En plus tout le monde le prend pour une fille, donc les gens sont sidérés quand il dit sawat dii khrap et khop khoun khrap, et pas sawat dii khaa ni khop khoun khaa, et qu’on leur confirme que oui il est un garçon. Ah long hair long hair ! Oui, long hair. Et les gens semblent ne l’en apprécier que davantage, et c’est d’ailleurs un problème parce qu’ils le touchent et le prennent spontanément dans leurs bras, et que, comme au Sri Lanka, le Marcass’ n’apprécie pas du tout.
Je suis gênée parce que le Marcass’ est sans filtre, il ferme son visage, il fronce très fort les sourcils, il a envie de hurler et de mordre… et ça se voit.

Je comprends sa rage. N’importe quelle femme qui a déjà été enceinte peut comprendre sa rage qui monte et qui clame : mais de quel droit tu me touches [mon ventre] pitain ?!

Mais d’un autre côté, je vois à quel point les Thaïs sont gentils, je sais comme ils l’ont touché par amour, par bienveillance, toute intrusive qu’elle soit. Donc je suis gênée que tout ce que leur renvoie le Chouch, ce soit de la colère, voire de la haine. J’essaye de réorienter leur tendresse sur mes autres babi. Une Petite Souris qui va dire merci, ou un p’tit Lu qui va sourire quand on l’embrasse. Mais surtout pas le Roi du monde, qui tripote QUI il veut QUAND il veut mais ne supporte pas qu’on le touche sans qu’il ait manifesté son désir de.

 

La maman qui s’occupe de notre guesthouse à Bangkok demande à la Petite Souris de l’aider pour le menu (juste après qu’elle a essuyé un violent refus du Marcass’ qu’elle le prenne dans ses bras).
 
Bangkok

Une anecdote à propos de Bangkok que j’ai apprise en arrivant ici : son vrai nom est le plus long nom d’un lieu au monde (il figure dans le Guinness Book des Records).
En thaï, la capitale est appelée Krung Thep Maka Nakhon, ou plus simplement Krung Thep. Mais son nom cérémoniel complet est « Krung Thep mahanakhon amon rattanakosin mahintara ayuthaya mahadilok phop noppharat ratchathani burirom udomratchaniwet mahasathan amon piman awatan sathit sakkathattiya witsanukam prast ».

En écriture thaïe, ça donne : กรุงเทพมหานคร อมรรัตนโกสินทร์ มหินทรายุธยามหาดิลก ภพนพรัตน์ ราชธานีบุรีรมย์ อุดมราชนิเวศน์ มหาสถาน อมรพิมาน อวตารสถิต สักกะทัตติยะ วิษณุกรรมประสิทธิ์

Dont la traduction signifie : « La ville des anges, grande ville, résidence du Bouddha d’émeraude, ville imprenable du Dieu Indra, grande capitale du monde ciselée de neuf pierres précieuses, ville heureuse, riche dans l’énorme Palais royal pareil à la demeure céleste, règne du dieu réincarné, ville offerte à Indra et construite par Vishnukarn ».

Voilà voilà…

Ça flamboie quoi. Comme le Palais Royal cité dans le nom, ça flamboie. C’est surtout blindé de Chinois. On l’a visité au lendemain de notre arrivée à Bangkok, ça nous a terrassés. Entre la flamboyance que je n’imaginais pas dans mon imagerie bouddhique personnelle, la chaleur de la mi-journée qui fait suffoquer, et la masse de touristes concentrés dans un même lieu que je n’ai jamais vécu auparavant. Ou alors y’a longtemps. Ou bien j’ai oublié. Ou ils sentaient pas bon. Enfin je ne voulais pas.

 

Pourquoi vous voyez au moins deux personnes sur la photo qui portent le même pantalon que papa Écureuil ? Ben parce que le sarong ou le pagne ne suffisent pas pour autoriser l’entrée au Palais Royal. Il faut acheter un pantalon long. Ça m’a un peu énervée parce qu’avec la masse compacte de touristes, tu pourrais être cul nu, personne le verrait. Mais bon, admettons. Les éléphants blancs sur fond noir siéent bien au séant de papa Écureuil.

 

Mais sinon, après la foule de touristes étrangers et la bienveillance thaïe surprenante parce que démesurée envers les enfants dont j’ai déjà parlé, ma troisième impression de Thaïlande, c’est la pollution. Probablement parce qu’on arrive à Bangkok, j’imagine que ce n’est pas le cas dans le Nord du pays et dans les îles du Sud. Enfin j’espère.
Au début, c’est déconcertant de voir tous ces gens dans la rue avec un masque chirurgical sur la bouche et le nez. Sur les stands de street food, mais aussi dans les boutiques et encore plus dans les transports.

Moi j’étouffe, je peux pas, je me demande quel goût a la vie derrière le masque.

Mais après une journée à arpenter les rues de Bangkok, quand les yeux et les joues te brûlent, et que le disque nettoyant Enjo que tu passes sur ton visage est noir, tu comprends mieux. L’usage du masque.

Et puis Bangkok, c’est bruyant. Dense, très pollué et TRÈS TRÈS bruyant. Genre tu dois crier sur le trottoir pour te faire entendre de celui qui marche juste à côté de toi. Parce que tellement d’autos, tellement de motos. De bruits et de gaz de pots d’échappement.

 

La circulation en milieu de journée à Bangkok.

