Smiling and warm… but so rude !

Photo : Traverser une rue à Kandy (Sri Lanka, octobre 2018).

Est-ce ainsi que les hommes vivent… au Sri Lanka ?

ΞΞΞΞΞ

 

Ce qui m’a frappée d’abord, dans la rue et partout où on allait en visite, même dans une ferme, c’est que les hommes se baladent en groupe d’un côté – souvent ils se tiennent par les épaules les uns les autres – et les femmes suivent derrière, entre elles aussi.
On ne voit pas de couple d’amoureux. Sauf au jardin botanique où c’est balade romantique et promenade en famille du week-end !

 
Les hommes

Au Sri Lanka, les gens sont plutôt petits.

La griffe de Papa Écureuil
Dans tous les hôtels où on a dormi, je touchais le haut du lit avec ma tête et mes pieds dépassaient au bout alors que je ne suis pas spécialement grand…

Et quand ils deviennent vieux, il leur manque plein de dents… mais ça ne les empêche pas de sourire ! Dès qu’on souriait à une personne, dans la rue, sur un marché, devant un temple bouddhique, elle nous offrait immédiatement un large sourire en retour.

 

Sur le site du temple de Mihintale. Là bien sûr on ne le voit pas mais la dame à côté de la Petite Souris qui lui a tant souri, tant caressé la tête, il lui restait deux dents. (Je précise qu’elle m’a donné son accord pour la photo.)

 

C’était vraiment agréable, ces sourires, ça faisait tout chaud dedans, et on a commencé à réfléchir aux raisons obscures pour lesquelles à Paris on ne sourit pas aux gens.

Pour dire oui d’accord, les Sri-Lankais font des espèces de demi-ronds avec la tête, d’un côté, puis de l’autre. C’est difficile à expliquer… (mais Arnaud l’imite très bien 😉 )

En ville, les hommes sont plutôt habillés comme chez nous (mais avec des tongs !).
Dès qu’on s’éloigne un peu et qu’on entre dans les villages, très souvent, les hommes troquent leur pantalon contre un pagne à carreaux ou à motif uni. Parfois torse-nu (moi j’adore), parfois en chemise sur le pagne. Plus rarement un tee-shirt.

Ce qui est surprenant, par rapport à chez nous où la barbe est devenue hyper mode, c’est qu’ici soit les hommes sont rasés de près partout, soit ils sont rasés à l’exception de la moustache. On ne voit pas de barbe, même quand on croise des musulmans avec une femme très très voilée.
(J’entends par « très très voilée » une tenue noire qui couvre tout le corps du haut de la tête jusqu’aux chevilles et au bout des bras, à l’exception du visage – le tchador – et parfois que des yeux – le niqab.)

 

Devant les Twin Ponds sur le site sacré d’Anuradhapura. Des hommes (à moustache, et en chemise blanche car ils venaient prier au temple) intrigués par mon crâne rasé peut-être ?…

 

Pour en revenir au pagne des hommes, s’ils sont nus en dessous comme moi sous le mien, je trouve que la douchette dans les toilettes est super pratique : tu défais ton pagne, tu fais ce que tu as à faire, puis tu te rinces, tu rattaches ton pagne, et c’est bon. Tu peux même t’essuyer avec ton pagne (essuyer l’eau après que tu t’es rincé(e) je veux dire hein, vous suivez bien ?). Comme il fait très chaud, ça sèche tout de suite, c’est top.

Ma question, et aussi celle de la Petite Souris, c’est :
Comment font les femmes qui sont en joli sari ?

Parce qu’il n’y a pas de papier toilette au Sri Lanka, il y a une douchette (puissante, souvent).
Moi je trouve ça idéal quand tu as tes règles – t’as pas à te soucier de trouver un lavabo pour rincer ta cup comme en France – mais il faut être en pagne. En sari je ne sais pas, et en jean je n’imagine même pas parce qu’évidemment le sol des toilettes est tout le temps mouillé, et sale puisqu’on marche en tongs dans l’eau, et ça fait des marques noires et glissantes…

 
Les femmes

Et donc les femmes, douchette ou pas douchette, elles s’habillent comment ?

Les femmes portent soit des saris scintillants, soit des vêtements à l’occidentale comme nous mais avec des couleurs plus shiny.

