Mon trésor du mois de mai 2023

Photo : Ma tarte au chocolat aux câpres de ce week-end (26 mai 2023).

 

Mon trésor du mois est cette tarte au chocolat que vous voyez sur la photo. Elle a été l’ultime pépite de toutes mes préparations de ce week-end où j’ai reçu successivement un certain nombre de personnes.
J’aime que l’on se sente libre de venir chez moi les mains vides parce qu’il n’y a rien que j’aime davantage, moi, quand je suis invitée à mon tour, que n’avoir rien à penser, rien à préparer, rien à apporter. Avec le plaisir décuplé de goûter quelque chose que je n’ai pas moi-même cuisiné, que peut-être, je ne connais pas encore.
La contrepartie, évidemment, c’est que c’est beaucoup de travail quand c’est moi qui reçois. Et pour que j’aie envie d’attacher mon tablier devant les étapes longues et souvent fastidieuses que ce travail nécessite alors que je préfèrerais, de loin, aller courir ou me mettre à mon bureau pour écrire, il faut que ma curiosité soit éveillée.

La première chose qui allume ma curiosité, mon moteur pour démarrer, c’est L’AMOUR.
Je vous en parlais dans mon article Ce que cuisiner veut dire. J’ai besoin d’une histoire qui me touche. J’ai besoin de sentir les ailes des papillons remuer dans mon ventre.

La deuxième chose, celle qui nourrit ma détermination à aller jusqu’au bout dans la tempête et l’adversité, c’est LE RISQUE que je prends par amour. Les vraies raisons pour lesquelles je fais ce que je fais.
J’entretiens ainsi, auprès de celles et ceux qui me connaissent, ma légende, alimentée depuis quinze ans par toutes sortes de plats plus bizarres les uns que les autres – dont le parangon demeure le célèbre gâteau de pâtes au chocolat que ma filleule Alice avait adoré. Des pâtes, des pâtes oui (mais des Panzani). Alice avait quatre ou cinq ans, d’accord. Et ?

Clairement chez moi, avec mes ami·es, il se joue quelque chose de l’ordre de : jusqu’où je vais aller, quels risques je peux prendre pour toi, et que tu m’aimes quand même (plusse que tout) ?

Ma vie, c’est une quête de ce que je pourrais faire de plus improbable en cuisine, le truc que tu détestes, l’aliment de quand on prononce son nom tu fais beurk (les choux de Bruxelles pour Fred-ma-cops, les endives pour Maud, les desserts au café pour d’autres), et après tu goûtes comment moi je l’ai préparé spécialement pour toi et tu trouves ça hyper bon, tu te ressers, tu n’en reviens pas parce que tu n’as jamais aimé ce truc avant, jamais, mais là pour la première fois de ta vie tu ne sais pas ce qui t’arrive. Alors seulement je suis rassurée que tu m’aimes assez. Je peux recommencer à tout risquer sur le prochain challenge.

Je vous la fais courte parce qu’on n’est pas non plus chez le psy – ni même dans Ma chambre à moi – mais voyez l’idée (folle, déglinguée).

 

Mousse au chocolat au jus de pois chiches (mai 2014). On appelle ce jus, qui, fouetté, permet d’obtenir une réaction chimique identique à celle de blancs d’œufs montés en neige, aquafaba. Aujourd’hui c’est très connu en cuisine végane et ça passe tranquille, mais il y a dix ans, je t’assure que quand tu disais que tu avais monté ta mousse au chocolat à base de jus de pois chiches, les gens te trouvaient chelou ! Moi j’ai la chance d’avoir des ami·es qui m’aiment très fort ouvert·es, mais les autres gens, généralement, un dessert comme ça ils s’en tiennent à distance…
La tarte de la résilience

Mais revenons à la tarte au chocolat de la photo en tête d’article et à mes invité·es.
Pour ce week-end, guidée par mes deux carburants indispensables que sont l’amour et le risque – l’aaaaamour du risque, Jonathan & Jenifer, les justiciers milliardaires – j’ai choisi de faire : la tarte au chocolat aux câpres de Jacques Genin.
Aux câpres, oui. Mais sans pâtes. Avec une pâte. LA pâte. Sablée. Sucrée.