 

Bangkok est traversée par le fleuve appelé Chao Phraya, sur lequel nous avons emprunté un bateau comme font les Thaïs pour se rendre d’un endroit à un autre de la ville. Comme un métro en fait. Mais il existe aussi un métro. Et surtout, un métro aérien : le moderne SkyTrain, couramment appelé BTS.

À la croisée des deux lignes du SkyTrain, la station Siam marque le centre de la ville moderne.

Et que trouve-t-on au pied de la station Siam ?
MBK Center, un des plus grands malls de Bangkok.
Un cauchemar pour moi. Déjà les Trois Fontaines je supporte pas : il y a vingt ans j’ai juré que je n’y mettrai plus jamais les pieds de ma vie. Et je n’y ai plus jamais mis les pieds. Mais MBK, c’est cent fois pire que les Trois Fontaines ! Avec toutes les lumières j’ai mal aux yeux, et les couloirs brillants, la clim’ à fond, les boutiques en série, les vendeuses ultra maquillées, j’ai envie de crier, j’ai envie de taper. Ces temples ultra modernes de la consommation m’angoissent et me poussent à la haine, c’est pourquoi je les fuis et je ne comprends pas les gens qui viennent ici.

 

Les couloirs brillants, les sols en miroir, les néons qui aveuglent, tout cela agresse mes sens. Là on venait juste d’entrer dans MBK, j’avais déjà envie de disparaître. Et ce qui est intéressant, car cela m’a totalement échappé au moment de la photo, c’est que l’on voit un des vendeurs thaïs du mall s’approcher de Chouch en souriant pour le toucher, en rapport avec ce que je vous racontais plus haut. Et on voit aussi Chouch essayer d’éviter le contact en se collant le plus possible à Lu !

 

 Je suis tellement reconnaissante que ce ne soit pas ma vie, que j’ai la chance de ne pas avoir à travailler dans ce genre d’endroit. Merci, merci !

 

L’œil de la Petite Souris
MBK c’est super ! Il y a plein de boutiques sur plein d’étages avec des escalators, j’ai adoré. Il y a des bijoux qui brillent partout, des tonnes d’habits, des maillots de bain, il y a aussi des sacs, des chaussures, des restaurants, des coiffeurs, des magasins pour se faire les ongles, il y a tout ce qu’on veut. J’aurais trop aimé venir avec mes copines et rester toute la journée, c’est un endroit de rêve !

 
Hua Hin

Nous quittons Bangkok par le sud en plusieurs étapes car nous devons rejoindre Krabi dans quelques jours. Ma mère vient nous y retrouver pour les vacances de février avec les enfants de ma sœur, et les babi attendent les retrouvailles avec leurs cousins dans une impatience grandissante…

Déjà, la route entre Bangkok et Hua Hin est hostile pour moi. Il y a un super temple pourtant, sur le chemin, à deux heures de route au sud de Bangkok. C’est le temple bouddhiste de Tham Khao Luang, qui est construit dans une grotte. À peu près sobre – en même temps après le Palais royal et le Wat Phra Kaeo de Bangkok, n’importe quel temple peut être considéré comme sobre – sans touristes, frais puisque dans la grotte, et gratuit. Un rêve de temple. Mais hostile pour moi quand même. Enfin c’est une autre histoire.

 

Grotte et temple bouddhiste de Tham Khao Luang, sur la route entre Bangkok et Hua Hin.

 

Ensuite Hua Hin, à 200 km au sud de Bangkok.
La plage de Hua Hin. Un Hilton horrible qui avance sur le front de mer, et des transats en enfilade qui achèvent de défigurer le tout. Des retraités Blancs cramoisis, rôtis, affalés sur les chaises ou les matelas. Tout le long de la plage. Et des marchands ambulants qui passent à chaque minute pour te vendre un truc ou proposer un service : des glaces, des beignets, des bouées, des tissus, des foulards, des chapeaux, des chemises, des lunettes de soleil, un massage des pieds, des jouets qui font pouêt-pouêt. À chaque minute.

Je sens que je vais avoir un problème avec le tourisme de masse ici aussi.

 

Plage de Hua Hin. Ça c’est la vision que tu as quand tu vas te baigner dans la mer (où il y a des pierres qui coupent). C’est affreux.

 

 Papa Écureuil est choqué par le nombre de couples mixtes qu’on croise, encore plus qu’à Bangkok nous semble-t-il, composés d’un Occidental et d’une Thaïe de vingt à trente ans de moins que lui. Parfois bien plus.
Il est choqué comme rarement je l’ai vu choqué, en réalité. Dégoûté. Surtout quand les filles sont très jeunes (et très maquillées et habillées court court, papa Écureuil est un peu, comment dire, old fashioned).

C’est vrai qu’on n’a jamais vu ça dans aucun pays auparavant, et c’est vrai qu’il y en a beaucoup.

En une seule journée à Hua Hin, je dirais qu’on a croisé une vingtaine de couples de ce type. Dont un Blanc de 75 ans sur un scooter (« AU MOINS 75 ans », précise papa Écureuil), avec une Thaïe de 20-25 ans max derrière lui.
On peut être dérangé(e), s’interroger, réflexionner, mais c’est une facette de la Thaïlande aussi…

 

Plage de Hua Hin, toujours. J’ai voulu prendre en photo les deux personnes qui emmènent les chaises en plastique dans l’eau pour, je sais pas faire quoi. Et, surprise encore à la découverte de la photo, on voit un de ces couples mixtes à grande différence d’âge dont je parle. Ils marchent loin l’un de l’autre mais à l’aller ils se tenaient la main.

 

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Et vous, que savez-vous de la Thaïlande ?