 

À Kandy, au bord du lac. Comme de par hasard, sur ma photo les saris ne sont ni scintillants ni shiny ! Un autre truc que j’ai aimé au Sri Lanka, c’est qu’on ne cache pas le ventre ou les « balls » comme je les appelle de chaque côté des hanches. Sur les saris, le haut est court, donc on voit toutes les rondeurs des femmes et ce n’est pas un problème (ici).

 

Surtout, ce qui saute aux yeux quand on regarde les femmes, c’est qu’elles ont les cheveux hyper longs !
J’ai l’impression que quand elles se marient ou qu’elles ont des enfants, elles coupent leurs cheveux au niveau des épaules ou un peu plus bas, au milieu du dos disons.
Mais toutes les jeunes filles qu’on voit ont les cheveux jusqu’aux fesses, on en a même vu des encore plus longs ! Tressés ou en queue de cheval le plus souvent.

Moi avec mon crâne rasé, je suis une attraction… Et si je fume, oh là là ! Jamais on n’a vu une femme d’ici fumer, et peu d’hommes fument dans la rue. En même temps, les cigarettes sont lourdement taxées par l’État sri lankais et donc très chères.

Note pour les fumeurs : un paquet de cigarettes coûte 1100 Rs. Ce qui revient à plus de 5 € le paquet. Compte tenu du niveau de vie ici, c’est vraiment un produit de luxe.

Je comprends mieux rétrospectivement pourquoi il y avait tant de Sri-Lankais dans l’avion pour Colombo avec des cartouches de cigarettes dans un sac duty free de l’aéroport de Dubaï…

Au-delà du sexe présumé du tabac, on n’a jamais vu de femme conduire une auto. Et pas de femmes non plus dans les restaurants et les hôtels : c’est toujours des hommes qui préparent la nourriture, les chambres, accueillent les clients, servent et nettoient. On en a déduit que les hommes ont investi le secteur des services, et du tourisme en particulier.
De fait, les seules femmes qu’on a vues travailler, c’est dans les champs et à la fabrique de thé. Le thé de Ceylan est mondialement connu et largement exporté en Europe, principalement au Royaume-Uni. Souvent c’est marqué « thé de Ceylan » en gros sur les boîtes ou les sachets en vrac qu’on achète, mais en dessous il devrait être écrit plus justement « Produit du Sri Lanka ».

 

Pendant notre visite d’une usine de fabrication de thé, sur la route de Nuwara Eliya. Les plantations de thé se trouvent en montée juste derrière. Le rythme dans l’usine est infernal : les ouvrières reproduisent sans cesse les mêmes gestes, à la chaîne, dans la chaleur et le bruit assourdissant des machines (à broyer, à sécher, à ventiler). C’est un travail très dur et mal payé.

 

Au final, on a été très peu en contact avec des Sri-Lankaises. Le plus pour moi, ça a été ce court moment avec cette femme qui n’était pas choquée par mon crâne rasé que j’ai rencontrée au bord du lac de Kandy, devant le temple de la Dent de Bouddha, et qui m’a émue en me racontant une partie de sa vie.

 
La vie, la rue

Dans la rue, ce sont tout le temps les femmes qui ont un parapluie. On en voit une sur la photo en tête de l’article (en sari, sur la gauche).
C’est pratique parce qu’elles l’utilisent contre le soleil quand il fait chaud – et au Sri Lanka il fait hyper chaud – et contre la pluie quand c’est l’heure de la mousson – et il pleut à fond !

Il n’y a pas de supermarché. Peut-être à Colombo, des supérettes un peu plus grandes. Mais sinon ce ne sont que des petites échoppes au bord de la route qui vendent de l’eau, plein de paquets de chips de différentes sortes, des crackers anglais comme dans Wallace & Gromit (mais sans mature cheddar pour aller avec), des biscuits industriels fourrés au citron, et du shampooing et de l’après-shampooing en mini échantillons comme ceux qu’on trouve collés dans les magazines. Attachés en guirlandes qui pendent du plafond (bas).
Du café aussi, le même instantané qu’on trouve le matin dans les hôtels, pendu en petits sachets individuels accrochés à la pince à linge en ribambelles.
Et des gros sacs de riz de 50 kg posés par terre.

 

Un étal de fruits très bien achalandé à Kandy. Des régimes de mini-bananes, et des pastèques, papayes, avocats, noix de coco…

 

Pour les légumes et les fruits, ce sont d’autres marchands au bord de la route, mais souvent ils n’ont pas d’échoppe, c’est juste des tréteaux pour poser les légumes, ou des fois même une bâche jetée par terre. Quand on est allés dans les montagnes du centre de l’île, on a vu des fraises, des asperges, des poireaux, et plein de légumes comme ceux de chez nous. Rohitha a expliqué que c’est parce qu’il fait entre 8 et 15 degrés toute l’année.
(Ça faisait drôle de remettre des manches longues, nos polaires, et de dormir sous des grosses couvertures !)