Jacques Genin, peut-être vous le connaissez, rapport à ce qu’il est quand même un peu connu… Dans le top 5 des meilleurs pâtissiers chocolatiers de Paris. De France. Et donc un peu du monde. (Bon après, si son nom ne vous dit rien, on va pas en faire un drame non plus, hein. Vous lancez une recherche dans votre navigateur Internet préféré et on n’en parle plus. Je serai heureuse de vous avoir appris quelque chose, apprendre c’est la vie !)

Moi la première fois que j’ai fait la pâte sablée sucrée de Jacques Genin… popopo ! Un ballet d’étoiles qui crépitent du bout de la langue jusqu’aux papilles au fond de ta mâchoire…  ✨
C’était il y a plus de dix ans. Le Marcass’ n’était pas encore né pour me faire péter un câble (là je vous prépare tranquille à la suite et fin de mon article que je vais appeler « Les dessous de la tarte »), et je me souviens avec émotion de la tarte aux myrtilles que j’ai sortie du four.
Waooo. Laisse tomber. De la folie.
Eh ben la tarte aux myrtilles, c’était rien comparée aux petits sablés nature que j’avais confectionnés avec les chutes de pâte. Et je suis pas une débutante de la pâte sablée, crois-moi. Les chutes de pâte une fois que tu as foncé le moule, tu les aplatis, tu les cuis, et c’est les meilleurs sablés que t’aies mangé de ta laÿfe. De. Ta. Laÿfe.

Mais je m’arrête là. Je ne vous dis pas que cette tarte au chocolat aux câpres est une claque monumentale dans la face si vous croyez qu’une tarte au chocolat, bah vous avez d’la pâte, vous avez du chocolat, alors avec la pâte vous faites une tarte, pi vous mettez du chocolat d’ssus !
Non.
Je ne vous dis pas non plus que c’est la meilleure tarte au chocolat que vous ayez jamais mangée. Ça dépend comment on mange d’habitude chez vous. Personnellement j’ai d’autres recettes de tartes au chocolat qui sont très bonnes, dont une fondante et craquante aux trois chocolats qui est la préférée du Marcass’ – comme c’est lui qui veut devenir pâtissier chocolatier, son avis prendra de l’importance à l’avenir quand il figurera dans le top 5 sus-cité – et une végane de ma cops Clea, très bonne aussi, crue, sans gluten et sans produits laitiers, avec de l’avocat dedans.

Mais.

https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/video-comment-la-tarte-au-chocolat-aux-capres-du-grand-chocolatier-jacques-genin-raconte-aussi-l-histoire-de-son-enfance-maltraitee_4358383.html

Clique sur le lien ci-dessus, prends deux minutes pour regarder la vidéo avec Jacques Genin, je t’attends.
Je sais qu’après tu voudras faire sa tarte aussi. Tu voudras l’aimer.

 

Les câpres au sel que j’ai utilisées dans ma tarte au chocolat. J’ai appelé quatre épiceries italiennes parisiennes avant d’en trouver une qui travaille avec Oro di Pantelleria Kazzen, une petite entreprise familiale sicilienne spécialisée dans les câpres de l’île de Pantelleria (une minuscule île de la Méditerranée, plus proche des côtes tunisiennes que des côtes siciliennes).
Les dessous de la tarte

Tu vois ces larmes ? Tu risques pas d’avoir les mêmes, tu connais pas mon problème, alors tais-toi. (Pardon ! Pardon pardon, c’est Dirty Dancing qui clignote en lettres de néons  🙈)

Tu vois ces câpres ?
Aller jusqu’à Paris exprès pour acheter ces câpres au sel dans une épicerie fine italienne près du métro Notre-Dame-de-Lorette, avec le vendeur charmant qui me répond « prego » quand je lui dis merci, c’était la meilleure partie.