 

Sur la route qui descend de la montagne devant la cascade de Rawana Falls. Marchande de mangues et d’épis de maïs à faire griller sur le feu. Dans la deuxième échoppe, on voit aussi des ananas suspendus et des noix de coco par terre.

 

Dans la rue, on voit pas mal de stands qui vendent des billets pour ceux qui jouent à la loterie (des hommes et des femmes). Il y a aussi les boutiques qui vendent de l’alcool, où là ce sont toujours des hommes qui entrent. L’alcool, c’est un peu comme la cigarette sûrement…
Les jours de pleine lune, qu’on appelle poya, ces boutiques sont fermées parce que l’alcool est interdit. Notre guide nous a fait remarquer comme les files d’attente sont longues les veilles de poya pour acheter le coconut oldarrack !

 

L’œil de la Petite Souris
Ce que j’aime pas, c’est que les hommes crachent tout le temps par terre dans la rue en faisant un gros bruit de raclement. Des fois les femmes aussi. Quand même, c’est super dégoûtant !

 

Enquête résolue !

Quand nous sommes arrivés au Sri Lanka, dans un de mes tous premiers papiers, je vous ai parlé d’un grand mystère que nous nous mettions au défi d’élucider. Eh bien, la veille de quitter le pays, we dit it !

Je suis donc à présent en mesure de vous expliquer d’où viennent, dès potron-minet, ces notes massacrées de la Lettre à Élise
Il s’agit de la musique enregistrée de la mobylette ambulante qui fait bakery (j’ai pas de photo à vous montrer, dommage). C’est une sorte de tricycle équipé d’une vitrine à l’arrière dans laquelle sont entassés pains et rotis, beignets farcis, samossas déjà ultra pimentés dès le matin, ce genre de petits trucs faciles à manger à la main dans la rue sans se salir, juste avant que les enfants n’aillent à l’école et les adultes au travail.
Nous on ne percevait la mélodie beethovénienne qu’autour de 8h30, quand nous étions bien réveillés devant un pseudo-café, mais en fait la mobylette passe et repasse plusieurs fois aux mêmes endroits entre 5h et 9h. Ce qui fait que le jour où on s’est saqués pour prendre le tuk-tuk à 6h du matin en vue d’une expédition baleine, on l’a clairement entendue aussi. Plusieurs fois même !

 

Dans le tuk-tuk à Mirissa, à cinq à l’arrière, les uns sur les autres. C’était chouette d’arriver en tuk-tuk à l’aube sur le port de pêcheurs.

 

Dans l’idée, c’est peut-être comme le pouêt-pouêt de la camionnette du marchand de glaces de votre enfance. Un peu. Vite fait.

 
Les coutumes

Pendant que nous étions à Mirissa, la fille cadette de Rohitha (notre guide) a eu ses règles pour la première fois. Il nous a expliqué que c’était un grand jour dans les familles au Sri Lanka.

« Quand une petite fille devient grande » (c’est avec ces mots, en anglais, que Rohitha nous l’a annoncé), elle ne va pas à l’école pendant deux ou trois jours, selon la lune. J’ai pas bien compris pourquoi, mais il y a un rapport avec la pleine lune (poya), si c’est juste avant ou juste après…
Enfin la jeune fille ne va pas à l’école donc, et elle reste à la maison avec sa maman et ses sœurs si elle en a, ou ses tantes. Que des femmes. Après cette période, elle prend une douche et on lui offre alors des vêtements neufs pour sa nouvelle vie.

Ensuite, sa famille organise une grande fête en son honneur et invite les voisins, les amis, tous les gens qu’elle aime pour célébrer cette étape importante dans sa vie.