La pire, c’était me retrouver coincée dans la cuisine avec le Marcass’ de dix ans, complètement surexcité par la proximité de son départ en classe de découverte, qui faisait n’importait quoi, n’écoutait rien de ce que je lui disais et qui m’a trop SAOULÉE ! Surtout que moi quand je cuisine, j’ai besoin de me concentrer. Je peux pas être dans le bruit, je veux pas répéter dix fois la même chose, je veux pas qu’on me tourne autour, ni qu’on me raconte des combats de jeux vidéo, je veux pas qu’on me parle. Sauf mon mari.
Il n’y a qu’avec Mickaël que j’aime vraiment cuisiner, avec qui je peux cuisiner, sinon je suis tendue. Me parle pas.

Enfin le Marcass’ est parti ce mardi matin très tôt pour cinq jours. Heureusement, je te jure, parce que vraiment ce week-end (et avec le lundi de Pentecôte c’était un loooong week-end), je pouvais plus le supporter. J’ai tellement dit de gros mots tellement crié lundi, avec les fenêtres grandes ouvertes parce qu’il faisait chaud, après j’osais même plus aller dire bonjour à mes voisins. J’avais plus assez d’humour pour lâcher à Marcel : mais Vishnou la paix à la fin ! Alors que pourtant, samedi encore, j’ai trop rigolé quand ma belle-mère a dit ça.
À la place, j’ai hurlé sur le Marcass’ :

– Mais t’as bu trop de chlore à la piscine samedi matin ??? Il t’arrive quoi putain?!

Et en fait lundi soir j’ai eu mes règles. Donc je me suis remise en question. C’est sûr qu’il était super chiant pénible mais peut-être aussi que j’étais super injuste vénère parce que je partais au huitième de tour. Bon. Les deux ensemble, disons que c’est mal tombé. Avant qu’il s’endorme, je suis allée m’excuser avec mon explication hormonale du lundi soir et il m’a répondu :

– Nan mais t’inquiète maman, je l’ai senti. Et peut-être que j’ai quand même bu trop de chlore à la piscine !

 

 

P.S. La tarte aux myrtilles de Jacques Genin, en vrai, c’était pas rien. C’était vraiment pas rien.

P.P.S. Pour Clea et pour vous aussi, qui mourez d’envie d’essayer la tarte au chocolat aux câpres de Jacques Genin, j’ai trouvé la recette sur le blog de Valérie, de C’est ma fournée !

https://www.cestmafournee.com/2023/03/la-tarte-au-chocolat-et-aux-capres-de.html

Les anonymes dans les commentaires de son blog qui demandent quel est l’intérêt de mettre des câpres et peut-on ne pas les mettre, j’ai envie de les buter. Je te jure !
Mais mec, t’as lu l’intro de l’article ? T’as réfléchi deux minutes ?
Donc là, ce que tu fais au lieu de poser ta question à la con, c’est que tu vas sur Marmiton, tu tapes « tarte au chocolat » dans la barre de recherches, tu vas trouver pas moins de 401 recettes de tartes au chocolat dans lesquelles il n’y a pas de câpres, ET TU VAS BIEN FERMER TA GUEULE !

Pardon mais : ça m’énerve.
(Ça doit être pour ça que j’ai pas beaucoup de commentaires sur mon blog.)
Ça doit être pour ça aussi qu’il y a quelques mois, mon neveu Noa qui ne manque pas d’humour m’a dit :

– Tiens tata, écoute ça !

 

Helmut Fritz, Ça m’énerve, 2009.

 

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Et vous, quel trésor à manger avez-vous offert aux autres ce mois-ci ?