La jeune fille reçoit encore des cadeaux de tout le monde : des bijoux de grande, des bracelets, des colliers, des boucles d’oreille et tout.
Pour la fille de Rohitha, il y avait 70 personnes chez lui ! Selon la lune, la fête ne pouvait pas attendre son retour car il était encore en vadrouille avec nous. Nous avons donc vécu une partie de l’événement avec lui en appel vidéo sur son portable…

L’œil de la Petite Souris
Moi j’aimerais bien avoir une fête comme ça quand ce sera le jour pour moi…  🙂

J’étais émue que Garance soit touchée parce qu’en vérité, j’ai déjà pensé à faire quelque chose comme ça il y a longtemps longtemps, avant même que j’aie des enfants (et une fille), après que j’ai lu des récits de coutumes amérindiennes. Je n’imagine pas du tout une grosse fête avec 70 personnes, les voisins, le facteur et la vendeuse de la boulangerie, mais un truc plus intime avec juste quelques copines à elle et à moi, peut-être ses grands-mères, ses tantes, et des cadeaux qui ont du sens. Je cherche encore la forme à donner mais je trouve aussi que c’est une étape importante dans la vie d’une femme qui mérite qu’on soit entourée, soignée et câlinée.

 

La Petite Souris au petit matin, avant le petit-déjeuner, seule sur une plage de Mirissa.
 
Les pratiques

Au Sri Lanka, les gens sont souriants et chaleureux, particulièrement avec les enfants. En fait, ils les touchent tout le temps : les mains, le bras, la tête, et surtout le Marcass’. Je ne sais pas si c’est parce que c’est le plus jeune mais, très fréquemment, les serveurs, le personnel de l’hôtel lui caressent les cheveux, lui pincent la joue, le mollet…

C’est même arrivé avec un parfait inconnu dans la rue : il a attrapé le Chouch soudainement, l’a soulevé dans ses bras et l’a emmené quelques mètres plus loin de nous !

Le Marcass’ a hurlé – d’autant que c’est pas notre enfant le plus sociable ! Bel euphémisme pour celui qui est resté sauvage longtemps, mais je reconnais que c’est une pratique un peu flippante… Avec notre guide, passe encore, Marcel le connaît bien maintenant, mais avec les autres, c’est dur.

Le boutoir du Marcass’
J’en ai marre que les gens me prennent dans les bras tout le temps, et moi je veux pas, ils me portent et je peux rien faire ! J’ai envie de crier, et de taper même !

Les quelques fois où il en a pleuré de rage et d’impuissance ont été l’occasion d’une petite leçon de morale et de c’est quoi la vie, lui qui nous touche tout le temps, comme il en a envie, au moment où il en a envie, parce que tel est son désir.
Il n’est jamais trop tôt pour expliquer aux garçons que quand c’est non c’est non

 
You have to learn to fight right here !

J’ai dit que les Sri-Lankais étaient souriants et chaleureux, je n’ai pas dit qu’ils étaient polis…

Ne crois pas qu’ils vont te tenir la porte ou attendre derrière toi dans une file. Non, ils te poussent, ils se glissent jusqu’où ils peuvent entre toi et tes enfants, et salut. À l’aéroport, dans le train, au restaurant, sur le pont suspendu du jardin botanique alors que, quand même, c’est dangereux !

 

Sur le pont suspendu à l’entrée du jardin botanique de Peradeniya. Il y a des règles pour passer, il ne faut pas être plus de six sur le pont, mais si tu veux les respecter, ce sera à toi de t’effacer…

 

En vérité, où que ce soit, tu peux toujours crever les yeux révulsés et la bouche ouverte pour que les gens te laissent passer.
J’ai du mal à comprendre. Et je ne suis pas la seule.
Dans l’avion qui quitte Colombo, je fais la queue devant les toilettes. Je suis la première. La femme qui occupait la cabine ouvre à peine la porte que l’homme qui attendait derrière moi me passe devant et se jette à moitié sur elle pour entrer d’abord et prendre ma place !
La femme – une Anglaise je pense, d’après le physique et l’accent surtout – a été tellement surprise qu’elle a placé ses deux mains devant elle, paumes relevées vers lui comme pour se protéger.

Elle m’a regardée, sidérée comme moi, et elle m’a lancé très fort : « You have to learn to fight right here ! ».

Finalement, le Sri-Lankais a eu un mouvement de recul, et j’en ai profité pour entrer dans les toilettes devant lui. Non mais sinon quoi ?

Je sais bien que c’est culturel et que ce n’est pas méchant, ça n’empêche pas la gentillesse des gens, mais bon c’est déroutant.
Et à l’hôpital, encore pire ! Mais c’est une autre histoire

 

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Et vous, qu’en pensez-vous ?

Avez-vous déjà été choqué(e) par des pratiques sociales ou/et culturelles dans un pays étranger ?